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Eglise, vérité et humanité
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17 septembre 2017

RETROUVER LE SENS ET LA PRATIQUE DU JEÛNE EUCHARISTIQUE

Qu’est-ce que le jeûne eucharistique ?

C’est le fait de s’abstenir de toute consommation d’aliment et de toute boisson autre que l’eau pendant une certaine durée avant la communion. Il s’agit d’une exigence spirituelle destinée à nous préparer à recevoir l’Eucharistie avec respect et en vérité en y associant notre corps. Aujourd’hui, cette pratique est oubliée ou négligée alors qu’elle demeure riche de sens et source de grâces. Nombreux sont les catholiques qui ignorent que l’Eglise demande encore de nos jours de la respecter.

Historique de la question de la durée.

Cette durée a varié selon les époques. Le Code de Droit canonique de 1917 prescrit de se priver de nourriture solide et de boisson y compris l’eau depuis minuit la veille jusqu’à la communion. En 1957, Pie XII, par le Motu proprio Sacram Communionem, fixe la durée du jeûne eucharistique à trois heures pour la nourriture et les boissons alcoolisées et à une heure pour les autres boissons excepté l’eau. Au cours du Concile Vatican II, Paul VI, réduit le jeûne à une heure. Enfin, le nouveau Code de Droit Canonique, publié en 1983 par Jean-Paul II, indique au canon 919 : « Qui va recevoir la très sainte Eucharistie s’abstiendra au moins une heure avant la sainte communion, de prendre tout aliment et boisson, à l’exception seulement de l’eau et des médicaments ». Un paragraphe précise que « les personnes âgées et les malades, ainsi que celles qui s’en occupent, peuvent recevoir la très sainte Eucharistie même si elles ont pris quelque chose moins d’une heure auparavant ». Le Catéchisme de l’Eglise Catholique (1992) enseigne également ceci au n° 1387 : « Pour se préparer convenablement à recevoir ce sacrement, les fidèles observeront le jeûne prescrit dans leur Eglise. L’attitude corporelle (gestes, vêtement) traduira le respect, la solennité, la joie de ce moment où le Christ devient notre hôte ».

Quelle est la durée souhaitable ?

Une durée longue de ce jeûne peut être excessive mais une durée courte peut s’avérer insignifiante. Quiconque comprend l’esprit de la loi sur ce sujet aura à cœur de ne pas s’en tenir à un minimum chronométré. Est-on crédible, par exemple, lorsqu’on prétend pratiquer le jeûne eucharistique alors que l’on termine son petit déjeuner à 9h45, juste pour être à l’heure à la Messe qui débute à 10h, et que l’on communie ensuite vers 10h40 ? Dans cet exemple, où est l’effort de préparation, de respect et de délicatesse envers le Seigneur ? Même remarque pour celui qui termine un repas ou prend un café quelques minutes avant de se rendre à la chapelle ou de partir à l’église. Il n’est pas convenable de  passer ainsi brutalement de la table de la nourriture à la Table du Seigneur. L’esprit de la loi du jeûne eucharistique est qu’il y ait un temps significatif avant la Messe où on se détourne de certaines activités à commencer par celle de manger afin d’orienter son âme et son corps vers la Rencontre du Bien Aimé. Et puisque le texte ne dit pas « une heure avant la communion » mais « au moins une heure », donnons un véritable sens à notre jeûne en le rendant digne de ce nom en nous imposant de le respecter non pas une heure juste avant la communion mais une heure avant le début de la Messe. Cette durée d’une heure avant le début de la Messe permet également de rendre visible  cette discipline qui doit être joyeuse, de la vivre ensemble, et d’apporter communautairement le témoignage que ce qui se prépare est particulièrement grand et mérite la plus grande prévenance à l’égard du Christ.

Le jeûne eucharistique ne concerne pas que la nourriture et la boisson.

L’abstinence de nourriture et de boisson permet de faire participer son corps à l’attente du Seigneur, mais il va de soi que cela perd de son sens si l’âme ne se prive pas en même temps des biens qui pourraient nuire à cette préparation. C’est dans le silence du cœur que Dieu parle. Aussi est-il nécessaire d’éviter les activités qui provoquent un tumulte intérieur ou qui sont trop désinvoltes par rapport à la rencontre que nous nous apprêtons à vivre. Aller à la Messe, c’est comme recevoir un ami dans sa maison : il s’agit d’être le plus accueillant possible et cela passe par un certain « ménage » à l’intérieur de soi. A titre d’exemple, cela demande des choix comme celui de laisser la radio éteinte dans cette heure qui précède le début de la Messe notamment dans la voiture lorsque nous nous rendons à l’église.

La raison fondamentale du jeûne eucharistique

Le temps de la rencontre avec le Seigneur tout au long de la Messe, et spécialement au moment de l’Eucharistie, n’est pas un temps comme un autre. Pour être vécu pleinement il demande une préparation et certaines dispositions d’amour et de respect. On ne va pas à la Messe comme on va faire ses courses ou comme on participe à des activités de loisir. Entrer dans le jeûne eucharistique, c’est en quelque sorte se mettre en marche vers le Seigneur. C’est déjà lui donner la première place et l’honorer. Jeûner, c’est avoir faim de Dieu. C’est orienter son cœur pour accueillir et recevoir les dons de celui qui est la Vie. Marthe Robin disait qu’ « une communion sans préparation et sans action de grâces est de bien peu d’utilité ». L’Eucharistie devrait nous transformer davantage. Pour que Dieu agisse en profondeur et avec puissance, le cœur doit être grand ouvert. Avant le temps de la communion, il y a le temps du désir. Notre conversion et notre sanctification sont à ce prix. D’où la nécessité de retrouver aussi (ou de découvrir) le temps du recueillement avant le commencement de la célébration et le temps de l’action de grâces après l’envoi. Tout cela suppose un certain silence qui, le plus souvent, a malheureusement disparu dans nos pratiques paroissiales. N’ayons pas peur du silence et osons apporter ce témoignage de foi et d’amour du Christ dont le monde a tant besoin.

Qu’est-ce que l’Eucharistie ?

Pour se persuader de l’importance de cette préparation, nous devons nous remettre en présence de la signification profonde de l’Eucharistie et de l’enjeu de la Messe. Jean-Paul II nous y aide dans l’encyclique Ecclesia de Eucharistia (L’Eglise vit de l’Eucharistie) de 2003.

Il s’agit avant tout, explique-t-il, d’un événement surnaturel dans lequel on fait une rencontre personnelle avec Dieu. C’est « un coin du ciel qui s’ouvre sur la terre » (n°19). L’Eucharistie est « la source et le sommet » de la vie chrétienne, l’ « œuvre de notre rédemption », « le trésor le plus grand ». L’Eucharistie étant ce que nous pouvons recevoir de plus grand, nous devons l’aborder comme le moment le plus sublime, et le plus sacré.

Dans le même document, Jean-Paul II prend grand soin de rappeler que « la Messe rend présent le sacrifice de la croix » que c’est « le sacrifice du Seigneur », « un sacrifice au sens propre » (n°12 et 13). Recevoir le Corps du Christ, c’est recevoir le Christ Lui-même et communier à sa croix et à son sacrifice, à sa résurrection et à sa gloire.

La pratique ferme et régulière du jeûne eucharistique permet précisément de ne pas réduire en le banalisant ce moment inouï. S’unir au Christ de tout notre cœur, revivre ce sacrifice, recevoir la Vie qui nous sauve justifie que nous prenions conscience de l’importance de ce jeûne et que nous le pratiquions avec joie.

Stanislas GRYMASZEWSKI

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