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Eglise, vérité et humanité

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11 octobre 2015

L'encyclique CARITAS IN VERITATE de BENOIT XVI

 

Synthèse de Caritas in veritate  (La charité dans la vérité) :

 La troisième encyclique de Benoît XVI, une encyclique sociale, est parue le 29 juin 2009. Son objet principal, comme l’indique le sous-titre, est le DEVELOPPEMENT HUMAIN INTEGRAL. L’idée directrice du Saint-Père est que ce développement est fondé à la fois sur la CHARITE et sur la VERITE sur l’homme. Ce sont des exigences qui doivent être prises en compte sur le plan politique et sur le plan économique. La MONDIALISATION étant devenue un fait, c’est aussi sur ce plan que veut se situer le Pape. Elle est une opportunité pour corriger les dysfonctionnements de l’économie et certains déséquilibres sociaux. Les problèmes de notre temps créent une occasion favorable pour entreprendre une réflexion approfondie sur le sens de l’économie et sur ses finalités.

   Ainsi qu’il le rappelle, à la suite du Concile Vatican II, l’Eglise « n’a pas de solution technique à offrir » mais « elle a une mission de vérité à remplir en faveur d’une société à la mesure de l’homme, de sa dignité et de sa vocation » (n°9). Cela justifie pour elle, d’une part l’élaboration d’une DOCTRINE SOCIALE pour orienter l’action et, d’autre part, une réelle liberté pour exercer un rôle public au-delà de ses activités caritatives et éducatives. Le Pape insiste sur le caractère permanent de cette doctrine qui intègre aussi au cours du temps des éléments nouveaux. Il se réfère particulièrement à la lettre encyclique de Paul VI, POPULORUM PROGRESSIO (1967) dont il célèbre par sa propre encyclique le quarantième anniversaire, certes avec deux années de retard, puisqu’il a tenu à en reporter la publication notamment pour prendre en compte la situation nouvelle produite par la crise financière et ses différents prolongements.

   « La charité est la voie maîtresse de la Doctrine sociale de l’Eglise. » (n°2) énonce t-il d’emblée. « Cependant, ce n’est que dans la vérité que l’amour resplendit. Dépourvu de vérité, l’amour bascule dans le sentimentalisme » et devient ainsi « la proie des émotions et de l’opinion. » (n°3). L’amour dans la vérité demande d’abord et avant tout de connaître et de comprendre l’homme dans toutes ses dimensions, corporelle et spirituelle, naturelle et culturelle, personnelle et sociale. L’encyclique éclaire ainsi peu à peu toutes les dimensions de l’homme pour établir des liens avec le développement authentique et plénier de la personne humaine.

   Le lien le plus fondamental est celui qui relie l’homme à Dieu : Amour et Vérité. La connaissance de ce lien apporte une vision TRANSCENDANTE de la personne. Elle permet de reconnaître en lui « l’image de Dieu. » et fonde ainsi sa DIGNITE inviolable. Dieu est le garant du véritable développement de l’homme. Il suscite en lui la soif d’être plus (n°29).

   La reconnaissance de Dieu créateur conduit l’homme à recevoir la NATURE et sa propre nature comme un don dont il importe de respecter les exigences propres. « La VOCATION elle-même des personnes et des peuples au développement est inscrite dans un dessein qui nous précède et qui constitue pour chacun de nous un devoir à accueillir librement. Ce qui nous précède et nous constitue, l’Amour et la Vérité, nous indique ce qu’est le bien et en quoi consiste notre bonheur. Il nous montre donc la route qui conduit au véritable développement. » (n°52).

   A l’opposé, l’idéologie technocratique qui  absolutise le progrès technique en lui confiant la totalité du processus du développement créé une séparation entre le progrès et son évaluation morale et donc la responsabilité de l’homme lui-même (n°14). « L’humanisme qui exclut Dieu est un humanisme inhumain. » (n°78) car il éloigne l’homme de sa nature et de sa vocation. Les questions suscitées en bioéthique manifestent bien que la « question fondamentale est de savoir si l’homme s’est produit lui-même ou s’il dépend de Dieu. » (n°74).

   La majeure partie de l’encyclique est consacrée à l’impact de la réalité économique sur le progrès humain. Benoît XVI aborde les difficultés des pays pauvres mais aussi certaines évolutions contestables des pays riches. « La conviction de l’exigence d’autonomie de l’ECONOMIE qui ne doit pas tolérer d’influences de caractère moral a conduit l’homme à abuser de l’instrument économique y compris de façon destructrice. » (n°34). « La sphère économique doit être structurée et organisée institutionnellement de façon ETHIQUE. » (n°36). Cette exigence s’applique aussi au « système financier tout entier » qui « doit être orienté vers le soutien d’un développement véritable » et « aux opérateurs financiers » qui « doivent redécouvrir le fondement éthique de leur activité. » (n°65).

   La visée exclusive du profit peut avoir des effets délétères sur les hommes et les peuples. Divers problèmes sont évoqués. La baisse de la souveraineté et du pouvoir politique des Etats en raison du nouveau contexte commercial et financier (n°24). L’affaiblissement des réseaux de protection sociale en contrepartie de la recherche de compétitivité sur le marché mondial (n°25). La mobilité du travail lorsqu’elle créé des difficultés à construire un parcours personnel cohérent dans l’existence (n°25). L’uniformisation des comportements et des styles de vie au détriment des cultures et des identités (n°26). Les nouvelles formes de colonialisme et de dépendance (n°33). La faim (n°27) La question du respect de la vie (n°28). La baisse préoccupante de la natalité dans un nombre grandissant de pays (n°44). La maîtrise responsable de la nature (n°50). Les problématiques énergétiques et la redistribution planétaire (n°49)…Bien d’autres sujets sont encore abordés.

   Face à tous ces constats, l’encyclique rappelle que « c’est l’homme qui est l’auteur, le centre et la fin de toute la vie économique et sociale » (n°25,47) et demande « une nouvelle réflexion globale sur le développement » (n°23) ainsi que l’adoption de « nouveaux styles de vie » (n°51).

    Sans remettre en cause l’économie de marché, Benoît XVI montre qu’il y a grand avantage pour la société humaine à la purifier et à la compléter par l’idée de SOLIDARITE et plus encore par l’idée de FRATERNITE. Il est possible et souhaitable de favoriser à côté de l’entreprise privée tournée vers le profit et des divers types d’entreprises publiques une économie à objectif social reposant sur les responsabilités individuelles (n°38). La solidarité, en effet, ne peut être déléguée seulement à l’Etat (n°38). « L’être humain est fait pour le DON. » (n°34). « Si le développement économique, social et politique veut être authentiquement humain, il doit prendre en considération le principe de GRATUITE comme expression de fraternité (n°34). Ainsi l’homme accomplit sa nature profonde et humanise la société.

   Le Saint Père appelle à une « réforme urgente de l’ONU et de l’architecture économique et financière internationale » (n°67) et à  la mise en place d’une véritable « autorité politique mondiale » (n°67). « Que soit institué un degré supérieur d’organisation à l’échelle internationale de type SUBSIDIAIRE pour la gouvernance de la mondialisation et que soit finalement mis en place un ordre social conforme à l’ordre moral » (n°67). Cela est possible car « de multiples et singulières convergences éthiques se trouvent dans toutes les cultures ». « Elles sont l’expression de la même nature humaine ». « LA LOI MORALE UNIVERSELLE qui en découle est le fondement solide de tout dialogue culturel » (n°59).

   Deux grandes idées peuvent finalement résumer l’encyclique. « Il n’y a pas d’humanisme vrai, s’il n’est pas ouvert à l’absolu. » (n°16) et « A l’origine du sous-développement, il y a un manque de fraternité » (n°19).

    Pour conclure, laissons encore la parole au Saint-Père : « Le développement suppose une attention à la vie spirituelle, une sérieuse considération des expériences de confiance en Dieu, de fraternité spirituelle dans le Christ, de remise de soi à la Providence et à la Miséricorde divine, d’amour et de pardon, de renoncement à soi-même, d’accueil du prochain, de justice et de paix. Tout cela est indispensable pour transformer les « cœurs de pierre » en « cœurs de chair » (Ez. 36,26), au point de rendre la vie sur terre « divine » et, par conséquent, «  plus digne de l’homme. » (n°79).

 

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4 octobre 2015

LE SENS CHRETIEN DE LA SOUFFRANCE

A partir de la lettre apostolique de Jean-Paul II, Salvifici doloris du 11/02/1984

 

Quatre manières d’aborder le sujet :

 

1 La souffrance est quasiment inséparable de l’existence terrestre de l’homme. Tout homme expérimente la souffrance. Personne ne peut se targuer d’y avoir échappé. Tous, nous avons déjà souffert, tous, nous aurons encore à souffrir. Et cela quelque soit le lieu, l’époque, l’âge ou la situation sociale. 

  Maintenant, il y a plusieurs sortes de souffrances. On peut toutefois faire une distinction entre la souffrance physique qui concerne le corps et la souffrance morale qui est une « douleur de l’âme » (SD, 5). C’est le cas par exemple de la peur, de l’angoisse ou de la tristesse. 

2 Une autre remarque s’impose : « la Rédemption s’est accomplie par la Croix du Christ, c’est-à-dire par sa souffrance » (SD, 3). Pourquoi le Christ a-t-il choisi ce chemin ? Quel sens a-t-il voulu donner à la souffrance ? 

3 On reproche souvent aux chrétiens d’exalter la souffrance, de subir la souffrance. C’est tout juste si on ne les considère pas comme des masochistes. Qu’en est-il vraiment ? 

4 Enfin, il y a tous ceux qui ne comprennent pas, et ils ont raison, que la souffrance fasse partie de la condition humaine. Si Dieu est Amour, pensent-ils, pourquoi permet-Il cela ? Le christianisme ne proclame-t-il pas que « l’existence est fondamentalement un bien » (SD, 7) que le Créateur est bon et que les créatures sont bonnes ? 

  En fait, explique Jean-Paul II, ce n’est pas la création qui entraîne la souffrance, « l’homme souffre à cause du mal qui est un certain manque, une limitation ou une altération du bien. L’homme souffre, pourrait-on dire, en raison du bien auquel il ne participe pas, dont il est, en un sens, dépossédé ou dont il s’est privé lui-même » (SD, 7).

  

Premier sens de la souffrance : 

Dans l’ordre de la justice, la souffrance peut être une punition. 

 

  Le Dieu de la Révélation est Législateur et Juge. Et cela parce qu’il est le Créateur.

  En conséquence, la violation consciente et libre de ce bien qu’est la création, de la part de l’homme, est non seulement une transgression de la loi, mais en même temps une offense au Créateur qui est le premier Législateur. La punition est alors ce qui garantit l’ordre moral établi par la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’une action directe de Dieu, mais plutôt d’une conséquence naturelle de nos actes comme les désordres provoqués par la pollution. « De là découle aussi l’une des vérités fondamentales de la foi religieuse fondée également sur la Révélation : Dieu est un juge juste qui récompense le bien  et punit le mal » (SD, 10). A ce point de vue, la souffrance apparaît comme un mal justifié.

  Mais on ne peut s’arrêter à ce premier sens, surtout lorsqu’on voit le drame quotidien de tant de souffrances sans qu’il y ait eu faute, et de tant de fautes sans peines adéquates en retour.

 

Second sens de la souffrance : 

Dans l’ordre de la conversion, la souffrance est une épreuve.

 

  Il s’agit de la souffrance vécue par Job. Celui-ci n’est pas coupable. Sa souffrance est celle d’un innocent. Si le Seigneur consent à éprouver Job par la souffrance, c’est pour montrer la justice de ce dernier. Après avoir souffert, Job est plus fort dans sa fidélité à Dieu. Cela ne signifie pas forcément  que nos épreuves sont envoyées par Dieu pour nous convertir. Non, mais Celui-ci peut transformer en positif ce qui est négatif.

 

Troisième sens de la souffrance : 

Dans l’ordre de la conversion, la souffrance a une valeur éducative

 

  La souffrance nous introduit dans la pénitence qui a pour but de triompher du mal. Jean-Paul II y voit ici l’œuvre de la miséricorde divine. La souffrance, nous ouvre les yeux, nous éduque, nous amène à nous corriger. Ainsi, dans les souffrances infligées par Dieu au peuple élu est contenue une invitation de sa miséricorde qui châtie pour amener à la conversion : « Ces persécutions ont eu lieu non pour la ruine, mais pour la correction de notre peuple. » 2 Matthieu 6,12.

 

Quatrième sens de la souffrance : 

Dans l’ordre de la Rédemption, la souffrance elle-même est rédemptrice.

 

 La Rédemption s’est faite par la Passion et par la Croix du Christ. Le Christ est venu s’unir à ce qu’il y a de plus répugnant dans la condition humaine : la souffrance et la mort.

  En faisant ce choix, le Christ a lié la souffrance à l’amour. Dès lors, la souffrance et la mort se trouvent revêtues d’une puissance surnaturelle. On peut dire qu’avec la Croix du Christ, toute souffrance humaine s’est trouvée dans une situation nouvelle. En opérant la Rédemption par la souffrance, le Christ a élevé en même temps la souffrance humaine jusqu’à lui donner valeur de Rédemption. Tout homme peut donc dans sa souffrance participer à la souffrance rédemptrice du Christ. La souffrance n’est plus quelque chose de vain, d’inutile. Nous pouvons l’offrir.

  Ce n’est pas que la Rédemption du Christ soit incomplète. Aucun homme ne peut lui ajouter quoi que ce soit. Mais cela signifie que le Christ a ouvert sa souffrance rédemptrice à toute souffrance de l’homme. Il a accompli la Rédemption totalement, mais Il l’ouvre constamment dans l’histoire de l’homme à toute souffrance humaine. D’où les paroles de l’apôtre : « Je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son corps qui est l’Eglise » 1 Co 6, 13.

 

Cinquième sens de la souffrance :  

Dans l’ordre du Royaume de Dieu, la souffrance est glorificatrice.

 

  St Luc écrit : « Il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu » Actes 14,88. Et St Paul : « Nous sommes cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui. J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. » Rm 8,17-18. Et dans une autre lettre : « Car la légère tribulation d’un instant nous prépare jusqu’à l’excès une masse éternelle de gloire. » 2 Co 4, 17-18. Enfin St Pierre : « Dans la mesure où vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lors de la révélation de sa gloire, vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse. » 1 P 4, 13. 

  Ainsi, la communion aux souffrances du Christ par nos propres souffrances est en même temps souffrance pour le Royaume de Dieu. Le Christ a choisi pour nous unir à Lui ce qui nous était le plus insupportable. Avec lui, mystérieusement, l’insupportable devient source de joie.

  

Sixième sens de la souffrance : 

Dans l’ordre de notre sanctification, la souffrance nous revêt de la présence et de la puissance du Christ.

 

  Le Christ meurt cloué sur la croix. Mais si en même temps dans cette faiblesse s’accomplit son élévation, cela signifie que les faiblesses de toutes les souffrances humaines peuvent être pénétrées de la puissance de Dieu qui s’est manifestée dans la Croix du Christ. Dieu a confirmé qu’il veut agir spécialement au moyen de cette souffrance que sont en eux-mêmes la faiblesse et le dépouillement de l’homme, et que c’est précisément dans cette faiblesse et dans ce dépouillement qu’il veut manifester sa puissance. C’est pour cela que l’apôtre Paul peut dire : « Je me glorifierai surtout de mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ ». 2 Co 12,9 

  Notre faiblesse est ce qui nous amène à prendre conscience de nos limites et donc à renoncer à être seul à l’initiative de notre vie. 

  A travers les siècles et les générations humaines, on a constaté que dans la souffrance se cache une force particulière qui rapproche intérieurement l’homme du Christ, une grâce spéciale. C’est à elle que bien des saints doivent leur profonde conversion. Il faut aussi donner l’exemple des martyrs qui par leur sang ont bouleversé l’ordre du monde et des peuples qui ayant souffert témoignent d’une vitalité spirituelle particulière comme la Pologne ou l’Eglise de Corée. 

  Jean-Paul II le confirme ainsi : « le Christ, de par sa propre souffrance salvifique se trouve au plus profond de toute souffrance humaine et peut agir de l’intérieur par la puissance de son Esprit de Vérité, de son Esprit consolateur » (SD, 26). C’est pourquoi « la souffrance imprégnée de l’esprit de sacrifice du Christ est d’une manière irremplaçable la médiation et la source des bienfaits indispensables au salut du monde. Cette souffrance, plus que tout autre chose, ouvre le chemin à la grâce qui transforme les âmes. […] Les sources de la force divine jaillissent vraiment au cœur de la faiblesse humaine » (SD, 27). 

 

Conclusion  

  Si le chrétien ne craint pas la souffrance, s’il lui arrive d’être joyeux dans la souffrance, cela ne veut pas dire qu’il aime la souffrance. Sa joie vient seulement de ce qu’il sait que sa souffrance est communion à la Croix du Christ et qu’ainsi offerte, elle est source de bienfaits spirituels en ce monde et dans l’autre, pour lui-même et pour les autres, dans la communion des saints.

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

8 septembre 2015

L'AUTORITE DE SAINT THOMAS D'AQUIN

  St Thomas d’Aquin a été choisi par l’Eglise comme guide premier en philosophie et en théologie

  

  Jean XXII (XIVe siècle) : « Il illumina à lui seul plus que tous les autres philosophes et docteurs. »

 

  Léon XIII (fin XIXe siècle) : « Entre tous les docteurs scolastiques, brille d’un éclat sans pareil leur prince et maître à tous, Thomas d’Aquin, lequel a hérité en quelque sorte de l’intelligence de tous … très riche de science tant divine qu’humaine, justement comparé au soleil, il réchauffa la terre par le rayonnement de ses vertus et la remplit de la splendeur de sa doctrine. Il n’est aucune partie de la philosophie qu’il n’ait traitée avec autant de pénétration que de solidité … La raison portée sur les ailes de saint Thomas jusqu’au faîte de l’intelligence humaine, ne peut guère monter plus haut, et la foi peut à peine espérer de la raison des secours plus nombreux ou plus puissants que ceux que saint Thomas lui a fournis. » 

 

  Concile Vatican II (1962-1965) : « Pour mettre en lumière, autant qu’il est possible, les mystères du salut, ils (les séminaristes) apprendront à les pénétrer plus à fond, et à en percevoir la cohérence par un travail spéculatif, avec saint Thomas pour maître. »  

  « On saisira plus profondément comment la foi et la raison s’unissent pour atteindre l’unique vérité. Ce faisant, on ne fera que suivre la voie ouverte par les docteurs de l’Eglise et spécialement par saint Thomas. » 

 

  Paul VI (1974) : « Et ainsi, pour la première fois, un Concile recommande un théologien et ce théologien est saint Thomas … Le magistère suprême l’a désigné comme guide autorisé et irremplaçable des études philosophiques et théologiques … Saint Thomas émerge du contexte historico-culturel dans lequel il a vécu pour se placer sur un plan doctrinal, transcendant les périodes historiques qui se sont succédées du XIIIe siècle jusqu’à nos jours. Au cours de ces siècles, l’Eglise a reconnu la valeur permanente de sa doctrine … Saint Thomas n’a pas prétendu édifier un système de pensée renfermé sur lui-même, mais a, au contraire, élaboré une doctrine capable de continuels enrichissements et progrès … L’Eglise couvre de son autorité la doctrine de saint Thomas … Elle a préféré sa doctrine, proclamant qu’elle est la sienne propre. » 

 

   Jean-Paul II (1979) : « La philosophie de saint Thomas mérite une étude attentive et une acceptation convaincue de la part de la jeunesse de notre temps en raison de son esprit d’ouverture et d’universalité, caractéristiques qu’il est difficile de trouver dans beaucoup de courants de la pensée contemporaine. Il s’agit de l’ouverture à l’ensemble de la réalité dans toutes ses parties et toutes ses dimensions, sans réductions ou particularismes. »

 

  Jean-Paul II (1980) : « Depuis le début de mon pontificat, je n’ai jamais laissé passer une occasion propice sans rappeler la sublime figure de saint thomas d’Aquin … L’Eglise a donné la préférence à la méthode et à la doctrine du Docteur angélique. » 

 

  Jean-Paul II (1990) : « Il faut donc souhaiter et favoriser de toutes les façons l’étude constante et approfondie de la doctrine philosophique, théologie, éthique et politique que saint Thomas a laissée en héritage … et que l’Eglise n’a pas hésité à faire sienne. »  

 

 

2 septembre 2015

DES LUMIERES PAS SI LUMINEUSES QUE CELA

  Tout est fait à l’école, et cela commence dès le CM1, pour inculquer aux jeunes français l’idée que les Lumières sont un modèle de tolérance, de justice et de vérité. Le mot lui-même, d’ailleurs peu utilisé avant 1945, n’est pas neutre. Il est particulièrement discriminant car il met de façon exclusive un courant de pensée en valeur, en rejetant dans l’obscurantisme et le fanatisme la pensée principalement combattue, à savoir le christianisme. Il y a là une prétention d’autant plus choquante que la connaissance qui est donnée aux élèves est gravement faussée. Les Lumières ne sont pas si lumineuses que cela et bien des dérives et des impasses dans lesquelles se trouve notre société y trouvent leur source.

 

  Commençons par la philosophie. Celle-ci, utilitariste, matérialiste, hédoniste, individualiste et mécaniste, ne croit pas à la liberté et à la dignité de l’homme. Voltaire : « Rien ne dépend de nous, nous sommes des horloges, des machines ». Diderot : « Le mot liberté est un mot vide de sens. Il n’y a point et il ne peut y avoir d’êtres libres, nous ne sommes que ce qui convient à l’ordre général, à l’organisation, à l’éducation et à la chaîne des événements ».

 

  Le regard sur l’homme peut en devenir méprisant. Celui-ci doit être conduit et guidé à son insu. Diderot s’est fait le théoricien de cette façon d’influencer les hommes : qu’ils ne s’en aperçoivent pas, qu’ils croient toujours qu’ils font ce qu’ils veulent alors qu’on les manipule. Même idée chez Voltaire pour qui on trouve « un être pensant sur cent mille bêtes brutes appelées hommes » et pour qui « l’homme est fait pour vivre en troupe comme les animaux de basse-cour ». D’après Rousseau, « l’état de réflexion est un état contre nature » et « l’homme qui médite est un animal dépravé ».

 

  L’éducation doit fabriquer l’enfant. Pour cela, on ne le laissera pas un seul instant livré à lui-même. Rousseau : « Qu’il croie toujours être le maître et que ce soit toujours vous qui le soyez. Il n’y a pas d’assujettissement si parfait que celui qui garde l’apparence de la liberté. On captive ainsi la volonté même ». Et Helvétius : « Il n’est rien d’impossible à l’éducation : elle fait danser l’ours ».

 

  La tolérance des Lumières est une curieuse tolérance. Les indignations de Voltaire sont sélectives. Il soutient des despotes en Russie et en Allemagne qui persécutent une partie de leur peuple. En fait, il ne faut pas avoir de religion pour mériter la tolérance. Il ne dit rien contre les violences subies par les catholiques anglais. Un catholique pratiquant et convaincu est considéré comme un fanatique et n’a pas droit à la tolérance. C’est au nom de la tolérance que l’on a guillotiné et fusillé pendant la Révolution. « Ecrasez l’infâme », écrit Voltaire à propos de l’Eglise, après avoir présenté Jésus comme « un Socrate dégénéré » et « un charlatan né de la lie du peuple ». La tolérance des philosophes recèle souvent une grande intolérance à l’égard de ceux qui ne pensent pas comme eux. Madame de Gratigny, à Cirey, disait à propos de Voltaire qu’il est peut-être « plus fanatique que tous les fanatiques qu’il hait ». Fanatisme de la Révolution elle-même avec son cortège de destructions et de crimes, la Terreur et le génocide vendéen. Lénine, Staline, Mao, Hitler, Hodja, Castro, Hô Chi Minh, Mengistu, Pol Pot ont trouvé une partie de leur inspiration dans ce qui s’est passé au cours de ces années « lumineuses » et … sanglantes qui ont suivi 1789 : faire un « homme nouveau » en détruisant le passé… Dans son livre, « Mémoire et identité », Jean-Paul II souligne le lien de causalité entre les Lumières et « les expériences dévastatrices du mal de l’époque contemporaine ». Rappelons enfin les paroles de Madame Roland, révolutionnaire gravissant les marches de l’échafaud : « Liberté, que de crimes on commet en ton nom ».

 

  Plusieurs auteurs des Lumières, y compris Montesquieu, ont propagé de nombreuses fantaisies sur l’Eglise, le Moyen-Age et l’Ancien Régime pour mieux asseoir l’idée de l’obscurantisme. La volonté de noircir le passé et de polémiquer les a souvent aveuglés et éloignés de la vérité, comme lorsque Voltaire dénonce le soi-disant fouet de Louis XIV ou encore le soi-disant droit de cuissage au Moyen-Age.

 

  Le mépris du peuple est fréquent sous la plume de ces penseurs « éclairés ». Chez Voltaire, « Il est à propos que le peuple soit guidé et non qu’il soit instruit, il n’est pas digne de l’être, il est nécessaire qu'il y ait des gueux ignorants ». A lui ne sont nécessaires qu’ « un joug, un aiguillon et du foin ». Rousseau : « Le pauvre n’a pas besoin d’éducation, celle de son état est forcée, il n’en saurait avoir d’autre ». La Chalotais : « Le bien de la société demande que les connaissances du peuple ne s’étendent pas plus loin que ses occupations ». Philippon de la Madeleine exprime le vœu que l’usage de l’écriture soit interdit aux enfants du peuple. Gabriel-François Coyer propose de renvoyer les enfants du peuple des collèges de Paris à leurs parents et Le Chapelier refuse d’admettre ce qu’il appelle « les prétendus intérêts des ouvriers ».

 

  Autre mythe : celui du combat pour l’égalité et l’émancipation de la femme. C’est le Code Napoléon, héritier des Lumières, qui fera de la femme une mineure. C’est après la période des Lumières et non avant, que le statut de la femme va atteindre une telle situation d’infériorité. Rousseau : « La recherche des vérités abstraites et spéculatives, des principes, des axiomes dans les sciences, tout ce qui tend à généraliser les idées, n’est point du ressort des femmes. Leurs études doivent se rapporter toutes à la pratique ». Voltaire : « Quant à la supériorité de l’homme sur la femme, c’est une chose entièrement naturelle, c’est l’effet de la force du corps et même celle de l’esprit » et « Bien des dames sont comme vous savez, de grands enfants : le fouet et des dragées ». Benjamin Constant : « Il y a de moi à elle une telle supériorité qu’elle ne peut être qu’un amusement ». Diderot : « Les femmes semblent n’être destinées qu’à notre plaisir. Lorsqu’elles n’ont plus cet attrait, tout est perdu pour elles ». Mirabeau-Tonneau : « C’est un meuble de nuit dont le jour on ne sait que faire ». Proudhon : « la différence des sexes met entre l’homme et la femme une séparation de même nature que celle que  la différence des races met entre les animaux ». Helvétius : « La chasse des femmes comme celle du gibier doit être différente selon le temps qu’on veut y mettre ». Sade : « La destination de la femme est d’être comme la chienne, comme la louve : elle doit appartenir à tous ceux qui veulent d’elle ». Raynal juge les « vieilles femmes inutiles au monde ».

 

  Voltaire hait en l’homme l’image de Dieu, l’empreinte divine, la marque du Créateur : « Ô homme, ô homme qui oses te dire l’image de Dieu, dis-moi si Dieu mange, s’il a un boyau rectum ». Cette haine s’associe à une forme  de racisme. Voltaire : « Nos sages ont dit que l’homme est l’image de Dieu : voilà une plaisante image de l’Etre éternel qu’un nez noir épaté, avec peu ou point d’intelligence » et « Comment se peut-il qu’Adam, qui était roux et qui avait des cheveux, soit le père des nègres qui sont noirs comme de l’encre et qui ont de la laine noire sur la tête ». L’Encyclopédie, article Nègre : « si l’on s’éloigne de l’équateur vers le pôle antarctique, le noir s’éclaircit, mais la laideur demeure ». Raynal : « Les Hottentots tiennent quelque chose de la malpropreté et de la stupidité des animaux qu’ils conduisent ».

 

  Certains articles de l’Encyclopédie condamnent l’esclavage, mais d’autres peuvent le conforter : « Les hommes noirs nés vigoureux et accoutumés à une nourriture grossière trouvent en Amérique des douceurs qui rendent la vie animale beaucoup meilleure ». Il est vrai que Diderot et Voltaire gagnent beaucoup d’argent en investissant dans les compagnies de traite négrière.

 

  La virulence de Voltaire à l’égard des Juifs est vraiment démentielle. Sur 118 articles de son  Dictionnaire philosophique , on en trouve une trentaine qui attaque ce qu’il appelle la « horde hébraïque ». « Vous ne trouverez en eux, dit-il, qu’un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent ». Henri Labroue, en 1942, publie un Voltaire anti-juif en n’ayant aucune peine à rassembler 250 pages de citations antisémites destinées à apporter aux politiques racistes de l’époque la caution de notre auteur. Léon Poliakov, dans Le mythe aryen – Complexe, 1987- a montré que le rationalisme scientifique des Lumières constitue une des sources du racisme nazi.

  

   Pour approfondir : Xavier MARTIN, Voltaire méconnu : aspects cachés de l’humanisme des Lumières. 

1 septembre 2015

FEMME ET SACERDOCE : POURQUOI L'ORDINATION EST-ELLE RESERVEE EXCLUSIVEMENT AUX HOMMES ?

  Tout d’abord, il faut dire que ce sujet n’est en aucun point lié à la question de la dignité de la femme. L’Eglise a toujours enseigné ici une stricte égalité entre elle et l’homme. L’histoire prouve que c’est elle qui, en ce domaine, a libéré la femme des contraintes que lui faisaient subir les mœurs païennes des cultures pré chrétiennes. Ne lit-on pas déjà dans St Paul aux Galates III, 28 : « Il n’y a ni Juif, ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme, car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus ». Signalons aussi que l’être humain le plus vénéré et exprimant le mieux la dignité de la vocation humaine est une femme : la Vierge Marie, « le modèle de l’Eglise », selon l’expression de Jean-Paul II dans l’encyclique « Redemptoris Mater » (25/09/1987).

 

  Si l’homme et la femme possèdent la même dignité, leur nature et leur vocation diffèrent cependant. Le refus de toute différence entre les deux, sous prétexte d’égalité, empêche définitivement de comprendre quoi que ce soit au problème traité ici. L’homme, par exemple, et c’est inscrit dans sa nature, n’a pas pour vocation de porter l’enfant, de lui donner la vie, d’accoucher et d’allaiter. Cela ne diminue en rien sa dignité. C’est dans le même état d’esprit qu’il faut aborder les différentes raisons pour lesquelles l’Eglise ne peut étendre aux femmes l’ordination.

 

  Plusieurs documents officiels abordent ce sujet : la déclaration Inter insigniores de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de 1976 et la lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis de Jean-Paul II du 22 mai 1994. Voici quelques extraits de ce dernier texte : « Je déclare en vertu de ma mission de confirmer mes frères (Luc XXII, 32), que l’Eglise n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Eglise… C’est l’observance fidèle d’une disposition qu’il faut attribuer à la sagesse du Seigneur de l’univers ». Il s’agit de « raisons tout à fait fondamentales », « théologiques ».

 

  Dans une réponse signée du Cardinal Ratzinger, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi apporte les précisions suivantes, en date du 28/10/1995 : « Cette doctrine exige un assentiment définitif parce qu’elle est fondée sur la Parole de Dieu écrite, qu’elle a été constamment conservée et mise en pratique dans la Tradition de l’Eglise depuis l’origine et qu’elle a été proposée infailliblement par le magistère ordinaire et universel… Le Pape ne propose aucune nouvelle formule dogmatique mais confirme une certitude, celle qui a été constamment vécue et affirmée dans l’Eglise ». Il n’y a donc rien de nouveau, si ce n’est que le Pape a dû être plus explicite pour faire face à toutes les pressions et à toutes les critiques qui s’exercent par le biais des médias sur cette question.

 

Première raison : l’Eglise est fidèle à l’attitude et à la volonté du Christ. 

  Il n’était pas dans la volonté de Jésus de donner le sacerdoce aux femmes. Aucune n’a été appelée à faire partie des Douze. Et s’il a agit ainsi, ce n’était pas pour se conformer aux usages du temps, car son attitude à l’égard des femmes contraste singulièrement avec celle de son milieu et marque une rupture volontaire et courageuse. Sa mère elle-même, associée si étroitement à son ministère, et dont le rôle hors de pair est souligné par les Evangiles de Luc et Jean, n’a pas été investie du ministère apostolique.

 

Deuxième raison : l’Eglise est fidèle à la pratique des apôtres et à la Tradition. 

  Désireux de suivre la volonté divine, les apôtres se séparèrent de la tradition judaïque et de la loi mosaïque. Ils n’ont cependant appelé aucune femme à faire partie du Collège apostolique. Cette attitude de Jésus, continuée par les apôtres et par toute l’Eglise d’Orient et d’Occident, a donc une valeur permanente qui oblige l’Eglise d’aujourd’hui. L’explication de cette valeur permanente est que la Tradition fait partie de la Révélation divine, œuvre de l’Esprit-Saint lui-même, et dont le Christ a promis l’assistance à l’Eglise pour la garder dans la vérité jusqu’à la fin des temps. 

  Ces deux premières raisons se rejoignent dans une seule qui est la confiance et l’obéissance en ce que Dieu a voulu. Les deux qui suivent maintenant ont pour objet d’en donner le sens, c’est-à-dire de découvrir la sagesse de la volonté divine contenue dans cette intention de ne conférer le sacrement de l’Ordre qu’à l’homme.

 

Troisième raison : le prêtre doit être une personne masculine pour être signe du Christ, lui-même personne masculine. 

  Lors de l’Eucharistie, le prêtre agit « in persona Christi ». Il tient la place du Christ. Par le sacrement de l’Ordre, il est signe du Christ. Dans ses gestes et ses paroles, les fidèles doivent aisément déchiffrer ce signe, c’est-à-dire voir le Christ lui-même. Et puisque le Christ fut et demeure de sexe masculin, la personne masculine est seule apte à en être le signe, seule apte à s’identifier à Jésus d'un point de vue physique pour le représenter. Le corps d’une femme, en effet, est substantiellement différent du corps de l’homme. Or, la personne humaine est à la fois âme et corps. Il est donc plus facile de voir le Christ-prêtre dans un homme que dans une femme. La première raison qui fonde le refus de l’Eglise de conférer l’Ordre à la femme tient donc à la réalité substantielle du sacrement lui-même dans son signe visible.

 

Quatrième raison : le prêtre doit être une personne masculine pour être signe du Christ en tant que celui-ci est l’Epoux. 

  L’Incarnation (Dieu se fait homme), la Rédemption (Dieu sauve l’homme du péché et de la mort éternelle), l’Eucharistie (Dieu se donne à l’homme comme nourriture pour le sanctifier) sont considérées dans toute l’Ecriture comme la rencontre nuptiale entre Dieu et sa créature. Tous ces mystères expriment l’initiative de Dieu, du Christ-Epoux envers l’Eglise-Epouse. Ils sont autant de manifestations du grand mystère de l’Alliance entre Dieu et l’humanité. Il y a ici une analogie entre ce qui est de l’ordre de la nature et ce qui est de l’ordre de la grâce. La nature apporte des signes pour exprimer des réalités spirituelles. Chaque sexe est signe. Dans la nature, au plan de la génération, la personne masculine est initiative, tandis que la personne féminine est accueil de cette initiative. Ainsi, dans l’œuvre de la Rédemption où le Christ est l’Epoux, la personne masculine est le signe de cet époux, tandis que la personne féminine est le signe de l’Epouse, c’est-à-dire de l’humanité (homme et femme) qui accueille le don du Dieu sauveur. Le prêtre dans sa masculinité est signe du Christ. Il manifeste l’Epoux. La femme dans sa féminité manifeste le fait que l’humanité accueille le salut et le bonheur qui vient de l’Epoux, tout comme Marie, au pied de la croix, est le signe de toute l’humanité accueillant l’initiative rédemptrice de Dieu.

 

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30 août 2015

EN SAVOIR PLUS SUR LE BLOGUE

  L'animateur de ce blogue est professeur de philosophie et catholique. Il a également  approfondi la théologie en se fondant spécialement sur le magistère de l'Eglise. Il s'appuie sur la raison et la foi. Il considère que ses opinions doivent s'effacer dans tous les domaines au contact des vérités. Confronté régulièrement à des questions, objections et critiques au sujet notamment de l'Eglise, il a consacré beaucoup de son temps à travailler tous ces points qui font difficulté à propos de la foi, de la Bible, de la religion, de la morale, de la science, de l'histoire de l'Eglise. Ces travaux ont souvent été utilisés par lui-même pour animer des groupes de réflexion, spécialement auprès des jeunes.

  Cédant à des sollicitations répétées, il a décidé de franchir le pas pour diffuser plus largement le fruit de son travail et de ses recherches.

  Le nom du blogue "Eglise, vérité et humanité" exprime plusieurs choses. Tout d'abord, il indique que la plupart des articles concerne de près ou de loin l'Eglise. Les sujets abordés ne sont pas cependant exclusivement religieux. Ils peuvent aussi porter sur l'homme et la société. Le terme vérité est là pour signifier une exigence, un souci constant mais aussi un amour de toute une vie. La vérité est au service de l'homme. Nous arrivons ainsi au troisième terme qui manifeste la finalité ultime, le bien de l'homme. Ce blogue veut concourir à la recherche de la vérité sur l'Eglise et sur l'homme.

 Quel est donc le lien entre Eglise et humanité ? L'auteur du blogue dans sa quête de la vérité et du bien a beaucoup reçu de la philosophie, mais il a reçu encore plus de l'Eglise. Il a fait concrètement l'expérience que l'Eglise est source de vie et de lumière pour le coeur et l'intelligence. Il n'hésite pas à comparer l'Eglise à une Mère qui aide à accomplir sa propre humanité.

 Nom de l'animareur : Stanislas Grymaszewski

  Il est possible de s'abonner au blogue pour recevoir les nouveaux articles et de laisser des commentaires qui seront lus attentivement.

 

30 août 2015

L'HOMME DESCEND-IL DU SINGE ?

   A strictement parler, l’affirmation « l’homme descend du singe » n’est pas correcte. Elle induit facilement en erreur en faisant croire que l’ancêtre immédiat de l’homme est un singe, que le premier homme lui-même est très proche du singe, qu’il y a donc eu des singes plus ou moins hommes et des hommes pas entièrement hommes. De là à penser que certains parmi nous sont plus proches du singe et moins homme que d’autres, il n’y a qu’un pas. Pourtant, la science a bien montré l’unité de notre espèce malgré la diversité des races. 

  En outre, d’un point de vue chrétien, cette expression ne tient pas compte que l’homme est créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu » par son âme spirituelle. Elle peut donc participer à faire perdre de vue la dignité attachée à l’être humain en tant que tel. 

  L’ancêtre immédiat de l’homme, selon l’hypothèse de l’évolution, n’est pas l’un des grands singes actuels (chimpanzé, gorille, orang-outan) car nous savons toujours selon la même hypothèse que leur lignée et celle qui a abouti à l’homme se sont séparées à partir d’un ancêtre commun il y a plusieurs millions d’années (entre 5 et 40 selon les versions extrêmes). 

  Depuis les années 1970, les généticiens ont établi qu’il fallait 12 à 15 remaniements chromosomiques pour passer d’un caryotype de singe actuel à un caryotype d’homme. Cela oblige donc à envisager toute une série d’espèces distinctes pour passer de l’ancêtre commun aux singes et aux hommes à l’homme lui-même. La paléontologie nous avait déjà révélé que plusieurs êtres différents s’étaient succédé : ramapithèque, australopithèque, habilis, erectus, sapiens. Il y a certainement beaucoup à découvrir sur cette succession et peut-être même quelques chaînons manquants. 

  Entre le singe et l’homme, selon l’hypothèse de l’évolution, plusieurs espèces distinctes se sont ainsi succédé, constituant comme des étapes, des intermédiaires, des ébauches avant que l’homme véritable n’apparaisse à son tour. L’ancêtre immédiat de l’homme est donc un être fort éloigné du singe actuel mais pas encore humain. Il peut s’agir de l’homo erectus. 

  A. Leroi-Gourhan, « Le Geste et la Parole » (1964), p. 166 :

« Les faits montrent que l’homme n’est pas […] une sorte de singe qui s’améliore […], mais, dès qu’on le saisit, autre chose qu’un singe. »

 

 

 

26 août 2015

LE MOT RACE DOIT-IL DEVENIR TABOU ?

   L’espèce humaine provient d’une origine unique que l’on peut faire remonter à 50 000 ou 100 000 ans, on ne sait trop. Depuis, la descendance humaine s’est éparpillée aux quatre coins de la terre ce qui a entraîné des différenciations entre les populations. Ce phénomène porte le nom de raciation. Chez l’homme, il n’a pas pu atteindre une grande ampleur car l’isolement des populations a été très relatif et d’une trop courte durée. Il a quand même permis l’émergence de ce que l’on a appelé les races blanches, noirs et jaunes et aussi la formation de groupes raciaux plus précis tels les esquimaux ou les pygmées, par exemple. Cette variation à l’intérieur de l’espèce humaine ne brise nullement son unité. Tous les individus sont interféconds. Les différences raciales ne peuvent permettre de douter de l’égale dignité entre les hommes.

  Des théoriciens ont fait l’hypothèse qu’il existait peut-être des gènes propres à chaque race. Ils ne les ont pas trouvés. On a donc renoncé à parler de races humaines au sens strict. La génétique nie aujourd’hui qu’il existe des races parfaitement distinctes d’autres races et réfute toute idée de classification rigoureuse entre elles. Il n’y a pas de races au sens de groupes étanches définissables par un ensemble de caractères physiques invariables et étendus à toute une population permettant un classement sans ambiguïté.

  Certains veulent aller plus loin et bannir le mot « race » du langage comme si ce terme était devenu une insulte. Cependant à vouloir faire dire à la science plus qu’elle ne dit, on finit par heurter le bon sens et la vérité des faits. Le terme « race », au sens large, désigne bien une réalité que nous expérimentons. A l’œil nu, on observe que les différences n’existent pas seulement entre les individus, mais aussi entre les populations. Ces différences concernent la couleur de la peau, le visage, la taille … à tel point qu’on distingue aisément un patagon d’un chinois, un scandinave d’un africain. Le terme « ethnie » qu’on veut substituer à celui de « race » est insuffisant puisqu’il concerne les différences culturelles et n’exprime en rien les différences physiologiques. Précisément la génétique ne nie pas qu’il existe des constantes géniques dominantes dans les populations, que les fréquences d’allèles sont différentes d’un groupe à l’autre et qu’il peut aussi exister des gènes distincts entre deux groupes donnés. Ainsi les juifs et les arabes ont un y plus grand que celui des autres caucasiens – cf. COHEN (USA) et LEJEUNE (France)-

  L’association races-racisme n’est pas admissible et ne sert pas la cause du respect que l’on doit à tout homme. Plutôt que d’occulter les différences raciales qui peuvent exister entre les populations de la terre en créant un nouveau tabou, n’est-il pas préférable de se réjouir de cette diversité et en admirer la beauté ?

 

 

25 août 2015

LIBERTE DE CONSCIENCE : PIE IX ET JEAN XXIII SE CONTREDISENT-ILS ?

  C’est ce que soutient Yves Chiron dans l’article « la controverse des bienheureux », paru dans le numéro de septembre 2000 de la revue Spectacle du Monde : « impossibilité de concilier la doctrine des deux nouveaux bienheureux ». Il est vrai que la plupart des commentateurs se sont plu à opposer les deux papes au sujet de la liberté de conscience, l’un l’ayant condamnée au siècle dernier, l’autre ayant affirmé le droit à la liberté religieuse au travers du Concile Vatican II. Le choix de Jean-Paul II de célébrer le même jour les deux papes est cependant une invitation à unir et non à opposer. Et cela est possible. En effet, la liberté de conscience condamnée par Pie IX ne correspond pas à la liberté religieuse défendue par le Concile Vatican II.

 

  Pour comprendre et interpréter correctement la condamnation de Pie IX, il est nécessaire de prendre en compte le contexte historique, culturel et doctrinal de l’époque, antichrétien et marqué par le relativisme. La déclaration du pape vise en fait les présupposés philosophiques de l’indifférentisme « tout se vaut », du libéralisme et du rationalisme « il n’y a pas d’ordre objectif au-dessus de l’homme ». Ces présupposés ont pour conséquence que la conscience n’est soumise à aucune loi devant Dieu. Le Concile Vatican II n’est pas venu remettre en cause ces enseignements. Au contraire, dans « Dignitatis humanae » ch. 2, on peut lire que «  les hommes ont le devoir de chercher la vérité, celle tout d’abord qui concerne la religion. Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu’ils la connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette vérité ».

 

  Avec Jean XXIII et le Concile Vatican II, une étape nouvelle est franchie. Cependant, il ne s’agit pas d’une remise en cause, mais plutôt d’un complément. Ce développement de l’enseignement de l’Eglise tient compte lui aussi d’un contexte culturel et politique particulier marqué par les totalitarismes (communisme, nazisme, fascisme). Il s’agit maintenant de protéger la conscience contre l’Etat totalitaire. L’Eglise met donc l’accent sur la dignité de la personne et sa vocation à chercher Dieu et la vérité sans contrainte. Il s’agit de ce que l’on appelle un droit négatif : celui de ne pas être contraint à agir contre sa conscience. Cela ne signifie pas que les religions se valent ni que l’erreur est un droit. Le document de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, « Dominus Jesus », apporte un éclairage à cette question. Il rappelle, en effet, que Jésus est l’unique Sauveur de toute l’humanité et que l’Eglise du Christ existe en plénitude dans la seule Eglise catholique. La liberté religieuse est avant toutes choses un devoir de vraie liberté, celui de chercher Dieu.

 

  Au XIXème siècle, l’Eglise défendait l’homme contre l’indifférentisme, le relativisme et le rationalisme ; au XXème, elle le défendait contre le totalitarisme. La synthèse peut être exprimée ainsi : il ne peut y avoir de contrainte extérieure pour adhérer au vrai et au bien, mais il y a une obligation morale à les chercher et à y être fidèle.

 

24 août 2015

PETIT APERCU DE L'APPORT DE L'EGLISE A L'EUROPE ET A L'HUMANITE

  Notre société serait plus dure aujourd’hui et moins juste s’il fallait retirer d’un coup de baguette magique ce qu’elle doit au rôle civilisateur de l’Eglise qui a travaillé depuis 2000 ans à former les esprits et les cœurs. C’est elle qui est à l’origine des deux piliers de la civilisation : l’amour et le respect de la personne humaine, car Dieu-Trinité est « Amour » et l’homme a été créé « à son image ». Ces « vérités révélées » sont devenues le fondement de la dignité inviolable de la personne humaine.  C’est ici que les idées de fraternité, d’égalité et de liberté et des Droits de l’homme trouvent leur source.  Régis Debray, auteur non chrétien, rapporte dans un ouvrage récent que le mot fraternité est un mot latin apparu au IIe siècle chez les auteurs chrétiens par la grâce d’un « Dieu Un qui nous en a fait don en nous créant à son image » (Le Moment fraternité, Gallimard, 2009).  L’humanisme et la démocratie reposent à la fois sur la culture gréco-latine et sur l’héritage judéo-chrétien. A l’Eglise, on doit la lutte pour le respect de la vie. C’est elle qui recueillait à Rome les bébés qu’on abandonnait sur la place publique. L’infanticide, spécialement des petites filles, était une chose habituelle dans l’Empire romain. L’Eglise a mis fin à cette pratique. Aujourd’hui encore, elle défend la vie à naître.

  Les moines ont défriché l’Europe. Ils ont fondé les écoles et les hôpitaux. On ne compte plus les congrégations religieuses qui se sont dévouées pour l’instruction, les soins aux malades, aux vieillards, aux orphelins et l’assistance aux plus pauvres, jusque dans les pays lointains.  La civilisation chrétienne a été la première civilisation non esclavagiste. L’esclavage, en effet, a disparu progressivement au cours du Moyen-Age pour réapparaître à la Renaissance.

  Au cours de la même période, l’Eglise a libéré la femme de sa condition d’infériorité, héritage de l’Antiquité, pour l’amener au rang d’une égale dignité avec l’homme, rang qu’elle perdra là aussi avec le phénomène de déchristianisation qui s’amorce à la Renaissance.  Le mariage chrétien, en impliquant  1°) l’égalité de dignité entre l’homme et la femme « Il n'y a plus ni homme ni femme ... » 2°) la monogamie 3°) le libre choix des partenaires 4°) leur consentement mutuel 5°) l’acceptation de la responsabilité conjugale et parentale dans la fidélité, a été source d’un grand progrès humain, mais il a fallu attendre plusieurs siècles pour que l’on puisse enfin se marier par amour. Si les décrets du Concile de Trente (1563) furent refusés en France, c’est précisément parce qu’ils réaffirmaient la liberté totale du consentement des époux et leur égalité.

  N’oublions pas l’institution de la Chevalerie et l’invention de la « Paix de Dieu » au début du XIe siècle, pour lutter contre les guerres privées, l’apport de l’Eglise dans les domaines de la spiritualité, de la culture et de l’art.  N’oublions pas également que les sciences expérimentales ont jailli et se sont développées exclusivement en Europe à partir du XVIe et du XVIIe siècle, ce qui a fait dire à Paul Valéry que « le christianisme a couvé la science ».  Terminons par l’image du roi Louis IX (St Louis) participant chaque jour à la messe et nourrissant lui-même les pauvres. 

  Aujourd’hui, dans le monde entier, l’Eglise est la principale institution non étatique à œuvrer en faveur des plus démunis. A titre d’exemple, en Afrique, elle fournit 42% des structures sanitaires et en Ethiopie 1% de catholiques fournit 90% de l’aide sociale du pays (N. Buttet, Fam. Chr. du 1/04/2017). Mentionnons également cette déclaration de Mgr Barragan à l’ONU du 27/06/2001 : « L’Eglise catholique assure 25% du total des soins donnés aux malades du sida dans le monde entier, ce qui l’accrédite comme le meilleur soutien des Etats dans la lutte contre cette maladie. »

  Notre propos est simplement de montrer que les fruits de la foi chrétienne peuvent être reconnus par la raison et susciter la sympathie et, pourquoi pas, l’admiration et la gratitude par les incroyants eux-mêmes.

 

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