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Eglise, vérité et humanité
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2 janvier 2017

L'ABSTINENCE DE VIANDE LE VENDREDI

  En France, depuis la suppression de cette loi par l’Episcopat, en décembre 1966, la pratique semble avoir plus ou moins disparu. Pourtant, l’intention n’était pas de l’abandonner mais de la remplacer éventuellement par d’autres œuvres de pénitence (privation d’alcool, de friandises, …). Cette pratique garde-t-elle toute son importance ? Avons-nous raison de la laisser se perdre ? Quelle est la position exacte de l’Eglise ?

La pénitence, dans la Constitution apostolique Paenitemini du 17/02/1966

  Ce texte postconciliaire signé par Paul VI présente le sens et l’importance du précepte divin de la pénitence dont le terme ultime est d’aimer Dieu et de s’abandonner à lui. Voici quelques extraits : « La pénitence est une exigence de la vie intérieure. Sa nécessité est particulièrement urgente dans la société d’aujourd’hui. A aucune époque la vraie pénitence ne peut faire abstraction d’une ascèse également physique. Tout notre être, en effet, corps et âme, doit participer activement à l’acte religieux par lequel la créature reconnaît la sainteté et la majesté de Dieu. Le devoir de la pénitence est motivé surtout par la participation aux souffrances du Christ. Il y a trois façons principales de satisfaire au précepte divin de la pénitence : la prière, le jeûne, et les œuvres de charité. L’Eglise a toujours spécialement prôné l’abstinence de viande et le jeûne. »

Les jours de pénitence pour l'Eglise universelle dans le Code de droit canonique de 1983

  Canon 1249 : « Tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon ; mais pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours de pénitence durant lesquels les fidèles s’adonneront d’une manière spéciale à la prière et pratiqueront des œuvres de piété et de charité, se renonceront à eux-mêmes en remplissant plus fidèlement leurs obligations propres, et surtout en observant le jeûne et l’abstinence selon les canons suivants.

  Canon 1250 : « Les jours et temps de pénitence pour l’Eglise tout entière sont chaque vendredi de toute l’année et le temps de Carême. »

  Canon 1251 : « L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Evêques, sera observée chaque vendredi de l’année. »

Stanislas GRYMASZEWSKI

Les dispositions de la Conférence épiscopale française de 1984 

  « Les catholiques doivent traduire en actes, d’une manière habituelle, leur volonté de se conformer à Jésus-Christ, notre Sauveur, d’approfondir la conversion baptismale, de rejoindre tous ceux qui, près de nous et à travers le monde, sont dans la souffrance ou le besoin : Tous les vendredis de l’année, en souvenir de la Passion du Christ, ils doivent manifester cet esprit de pénitence par des actes concrets, soit en s’abstenant de viande ou d’alcool ou de tabac … soit en s’imposant une pratique plus intense de la prière et du partage. »

Plusieurs conférences épiscopales ont décidé de rétablir la loi de l’abstinence du vendredi

  Les évêques d’Angleterre et du pays de Galles prennent cette décision en mai 2011, au terme de leur assemblée plénière. Ils invitent tous les fidèles, dès le 16/09/2011, jour anniversaire de la visite apostolique de Benoît XVI de l’année précédente au Royaume Uni, à s’abstenir de consommer de la viande. Et pour ceux qui ne consomment pas habituellement de viande à se priver d’une autre nourriture. Tous sont invités à ajouter à cette privation un acte particulier chaque vendredi en mémoire du jour où le Christ est mort. Il est « important », remarque la Conférence épiscopale, « que tous les fidèles soient unis dans une célébration commune de pénitence du vendredi » afin également, de donner un « signe clair et distinct de leur identité catholique. »

  Le cardinal Dolan, Président de la Conférence des évêques américains, le 12/11/2012, déclare lors de l’Assemblée plénière : « Le travail de notre Conférence dans les années qui viennent doit inclure une réflexion sur le retour du vendredi comme jour particulier de pénitence, ce qui comporte le rétablissement de l’abstinence tous les vendredis et pas seulement pendant le Carême. »

Récapitulons les principaux arguments qui plaident en faveur de la pratique de l’abstinence chaque vendredi

-  Elle maintient une volonté de pénitence régulière en mémoire de la Passion du Christ.

-  Elle associe le corps à la vie spirituelle.

-  Elle rapproche les baptisés dans une observance commune. Grâce à cela, la pénitence demeure un acte communautaire et non simplement individuel.

-  Elle nous unit par cette tradition ancienne à tous ceux qui nous ont précédés et notamment aux saints qui ont été fidèles à cette discipline.

-  Elle rend visible un témoignage d’union au Christ.

Il ne s’agit pas cependant de remplacer la viande par du poisson

  Aucune loi religieuse n’a jamais demandé cela. Simplement, il a été admis à l’époque médiévale que l’on pouvait consommer du poisson le vendredi car celui-ci est un aliment maigre qui n’était pas considéré comme un met de choix. Plus tard, l’habitude de manger du poisson est devenue un moyen d’affirmer une identité chrétienne. Il se trouve effectivement que le poisson était le symbole des chrétiens dans les premiers temps de l’Eglise. En effet, le mot grec ICHTHUS qui veut dire poisson correspond à l’acronyme de Jésus-Christ Fils de Dieu Sauveur (Iesous CHristos THéou Uios Soter). Cependant, le fait de manger du poisson le vendredi, plat finalement appréciable, ne nous rapproche pas vraiment de l’esprit de la pénitence qui est un esprit de sacrifice et de privation. Aux yeux des non-croyants, nous paraissons ridicules si nous expliquons que nous faisons pénitence le vendredi par amour du Christ pour nous unir à son sacrifice en remplaçant la viande par du poisson.

Conclusion

  Il n’est pas souhaitable d’abandonner un à un tous les signes extérieurs communs de la foi et toutes les exigences qui expriment l’union au Christ. L’intention des épiscopats qui ont supprimé la loi de l’abstinence de viande le vendredi était plutôt de renforcer l’esprit de pénitence en encourageant ainsi d’autres expressions de pénitence mais sans supprimer pour autant cette expression traditionnelle qui reste une pratique juste et bonne. Certes, quelques fidèles vivent la loi de pénitence par des actes qui vont au-delà de ce minimum, mais dans la pratique, la très grande majorité n’a pas remplacé cet acte de pénitence du vendredi par d’autres actes. Le résultat est bel et bien un triste abandon de l’esprit de pénitence du vendredi à l’inverse de ce qui était espéré à l’origine. Si on veut être fidèle à l’esprit de la loi, nous devons nous encourager à vivre ensemble par une pratique commune cette abstinence et apporter de cette manière un témoignage visible communautaire d’union au Christ souffrant et de communion entre nous.

 

 

 

 

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17 septembre 2017

RETROUVER LE SENS ET LA PRATIQUE DU JEÛNE EUCHARISTIQUE

Qu’est-ce que le jeûne eucharistique ?

C’est le fait de s’abstenir de toute consommation d’aliment et de toute boisson autre que l’eau pendant une certaine durée avant la communion. Il s’agit d’une exigence spirituelle destinée à nous préparer à recevoir l’Eucharistie avec respect et en vérité en y associant notre corps. Aujourd’hui, cette pratique est oubliée ou négligée alors qu’elle demeure riche de sens et source de grâces. Nombreux sont les catholiques qui ignorent que l’Eglise demande encore de nos jours de la respecter.

Historique de la question de la durée.

Cette durée a varié selon les époques. Le Code de Droit canonique de 1917 prescrit de se priver de nourriture solide et de boisson y compris l’eau depuis minuit la veille jusqu’à la communion. En 1957, Pie XII, par le Motu proprio Sacram Communionem, fixe la durée du jeûne eucharistique à trois heures pour la nourriture et les boissons alcoolisées et à une heure pour les autres boissons excepté l’eau. Au cours du Concile Vatican II, Paul VI, réduit le jeûne à une heure. Enfin, le nouveau Code de Droit Canonique, publié en 1983 par Jean-Paul II, indique au canon 919 : « Qui va recevoir la très sainte Eucharistie s’abstiendra au moins une heure avant la sainte communion, de prendre tout aliment et boisson, à l’exception seulement de l’eau et des médicaments ». Un paragraphe précise que « les personnes âgées et les malades, ainsi que celles qui s’en occupent, peuvent recevoir la très sainte Eucharistie même si elles ont pris quelque chose moins d’une heure auparavant ». Le Catéchisme de l’Eglise Catholique (1992) enseigne également ceci au n° 1387 : « Pour se préparer convenablement à recevoir ce sacrement, les fidèles observeront le jeûne prescrit dans leur Eglise. L’attitude corporelle (gestes, vêtement) traduira le respect, la solennité, la joie de ce moment où le Christ devient notre hôte ».

Quelle est la durée souhaitable ?

Une durée longue de ce jeûne peut être excessive mais une durée courte peut s’avérer insignifiante. Quiconque comprend l’esprit de la loi sur ce sujet aura à cœur de ne pas s’en tenir à un minimum chronométré. Est-on crédible, par exemple, lorsqu’on prétend pratiquer le jeûne eucharistique alors que l’on termine son petit déjeuner à 9h45, juste pour être à l’heure à la Messe qui débute à 10h, et que l’on communie ensuite vers 10h40 ? Dans cet exemple, où est l’effort de préparation, de respect et de délicatesse envers le Seigneur ? Même remarque pour celui qui termine un repas ou prend un café quelques minutes avant de se rendre à la chapelle ou de partir à l’église. Il n’est pas convenable de  passer ainsi brutalement de la table de la nourriture à la Table du Seigneur. L’esprit de la loi du jeûne eucharistique est qu’il y ait un temps significatif avant la Messe où on se détourne de certaines activités à commencer par celle de manger afin d’orienter son âme et son corps vers la Rencontre du Bien Aimé. Et puisque le texte ne dit pas « une heure avant la communion » mais « au moins une heure », donnons un véritable sens à notre jeûne en le rendant digne de ce nom en nous imposant de le respecter non pas une heure juste avant la communion mais une heure avant le début de la Messe. Cette durée d’une heure avant le début de la Messe permet également de rendre visible  cette discipline qui doit être joyeuse, de la vivre ensemble, et d’apporter communautairement le témoignage que ce qui se prépare est particulièrement grand et mérite la plus grande prévenance à l’égard du Christ.

Le jeûne eucharistique ne concerne pas que la nourriture et la boisson.

L’abstinence de nourriture et de boisson permet de faire participer son corps à l’attente du Seigneur, mais il va de soi que cela perd de son sens si l’âme ne se prive pas en même temps des biens qui pourraient nuire à cette préparation. C’est dans le silence du cœur que Dieu parle. Aussi est-il nécessaire d’éviter les activités qui provoquent un tumulte intérieur ou qui sont trop désinvoltes par rapport à la rencontre que nous nous apprêtons à vivre. Aller à la Messe, c’est comme recevoir un ami dans sa maison : il s’agit d’être le plus accueillant possible et cela passe par un certain « ménage » à l’intérieur de soi. A titre d’exemple, cela demande des choix comme celui de laisser la radio éteinte dans cette heure qui précède le début de la Messe notamment dans la voiture lorsque nous nous rendons à l’église.

La raison fondamentale du jeûne eucharistique

Le temps de la rencontre avec le Seigneur tout au long de la Messe, et spécialement au moment de l’Eucharistie, n’est pas un temps comme un autre. Pour être vécu pleinement il demande une préparation et certaines dispositions d’amour et de respect. On ne va pas à la Messe comme on va faire ses courses ou comme on participe à des activités de loisir. Entrer dans le jeûne eucharistique, c’est en quelque sorte se mettre en marche vers le Seigneur. C’est déjà lui donner la première place et l’honorer. Jeûner, c’est avoir faim de Dieu. C’est orienter son cœur pour accueillir et recevoir les dons de celui qui est la Vie. Marthe Robin disait qu’ « une communion sans préparation et sans action de grâces est de bien peu d’utilité ». L’Eucharistie devrait nous transformer davantage. Pour que Dieu agisse en profondeur et avec puissance, le cœur doit être grand ouvert. Avant le temps de la communion, il y a le temps du désir. Notre conversion et notre sanctification sont à ce prix. D’où la nécessité de retrouver aussi (ou de découvrir) le temps du recueillement avant le commencement de la célébration et le temps de l’action de grâces après l’envoi. Tout cela suppose un certain silence qui, le plus souvent, a malheureusement disparu dans nos pratiques paroissiales. N’ayons pas peur du silence et osons apporter ce témoignage de foi et d’amour du Christ dont le monde a tant besoin.

Qu’est-ce que l’Eucharistie ?

Pour se persuader de l’importance de cette préparation, nous devons nous remettre en présence de la signification profonde de l’Eucharistie et de l’enjeu de la Messe. Jean-Paul II nous y aide dans l’encyclique Ecclesia de Eucharistia (L’Eglise vit de l’Eucharistie) de 2003.

Il s’agit avant tout, explique-t-il, d’un événement surnaturel dans lequel on fait une rencontre personnelle avec Dieu. C’est « un coin du ciel qui s’ouvre sur la terre » (n°19). L’Eucharistie est « la source et le sommet » de la vie chrétienne, l’ « œuvre de notre rédemption », « le trésor le plus grand ». L’Eucharistie étant ce que nous pouvons recevoir de plus grand, nous devons l’aborder comme le moment le plus sublime, et le plus sacré.

Dans le même document, Jean-Paul II prend grand soin de rappeler que « la Messe rend présent le sacrifice de la croix » que c’est « le sacrifice du Seigneur », « un sacrifice au sens propre » (n°12 et 13). Recevoir le Corps du Christ, c’est recevoir le Christ Lui-même et communier à sa croix et à son sacrifice, à sa résurrection et à sa gloire.

La pratique ferme et régulière du jeûne eucharistique permet précisément de ne pas réduire en le banalisant ce moment inouï. S’unir au Christ de tout notre cœur, revivre ce sacrifice, recevoir la Vie qui nous sauve justifie que nous prenions conscience de l’importance de ce jeûne et que nous le pratiquions avec joie.

Stanislas GRYMASZEWSKI

9 décembre 2017

LES REMERCIEMENTS DES JUIFS ENVERS PIE XII

1  En décembre 1940, Einstein rend hommage à Pie XII : « Seule l’Eglise s’est dressée sur le chemin d’Hitler qui voulait supprimer la vérité. Auparavant l’Eglise ne m’avait jamais passionné. Aujourd’hui je ressens beaucoup d’affection et d’admiration car elle seule a eu le courage et la ténacité de se battre pour la vérité intellectuelle et la liberté morale. Je suis donc forcé d’admettre qu’à présent je loue sans réserve ce qu’avant je méprisais » (Time Magazine).

2  En octobre 1943, le grand rabbin de Jérusalem Herzog, remercie Pie XII pour avoir empêché la déportation des Juifs d’Italie en septembre.

3  A la date du 5/06/1944, la brigade juive intégrée au 8ème corps d’armée britannique, au lendemain de la libération de Rome, porte la phrase suivante dans son bulletin d’information : « Il restera pour toujours à l’honneur de la population de Rome et de l’Eglise catholique romaine que le sort des Juifs ait été adouci grâce à l’Europe vraiment chrétienne » (Le Livre des Merveilles).

4  Après la guerre, le Congrès juif mondial, « au nom de toute la communauté juive, exprime une fois de plus sa profonde gratitude pour la main protectrice tendue par Sa Sainteté aux Juifs persécutés pendant ces temps terriblement éprouvants » (Jean Sévillia, Historiquement correct, p.389)

Le grand rabbin de Rome, Israël Zolli et sa femme se convertissent au catholicisme. Ils choisissent tous les deux pour prénoms de baptême, celui du pape : Eugenio et Eugenia, en hommage à l’action de Pie XII en faveur des Juifs. « La rayonnante charité du Pape, penchée sur toutes les misères engendrées par la guerre, sa bonté pour mes coreligionnaires traqués, furent pour moi l’ouragan qui balaya mes scrupules à me faire catholique ».

6  En 1958, à la mort de Pie XII, Golda Meir (future chef d’Etat) à l’ONU, déclare : « Pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyre effroyable, la voix du pape s’est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes ».

7  Pinchas Lapide, consul d’Israël à Milan, après une enquête dans toute l’Europe, écrit dans Rome et les Juifs (Seuil, 1967) : « L’Eglise catholique, sous le pontificat de Pie XII, fut l’instrument qui sauva au moins 700 000 mais probablement jusqu’à 860 000 Juifs d’une mort certaine de la main des nazis ». « Jean XXIII, alors Mgr Roncalli, m’interrompit à plusieurs reprises pour me rappeler qu’il avait chaque fois agi sur ordre précis de Pie XII ».

Le rabbin Elio Toaff, qui accueillera Jean-Paul II à la synagogue de Rome en 1986, proclame que « les Juifs se souviendront toujours de ce que l’Eglise a fait pour eux, sur ordre du Pape, au moment des persécutions raciales » (Historiquement correct, p.390).

Le rabbin Dalin, historien, déclare en février 2001 : « Le Pape Pacelli a été le plus grand soutien des Juifs. Aucun autre pape n’a été autant loué par les Juifs avant lui. Pie XII fut véritablement et profondément un Juste parmi les Nations » (The Weekly Standard Magazine, février 2001 et Documentation Catholique n°2066).

 

  Tous ces faits malheureusement ignorés n’empêchent pas il y a quelques mois quatre de nos brillants intellectuels, les journalistes Vanessa Burggraf et Yann Moix, l’animateur Laurent Ruquier et le philosophe Michel Onfray de convenir le 11/02/2017 au cours de l’émission On n’est pas couché sur France 2, que « Le christianisme est lié au nazisme. Le Vatican a collaboré avec le régime nazi ».

 

10 mars 2018

L'ANTICHRISTIANISME DE LA REVOLUTION FRANCAISE

 

Dans un premier temps, la monarchie et l’aristocratie ne sont pas menacées.

Les inspirateurs de la Révolution, philosophes et francs-maçons, étaient monarchistes et souhaitaient une évolution de la monarchie et non sa disparition. L’un des principaux acteurs des premiers troubles était le duc d’Orléans, cousin du roi. Membre du Grand Orient, il subventionne le Club Breton, futur Club Jacobin.

Jean Dumont : « Il y a tout au long de l’année 1790, de grandes manifestations au loyalisme monarchique dont la Fête de la Fédération, le 14 juillet où le roi a été vivement acclamé. On nous a fait oublier cela, la première fête du 14 juillet fût une fête monarchiste. Plus encore, le 7/07/1792, la Législative mit hors la loi, par un décret spécial, tout individu qui oserait parler de République. » (La Révolution Française ou les prodiges du sacrilège, p.191)

« En 1791, Beaumarchais prend la plume contre l’Eglise romaine. A ce moment, la noblesse vivait tranquillement chez elle. La grande majorité des châteaux était occupée par les familles de leurs propriétaires … C’est seulement après la chute de la monarchie en août 1792, et avec les débuts de la Terreur, qu’une partie des aristocrates abandonne ses châteaux soit pour aller vivre en ville, soit pour émigrer. » (Id. p.202)

« Il y avait donc bien un bonheur de vivre noble en Révolution très concret. Même l’historien marxiste Michel Vovelle le constate : En général la noblesse put continuer à sauver l’essentiel de sa fortune. » (Id. p.267)

« Ce ne sera que lorsque Louis XVI aura finalement choisi la fidélité au christianisme, à l’Eglise, qu’en 1792 la monarchie sera abattue. Jusque-là, infidèle, elle ne risquait rien, ou que d’acceptables modalités. » (Id. p.247)

 

La Révolution française a d’abord et surtout été antichrétienne

Pierre Gaxotte : « S’il fallait ramener à l’unité la pensée du XVIIIème siècle ou du moins ses écrivains, on pourrait avancer qu’elle a été antichrétienne ; on ne saurait prétendre qu’elle ait été antimonarchique. » (Le siècle de Louis XV)

Cardinal Poupard : « La Révolution a objectivement persécuté l’Eglise jusqu’au martyre. Les historiens sérieux reconnaissent aujourd’hui que la Révolution a persécuté l’Eglise non pour des raisons politiques mais pour des raisons spirituelles. Le nouveau pouvoir issu de la Révolution s’est voulu non seulement politique mais global, total. Et il n’y a qu’un pas, vite franchi hélas, du total au totalitarisme. »

Tocqueville : « Une des premières démarches de la Révolution française a été de s’attaquer à l’Eglise. »

Pourtant les cahiers de doléances se révèlent très favorables à la religion. On ne trouve que 6% des cahiers à requérir la suppression totale des dîmes. Il n’est que 2% des cahiers pour demander la suppression des vœux et des ordres religieux contemplatifs. Parmi ces 2%, la noblesse est la plus acharnée.

 

Tout au long de la période révolutionnaire les mesures les plus graves sont prises contre l’Eglise. Voici les faits dans leur ordre chronologique. Ils font apparaître une volonté d’anéantissement.

11/08/1789 : La dîme est supprimée. Par cet impôt, l’Eglise assurait sa mission sociale : écoles, hôpitaux, pauvreté.

28/10/1789 : L’Assemblée suspend autoritairement le recrutement monastique et les vœux.

2/11/1789 : Les biens ecclésiastiques sont saisis.

13/02/1790 : Les ordres contemplatifs sont supprimés.

17/03/1790 : Les biens ecclésiastiques sont mis en vente.

14/06/1790 : Massacre dans les rues de Nîmes de plus de 300 catholiques et fuite de 1200  familles pour avoir été des milliers à signer une pétition en faveur des droits de la religion et de la foi catholique.

12/07/1790 : Constitution Civile du Clergé. On édifie une religion d’Etat en rupture avec Rome. Prêtres et évêques deviennent fonctionnaires d’Etat. Curés et évêques sont élus. Les écoles religieuses sont fermées et les ordres hospitaliers démantelés. Cependant l’Eglise et le pays résistent et la loi reste presque partout lettre morte.

3/09/1790 : Abolition des vœux monastiques.

27/11/1790 : Vote pour obliger le clergé à un serment de fidélité envers la CCC.

10/03/1791 : Pie VI condamne le statut imposé au clergé par la Constituante par la lettre Quod aliquantum

4/04/1791 : Décision est prise de transformer l’église Sainte Geneviève en temple païen rebaptisé Panthéon.

16/11/1791 : Un décret déclare suspect tout prêtre non jureur et le prive de son traitement. 4/130 évêques et 30.000/130.000 prêtres font le serment.

29/11/1791 : Un décret permet l’arrestation des clercs non-jureurs sur simple dénonciation non vérifiée.

Janvier 1792 : Les prêtres sont encouragés à se marier.

Avril 1792 : Suppression de l’habit ecclésiastique.

27/05/1792 : Un décret de la Législative ordonne la déportation des prêtres réfractaires dès qu’ils sont dénoncés par 20 citoyens d’un même canton.

14/07/1792 : Plusieurs prêtres et religieux ayant vivement réagi sont massacrés par les « patriotes » et leurs têtes promenées au bout de piques.

10/08/1792 : Les prisons se remplissent de prêtres réfractaires.

17/08/1792 : Un décret ordonne l’évacuation des couvents.

18/08/1792 : Un décret proscrit toute vie religieuse commune.

26/08/1792 : La législative aggrave le décret sur les prêtres réfractaires. Bannis de leur patrie, 45.000 ecclésiastiques s’exilent, 30.000 entrent en clandestinité et 4.000 sont arrêtés et déportés aux Pontons de Rochefort ou en Guyane. Très peu reviendront.

Les massacres du 2 au 5 septembre 1792 : Suite à une accusation de complot contre la France révolutionnaire, les prisons sont visitées. Parmi les prisonniers massacrés, on dénombre 3 évêques et 223 prêtres.

14/09/1792 : Les carmélites de Compiègne sont expulsées puis guillotinées.

24/04/1793 : Tout prêtre ayant refusé le serment s’expose à être arrêté et exécuté dans les 24h sans recours possible.

17/09/1793 : Selon une loi, quiconque dénonce un proscrit reçoit 100 livres de récompense.

20/10/1793 : Selon une autre loi, quiconque donne l’asile à un proscrit est déporté.

10/11/1793 : Notre Dame de Paris devient le temple de la Raison.

23/11/1793 : Toutes les églises parisiennes sont fermées. Puis, c’est au tour des lieux de culte réformés ou juifs.

5/10/1793 : Entrée en vigueur du calendrier de Fabre d’Eglantine. Le décadi (tous les dix jours) remplace le dimanche. Il faut travailler le dimanche.

8/06/1794 : Robespierre institue le culte de l’Etre suprême et un rite laïc.

On force maintenant les prêtres qui ont prêtés serment à abdiquer et à se marier. Les mariages des prêtres sont quasi obligatoires, sous la menace de la prison et de l’échafaud. Les 2/3 des prêtres qui ont prêté serment, soit 20.000, renoncent à leur sacerdoce et doivent signer la déclaration suivante : « Je … faisant le métier de prêtre … convaincu des erreurs par moi trop longtemps professées, déclare y renoncer à jamais. »

En 1796, 1448 prêtres français et 8235 prêtres belges sont envoyés au bagne.

Jean de Viguerie : Au final, « la Révolution fit périr 8.000 prêtres, religieux et religieuses. » (Le Livre noir de la Révolution française p.213)

28/08/1799 : Le Pape Pie VI, prisonnier, meurt à Valence.

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

 

28 mars 2018

A QUOI CELA SERT-IL DE CROIRE ?

Croire, au sens chrétien, c’est avoir la foi. Mais qu’est-ce que la foi ?

1 La foi est d’abord un don de Dieu. C’est Dieu qui vient toucher notre cœur et éclairer notre intelligence pour que nous puissions prendre conscience qu’Il est là et qu’Il nous aime. Ce n’est pas l’homme qui se donne la foi. Celle-ci est d’abord une initiative de Dieu. On emploie le mot grâce pour désigner cette initiative. La foi est le fruit d’une action progressive, patiente et aimante de Dieu dans notre âme. « Votre foi repose non pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » dit saint Paul (1Co 2,5). « La foi est un don de Dieu à demander dans une prière ardente » dit également Jean-Paul II (Bénin, 1982).

2 La foi n’est pas une simple opinion que je me fais au sujet de Dieu. C’est une certitude qui s’impose à moi suite à une expérience intérieure. Lorsque j’ai fait l’expérience de la présence et de l’amour de Dieu, je ne doute plus de son existence.

3 Croire au sens chrétien, ce n’est pas simplement croire en l’existence de Dieu. C’est croire aussi que Dieu est Père, qu’Il est créateur du ciel et de la terre, qu’Il a envoyé son Fils, Jésus-Christ, parmi nous, pour prendre notre condition humaine et pour nous sauver du péché et de la mort éternelle. C’est croire qu’Il nous donne son Esprit par sa Parole dans l’Ecriture Sainte et par les sacrements, notamment celui de l’Eucharistie. C’est croire qu’Il peut changer notre vie pour la rendre plus belle. C’est croire qu’Il a fondé l’Eglise pour nous rassembler en une grande famille et pour nous guider vers la Vérité. C’est croire que nous sommes appelés à ressusciter avec notre propre corps et à vivre éternellement en intimité avec Lui.

4 La foi nous ouvre ainsi au don de Dieu. Ce don est infini. Il dépasse tous les biens matériels que nous pouvons acquérir au cours de notre vie terrestre. La foi nous ouvre sur une vie d’une grande intensité et d’une grande richesse qui nous saisit tout entier : « Nous savons et nous soulignons que, lorsqu’on reçoit le Christ par la foi, lorsqu’on fait l’expérience de sa présence dans la communauté et dans la vie personnelle, des fruits sont produits dans tous les domaines de l’existence humaine, écrit Jean-Paul II dans Euntes in mundum (1988).

5 La foi authentique est active et transforme notre vie quotidienne en nous communiquant une vie nouvelle qui engendre l’amour, le don de soi, le sens du pardon, la paix, la joie et le témoignage. La foi ne se sépare pas de la charité, comme le dit saint Paul : « Ce qui importe, c’est la foi agissant par la charité » (Galates 5,6). Saint Jacques (2,17) est encore plus précis en disant : « Ainsi en est-il de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte ».

6 La foi nous engage donc à servir ardemment notre prochain et à nous tourner vers Dieu : « La vie de foi se manifeste surtout par la participation à la vie sacramentelle et liturgique, ainsi que par une vie de prière constante » (Jean-Paul II aux évêques hollandais, 1983). Il faut en effet être nourri de Dieu pour pouvoir aimer à la manière de Dieu. Il faut boire à la source.

7 Pour mieux comprendre le sens de la foi, nous devons saisir le sens de la création. Pourquoi Dieu nous a-t-il crée ? Dieu est Amour. Il a créé l’homme par amour. Il a créé l’homme « à son image et à sa ressemblance » (Genèse 1,27), c’est-à-dire avec un esprit d’intelligence et de liberté, capable de le connaître, de recevoir son amour, de l’aimer et d’être uni à Lui. Plus encore, Il veut faire de nous ses fils. Il veut nous communiquer le bien le plus grand qui soit, sa propre vie divine, vie éternelle d’amour, de joie, de lumière, de sagesse. Ce don dépasse ce que nous pouvons imaginer. « Si tu savais le don de Dieu » (Jean 4,10) dit Jésus à la Samaritaine. En fait, nous avons été créés pour ce qu’il y a de plus grand pour une créature : vivre éternellement en intimité avec le Créateur.

8 Il y a cependant un obstacle à cette vocation : le péché. Il est entré dans le monde par la désobéissance et la prétention de l’homme. Le péché a instauré une séparation et une coupure entre l’homme et Dieu. Il empêche la réalisation du projet d’amour de Dieu sur les hommes. Pourtant, Dieu n’abandonne pas l’humanité à son péché. Il envoie un sauveur, Jésus-Christ, son Fils unique.  En souffrant et en mourant sur la croix, Jésus a voulu nous faire comprendre qu’il n’y avait pas de limites à l’amour de Dieu, qu’il prenait sur Lui le poids de nos fautes et qu’il venait pour réparer le mal de l’humanité toute entière.

9 Ainsi, grâce au sacrifice d’amour de Jésus-Christ, l’homme peut retrouver le chemin de la justice et de la sainteté. Par Jésus-Christ, l’homme est libéré du péché et retrouve sa véritable relation avec Dieu.

10 La foi nous permet de découvrir et d’accueillir tous ces mystères. En ce sens, elle nous permet de recevoir le salut qui vient ce Dieu. Dans l’Evangile, Jésus-Christ nous montre très souvent le lien qu’il y a entre le salut et la foi par cette petite phrase : « Ta foi t’a sauvé » (Luc 18,42 ; Marc 5,34 et 10,52). Les apôtres ont enseigné la même chose : « Il n’y a aucun salut ailleurs qu’en Lui (Jésus-Christ), car il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devons tous être sauvés ». (Actes des Apôtres 4,12). Et Jean-Paul II montre bien l’importance de ce qui est en jeu, en disant : « Ne pas croire veut dire exactement : refuser le salut offert à l’homme par le Christ ». Il ne s’agit pas d’une menace, ni d’un chantage, mais bien plutôt d’un cri d’amour, le cri d’un père qui veut donner le bonheur, un bonheur sans fin, à ses enfants.

11 Voilà à quoi sert la foi ! Cela dépasse infiniment l’aspect utilitaire à court terme. C’est notre bonheur éternel qui est en jeu, c’est notre bien le plus élevé. C’est aussi notre attitude par rapport à Dieu. La foi est un juste retour à notre Créateur et Père. Imaginons que nous refusions de reconnaître que notre père soit notre père et que notre mère soit notre mère. Quelle injustice ! Quelle violence faite au cœur de ceux qui nous ont aimé et nous ont donné la vie !

12 L’homme peut-il vraiment se passer de Dieu ? Ne peut-il pas découvrir au fond de lui-même une présence et dire comme saint Augustin : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Toi » (Les Confessions, Livre I, Ch. 1)

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

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28 août 2018

DE L'IMPORTANCE DE FAIRE SILENCE ET DE SE RECUEILLIR AVANT LE DEBUT DE LA MESSE

L’Eucharistie est « la source et le sommet de la vie chrétienne » (Vatican II, LG n°11). Pour le croyant, c’est un moment extraordinaire, « un coin du ciel qui s’ouvre sur la terre » dit Jean-Paul II (EE n°19). Aller à la messe, c’est aller à la rencontre de Dieu. Il s’agit d’une rencontre où Celui-ci parle à l’homme, d’une rencontre où Il le visite, d’une rencontre où chacun est appelé à vivre une union intime, un cœur à cœur. Tout au long de la messe, Dieu est à l’œuvre pour nous éclairer, nous élever, nous purifier, nous réchauffer, nous donner sa vie, nous transformer en son amour.

Un tel événement justifie une attention et une préparation toute particulière. C’est avec un cœur brûlant d’amour tout orienté vers Dieu que nous devrions entrer dans l’église. N’est-ce pas l’Amour qui nous attend ?

Le désir de nous préparer à cette rencontre peut nous amener à nous rendre à l’église un peu avant le début de la messe. Nous avons besoin, en effet, d’un peu de temps pour chercher le Seigneur et nous présenter à Lui. Il est utile de faire le ménage dans son imagination et parfois nous arrivons aussi avec notre fardeau ou notre péché qu’il est bon de déposer. L’église et son architecture dressée vers le ciel nous aide à nous tourner vers Dieu avec tout ce qu’elle expose à notre regard et qui nous parle de Lui : la croix, l’autel, les vitraux, les saints, un tableau … 

Au cours de la messe, nous avons à nous tourner vers Dieu de tout notre coeur et de toute notre âme. Successivement nous sommes appelés à louer Dieu, à nous reconnaître pécheur, à glorifier Dieu, à écouter Sa parole, à nous offrir, à nous unir, à rendre grâces.

La préparation à ce grand moment de rencontre demande que l’on prenne les moyens d’ouvrir son cœur. Pour y parvenir, nous avons besoin d’un silence intérieur qui lui-même n’est possible que par le silence extérieur. Or, aujourd’hui, cela est malheureusement devenu impossible car l’habitude s’est développée depuis pas mal d’années de parler dans les églises avant le commencement de la messe et de parler à voix haute comme on le fait avant un spectacle ou sur la place du marché. Les bavardages et les déplacements pour se saluer et échanger produisent un brouhaha bruyant qui rend impossible le recueillement nécessaire à la prière. Même si on prend une attitude de recueillement, même si on s’agenouille, rien n’y fait. Le bavardage est tellement banalisé qu’il est devenu la normalité et c’est celui qui essaye en vain de prier qui paraît anormal. L’habitude est tellement ancrée et tellement répandue que personne ne fait attention à celui qui prie. Comment expliquez une telle évolution des comportements : ignorance ou sans gêne ? On a oublié qu’il y a un temps et un lieu pour chaque chose. L’église n’est pas le lieu des bavardages et des mondanités, mais le lieu de la prière et de la rencontre avec Dieu et cela encore plus lorsqu’une messe va avoir lieu. Il n’est pas normal d’avoir à renoncer à prier avant le début de la messe. Il est vital spirituellement de redonner le sens du sacré, de la prière, de la primauté et de l’adoration dues à Dieu lorsqu’on pénètre dans une église.

Le Pape François s’est exprimé sur ce sujet au cours de l’Audience Générale du 15/11/2017 : « Quand nous allons à la messe, peut-être arrivons-nous cinq minutes à l’avance et commençons-nous à bavarder avec celui qui est à côté de nous. Mais ce n’est pas le moment de bavarder : c’est le moment du silence pour nous préparer au dialogue. C’est le moment de se recueillir dans son cœur pour se préparer à la rencontre avec Jésus. Le silence est très important ! Nous n’allons pas à un spectacle, nous allons à la rencontre du Seigneur et le silence nous prépare et nous accompagne. Rester en silence avec Jésus. Et du mystérieux silence de Dieu jaillit sa Parole qui résonne dans notre cœur. » Dans la Présentation Générale du Missel Romain on peut lire la demande suivante : « Déjà avant la célébration elle-même, il est bon de garder le silence dans l’église, à la sacristie et dans les lieux avoisinants, pour que tous se disposent à célébrer les saints mystères avec cœur » (PGMR n°45).

Peut-être avons-nous perdu le sens de ce que nous célébrons ? François nous rappelle alors l’essentiel : « La messe est le mémorial du mystère pascal du Christ. Elle nous rend participants de sa victoire sur le péché et la mort et donne sa pleine signification à notre vie … L’Eucharistie nous conduit toujours au sommet de l’action du salut de Dieu. Le Concile Vatican II affirme : Chaque fois que le sacrifice de la croix, par lequel le Christ, notre agneau pascal, a été immolé, est célébré sur l’autel, l’œuvre de notre rédemption s’effectue … Chaque célébration de l’Eucharistie est un rayon de ce soleil sans couchant qu’est Jésus ressuscité. Participer à la messe, en particulier le dimanche, signifie entrer dans la victoire du Ressuscité, être éclairés par sa lumière, réchauffés par sa chaleur. À travers la célébration eucharistique, l’Esprit Saint nous rend participants de la vie divine qui est capable de transfigurer tout notre être mortel. À la messe, nous sommes avec Jésus, mort et ressuscité, et il nous entraîne vers la vie éternelle. À la messe, nous nous unissons à lui. Ou plutôt, le Christ vit en nous et nous vivons en lui … Si nous le recevons avec foi, nous aussi nous pouvons vraiment aimer Dieu et notre prochain, nous pouvons aimer comme il nous a aimés, en donnant sa vie. Si l’amour du Christ est en moi, je peux me donner pleinement à l’autre … Quand nous allons à la messe, c’est la même chose que si nous allions au calvaire. Quand nous entrons dans une église pour célébrer la messe, pensons à cela : j’entre au calvaire où Jésus donne sa vie pour moi. Et ainsi, le spectacle disparaît, les bavardages disparaissent, les commentaires et ce genre de choses qui nous éloignent de cette chose si belle qu’est la messe, le triomphe de Jésus. La messe, c’est revivre le calvaire, ce n’est pas un spectacle. » (AG du 22/11/2017)

Ces dernières décennies, dans nos assemblées, l’humain a pris le dessus sur le divin et cela est préjudiciable spirituellement. Certes, nous allons aussi à l’église pour rencontrer des amis, des frères et la charité doit s’exercer à l’égard du prochain. Mais, il ne faut pas inverser l’ordre des choses. Personne n’est la Source de l’Amour. Et c’est en buvant de toute son âme à la Source qu’est Jésus que nous progresserons dans l’amour. Il est donc clair que nous devons donner la priorité à Dieu. Plus notre cœur sera saisi et purifié mieux nous aimerons. Nous avons ensuite toute la semaine pour nous retrouver et échanger et cela peut commencer sur le parvis de l’église à la sortie de la messe.

Nous devons penser à nos prêtres. Eux aussi ont besoin de demeurer dans un certain silence pour rester uni au Christ et se préparer à célébrer dignement, à enseigner la Parole de Dieu, à être instrument docile de l’Esprit-Saint et témoin de son Amour miséricordieux. Le brouhaha qui règne dans les églises avant le commencement de la messe ne les aide pas dans leur propre recueillement.

Nous devons penser tout autant à ceux qui sont de passage, à ceux qui sont en recherche. Il y a peut-être des personnes éloignées de l’Eglise dans nos assemblées et qui ressentent comme un appel de Dieu à l’intérieur d’elles-mêmes. Nous devons alors nous interroger sur le contre-témoignage que peut constituer notre désinvolture face à ce qui est sacré et face aux mystères de notre foi. N’oublions pas également les enfants qui observent. Par notre attitude, nous leur suggérons des pensées qui peuvent les éloigner ou les rapprocher de Dieu. Je me souviens avoir été impressionné au cours d’une messe lorsque j’étais enfant par un homme d’une grande taille qui priait debout en gardant les yeux fermés. J’avais été profondément édifié par ce signe visible d’une personne qui priait et qui apportait ainsi un témoignage de foi. Dans l’assemblée, Il peut y avoir aussi des esprits sincèrement critiques et sceptiques qui se posent légitimement des questions  sur ce qu’ils perçoivent de notre foi et de notre spiritualité. Il y a les personnes d’origine musulmane de plus en plus nombreuses dans notre pays. Elles ont un sens du sacré et de la transcendance souvent plus développé que nous. Parmi elles, certaines éprouvent un attrait pour Jésus-Christ et pour un Dieu plus proche et plus intime. Il y a tous les incroyants. Quel spectacle leur donnons-nous lorsque nous nous agitons ainsi avant de célébrer la gloire de Dieu et les plus grands mystères de notre foi ? De quoi témoignons-nous ? Est-ce Dieu ou l’humain qu’ils voient dans nos églises ?

Stanislas GRYMASZEWSKI

3 janvier 2019

LA VIRGINITE DE MARIE «IN PARTU»

 

  Cette formule latine signifie que Marie est demeurée vierge, non seulement au moment de la conception du Christ en elle, mais aussi au moment de la naissance. La virginité est parfois confondue avec le dogme de l’Immaculée-Conception qui signifie, lui, que Marie a été conçue sans avoir été affectée par le péché originel.

  C’est le symbole d’Epiphane (374) qui apporte la première précision officielle sur la virginité perpétuelle de Marie : « Jésus-Christ … a été engendré parfaitement de sainte Marie, la toujours vierge, par le Saint-Esprit ».

  Puis vient la lettre de Léon Le Grand, pape et docteur de l’Eglise, universellement acceptée, dès son apparition, comme règle de foi (449) : « Jésus-Christ a été conçu par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Mère, qui enfanta sans perdre sa virginité, comme sans perdre sa virginité, elle l’avait conçu ».

  Le Vème Concile œcuménique de Constantinople (553) parle expressément de la virginité perpétuelle de Marie.

  Le Concile particulier du Latran (649), présidé par le pape Martin Ier, déclare : « Si quelqu’un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que Marie sainte, toujours vierge et immaculée, est Mère de Dieu … et a enfanté sans corruption, sa virginité demeurant non moins inaltérée après l’enfantement, qu’il soit condamné ». Cité par le Concile Vatican II, LG n°57 note 10.

  Paul IV (1555) : « Par notre autorité apostolique, nous requérons et avertissons de revenir sur leurs erreurs dogmatiques … ceux qui affirment … que la bienheureuse Vierge Marie n’est pas demeurée dans l’intégrité virginale avant, pendant et perpétuellement après l’enfantement ».

  Concile Vatican II (1965), LG n°57 : « La Mère de Dieu présenta dans la joie aux pasteurs et aux mages son Fils premier-né, dont la naissance était non la perte mais la consécration de son intégrité virginale ».

  Catéchisme de l’Eglise Catholique (1992) n° 499 : « L’approfondissement en la maternité virginale a conduit l’Eglise à confesser la virginité réelle et perpétuelle de Marie même dans l’enfantement du Fils de Dieu fait homme. En effet, la naissance du Christ n’a pas diminué, mais consacré l’intégrité virginale de sa mère. La liturgie de l’Eglise célèbre Marie comme la Aeiparthenos, toujours vierge ».

  CEC, n° 510, citant saint Augustin : « Marie est restée vierge en concevant son Fils, vierge en l’enfantant, vierge en le portant, vierge en le nourrissant de son sein, vierge toujours » : De tout son être, elle est la servante du Seigneur.

  Les Pères de l’Eglise ont exalté la virginité de Marie pendant l’enfantement comme étant le signe que cet enfant était vraiment Dieu.

  Saint Augustin (354-430) : « La grandeur même de la puissance divine … féconda l’utérus virginal … La même puissance divine tira l’enfant du sein virginal de la Mère … Nous reconnaissons que Dieu est capable de faire ce que nous confessons ne pas pouvoir expliquer. Dans ce sens, toute la raison du fait réside dans la puissance de Celui qui le fait ».

  Saint Thomas d’Aquin (1227-1274) indique trois raisons de convenance (Il convient mieux qu’il en soit ainsi) :

« La première prend en considération la nature propre de Celui qui naissait, le Verbe de Dieu. Notre verbe, à nous, c’est sans corruption qu’il est conçu dans notre cœur et qu’il en procède. En vue de prouver que le corps du Christ était celui du Verbe de Dieu lui-même, il convenait donc qu’il naquît du sein inviolé de la Vierge. On lit encore dans le sermon du Concile d’Ephèse : La femme, qui engendre une chair pure, cesse d’être vierge. Mais le Verbe de Dieu, né dans une chair, a gardé la virginité de sa Mère, démontrant par-là qu’il était vraiment le Verbe. Notre verbe corrompt-il notre esprit qui le produit ? Ainsi Dieu, Verbe substantiel, n’a pas détruit la virginité de la Mère, de qui il avait résolu de naître.

Une seconde raison est tirée du but de l’Incarnation. Le Christ, en effet, est venu pour ôter toute corruption. Convenait-il dès lors, qu’en naissant, il corrompît la virginité de sa mère ? Saint Augustin écrit, dans l’un de ses sermons : Celui qui naissait pour guérir la corruption ne pouvait aucunement ternir la pureté par sa naissance.

En troisième lieu, celui qui a ordonné d’honorer ses parents ne pouvait diminuer, en naissant, l’honneur dû à sa mère ».

La virginité perpétuelle de Marie est donc aussi une marque de délicatesse de la part de Dieu. Marie ayant fait vœu de virginité pour se consacrer au Seigneur, celui-ci lui a laissé cette virginité dans son intégralité, y compris dans ce qui en est le signe extérieur.

  La virginité perpétuelle de Marie est un dogme de foi. Si l’Eglise ne rentre pas dans le détail des conditions physiologiques de l’enfantement de Jésus, c’est à la fois par respect du mystère et à la fois par délicatesse envers ce qui appartient à l’intimité de Marie.

  En résumé, la virginité de Marie « in partu » est là pour attester la divinité du nouveau-né et pour laisser à Marie le signe sensible de sa consécration à Dieu.

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

5 mai 2020

L'EGLISE ET LA CHASSE AUX SORCIERES

    La chasse aux sorcières est un phénomène horrible qui a conduit de nombreuses femmes au bûcher. Dans l’opinion publique, cette image de la femme ainsi violentée est souvent associée à l’Eglise. La littérature, le cinéma, la bande dessinée ne manquent pas d’exemples pour conforter, en effet, l’idée que ce phénomène est dû à l’Inquisition médiévale menée par l’Eglise au plus profond d’un sombre Moyen-Age. C’est le cas, par exemple du film Le Nom de la Rose (1986), inspiré de l’œuvre (1980) d’Umberto Eco. Des ouvrages prétendument historiques comme l’Histoire de l’Inquisition de Lamothe-Langon (1829) et La Sorcière (1862) de Jules Michelet sont à l’origine de ce lieu commun. Cependant, il n’en est rien. Ce n’est pas au Moyen-Age. Ce n’est pas l’Inquisition. Ce n’est pas l’Eglise. Non seulement, l’Eglise n’a pas été l’actrice de cet acharnement contre des femmes, mais, bien au contraire, elle est intervenue comme nous allons le voir pour s’y opposer.   

Quelle époque ?

    D’abord, ce n’est pas un phénomène du Moyen-Age. Pendant plus de 1000 ans, il n’existe ni chasses ni bûchers pour les sorcières. Le premier cas signalé en France est celui de Jeanne de Brigue condamnée par le Parlement de Paris en 1391. Le cas de Jeanne d’Arc en 1431 reste un cas isolé. Elle est d’ailleurs accusée un peu de tout, pas spécialement de sorcellerie. Les vraies causes de son procès sont d’abord politiques et l’évêque Cauchon est au service des Anglais et des Bourguignons. De fait, l’obsession sanguinaire de la chasse aux sorcières est un phénomène moderne. Il apparaît vers la fin du XVème siècle pour se poursuivre pendant deux siècles environ. Il coïncide avec ce qu’on appelle la Renaissance et l’avènement de la Raison et des Lumières. Il y a deux grandes vagues : 1470-1520 et 1560-1650. L’épisode de Salem en Nouvelle Angleterre où vingt sorcières furent brûlées eût lieu en 1692. En France, les condamnations à mort pour fait de sorcellerie seront stoppées par un édit du roi Louis XIV en 1672. Le dernier bûcher signalé en Europe est daté de 1782 dans la Suisse réformée.

    Malheureusement, ce thème reste d’une grande actualité aujourd’hui dans de nombreux pays d’Amérique latine, d’Asie du Sud-Est et d’Afrique. Selon l’article Wikipédia-Allemagne : Persécution des sorcières, depuis 1960, plus de personnes ont vraisemblablement été exécutées ou lynchées pour sorcellerie que pendant toute la période des persécutions en Europe. En Tanzanie, par exemple, entre 10.000 et 15.000 personnes auraient été tuées.

Quelle ampleur ?

    En l’absence d’études sérieuses, les chiffres les plus extravagants ont été affirmés. Jusqu’à 9 millions selon Voigt (1786), Rosenberg (1930), Hans Kung (1985). Des auteurs comparent avec l’Holocauste. Dan Brown, dans le Da Vinci Code (2003), parle de 5 millions de femmes sur le bûcher en les attribuant à l’Eglise. Les études récentes des historiens s’accordent néanmoins pour estimer les condamnations entre 20.000 et 40.000. Behringer parle de 3 millions de personnes jugées dont 40.000 condamnées soit 1,5%. Il a été également établi que ce drame ne concernait pas que des femmes puisqu’on compte 20% d’hommes. Le foyer principal, toujours selon Behringer, a été de loin l’Allemagne avec près de ¾ des victimes.

 Durant le Moyen-Age, l’Eglise combat la peur de la sorcellerie et la chasse aux sorcières. 

    La peur de la sorcellerie et la pratique de brûler les sorcières existait avant le christianisme. C’est un héritage du paganisme. Le droit romain, par exemple, disposait que le sorcier devait être brûlé vif. Sylla (-138-78) a fait promulguer une loi qui punissait de mort ceux qui faisaient usage de la sorcellerie.

    Face à cela, l’Eglise est intervenue pour faire reculer ces croyances et a pris des mesures pour protéger les femmes qui en étaient victimes. Pendant tout le Moyen-Age, l’enseignement de l’Eglise qui fait autorité sur ce phénomène est le Canon episcopi du concile d’Arles (314). Ce document a fait disparaître peu à peu avec tolérance, scepticisme et même ironie un grand nombre de superstitions ténébreuses, y compris celles concernant les sorcières, dont les populations européennes avaient hérité de l’Antiquité païenne (1).

    Voici quelques faits illustrant l’action de l’Eglise :

- En 415, le peuple chrétien d’Alexandrie, encore habité par des croyances anciennes, lynche la philosophe Hypatie pour sorcellerie présumée. Les évêques indignés réagissent et parlent d’une « grande honte » inconciliable avec la foi (2).

- L’Edictus Rothari, code des lois du peuple lombard, christianisé au VIIème siècle, proscrit la mise à mort des sorcières (2).

- Les Germains païens, avant la christianisation, avaient pour habitude de brûler les sorcières ou de manger leur chair pour s’approprier leurs pouvoirs. Cette pratique était si répandue qu’après la victoire de Charlemagne elle dût être interdite sous peine de châtiment (condamnation à mort) par le Concile de Paderborn en 785 (2).

- Les Danois nouvellement christianisés, eux aussi, ne renoncent pas pour autant à persécuter les sorcières selon les coutumes ancestrales. Le pape Grégoire VII est résolument hostile. En 1080, il écrit au roi Harald : « Prends garde de ne pas pécher contre les femmes … condamnées à l’inhumanité en vertu d’une coutume barbare » (2).

- Jean de Salisbury, évêque de Chartres (XIIème) : « Le meilleur remède contre cette maladie (sorcellerie), c’est de s’en tenir fermement à la foi, de ne pas prêter l’oreille à ces mensonges et de ne point arrêter son attention sur d’aussi pitoyables folies » (3).

Pourquoi cette chasse aux sorcières ?

    La peur de la sorcellerie remonte à des temps très anciens. Elle est réveillée et amplifiée par les malheurs de l’époque : guerres, notamment civiles, épidémies. Elle correspond à une perte de la foi et à une décroissance de l’influence de l’Eglise catholique, à l’avènement du protestantisme et à un changement d’époque et de mentalité. Elle est le fait d’une population terrorisée par la peur du diable. On assiste à un phénomène de folie collective.

Quels sont les pouvoirs qui ont mené la persécution contre les sorcières ?

    Entre le XVème et le milieu du XVIIème, un changement profond marque l’Europe : l’affirmation des Etats modernes. La principale responsable des persécutions a été la justice des Etats et non celle de l’Eglise (2). Selon Decker, « l’empereur, les princes et les cités prirent en charge les persécutions » (2). Ce sont les tribunaux laïcs de l’Etat et non les tribunaux catholiques qui recueillent les dénonciations et qui mènent les procès. En France, il s’agit essentiellement de juridictions locales échappant en grande partie à tout contrôle du pouvoir central.

Quels sont les penseurs qui ont encouragé la chasse aux sorcières ?

    Ce n’est pas la hiérarchie catholique mais des membres de l’élite intellectuelle laïque de l’époque. On y trouve les penseurs de la Révolution anglaise : Coke (1552-1634), Raleigh (1552-1618), Bacon (1561-1626). En Angleterre, c’est durant la Révolution que la répression des sorcières atteint son apogée avec Hopkins (mort en 1647). Boyle (1627-1691) encourageait leur persécution. Hobbes (1588-1679), dans le Léviathan, assimile catholiques, magiciens et sorcières. Il estimait qu’elles recevaient un juste châtiment. Le champion intellectuel de la chasse aux sorcières est certainement Jean Bodin (1530-1596) qui demandait que les femmes soient brûlées aussi lentement que possible. Il est considéré aujourd’hui comme le penseur politique de l’Etat moderne et le théoricien de la tolérance religieuse (1). Il est l’auteur d’un manuel judiciaire pour la torture et l’extermination des sorcières : La Démonomanie (1580).

Kramer (1430-1505) et son ouvrage le Malleus Maleficarum (1486)  

   Le cas de Kramer est particulièrement intéressant. Il montre à quel point, en l’absence d’une connaissance exacte des faits, il est facile d’attribuer à l’Eglise un rôle inverse de celui qu’elle a eu en vérité.

    Kramer était un dominicain allemand qui obtînt de ses supérieurs et du Pape d’être nommé inquisiteur d’une province d’Allemagne. Il utilisa ensuite cette fonction pour mener une chasse personnelle aux sorcières mais se heurta à l’opposition des prêtres et des évêques. Il se retourna alors vers le nouveau pape mal informé de la situation et implora son aide. Innocent VIII (1484-1492) se laissa convaincre de l’existence d’une dangereuse « secte de sorcières » active en Allemagne du Sud et lui accorda une bulle, Summis desiderantes affectibus (1484), qui lui donna le pouvoir d’infliger des peines ecclésiastiques jusqu’à l’excommunication. Malgré cela, Kramer se heurta à l’évêque du lieu Golser et il dût renoncer une nouvelle fois à ses menées répressives. En réaction, Kramer écrivit un livre : le fameux Malleus Maleficarum, le Marteau des sorciers, c’est-à-dire le marteau pour écraser. Il s’agit d’un manuel de 800 pages pour les juges contre les sorciers et les sorcières. Cet ouvrage ne fût pas publié par l’Inquisition comme le laisse entendre Dan Brown dans le Da Vinci Code, mais par Kramer lui-même. Pour donner de l’autorité à son œuvre, celui-ci le fit précéder par la bulle de 1484. Cela pouvait laisser croire que le pape avait donné sa bénédiction, ce qui n’était absolument pas le cas. Très tôt, l’Eglise le juge d’ailleurs en contradiction avec les conciles et l’interdit en 1490. La tentative de Kramer de porter la sorcellerie au rang de l’hérésie pour la faire relever des compétences de l’Inquisition échoua donc lamentablement. Malgré cette condamnation, le livre remporte un énorme succès grâce à l’imprimerie. Entre 1487 et 1669, il sera réédité 34 fois (2). Cela confirme au passage le mythe tellement répandue de la toute-puissance de l’Eglise, mythe qui permet d’attribuer à l’Eglise tous les errements du passé.

L’impact du protestantisme

    Les régions protestantes sont particulièrement touchées : Etats allemands, Danemark, Scandinavie, Bohême. Les fondateurs de la Réforme étaient obsédés par la question du démon et la question du mal. Luther (1483-1546) consacre sa prédication aux sorcières le 06/05/1526 et appelle à cinq reprises à les tuer. Le 25/08/1538, lors de son sermon, il dit : « Vous ne devez pas avoir de pitié pour les sorcières, quant à moi, je les brûlerais toutes ». Calvin (1509-1564) s’est comporté en pyromane et a envoyé de nombreuses femmes au bûcher dans sa ville de Genève. Vers la fin du XVIème siècle, les protestants lançaient de terribles accusations contre la modération du Saint-Office. Cette modération était avancée comme une preuve de la complicité de l’Eglise de Rome avec les sorcières (1). Selon Decker, dans les régions luthériennes d’Allemagne, la part des femmes poursuivies était plus grande que dans les régions catholiques (2). Malgré cela, au cours des siècles suivants et jusqu’à nos jours, l’Eglise a été rendue responsable d’une grande partie des crimes et des bûchers installés par les protestants.

L’Eglise catholique a été l’acteur principal qui a protégé les femmes de la chasse aux sorcières.

    Selon Giovanni Romeo, « les autorités de l’Inquisition romaine évitèrent une persécution sanglante contre la sorcellerie » (1). En 1525, le pape Clément VII (1523-1534) intervient en personne pour sauver des femmes et des hommes accusés. Clément VIII (1592-1605) agit aussi pour la libération et la réhabilitation des femmes. Un document officiel du Vatican de 1621, écrit par le dominicain Scaglia, montre que l’Inquisition romaine intervenait en faveur des droits des femmes accusées de sorcellerie, qu’elle élevait la voix contre ces phénomènes d’hystérie collective et qu’elle condamnait en termes nets les pratiques courantes de leurs juges et de leurs bourreaux (2). Après les interventions de Paul V (1605-1621) et de Grégoire XV (1621-1623), il résulta que plus aucune sorcière ne fût condamnée dans la sphère d’influence de l’Inquisition romaine (2). Le pape Urbain VIII (1623-1644) recommande encore en 1637 la plus grande prudence dans la poursuite des sorciers et des sorcières (3).

    En Espagne, l’Inquisition usa de son pouvoir et de son influence pour mettre fin à la chasse aux sorcières menée par les foules et par les autorités séculières. Au lieu de brûler les sorcières, les inquisiteurs ont fait pendre certains de ceux qui les avaient condamnées au feu (4). Selon Léa (1825-1909), historien anticatholique, la persécution des sorcières a été « relativement inoffensive » en Espagne, probablement « grâce à la sagesse et à la fermeté de l’Inquisition » (4).

    Si l’Italie, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande catholiques ont été très peu touchés par cette folie, il n’en reste pas moins vrai que des prêtres et des évêques catholiques ont été impliqués dans d’autres régions catholiques. A une époque où n’existaient pas les moyens de communication que nous connaissons aujourd’hui les instructions de la lointaine Rome restaient lettre morte dans une grande partie de l’Europe à commencer par l’Allemagne, lieu principal de ce fléau. Il ne faut pas négliger non plus ce fait si peu connu de l’opinion que, l’Eglise, dans de nombreux royaumes ou empires, était plus ou moins sous la domination du pouvoir temporel et que les charges d’évêque, par exemple, étaient attribués par ce pouvoir et non par les autorités de l’Eglise elle-même. Il était facile pour le pouvoir politique de choisir des personnes plus facilement à leur convenance que des personnes profondément religieuses. Néanmoins, d’après Decker, sur la totalité des victimes de la chasse aux sorcières, l’Inquisition catholique reste peu impliquée puisqu’on la retrouve dans moins de 1000 cas dont 200 rien que pour Kramer (2).

    Sources : (1) Revue 30 Jours n°6 (1990). (2) Michael Hesemann, Les points noirs de l’histoire de l’Eglise (2007). (3) Régine Pernoud, Pour en finir avec le Moyen-Age (1977). (4) Rodney Stark, Faux témoignages (2016). A signaler également l’ouvrage du danois Gustav Henningsen (1980) sur l’Inquisition.

  Stanislas Grymaszewski

5 août 2023

LE RITE DE LA PAIX

 

  Dans la messe de Paul VI, les fidèles peuvent être invités à transmettre la Paix qui vient du Christ par un geste particulier adressé à la personne la plus proche. Ce geste à l’origine était celui de se donner les deux mains ou d’incliner sa tête sur l’une des épaules de son voisin tout en posant sa main sur l’autre. En l’absence de consignes bien définies, cela a pris la forme d’une banale poignée de main. Cependant, cette façon de faire est trop profane pour exprimer ce qu’il y a de sacré dans cet échange. Ensuite, au fil des années, l’habitude s’est prise de multiplier ces poignées de main avec toutes les personnes qui nous entourent et même davantage. Ce qui ne devait être qu’un moment relativement court mais vécu profondément et dignement a pris de l’ampleur dans le temps et dans l’espace et s’est transformé en quelque chose d’assez tumultueux. Il est même assez souvent accompagné d’un chant comme pour permettre à chacun de communiquer non pas seulement avec la personne à son côté mais avec un grand nombre. Le résultat, c’est que ce geste a perdu de son contenu spirituel et de sa véritable saveur. Il est devenu un geste furtif, bâclé, superficiel alors qu’il doit exprimer la grandeur et la beauté de la Paix qui vient du Christ Lui-même. Il arrive fréquemment qu’on le donne à une personne qui ne vous regarde déjà même plus parce qu’elle cherche un peu plus loin quelqu’un avec qui elle reproduira le même geste rapide. Cette attitude peut être source d’une vraie blessure dans le cœur dans la mesure où vous vivez profondément ce que vous faites et que c’est bien la Paix du Christ que vous vous apprêtez à donner et non un simple geste amical. Il n’est pas possible, en effet, de transmettre la Paix du Christ si l’autre tend sa main tout en vous quittant du regard. Le Christ ne se donne pas à moitié. Parole de mère Yvonne-Aimée de Malestroit : « Beaucoup humanisent le divin, mais bien peu divinisent l’humain ». Si je veux être cohérent avec le sens profond de ce rite, je vais l’accomplir de tout mon cœur, de toute mon âme en réalisant un beau geste d’amour avec mes mains et avec mes yeux.

  Au cours du synode sur l’Eucharistie (Oct. 2005), les évêques se sont penchés sur cette question. La proposition 23 dit : « Le salut de paix, dans certains cas, prend un poids qui peut devenir problématique, lorsqu’il se prolonge trop ou suscite même de la confusion précisément avant de recevoir la communion. » La Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements a publié en juin 2014 une circulaire La signification rituelle du don de la paix pendant la messe approuvée par le Pape François pour préciser aussi la pratique de ce rite. En voici les principaux éléments :

Sens théologique

  « Le signe de la paix se réfère à la contemplation eucharistique du mystère pascal. C’est le baiser pascal du Christ présent sur l’autel. Il est l’expression de l’Eucharistie, sacrement de la paix ». C’est la Paix du Seigneur lui-même qui se communique. Selon l’instruction Redemptionis Sacramentum de mars 2004, approuvée par saint Jean-Paul II, « cet usage n’a pas une connotation de réconciliation ni de rémission des péchés, mais il a pour but de manifester la paix, la communion et la charité (n°71) ».

Recommandation

  Benoît XVI, dans l’exhortation post-synodale Sacramentum caritatis, de février 2007 au n°49 : « Il a paru opportun -aux évêques- de modérer ce geste, qui peut prendre des expressions excessives, suscitant un peu de confusion dans l’assemblée juste avant la communion. Une sobriété est nécessaire pour maintenir un climat adapté à la célébration, par exemple, en limitant l’échange de la paix avec la personne la plus proche. »

Importance de cette question

  Selon la circulaire déjà citée, « il s’agit d’un point très important ». Nous sommes invités « à prendre soin de ce rite et à accomplir ce geste liturgique en faisant preuve de sens religieux et avec sobriété ». L’intention est de « mieux exprimer la signification du signe de la paix et réglementer les expressions excessives qui provoquent la confusion dans l’assemblée liturgique avant la communion ». « Lorsque l’échange de la paix est accompli de la manière qui convient entre les personnes, le sens et l’expression du rite lui-même en sont enrichis ».

  Le document insiste sur la « nécessité de proscrire définitivement certains abus » :

- 1 « L’introduction d’un chant pour la paix ».

- 2 « Pour les fidèles, le fait de se déplacer pour échanger entre eux le signe de la paix ».

- 3 « Pour le prêtre, le fait de quitter l’autel pour donner la paix à quelques fidèles ».

- 4 « Le fait que le geste de la paix soit l’occasion d’exprimer des congratulations, des vœux de bonheur ou des condoléances aux personnes présentes, dans certaines circonstances ».

  Pourquoi une telle sobriété est-elle demandée ?

  Afin de mieux comprendre, replaçons-nous dans le déroulement de la célébration. Nous venons de vivre la prière eucharistique. Celle-ci est offrande, sacrifice, louange, résurrection, rédemption, glorification du Christ. Jésus est là, présent. C’est le sommet et la source de notre vie chrétienne. Cela requiert tout notre cœur et toute notre attention. Vivre en vérité ce moment, c’est être orienté avec tout son être vers la Présence qui est à l’autel. C’est déjà le cœur à cœur de la communion qui se prépare. Chacun va recevoir l’Hôte divin. Le sentiment qui s’impose est celui de l’amour et de l’adoration. « Je voudrais raviver cette admiration eucharistique » exhortait saint Jean-Paul II dans l’encyclique Ecclesia de Eucharistia de 2003.

  Voilà pourquoi le rite de la paix ne doit pas prendre trop d’ampleur ni dans le temps ni dans l’espace. Il s’agit d’éviter une rupture dans cette démarche du cœur en profonde communion déjà avec la Présence du Christ à l’autel. Il ne doit pas, par son prolongement dans le temps, nous détourner de la Présence qui est là.

  Pourquoi limiter l’échange de la paix à la personne qui est juste à votre côté ?

  Ce n’est pas : tout le monde transmet à tout le monde. C’est : une personne transmet à une personne. La phrase que l’on est invité à dire est « la Paix du Christ soit avec vous ». Si j’ai vraiment reçu La Paix du Christ à travers le frère qui est à côté de moi, je n’ai pas besoin de la recevoir plusieurs fois. Vouloir multiplier les échanges, c’est faire comme si le premier avait manqué d’efficacité. Il est préférable de donner la Paix du Christ à une personne seulement mais de tout son cœur en prenant le temps de se regarder plutôt que de se dépêcher et de bâcler ce geste « sacré » pour passer à une autre personne puis encore à une autre et ainsi de suite. En outre, lorsque nous balayons du regard l’assemblée pour envoyer tel ou tel signe de loin, nous cherchons plus ou moins les personnes que nous connaissons alors qu’il s’agit de ne pas choisir mais de se tourner vers celui qui est à côté de moi. C’est bien la Paix du Christ que nous donnons et non notre propre paix. Le but n’est pas de donner une poignée de main, de se saluer ou d’en rester au témoignage de sa propre affection. A Rimini, en 1990, le cardinal Ratzinger avait dit : « Ce n’est pas d’une Eglise plus humaine dont nous avons besoin mais d’une Eglise plus divine ». Après avoir partagé avec une ou deux personnes la Paix du Christ, les fidèles, le cœur toujours rempli d’amour pour Lui, se tournent de nouveau sans tarder vers l’autel pour demeurer proche de Sa Présence réelle avant de Le recevoir au moment de la communion.

  Pourquoi le prêtre doit-il demeurer à l’autel ?

  Un commentaire de la Conférence épiscopale américaine (2000) précise qu’il s’agit « de ne pas rompre l’harmonie et l’élan du rite eucharistique ». Les explications précédentes s’appliquent donc autant sinon plus au prêtre lui-même. En outre, il n’est pas convenable et cohérent que la proximité physique et l’union du prêtre avec le Christ soit ainsi soudainement interrompue lorsque celui-ci quitte l’autel et semble ainsi « abandonner » la Présence réelle c’est-à-dire le Christ Lui-même pour échanger à son tour quelques signes de paix dans la nef avec des fidèles. Il est important que l’attention des fidèles ne soit pas détournée de la Présence à l’autel de Celui qui vient si humblement s’offrir à nous. Même si le Prêtre représente le Christ, même s’il est « un autre Christ », en quittant l’autel pour descendre la nef, il attire vers lui les regards et les détourne de la direction où se trouve le Christ. Il y a là comme une contradiction avec ce que la liturgie nous fait vivre en ce moment précis : être tout entier tourné vers le Christ pour se préparer à Le recevoir. « Tous, dans la synagogue, tenaient les yeux fixés sur Lui. » -Luc, 4,20- « Les regards fixés sur Jésus qui est le commencement et le terme de notre foi.» -Hébreux, 12,2-

  Pourquoi ne pas ajouter un chant pour la paix ?

  Toujours pour la même raison. Cela donne de l’ampleur à un moment de la liturgie qui doit demeurer orienté vers la communion. Notre attention ne doit pas être détournée de l’essentiel, c’est-à-dire du Christ Lui-même. Prendre quelques secondes pour se pencher vers son voisin le plus proche et échanger profondément avec lui la Paix du Christ qui nous habite ne provoque pas de rupture dans cette relation privilégiée au Christ si on revient aussitôt vers Lui. Par contre, la multiplication des échanges, peut produire une confusion et nuire à ce moment de grâce en remplaçant finalement ce qui est divin par ce qui est humain. En outre, le chant pour la paix qui ne fait pas partie de la liturgie prend parfois la place de l’Agneau de Dieu qui, lui, en fait partie. Or, l’Agneau de Dieu est une prière de miséricorde, belle et simple, qui est faite pour nous préparer à recevoir le don immense de l’Eucharistie en nous aidant à poser un acte d’humilité et de pauvreté. C’est un préjudice spirituel que d’en être privé.

  Une précision à propos de l’usage de ce rite : il s’agit d’un geste optionnel. « On peut l’omettre et, parfois, il doit être omis. »

  Des efforts devront tôt ou tard être entrepris indique la circulaire : « Il serait bon dans l’avenir de changer la manière de donner la paix, de remplacer les gestes familiers et les salutations profanes par des gestes appropriés », « de préparer des catéchèses liturgiques sur la signification du rite de la paix et sur la manière adéquate de l’accomplir ».

  Personnellement, j’ai pris l’habitude d’ouvrir discrètement mes deux mains l’une sur l’autre, comme un réceptacle, en direction de l’autel pour mieux signifier ma réception de la Paix qui vient du Christ et, ensuite, c’est bien avec ces deux mains que je La communique à mon voisin.

  Le document conclut en parlant d’ « un geste humain élevé jusqu’à la sphère du sacré ».

 

   NB : Rite de la paix et mesures sanitaires

Le problème s’est aggravé avec l’intrusion des mesures sanitaires dans le déroulement de la liturgie. Ces dernières, par leur démesure et aussi pour certaines par leur inconvenance, ont gravement nuit à la beauté et à la dignité des célébrations. Le rite de la paix, déjà bien mal pratiqué avant la crise sanitaire -et aussi psychologique- que nous avons connue, est encore plus problématique aujourd’hui. On voit un peu de tout : inclination du buste les mains jointes à la manière bouddhiste, saluts de la main en forme de petits coucous, baisers envoyés dans les airs à droite et à gauche, tête dodelinant dans toutes les directions… Il arrive aussi parfois que des frères refusent les mains qui leurs sont tendues par peur d’une éventuelle contamination ou peut-être plus simplement par application docile des anciennes consignes des gestes barrières. Il est important d’expurger le rite de la paix et aussi l’ensemble de la liturgie de toutes les transformations subies à la suite de ce qu’il y a eu d’excessif dans les mesures sanitaires parfois jusqu’à la folie.

 

Stanislas Grymaszewski  2016 et 2024

 

26 janvier 2020

POURQUOI LE CELIBAT DES PRÊTRES ?

 Il est vrai que la discipline du célibat sacerdotal n'est pas exigée par la nature du sacerdoce, mais ses convenances avec celui-ci, pour des raisons à la fois théologiques et pastorales, sont tellement grandes que l'Eglise estime qu'elle ne peut y renoncer sans entraîner un grave appauvrissement de ce ministère et de sa fécondité. 

Quelles sont donc ces convenances qui justifient le maintien du célibat ? 

1) Le célibat permet au prêtre de ne faire qu'un avec le Christ

Il lui est plus facile de s'attacher ainsi à lui sans que son coeur soit partagé. Son offrande et sa configuration au Seigneur Christ n'en sont que plus parfaites. Le Christ est choisi comme Epoux exclusif. Le célibat devient alors un témoignage dans le monde, adressé à tous, que le Christ donne une plénitude et qu'il comble déjà totalement la vie.  

2) Le célibat permet au prêtre d'être comme le Christ

Le prêtre a pour vocation toute particulière de prolonger et de poursuivre dans le temps la mission du Christ qui est venu pour sauver tous les hommes. Dans la communauté des fidèles confiée à ses soins, il est le Christ présent. Il est un «autre Christ». Au moment de l'Eucharistie, il agit «in personna Christi». Par le célibat, le prêtre suit l'exemple du Christ et reproduit plus parfaitement en lui son image, rendant ainsi plus manifeste aux yeux des hommes l'offrande du Bon Pasteur.

  

3) Le célibat est un signe du Royaume de Dieu

La chasteté pour le Royaume des cieux est un signe particulier des biens célestes d'une grande valeur prophétique. Ce choix d'état de vie rend plus proche de la vie de tous les hommes le règne de Dieu à venir. Il porte au milieu du monde qui passe, l'annonce de la résurrection future, de la vie éternelle et de la vie d'union à Dieu.

  

4) Le célibat rend le prêtre conforme à Jésus-Christ, Epoux de l'Eglise

L'Eglise, comme Epouse du Christ doit être aimée par le prêtre de la manière totale et exclusive avec laquelle Jésus-Christ, Tête et Epoux l'a aimée. Le choix du célibat manifeste donc pleinement le don total et exclusif du Christ qui est l'Epoux à l'Eglise qui est l'Épouse.

  

5) Le célibat permet au prêtre d'être « père » pour tous

Le prêtre renonce à un amour personnel pour un amour universel. Son célibat est en vue de l'amour. Il est alors signe de l'amour de Dieu pour chacun. Quand on donne à Dieu, Dieu donne au centuple. En renonçant à une famille, le prêtre se voit recevoir par Dieu des familles, des enfants, des frères et sœurs au centuple. 

 

6) Le célibat donne au prêtre une plus grande efficacité pastorale

La vocation au sacerdoce ministériel exige de lui un don total, une consécration de sa vie entière. La vie conjugale et la vie familiale imposeraient au prêtre des exigences telles qu'il n'aurait plus la même liberté, la même disponibilité pour vivre en plénitude son sacerdoce et lui donner toute sa fécondité spirituelle. Il serait condamné à imposer des limites à sa vie sacerdotale en même temps qu'à sa vie d'époux et de père, ce qui entraînerait des insatisfactions pour tous.

  

7) La valeur du célibat sacerdotal est confirmée par la Tradition vivante  de l'Eglise

Certes, il y a eu des prêtres mariés durant les premiers siècles du Christianisme. A une époque où il était de coutume de se marier tôt, il n'était pas possible de faire autrement que de prendre des hommes mariés pour propager la Bonne Nouvelle. Il y avait nécessité. Les textes les plus anciens révèlent cependant que la continence était de rigueur après l'ordination. Par la suite, la discipline du célibat ne cessa d'être renforcée. La discipline de la continence des clercs, à l'origine de la discipline du célibat ecclésiastique, n'est donc pas le résultat d'une élaboration tardive, mais au contraire d'une tradition non-écrite d'origine apostolique.

  

8) Faire confiance à l'Esprit-Saint qui conduit l'Eglise

C'est l'Esprit-Saint qui conduit l'Eglise et qui l'a amenée à recevoir le charisme du célibat sacerdotal. Celle-ci a pu expérimenter au cours des siècles son importance inestimable. C'est pourquoi elle encourage chacun à y demeurer fidèle et à demander à Dieu de l'accorder toujours avec abondance. Les derniers papes, le Concile Vatican II et les Synodes des Evêques n'ont cessé d'exprimer avec clarté et force la ferme volonté de l'Eglise de rester fidèle à cet héritage malgré toutes les objections soulevées. Aussi ne contristons pas l'Esprit-Saint, ne participons pas à affaiblir l'unité et la mission de l'Eglise, en tombant dans le doute, mais sachons faire confiance et rendre grâce à Dieu pour un tel trésor, trésor dont l'Eglise a besoin pour le bien de sa mission dans l'avenir et pour tendre vers la civilisation de l'amour.

 Stanislas GRYMASZEWSKI

13 mars 2017

LE TABLEAU GUERNICA DE PICASSO ET LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE

  Ce tableau de Picasso est commandé dès le mois de janvier 1937 par le gouvernement espagnol pour représenter l’Espagne à l’exposition universelle de Paris de 1937. L’intention est politique : il s’agit de dénoncer le général Franco qui a pris les armes contre le gouvernement socialiste de Caballero, surnommé le « Lénine espagnol ».

  Il a servi à produire la légende selon laquelle le bombardement du 26 avril 1937 de la petite ville de Guernica était une opération programmée de destruction de la population civile réalisée par l’aviation allemande, probablement à l’instigation de Franco et dont le résultat aurait été  de 800 à 3000 morts pour une population totale de 5000 habitants.

  En réalité, le nombre de morts s’élève à 126 et le bombardement a été décidé par le chef allemand de la Légion Condor sans l’autorisation de Franco. Celui-ci, au contraire, avait expressément interdit les bombardements sur les objectifs civils.

  Ce tableau fut une œuvre de propagande, exposée à travers le monde, pour lever des fonds. Picasso était lui-même engagé auprès du parti communiste. 

  C’est Staline qui a fondé les Brigades internationales. Il est à l’origine de l’envoi d’argent, de matériel militaire et de milliers de cadres et conseillers militaires. C’est pour cela que Franco accepte une aide au demeurant modeste des allemands et des italiens. Plus tard, il refuse à Hitler l’accès à Gibraltar et permet que l’Espagne soit une terre de refuge pour les juifs. Les USA lui fournissent du pétrole à crédit. Churchill, déclare le 24/05/1944 sa reconnaissance au régime de Franco d’avoir prêté « un immense service … à la cause des nations alliées ». 

  Le vrai début de la guerre civile n’est pas l’intervention de Franco et le soulèvement à Melilla du 17 juillet 1936, mais les violences socialistes, communistes et anarchistes qui ont commencé bien avant.

  La persécution religieuse par le gouvernement de gauche commence dès 1931, par exemple par la dissolution des jésuites. En août 1933, le PSOE (socialiste) se déclare en faveur de la dictature du prolétariat. La gauche perd les élections en 1933 et tente une insurrection qui fait 1335 morts. En 1936, Sotelo est assassiné et un attentat échoue contre l’autre grand représentant de la droite, Gil Roblès. On compte 330 assassinats politiques, 160 églises et couvents incendiés. La Constitution est violée et le Président de la République, un centriste, est destitué car jugé trop conservateur.

  En août 1936, six mois après le déclenchement des violences anti religieuses, 10 évêques et 2000 prêtres sont déjà assassinés par le Front Populaire. Au total, ce sera presque 7000 ecclésiastiques       (13 évêques, 4200 prêtres, 2500 religieux, 280 religieuses et 240 séminaristes) soit plus de 20% du clergé !

  A Paracuellos, en novembre 1936, cinq mois avant le drame de Guernica, un drame d’une autre ampleur a eu lieu, certainement le plus grand massacre de civils de cette guerre. 5000 étudiants, avocats et médecins sont fusillés et enterrés dans de gigantesques fosses communes. Santiago Carillo, futur secrétaire du Parti Communiste Espagnol, en fut l’un des responsables. 

  Présenter par conséquent la Guerre d’Espagne de façon manichéenne comme une guerre civile entre, d’un côté, les bons, les « républicains » - en fait, la gauche marxiste et anarchiste - et, de l’autre, les méchants, les « fascistes » - en fait, les défenseurs d’une Espagne libre du marxisme, relève de la désinformation. 

 Voici deux déclarations significatives de l’époque. Celle du délégué espagnol au Congrès des Athées, à Moscou : « L’Espagne a surpassé de loin l’œuvre des soviets, parce que l’Eglise a été totalement annihilée ». Et celle du communiste Hernandez, ministre de l’Instruction Publique du gouvernement Caballero : « Votre lutte contre la religion est aussi la nôtre. Nous avons le devoir de faire de l’Espagne une terre d’athées militants. La lutte sera difficile, parce que dans ce pays il y a beaucoup de réactionnaires qui refusent la culture soviétique. Mais toutes les écoles d’Espagne seront transformées en écoles communistes. » 

  Bien plus tard, le général de Gaulle, rapporte ainsi ses propres paroles à Franco : «  Je lui ai dit ceci : en définitive, vous avez été positif pour l’Espagne. Et c’est vrai, je le pense. Et que serait devenue l’Espagne si elle avait été la proie du communisme. »

 

28 octobre 2017

L'EGLISE ET LA ROTONDITE DE LA TERRE AU MOYEN AGE

( Article complété le 26/11/2017) 

 

  Parmi les nombreuses légendes qui circulent sur le Moyen Age le mythe de la Terre plate tient une place de choix. Dans un lycée privé, une enseignante en français, par exemple, affirme en plein cours que : « L’Eglise a enseigné que la Terre était plate. C’était sa doctrine malgré que l’inverse ait été démontré ». Voici également deux extraits de copies d’élèves de terminales qui l’illustrent. Le premier nous apprend qu’ « Au XVème siècle, l’opinion commune pensait que la Terre était plate pour que les hommes puissent marcher dessus. Or certains se sont aperçus qu’il n’en était pas ainsi. On n’a pas voulu les écouter. Ces hommes ont été châtiés bien que l’on sache aujourd’hui qu’ils avaient raison ». Selon le deuxième extrait, « Au Moyen Age, l’Eglise faisait la chasse aux savants qui soutenaient que la Terre est ronde ». D’autres expliquent aussi que Christophe Colomb a été confronté à des autorités religieuses qui ne voulaient pas admettre que la Terre puisse être ronde.

  Ces idées sont très répandues dans les milieux scolaires bien qu’elles soient totalement fausses. Jamais l’Eglise n’a enseigné que la Terre est plate et jamais elle n’a poursuivi et fait exécuter les savants qui soutenaient le contraire. Au Moyen Age, on sait que la Terre n’est pas plate. La Bible elle-même qui ne donne pas d’enseignement sur le sujet fait allusion à la rotondité, par exemple, en Isaïe 40,22 : « Il trône au-dessus du cercle de la Terre ». Le terme « chûg » est traduit par sphère, voûte, globe selon d’autres traductions.

  La connaissance que la Terre est ronde remonte à l’Antiquité. Elle est présente chez PYTHAGORE, PARMENIDE et EMPEDOCLE. On en trouve une démonstration chez ANAXAGORE (-500-428), chez ARISTOTE (-384-322) et chez PTOLEMEE (100-170). Dans le Traité du Ciel, ARISTOTE écrit : « Quant à sa forme, elle est nécessairement sphérique ».

  Etablie par les grecs, elle ne sera pas remise en cause par les  grands penseurs médiévaux. Les Noces de Philologie et de Mercure, écrit vers 420 par MARTIANUS CAPELLA et qui va connaître une large diffusion au Moyen Age, affirme sans ambages : la Terre n’est pas plate, elle est ronde. La rotondité est affirmée de nombreuses fois dans l’œuvre de saint AUGUSTIN (354-430) et de saint Thomas d’AQUIN (1225-1274). BEDE Le Vénérable (VIIIème siècle) et Scot ERIGENE (810-877) sont catégoriques : la Terre est ronde. Hildegarde de BINGEN (1098-1179) dessine à plusieurs reprises la Terre sous la forme d’une sphère. Joannes de SACROBOSCO (anglais, XII-XIIIème siècle) est l'auteur d'un traité : La Sphère,  très diffusé dans les universités médiévales. Plus tard, le cardinal Pierre d’AILLY (1350-1420)  produit une vaste compilation du savoir antique où la notion de rotondité de la Terre, garantie par l’autorité d’ARISTOTE, est tenue pour prouvée. Il y est dit qu’un même océan baigne les rivages d’Espagne et ceux d’Asie. Certes, il existe deux ou trois auteurs  tels LACTANCE (265-345) et COSMAS (VIème siècle) pour soutenir l’idée opposée, mais ils ne sont pas suivis et même ignorés. Il n’est pas honnête de citer deux ou trois auteurs de second plan tout en ignorant des centaines d’autres qui affirment le contraire.

  Le dogme médiéval de la Terre plate est une invention de penseurs modernes comme il y en a malheureusement beaucoup d’autres pour dépeindre le Moyen Age sous un aspect sombre afin de faire apparaître l’époque moderne sous une lumière plus éclatante.

  Au XVème siècle, autre preuve : les globes terrestres existent déjà avant la découverte de l’Amérique ! Christophe COLOMB (1452-1506) s’appuie sur le livre du cardinal d’AILLY pour entreprendre des calculs sur la largeur de cet océan qui séparerait l’Espagne de l’Asie. Son but est de chercher la route de la Chine et de l’Inde par l’Occident. La distance serait moins longue que par l’Afrique. En fait, COLOMB se trompe sur ses calculs et conclut qu’ « entre la fin de l’Orient et la fin de l’Occident il n’y a qu’une petite mer ». Devant les experts de l’université de Salamanque, chargés de juger si le projet pouvait être soutenu par le roi d’Espagne, il avait surestimé l’étendue de l’Asie et sous-estimé la distance par l’océan situé à l’Occident. Grâce à cela, le voyage n’était plus trop long pour les bateaux de l’époque.

  Cette croyance populaire actuelle que le Moyen Age pensait que la Terre n’était pas ronde a été soigneusement distillée par la réécriture de l’histoire au XIXème siècle. C’est le romancier américain Washington IRVING  qui invente en 1828 de toutes pièces la scène où COLOMB doit se défendre contre un soi-disant obscurantisme des experts de Salamanque incapables d’admettre que la Terre fût ronde. En France, LETRONNE (1787-1848), professeur au Collège de France, dans la Revue des deux mondes, avance l’idée d’un dogme de la Terre plate chez les Pères de l’Eglise. Victor HUGO reprend à son tour le mythe de la Terre plate dans un discours contre les écoles catholiques. L’idée se diffuse ensuite dans les manuels scolaires jusqu’à nos jours.

  Jacques HERS, dans Le Moyen Age, une imposture (1992), pages 218-219, apporte les précisions suivantes : « Nous sommes persuadés de voir dans cet affrontement le symbole d’une lutte entre l’obscurantisme clérical du Moyen Age et la pensée moderne. Or, les hommes de Salamanque étaient de véritables savants et, dans ce domaine propre, COLOMB fait plutôt figure de charlatan. Comment peut-on prétendre ou suggérer que ces universitaires et hommes d’Eglise niaient la possibilité d’arriver en Chine  par l’ouest ? Ils disaient simplement que la distance, du Portugal au Japon, était certainement plus grande que ne l’affirmait le Génois. Et ils avaient cent fois raison : COLOMB avait honteusement triché, choisi, parmi les écrits des anciens, les chiffres les plus favorables, trituré ses calculs, oublié certains paramètres ; au total, il disait devoir naviguer pendant 750 lieues alors que la distance réelle est, au mieux, de 3300 lieues ! En fait, son projet était complètement irréalisable. Refuser de le suivre n’était absolument pas une marque d’intolérance ou d’obscurantisme ».

  Le film de Ridley SCOTT (1992) : 1492 : Christophe Colomb, avec Depardieu comme acteur, propage les mêmes clichés d’obscurantisme au sujet de l’Espagne et de l’Eglise et se fait l’écho de la légende moderne du dogme médiéval de la Terre plate : « Le bûcher pour moins que cela … tellement de mensonges depuis des siècles … on vous a dit que cela était plat … apparaît alors l’image d’un bûcher … puis un religieux s’exprimant à propos de Christophe Colomb : cet hérétique ». Toute cette mise en scène dans le film a pour but de faire croire que Christophe Colomb en soutenant que la Terre est ronde prenait des risques qui pouvaient mettre sa vie en péril face aux autorités de l’époque.

Stanislas GRYMASZEWSKI

NB : C’est MAGELLAN, de 1519 à 1522, qui effectua le premier le tour de la Terre.

 

Bibliographie

Jeffrey RUSSELL, historien américain, Inventing the Flat Earth (1991)

Michel HEBERT, L’Histoire n°159 (Oct.1992)

Vincent BADRE, L’histoire fabriquée : Ce qu’on ne vous dit pas à l’école (2012)

 

 

6 mars 2018

LE MYTHE DE LA TOUTE-PUISSANCE DE L'EGLISE AU MOYEN-AGE

  En s’appuyant sur l’idée que l’Eglise était autrefois toute-puissante, un certain nombre de personnes rendent volontiers celle-ci responsable de tout ce qui a été négatif dans le passé. Pourtant, l’Eglise n’était pas seule à l’œuvre. D’une part, il y avait les mœurs préchrétiennes toujours plus ou moins présentes. Ensuite, il faut prendre en compte la faiblesse de la nature humaine qui concerne les chrétiens comme les autres hommes. Egalement, ce n’est pas parce qu’une société est dite chrétienne que tous les baptisés se tournent en vérité vers le Christ pour se laisser transformer en profondeur par la grâce. Enfin, l’Eglise est en permanence confrontée à des puissances temporelles : seigneurs, rois, empereurs, chefs d’Etat, qui entravent son action, et s’immiscent dans ses affaires internes jusqu’à son plus haut sommet. Il faut savoir qu’un grand nombre  d’abbés, d’évêques ont été installés par les puissances temporelles  et non par l’Eglise. Il y a une multitude d’exemples à cet état de fait. En voici une liste très partielle. Nous espérons qu’elle aidera à prendre conscience que l’Eglise n’avait pas cette liberté et ce pouvoir absolu qu’on lui prête si souvent. 

  -  Au IVe s, les empereurs imposent des évêques ariens. L’empereur Constantin demande à Athanase, évêque d’Alexandrie, d’admettre à nouveau Arius dans l’Eglise. Athanase refuse. En 335, les partisans d’Arius réussissent à faire déposer Athanase au Synode de Tyr. Il part en exil à Trèves et ne pourra retrouver son siège épiscopal qu’après la mort de Constantin en 337.     

  -  En 404, l’empereur Arcadius chasse Jean Chrysostome, le plus célèbre prédicateur de l’Orient, de son siège de patriarche de Constantinople et l’envoie en exil.

  -  Les rois, à l’exemple des empereurs byzantins dirigent très tôt l’Eglise. Ainsi, en 511, Clovis réunit un concile à Orléans et se présente comme le chef de l’Eglise de Gaule. Ses successeurs continuent à réunir des conciles avec l’accord des évêques. Ces derniers ne peuvent qu’approuver car ils sont nommés par le roi. Ce sont souvent d’anciens fonctionnaires qui ont fait leurs preuves à la cour. (Hist. Christ. n°2, p.82)

  -  Justinien, empereur romain d’Occident (527-565), fait arrêter le Pape.

  -  Dès son élection au siège de Rome, Martin Ier s’oppose à l’empereur byzantin à propos du monothélisme (une seule volonté dans le Christ). Le 19 juillet 653, le pape est arrêté dans la basilique de Latran où il s’était réfugié. Après un voyage au cours duquel on le brutalise, puis un emprisonnement de trois mois, il est soumis à un procès politique pour rébellion contre l’empereur. Il est envoyé ensuite en exil en Crimée où il meurt en 655, brisé par les épreuves dues à sa résistance face à l’ingérence impériale dans les affaires de la foi.

  -  A Rome, le Xe s. est une période très troublée. Entre 896 et 904, huit papes sont assassinés ou emprisonnés. Dans les premières décennies du siècle, l‘aristocratie romaine prétend défendre ses prérogatives sur l’institution pontificale (HC n°3, p.8)

  -  Otton Ier, couronné empereur en 962, associe étroitement l’Eglise à son gouvernement en investissant les évêques qu’il choisit du pouvoir de commandement sur leurs terres. Il contrôle l’élection pontificale et dépose plusieurs papes qu’il juge indignes (HC n°2, p. 102)

  -  Otton III place sur le siège pontifical son ancien maître, Gerbert d’Aurillac, qui a pris le nom de Sylvestre II. Tous deux meurent en 1002.

  -  XIe s. Les princes investissent des évêques sans demander l’avis de Rome. Le pape Grégoire VI est exilé. L’empereur Henri IV veut déposer le nouveau pape Grégoire VII. Il est excommunié. L’empereur se soumet, puis se ravise. Il occupe Rome, fait élire un antipape. Grégoire VII meurt en exil en 1085 (Fam. Chrét. N°1146, p.8).

  -  XIe s. L’Eglise est de fait aux mains des laïcs nobles qui nomment curés, évêques et abbés sans souvent se soucier de leur valeur morale et spirituelle. Quant au pape, il tend à devenir le chapelain du Saint Empire Germanique (H.C. n°3, p.19).

   -  XIIe s. Rébellion contre le pape Alexandre III, de l’empereur allemand Frédéric Barberousse (1152-1190) qui rêve de dominer l’Europe. Il suscita contre l’Eglise des papes, des antipapes, chassa par les armes le Souverain Pontife de Rome et le força à vivre plusieurs années en exil. Il se moqua des excommunications, fomenta des schismes et tenta d’asservir entièrement le clergé au pouvoir civil. Six guerres successives. C’est au fil de cette querelle que la papauté a forgé son pouvoir partiellement temporel par nécessité politique. (Jean Guiraud, L’Inquisition médiévale, page 76)       

  -  L’évêque de Cracovie, Stanislas, est assassiné d’un violent coup d’épée en 1079 au cours d’une messe par le roi Boleslas II lui-même pour avoir osé pris position contre ses mœurs dissolues, notamment des rapts et des viols et pour l’avoir excommunié.

  -  Henri II, roi d’Angleterre, veut utiliser Thomas Becket pour asseoir sa politique et sa prédominance sur l’Eglise. Celui-ci s’oppose aux prétentions royales afin de maintenir les droits du pape. Il est assassiné en 1170 (H.C. n°3, p.12).

  -  Johannes Joergensen, l’un des premiers biographes de François d’Assise rappelle que « ni le siècle de la Réforme ni l’époque de la Révolution n’ont été plus hostiles au pape et à l’Eglise que les premières années du XIIIe siècle » : le pape est insulté, outragé, tantôt enfermé chez lui, tantôt expulsé de Rome ; à Assise même les habitants préfèrent incendier la citadelle impériale plutôt que d’y voir le pontife. Le calendrier chrétien a été remplacé, les sectes et les hérésies se répandent partout  (d’Orcival, Valeurs Actuelles du 21/03/13).

  -  Depuis longtemps, au XIIIème siècle, les papes évitaient de résider à Rome même à cause des menaces que les nobles romains faisaient peser sur eux.

  -  Frédéric II, empereur germanique de 1212 à 1250, est excommunié en 1227, puis en 1239.

  -  L’empereur tend à outrepasser son rôle traditionnel de protecteur de la papauté puisqu’il nomme quasiment seul le successeur de Pierre. La lutte de la papauté pour recouvrer son indépendance est longue, confuse et parfois violente. L’investiture laïque qui permet aux empereurs de nommer évêques et abbés et qui empêche les papes de choisir leurs représentants débouche sur la Querelle des Investitures. Il faut attendre 1254 pour que le pape Innocent IV soit considéré comme le véritable chef de la chrétienté (H.C. n°3, p.20).

  -  Le 7/09/1303, le chancelier de Philippe le Bel, Guillaume de Nogaret, fait gifler le pape Boniface VIII à Anagni. Moralement abattu et accablé, celui-ci trépasse quelques jours plus tard.

  -  Oct.1303, un nouveau pape est élu. Il est contraint de quitter Rome tombée aux mains des Colonna.

  -  Philippe le Bel impose un candidat français, Clément V, en 1305. De puissance rivale qu’elle était, la papauté devient alors l’alliée du roi de France (procès des Templiers, installation du pape en Avignon).

  -  Le pontificat de Jean XXII (1316-1334) est marqué par une reprise de la lutte contre l’Empire germanique. Louis de Bavière investit Rome les armes à la main et y impose un éphémère antipape à sa botte, Nicolas V.

  -  La diminution de puissance que subit la papauté pendant son séjour à Avignon, et bien plus encore pendant le grand schisme (1378-1417), accentua l’asservissement de l’Inquisition à la monarchie des Valois. (Jean Guiraud, L’Inquisition médiévale, page 229)

  -  Le procès de Jeanne d’Arc (1431) est un procès voulu par le pouvoir politique. Les religieux utilisés étaient à la solde des anglais et des bourguignons.

  -  XVe s. Les souverains européens cherchent à créer des églises nationales dont ils auraient naturellement pris la direction (H.C. n°3, p. 81)

  -  Louis XII lance en 1510 une violente campagne contre le pape dans une « Assemblée de l’Eglise gallicane », tenue à Tours. L’année suivante, il réunit un concile schismatique à Pise, puis à Milan, chargé de mettre au pas le Pontife légitime.

  -  En 1527, l’armée de Charles Quint envahit et pille Rome. 147 gardes suisses sont tués en protégeant Clément VII.

  -  En 1532, François Ier, menace le Pape d’un concile général, d’une intervention armée en Italie et d’un embrasement universel en Allemagne s’il ne décide pas en faveur du divorce d’Henri VIII.

  -  Henri II, en 1551, interdit aux évêques français de se rendre au Concile de Trente. Il appelle les flottes turques sur les côtes des Etats de l’Eglise pour qu’elles l’aident à obtenir la soumission du pape.

  -  Entre 1673 et 1693, conflit entre Louis XIV et Innocent XI au sujet de la régale, droit qu’avait le roi de France de toucher les bénéfices des évêchés vacants et d’y faire les nominations ecclésiastiques. Le roi étend arbitrairement ce droit à tous les évêchés du royaume. Le pape refuse de donner l’investiture aux évêques présentés par louis XIV.

  -  Thomas More est décapité en 1532 pour s’être opposé à Henri VIII, roi d’Angleterre, dans l’affaire de son divorce.

  -  Joseph II, empereur germanique (1741-1790) met l’Eglise sous tutelle sans tenir compte des droits du Saint-Siège. Les religieux et les moines sont jugés inutiles (= Joséphisme). Les ordres contemplatifs sont chassés de Bohême.

  -  En France, les dérives du gallicanisme font que la hiérarchie religieuse est associée et soumise au pouvoir politique.

  -  Sous le Directoire, la France envahit les Etats de l’Eglise (1797). En 1798, Pie VI est arrêté et exilé à Valence où il meurt l’année suivante.

  -  En 1801, Concordat entre Napoléon et Pie VII. Les évêques sont désignés par le gouvernement et nommés par le chef de l’Etat. Le pape leur accorde l’investiture canonique.

  -  Ne pouvant obtenir le droit de nommer les évêques sans recourir au pape, Napoléon envoie Pie VII en captivité de 1809 à 1814. En 1811, par un concile, il soumet les évêques français qui doivent alors entériner la désignation des évêques par l’Empereur.

  -  1905 : la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, en mettant fin au Concordat de 1801, accorde au pape une liberté dans la nomination des évêques dont il n’avait jamais joui auparavant.

 

14 avril 2018

QUE SIGNIFIE LE DJIHAD ?

  Djihad : combattre, faire effort pour la cause de Dieu.

  Contrairement à une idée répandue, ce combat n’est, dans le Coran, que de nature militaire. Le Coran sacralise la violence en tant que moyen d’étendre le règne de Dieu par l’expansion de l’islam. Pour comprendre l’importance de la guerre, il faut savoir que c’est Dieu qui demande de combattre. C’est lui qui accorde la victoire aux croyants et châtie les incroyants. Le djihad fonctionne en faisant miroiter une double récompense : une terrestre, le butin (c’est d’ailleurs le titre d’un chapitre entier du Coran) et une céleste, celui qui meurt au cours de la guerre sainte va tout droit au paradis. A titre de comparaison, il est utile de savoir que l’Eglise n’a jamais déclaré martyr un chrétien mort les armes à la main. Le martyr chrétien offre sa vie mais ne prend jamais la vie d’un autre.

  500 versets du Coran traitent du djihad. Le verbe qatala qui veut dire tuer est attesté 170 fois. L’ordre de tuer et de combattre revient 19 fois à propos des conflits qui s’échelonnent de 622 à 632.

  Selon l’islam, le monde est divisé en deux parties : le Dar el-islam (pays de l’Islam) et le Dar el harb (pays de la guerre). Concernant la deuxième partie, les mahométans jouissent du droit de lancer des raids militaires, de réduire les populations à l’esclavage ou de s’emparer de leurs biens.

  En 622, Mahomet fuit La Mecque pour Médine. C’est là qu’il met au point sa doctrine et qu’il décide de l’imposer par le djihad. Le Coran et la Sunna (Tradition) se font l’écho très largement des batailles militaires, assorties de prises de butin, organisées par Mahomet lui-même. En 630, il prend La Mecque, fait abattre toutes les idoles et impose la religion nouvelle.

  Ce n’est qu’au XIème siècle que des courants mystiques donneront une interprétation plus spirituelle au djihad, en prônant la lutte contre les mauvaises tendances, l’effort pour purifier le cœur humain et la société. C’est ce qu’on appelle le grand djihad. Cette interprétation est le propre des mystiques. Elle ne figure pas dans le Coran. Elle a probablement été favorisée par le contact avec la spiritualité chrétienne. Aujourd’hui, la notion de lutte pour l’extension de l’islam y compris par des moyens pacifiques prévaut de plus en plus dans le monde musulman.

 

12 juin 2016

ANANIE ET SAPHIRE

  Ananie et Saphire    (Actes des Apôtres 5, 1-11)

   Le passage est troublant car il donne l’impression d’une grande sévérité et d’une absence totale de miséricorde. Comment comprendre et recevoir la mort subite d’Ananie et de Saphire ? 

  Il importe de voir qu’il ne s’agit pas d’un acte ordinaire, mais d’une situation exceptionnelle avec un enjeu d’une gravité extrême. Nous sommes au tout début de l’Eglise. Le mot apparaît d’ailleurs ici pour la première fois. L’acte qui nous est rapporté est un acte fondateur de l’Eglise. Il s’agit de préserver la communauté qui doit s’étendre sur toute la surface de la terre dans les siècles à venir pour apporter à tous les hommes le salut qui vient du Christ. Il y a en même temps au travers de cet évènement un message de portée universelle pour tous les hommes à venir. 

  Regardons de plus près la nature de la faute. Il ne s’agit pas d’un manque de générosité ni d’une désobéissance. Ananie restait libre de conserver une partie de ses biens. Sa faute consiste en un mensonge par lequel il veut s’assurer la gloire d’avoir tout donné et bénéficier de l’aide intégrale de la communauté. Mais, en trompant les apôtres, c’est l’Esprit Saint lui-même qu’il trompe. Il ment à Dieu. C’est bien en entendant la parole « tu as menti à Dieu » qu’Ananie expire. La mort exprime la gravité de ce mensonge. La gravité est liée aussi au fait que « Satan a rempli son cœur ». Alors que les croyants sont « remplis de l’Esprit Saint », Ananie et Saphire sont devenus les jouets de Satan. Il y a bien ici une rencontre entre l’Esprit Saint, l’esprit de vérité qui donne la vie et Satan, l’esprit du mensonge qui conduit à la mort. 

  La mort n’est pas donnée par Pierre qui est seulement averti par l’Esprit de Dieu de leur mensonge. Elle est donnée par Dieu comme signe pour manifester la gravité d’une faute qui tue. Ananie et Saphire étaient eux-mêmes devenus instruments de mort pour la communauté. Ainsi Dieu protège la communauté naissante tout en établissant la vérité sur ce qui tue. La crainte qui s’empare alors de l’Eglise entière et de tous ceux qui prirent connaissance de l’événement renforce l’attachement au Seigneur. Rappelons que la crainte ne consiste pas à avoir peur de Dieu. La crainte de Dieu signifie qu’il est la priorité de mon cœur. C’est la crainte de ne pas l’aimer comme il faut, de ne pas l’aimer assez. C’est une crainte qui stimule mon amour. Elle se manifeste par un ardent désir de connaître Sa Volonté et de mieux Le servir. 

  Qu’en est-il de la miséricorde ? L’intention de Dieu, ici, n’est pas de révéler sa miséricorde. Elle est cependant présente au travers de la lumière et de la préservation qui sont apportées ainsi à la communauté. En outre, même s’il n’en est pas question à l’égard d’Ananie et de Saphire dans ce passage, il n’est pas dit non plus qu’elle ne s’exerce pas pour eux sous une autre forme qui, bien sûr, demeure mystérieuse pour nous.

   Principaux ouvrages consultés :

-          Philippe BOSSUYT et Jean RADERMAKERS, s.j. Témoins de la Parole et de la Grâce  (Actes des apôtres),  I.E.T. de Bruxelles

-          Dom Paul DELATTE  Les épîtres de Saint Paul, tome1,  Solesmes

-          J. DUPONT, osb, La Sainte Bible-Les Actes des Apôtres,  Cerf

 

 

 

7 novembre 2017

L'EGLISE ET L'INSTRUCTION AU MOYEN-AGE

  Selon un stéréotype largement répandu l’Eglise a cherché à maintenir les hommes dans l’ignorance pour mieux asseoir une domination sur les esprits. L’école aurait été au mieux un privilège de la noblesse et des ecclésiastiques.

  L’idée a été répandue par l’historien Jules Michelet (1798-1874) pour qui « l’Eglise réservait jalousement pour ses moines des bribes de science ». Un ministre des universités, ancien instituteur, avouait avoir été convaincu que l’école avait commencé avec Jules Ferry (1832-1893) (Jean de Viguerie, L’Eglise et l’éducation, p.7).

  Voici également, ce que l’on peut lire dans une copie de terminale : « L’instruction est un acquis de 1789 ». Et dans une autre : « C’est en gardant le peuple ignare et en l’éloignant du savoir que l’Eglise avait un tel contrôle à l’époque du Moyen-Age ».

  Evidemment, tout cela est totalement inexact et c’est l’inverse qui est vrai : tout au long du Moyen Age, l’Eglise a progressivement développé l’école, et même l’école gratuite, pour tous, garçons, filles et enfants pauvres. C’est l’Eglise qui a scolarisé l’Europe.

Voici quelques faits qui témoignent de la volonté de l’Eglise de favoriser l’instruction :

  « Dès le IVème siècle, sont ouvertes des écoles chrétiennes de grammaire où on enseigne aussi les lettres, c’est-à-dire les auteurs classiques » (de Viguerie, id. p.70).

  A partir du VIIIème siècle, les écoles épiscopales et monastiques dispensent tout l’essentiel du savoir (La Nef, n°38). La plupart des moines n’étaient pas issus de la noblesse et les écoles étaient donc ouvertes à tous.

  Le Concile de Latran en 1179 ordonne à chaque église cathédrale d’entretenir « un maître chargé d’instruire gratuitement ses clercs et les écoliers pauvres » (de Viguerie, id. p.62). « Alors s’ouvrent des écoles nouvelles où sont enseignées avec la théologie toutes les disciplines de l’esprit. Honneur est ainsi rendu à l’intelligence » (Id. p.71).

  Alexandre III (Pape de 1159 à 1181) : « On ne doit pas vendre ce que l’on tient de la munificence du ciel, mais le dispenser à tous gratuitement » (de Viguerie, id. p.65).

  XIVème siècle : Des écoles paroissiales fleurissent dans de nombreux villages.

  XVème siècle : En Allemagne et en Pologne, presque toutes les paroisses possèdent leur école.

  Les maîtres d’écoles sont régulièrement rémunérés et patentés. Par exemple, en 1380, à Paris, une réunion rassemble 22 maîtresses, 41 maîtres, tous non clercs, d’écoles où on enseignait lecture, écriture et calcul (Jacques Hers, Le Moyen-Age, une imposture, p.218).

  L’Université est une création du Moyen-Age. « C’est un pape, Innocent III, qui fonda et protégea la première université, celle de Paris, à l’aube du XIIIème siècle. Ses successeurs immédiats ne cessèrent de la soutenir. L’Eglise a toujours été au cours des âges et dans tous les pays, une Eglise enseignante amoureuse du savoir sous toutes ses formes, en dépit de quelques bavures comme celle de l’affaire Galilée » (Pierre Gallay, DC n°2015 p.933, 11/1990).

  « Les universités médiévales dispensent avec la plus grande libéralité à leurs étudiants toutes les connaissances scientifiques acquises à leur époque » (de Viguerie, id. p.84). Elles se caractérisent par la liberté de financement, la liberté totale de pensée et de discussion, le droit de grève, de sécession, la liberté judiciaire des étudiants et des tribunaux. Les étudiants ont leurs propres tribunaux. (Congrès CMEC, Paris, 01/2001).

  Dans les universités médiévales, les « pauperes studentes » sont dispensés de la totalité ou d’une partie des droits d’inscription. Il existe des bourses (de Viguerie, id. p.64).

  Deux exemples témoignent que l’école pouvait être un ascenseur social. Jean Gerson (1363-1429), chancelier de l’Université de Paris est l’aîné d’une famille paysanne de douze enfants. Le cardinal de Cues (1401-1464) est fils d’un batelier de la Moselle.

  L’étudiant maître de l’Université : « Simples prestataires, les professeurs sont contrôlés par les étudiants, eux-mêmes organisés en confréries. Les recteurs sont élus, les honoraires des enseignants fixés par les auditeurs. Le pouvoir étudiant fait loi … L’espace de liberté que l’université médiévale avait largement ouvert aux étudiants, rendus coresponsables de leur propre formation se voit peu à peu restreint au profit d’un contrôle autoritaire des individus et des esprits. Les universités, avec l’âge moderne, entrent dans l’absolutisme » (Jacques Verger, Historia Thématique, mai-juin 2000).

  1750 : il existe 554 collèges jésuites dans toute l’Europe qui s’ajoutent aux collèges des autres congrégations religieuses.

  Avant 1789 : Il existe 124 universités catholiques.

   A titre de comparaison, voici un autre regard sur le peuple :

  Voltaire (1694-1778) : «  Il est à propos que le peuple soit guidé et non qu’il soit instruit, il n’est pas digne de l’être ».

  Rousseau (1712-1778) : « Le pauvre n’a pas besoin d’éducation ; celle de son état est forcée, il n’en saurait avoir d’autre ».

  Rousseau : « La recherche des vérités abstraites et spéculatives, des principes, des axiomes dans les sciences, tout ce qui tend à généraliser les idées, n’est point du ressort des femmes. Leurs études doivent se rapporter toutes à la pratique ».

  NB : Dans l’Antiquité, il n’y a pas d’éducation pour les femmes si ce n’est Sparte qui éduque la femme sur le modèle masculin.

29 mars 2018

ELI, ELI, LAMA (LEMA) SABACHTHANI !

« Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27,46 et Marc 15,34).

  Cette phrase veut-elle dire que Dieu le Père a abandonné Jésus-Christ ?

  La foi, reçue des Evangiles, nous dit que Jésus-Christ est Dieu. Il est Fils de Dieu : « Il est Dieu, né de Dieu ; Lumière née de la Lumière ; Vrai Dieu, né du vrai Dieu ».

  L’amour, l’intimité et l’unité entre le Père et le Fils sont parfaits. Cela nous est enseigné tout au long de l’Evangile : « Celui qui m’a envoyé est avec moi et Il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours les œuvres qui lui sont agréables » (Jean 8,29). « Moi et le Père, nous sommes Un » (Jean 10,30). « Le Père est en moi et je suis dans le Père » (Jean 10,38). « Père Juste ! Le monde ne vous a point connu ! Mais moi, je vous ai connu, et ceux-ci ont compris que vous m’avez envoyé. Je leur ai manifesté votre Nom. Je le leur ferai connaître encore, afin que l’amour dont vous m’avez aimé soit en eux, et que moi-même je sois en eux » (Jean 17,25-26).

  Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ pour nous apporter le salut. La vie et la mission du Christ ont été annoncées par les prophètes. Le Christ vient donc parmi nous et réalise ce qui a été annoncé plusieurs siècles avant sa naissance. De nombreux passages de l’Ancien Testament y font allusion. Le Christ accomplit les Ecritures. Ainsi, les dernières paroles qu’Il prononce sur la croix sont des paroles que nous trouvons dans les Psaumes. Par exemple, peu avant sa mort, Il dit : « J’ai soif » (Jean 19,28) et les soldats lui donnent à boire. Or, le Psaume 69,22 dit : « Ils m’ont donné du vinaigre pour apaiser ma soif ». De même, avant d’expirer, Il dit : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23,46). C’est précisément ce que dit le Psaume 31,6 : « Entre tes mains, je remets mon esprit ».

  Nous arrivons maintenant à cette phrase du crucifié qui surprend tellement. Nous la retrouvons, elle aussi, intégralement au Psaume 21. C’est une nouvelle fois l’accomplissement des Ecritures. D’ailleurs, aussitôt après, il dira : « Tout est consommé » (Jean 19,30). Cette phrase ne signifie pas que le Christ soit abandonné du Père. Nous pouvons confirmer cela en reprenant le Psaume 21 et en lisant l’un de ses versets, le verset 25 : « … car Il n’a point (le Père) méprisé, ni dédaigné la pauvreté du Pauvre (il s’agit du Christ), ni caché de Lui sa face, mais invoqué par Lui, Il écouta ». Il ne faut pas croire non plus que l’unité entre le Père et le Fils ait été brisée, ni que le Fils ait pu douter du Père. En effet, sa toute dernière parole est celle-ci : « Entre tes mains, je remets mon esprit ». Remet-on son esprit à quelqu’un qu’on estime nous avoir abandonné ?

  Il n’en reste pas moins que le Christ parle d’abandon. Quel sens devons-nous donner à ce mot ? Le Christ est Vrai Dieu. Il est aussi Vrai Homme. Il assume notre condition humaine dans sa totalité, hormis le péché. Sur la croix, il est humainement brisé, anéanti, délaissé. Il est abandonné aux hommes, à ses bourreaux. Il voit la mort approcher. Il éprouve l’abandon que peut éprouver tout homme à ce moment-là. Le Christ accepte cette dernière épreuve pour être encore plus solidaire de notre humanité.

  Saint Hilaire explique que : « La plainte de l’abandonné vient de cette infirmité qui va à la mort. Vous avez dans cette plainte d’être abandonné, la preuve qu’Il est un homme ». Il ajoute : « Et vous avez en ce que en mourant, Il proclame qu’Il règne dans le Ciel, la preuve qu’Il est Dieu ». Saint Hilaire fait allusion à cette phrase du Christ au bon larron : « En vérité, je te le déclare, aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le Paradis » (Luc 23,43).

  Sur la croix, le Christ porte aussi tous nos péchés. Or le péché est ce qui sépare l’homme de Dieu. Notre propre péché peut nous faire croire que nous sommes abandonnés de Dieu. Le Christ accepte de vivre cet abandon par amour pour nous et par obéissance envers le Père. Son cri vers le Père doit nous ouvrir les yeux sur notre propre péché et nous en faire ressentir toute la misère.

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

1 décembre 2018

CREATION DE L'UNIVERS : SCIENCE ET FOI SE CONTREDISENT-ELLES ?

Question : La science et la foi s’opposent-elles sur le fait de savoir si l’univers a toujours existé, s’il est éternel ou s’il a un commencement, une création ? 

Ce que dit la science, l’histoire de la science

  Les savants, depuis l’Antiquité jusqu’au début du XXème siècle, affirment l’éternité du monde et de la matière : l’univers a toujours existé. Par exemple, Ernst HAECKEL (1834-1919), célèbre biologiste allemand, darwinien et spinoziste.  C’est l’idée aussi des philosophes comme SPINOZA, MARX ou NIETZSCHE. On est alors en contradiction avec l’idée de création ex nihilo révélée par la Bible et la foi chrétienne : l’univers a un commencement puisque créé par Dieu à partir de rien. Jusqu’à cette période, on pouvait parler d’une contradiction entre la science et la foi.

  De façon inattendue, la réponse de la science a radicalement changé au début du XXème siècle :

  - Alexander FRIEDMANN (russe), en 1922, présente la théorie d’un univers en explosion ou en expansion, d’un monde qui a commencé. En pleine révolution bolchévique, cette vision s’oppose totalement au matérialisme athée. Le monde n’est plus éternel. Il n’est plus statique. Il a une origine et court vers sa dégradation, explique-t-il. Aussitôt, Lénine sanctionne Friedmann comme traître à la Révolution. Il le radie des cadres de l’Université de Saint Pétersbourg au motif qu’il défend une théorie proche de la Bible. Le matérialisme, en effet, oblige à croire que la matière et le monde sont éternels.

  - Georges LEMAITRE (prêtre belge, 1894-1966), en 1927, à partir de la théorie de l’univers en expansion, explique qu’en remontant dans le temps, on atteint un instant initial où l’univers, l’ « atome primitif » tenait dans un grain de matière plus petit qu’une tête d’épingle. Ce « noyau primitif », un noyau d’hydrogène fantastiquement concentré et doué d’une énergie phénoménale se transforma en une formidable explosion initiale surnommée le « big-bang ». On estime la chaleur à 100 milliards de degrés au moment de l’explosion, puis à 6 milliards, une seconde après. La théorie a été injustement attribuée à Hubble.

  - L’idée invraisemblable du « big-bang » eût du mal à s’imposer par son caractère totalement révolutionnaire opposé à l’éternité du monde et de la matière et par le fait qu’elle était l’œuvre d’un prêtre belge, mathématicien de génie certes, mais notoirement méconnu. EINSTEIN (1879-1955) et HUBBLE (1889-1953) eux-mêmes prirent position contre dans un premier temps car ils ne pouvaient se détacher d’une vision statique et immuable de l’univers conforme à l’ancienne cosmologie grecque.

  - HUBBLE apporte cependant en 1929 le verdict de l’expérimentation en recueillant les premiers indices concrets d’une expansion de l’univers.

  - C’est Fred HOYLE (britannique né en 1915), un militant scientifique athée, qui inventa en 1960 l’expression « big-bang » qui signifie « grand boum » pour se moquer car il était partisan d’un univers immuable.

  - Paul DIRAC (britannique, 1902-1984, Prix Nobel 1933), l’un des pères de la physique quantique, vers la fin de sa vie, en 1972, estime : «  Il semble certain qu’il y eut un moment défini où se situe la création. » 

Conclusion

  Science et foi ne peuvent s’opposer pour la raison principale qu’elles ne traitent pas et ne se positionnent pas sur les mêmes sujets précis. Chacun a son domaine propre et il est sage ici de ne pas mélanger les genres. Néanmoins, la question de savoir si l’univers est éternel ou s’il a un commencement est bien une question commune et c’est peut-être d’ailleurs le seul cas, avec éventuellement la question du monogénisme et du polygénisme à propos de l’origine de l’humanité, où il en est ainsi. 

  Il se trouve que la Révélation biblique interprétée par le Magistère de l’Eglise enseigne que l’univers n’est pas éternel puisqu’il a été créé par Dieu. Cette vérité révélée, bien sûr, ne peut changer puisqu’elle a sa source en Dieu. Néanmoins, elle s’est trouvée en contradiction avec la science grecque, puis la science moderne et les philosophes matérialistes et athées. Cette opposition, si on met à part les savants et les philosophes chrétiens puisqu’ils admettent l’idée de création par leur foi, s’est perpétuée sur une durée de près de 2500 ans. Or, les choses ont soudainement changé en 1927 avec la découverte de LEMAITRE. La science admet aujourd’hui que l’univers dans lequel nous vivons avec ses milliards d’étoiles et ses millions de galaxies n’a pas toujours existé et qu’il y a bien un commencement exprimé par ce qu’on appelle vulgairement le « big-bang ». 

  Ainsi si la foi et la science ont été en totale contradiction pendant longtemps, cette dernière a ensuite évolué en modifiant complètement sa position. Résultat : la foi et la science ne s’opposent plus. Au contraire, ce que la science propose aujourd’hui comme hypothèse très probable, proche maintenant d’une certitude, à savoir que notre univers n’a pas toujours existé et qu’il  a un commencement,  est compatible avec l’idée de création, idée reçue par la Révélation biblique.

Stanislas GRYMASZEWSKI

30 août 2015

EN SAVOIR PLUS SUR LE BLOGUE

  L'animateur de ce blogue est professeur de philosophie et catholique. Il a également  approfondi la théologie en se fondant spécialement sur le magistère de l'Eglise. Il s'appuie sur la raison et la foi. Il considère que ses opinions doivent s'effacer dans tous les domaines au contact des vérités. Confronté régulièrement à des questions, objections et critiques au sujet notamment de l'Eglise, il a consacré beaucoup de son temps à travailler tous ces points qui font difficulté à propos de la foi, de la Bible, de la religion, de la morale, de la science, de l'histoire de l'Eglise. Ces travaux ont souvent été utilisés par lui-même pour animer des groupes de réflexion, spécialement auprès des jeunes.

  Cédant à des sollicitations répétées, il a décidé de franchir le pas pour diffuser plus largement le fruit de son travail et de ses recherches.

  Le nom du blogue "Eglise, vérité et humanité" exprime plusieurs choses. Tout d'abord, il indique que la plupart des articles concerne de près ou de loin l'Eglise. Les sujets abordés ne sont pas cependant exclusivement religieux. Ils peuvent aussi porter sur l'homme et la société. Le terme vérité est là pour signifier une exigence, un souci constant mais aussi un amour de toute une vie. La vérité est au service de l'homme. Nous arrivons ainsi au troisième terme qui manifeste la finalité ultime, le bien de l'homme. Ce blogue veut concourir à la recherche de la vérité sur l'Eglise et sur l'homme.

 Quel est donc le lien entre Eglise et humanité ? L'auteur du blogue dans sa quête de la vérité et du bien a beaucoup reçu de la philosophie, mais il a reçu encore plus de l'Eglise. Il a fait concrètement l'expérience que l'Eglise est source de vie et de lumière pour le coeur et l'intelligence. Il n'hésite pas à comparer l'Eglise à une Mère qui aide à accomplir sa propre humanité.

 Nom de l'animareur : Stanislas Grymaszewski

  Il est possible de s'abonner au blogue pour recevoir les nouveaux articles et de laisser des commentaires qui seront lus attentivement.

 

11 octobre 2015

L'encyclique CARITAS IN VERITATE de BENOIT XVI

 

Synthèse de Caritas in veritate  (La charité dans la vérité) :

 La troisième encyclique de Benoît XVI, une encyclique sociale, est parue le 29 juin 2009. Son objet principal, comme l’indique le sous-titre, est le DEVELOPPEMENT HUMAIN INTEGRAL. L’idée directrice du Saint-Père est que ce développement est fondé à la fois sur la CHARITE et sur la VERITE sur l’homme. Ce sont des exigences qui doivent être prises en compte sur le plan politique et sur le plan économique. La MONDIALISATION étant devenue un fait, c’est aussi sur ce plan que veut se situer le Pape. Elle est une opportunité pour corriger les dysfonctionnements de l’économie et certains déséquilibres sociaux. Les problèmes de notre temps créent une occasion favorable pour entreprendre une réflexion approfondie sur le sens de l’économie et sur ses finalités.

   Ainsi qu’il le rappelle, à la suite du Concile Vatican II, l’Eglise « n’a pas de solution technique à offrir » mais « elle a une mission de vérité à remplir en faveur d’une société à la mesure de l’homme, de sa dignité et de sa vocation » (n°9). Cela justifie pour elle, d’une part l’élaboration d’une DOCTRINE SOCIALE pour orienter l’action et, d’autre part, une réelle liberté pour exercer un rôle public au-delà de ses activités caritatives et éducatives. Le Pape insiste sur le caractère permanent de cette doctrine qui intègre aussi au cours du temps des éléments nouveaux. Il se réfère particulièrement à la lettre encyclique de Paul VI, POPULORUM PROGRESSIO (1967) dont il célèbre par sa propre encyclique le quarantième anniversaire, certes avec deux années de retard, puisqu’il a tenu à en reporter la publication notamment pour prendre en compte la situation nouvelle produite par la crise financière et ses différents prolongements.

   « La charité est la voie maîtresse de la Doctrine sociale de l’Eglise. » (n°2) énonce t-il d’emblée. « Cependant, ce n’est que dans la vérité que l’amour resplendit. Dépourvu de vérité, l’amour bascule dans le sentimentalisme » et devient ainsi « la proie des émotions et de l’opinion. » (n°3). L’amour dans la vérité demande d’abord et avant tout de connaître et de comprendre l’homme dans toutes ses dimensions, corporelle et spirituelle, naturelle et culturelle, personnelle et sociale. L’encyclique éclaire ainsi peu à peu toutes les dimensions de l’homme pour établir des liens avec le développement authentique et plénier de la personne humaine.

   Le lien le plus fondamental est celui qui relie l’homme à Dieu : Amour et Vérité. La connaissance de ce lien apporte une vision TRANSCENDANTE de la personne. Elle permet de reconnaître en lui « l’image de Dieu. » et fonde ainsi sa DIGNITE inviolable. Dieu est le garant du véritable développement de l’homme. Il suscite en lui la soif d’être plus (n°29).

   La reconnaissance de Dieu créateur conduit l’homme à recevoir la NATURE et sa propre nature comme un don dont il importe de respecter les exigences propres. « La VOCATION elle-même des personnes et des peuples au développement est inscrite dans un dessein qui nous précède et qui constitue pour chacun de nous un devoir à accueillir librement. Ce qui nous précède et nous constitue, l’Amour et la Vérité, nous indique ce qu’est le bien et en quoi consiste notre bonheur. Il nous montre donc la route qui conduit au véritable développement. » (n°52).

   A l’opposé, l’idéologie technocratique qui  absolutise le progrès technique en lui confiant la totalité du processus du développement créé une séparation entre le progrès et son évaluation morale et donc la responsabilité de l’homme lui-même (n°14). « L’humanisme qui exclut Dieu est un humanisme inhumain. » (n°78) car il éloigne l’homme de sa nature et de sa vocation. Les questions suscitées en bioéthique manifestent bien que la « question fondamentale est de savoir si l’homme s’est produit lui-même ou s’il dépend de Dieu. » (n°74).

   La majeure partie de l’encyclique est consacrée à l’impact de la réalité économique sur le progrès humain. Benoît XVI aborde les difficultés des pays pauvres mais aussi certaines évolutions contestables des pays riches. « La conviction de l’exigence d’autonomie de l’ECONOMIE qui ne doit pas tolérer d’influences de caractère moral a conduit l’homme à abuser de l’instrument économique y compris de façon destructrice. » (n°34). « La sphère économique doit être structurée et organisée institutionnellement de façon ETHIQUE. » (n°36). Cette exigence s’applique aussi au « système financier tout entier » qui « doit être orienté vers le soutien d’un développement véritable » et « aux opérateurs financiers » qui « doivent redécouvrir le fondement éthique de leur activité. » (n°65).

   La visée exclusive du profit peut avoir des effets délétères sur les hommes et les peuples. Divers problèmes sont évoqués. La baisse de la souveraineté et du pouvoir politique des Etats en raison du nouveau contexte commercial et financier (n°24). L’affaiblissement des réseaux de protection sociale en contrepartie de la recherche de compétitivité sur le marché mondial (n°25). La mobilité du travail lorsqu’elle créé des difficultés à construire un parcours personnel cohérent dans l’existence (n°25). L’uniformisation des comportements et des styles de vie au détriment des cultures et des identités (n°26). Les nouvelles formes de colonialisme et de dépendance (n°33). La faim (n°27) La question du respect de la vie (n°28). La baisse préoccupante de la natalité dans un nombre grandissant de pays (n°44). La maîtrise responsable de la nature (n°50). Les problématiques énergétiques et la redistribution planétaire (n°49)…Bien d’autres sujets sont encore abordés.

   Face à tous ces constats, l’encyclique rappelle que « c’est l’homme qui est l’auteur, le centre et la fin de toute la vie économique et sociale » (n°25,47) et demande « une nouvelle réflexion globale sur le développement » (n°23) ainsi que l’adoption de « nouveaux styles de vie » (n°51).

    Sans remettre en cause l’économie de marché, Benoît XVI montre qu’il y a grand avantage pour la société humaine à la purifier et à la compléter par l’idée de SOLIDARITE et plus encore par l’idée de FRATERNITE. Il est possible et souhaitable de favoriser à côté de l’entreprise privée tournée vers le profit et des divers types d’entreprises publiques une économie à objectif social reposant sur les responsabilités individuelles (n°38). La solidarité, en effet, ne peut être déléguée seulement à l’Etat (n°38). « L’être humain est fait pour le DON. » (n°34). « Si le développement économique, social et politique veut être authentiquement humain, il doit prendre en considération le principe de GRATUITE comme expression de fraternité (n°34). Ainsi l’homme accomplit sa nature profonde et humanise la société.

   Le Saint Père appelle à une « réforme urgente de l’ONU et de l’architecture économique et financière internationale » (n°67) et à  la mise en place d’une véritable « autorité politique mondiale » (n°67). « Que soit institué un degré supérieur d’organisation à l’échelle internationale de type SUBSIDIAIRE pour la gouvernance de la mondialisation et que soit finalement mis en place un ordre social conforme à l’ordre moral » (n°67). Cela est possible car « de multiples et singulières convergences éthiques se trouvent dans toutes les cultures ». « Elles sont l’expression de la même nature humaine ». « LA LOI MORALE UNIVERSELLE qui en découle est le fondement solide de tout dialogue culturel » (n°59).

   Deux grandes idées peuvent finalement résumer l’encyclique. « Il n’y a pas d’humanisme vrai, s’il n’est pas ouvert à l’absolu. » (n°16) et « A l’origine du sous-développement, il y a un manque de fraternité » (n°19).

    Pour conclure, laissons encore la parole au Saint-Père : « Le développement suppose une attention à la vie spirituelle, une sérieuse considération des expériences de confiance en Dieu, de fraternité spirituelle dans le Christ, de remise de soi à la Providence et à la Miséricorde divine, d’amour et de pardon, de renoncement à soi-même, d’accueil du prochain, de justice et de paix. Tout cela est indispensable pour transformer les « cœurs de pierre » en « cœurs de chair » (Ez. 36,26), au point de rendre la vie sur terre « divine » et, par conséquent, «  plus digne de l’homme. » (n°79).

 

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