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Eglise, vérité et humanité
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24 novembre 2015

JEAN-PAUL II, BENOÎT XVI, SIDA ET PRESERVATIF

  En mars 2009, nous avons assisté à un stupéfiant lynchage médiatique de Benoît XVI à partir des propos qu’il a tenus dans l’avion qui le conduisait en Afrique. Il est opportun de rappeler que Jean-Paul II avait été soumis aux mêmes diatribes de la part des médias et des hommes politiques à l’occasion d’un déplacement en Afrique où il avait traité lui aussi cette question  de la lutte contre le sida. Comme cela avait été le cas pour Jean-Paul II, des mots décisifs ont été retranchés de l’intervention de Benoît XVI pour en modifier le sens et ainsi l’accuser à loisir de mettre en danger la vie de nombreux africains, tel homme politique français y voyant « presque du meurtre prémédité »

  Voici les paroles exactes de Benoît XVI : « … on ne peut vaincre ce problème du sida seulement avec de l’argent, qui est nécessaire. S’il n’y a pas le cœur, si les africains ne s’y entraident pas, on ne peut résoudre ce fléau avec la distribution de préservatifs : au contraire, cela augmente le problème. » On voit bien que l’idée n’est pas d’affirmer que le préservatif serait sans efficacité, mais seulement de dire qu’il ne saurait suffire à lui seul à vaincre ce fléau s’il n’est pas accompagné d’une éducation à la sexualité responsable. Effectivement, la seule distribution à grande échelle de préservatifs augmente le problème car cela incite, notamment chez les jeunes, à des comportements sexuels irresponsables par lesquels précisément le sida se développe. Et, comme l’explique également Edward C. Green, directeur du Projet de recherche sur la prévention du sida à l’université Harvard aux Etats-Unis, « Le Pape a raison. Il existe une relation systématique, mise en relation par nos meilleures enquêtes, entre l’accès facilité aux préservatifs et leur usage plus fréquent et des taux d’infection par le virus du sida plus élevés et non plus faibles. Cela pourrait être dû en partie au phénomène connu sous le nom de compensation du risque qui consiste à prendre davantage de risques qu’on ne ferait en l’absence de technologie de réduction de risque. »

   Venons-en à cette idée, aujourd’hui bien répandue, d’une interdiction formelle de Jean-Paul II de l’usage du préservatif dans la lutte contre le sida. Celle-ci a été propagée à partir d’une vive polémique déclenchée en France, accusant le Pape de « non-assistance à personne en danger » et, pis encore, d’ « homicide involontaire ». Un député européen français tenta même de faire voter une motion au parlement européen de Strasbourg pour condamner les propos de Jean-Paul II. Le terme de criminel fût parfois employé et, fin 2004, on pouvait lire sur des autocollants à Angers, « Jean-Paul II, sponsor officiel du sida ». A la fin de la même année, Mulhouse était inondé d’affiches géantes représentant Jean-Paul II « responsable de crime contre l’humanité et promoteur mondial du sida ».

  Que s’était-il passé ? Quels propos le Pape avait-il donc tenu ? Ces prises de position faisaient suite à l’un de ses voyages en Afrique et spécialement à la rencontre avec 60.000 jeunes ougandais au stade de Kampala, le 6/02/1993. En fait, une partie de son discours portait sur la vision chrétienne de l’amour et du mariage et indiquait le chemin de la chasteté et de la fidélité. Juste avant de conclure cette partie, il précisa que ce chemin était aussi « l’unique manière sûre et vertueuse pour mettre fin à cette plaie tragique qu’est le sida ». L’ensemble du discours était magnifique et tout entier protecteur de la vie.

  A aucun moment de cette rencontre ni d’ailleurs sur l’ensemble de son pontificat, Jean-Paul II ne parle du préservatif. Il n’a jamais pris l’initiative de faire une déclaration pour interdire l’usage du préservatif. Néanmoins, sa parole dérange. Les vrais motifs de la polémique sont certainement ailleurs. Son enseignement est tronqué. On lui fait dire que la chasteté est l’unique moyen de lutter contre le sida en laissant tomber les termes « sûre » et « vertueuse » ce qui modifie le sens et revient effectivement à exclure le préservatif. Toute la puissance des médias est utilisée pour faire croire que le Pape est intervenu spécialement pour interdire l’usage du préservatif dans la lutte contre le sida. Le journal « Le Monde » est en première ligne dans cette violente entreprise de défiguration et de désinformation concernant la pensée du Pape et de l’Eglise. Comme souvent, il existe un étonnant décalage entre le discours tenu réellement par l’Eglise et les propos qu’on lui fait tenir. On lui reproche de ne pas savoir communiquer mais on fait taire son vrai discours pour lui en substituer un autre. 

  Voici les paroles exactes de cet enseignement qui a suscité tant de remous : 

  « En second lieu, la majeure partie d’entre vous prendra le chemin de la vie dans le mariage. Cela aussi demande une éducation. Vous devez vous préparer au merveilleux engagement du mariage et de la fondation d’une famille, l’union la plus importante de la communauté chrétienne. En tant que jeunes chrétiens, vous devez vous préparer avec soin à devenir de bons époux, de bons parents pour votre famille.

  Pour vous préparer au mariage, votre vocation à la chasteté est essentielle. Je sais que les jeunes refusent l’hypocrisie. Vous voulez être honnêtes avec vous-mêmes et avec les autres. Une personne chaste est honnête. Quand Dieu nous a crées, il nous a donné plus d’une manière de parler entre nous. Non seulement nous nous exprimons par des paroles, mais nous nous exprimons aussi par l’intermédiaire de notre corps. Les gestes sont comme des paroles qui révèlent ce que nous sommes. Les actes sexuels sont comme des paroles qui révèlent notre cœur. Le Seigneur veut que nous usions de notre sexualité selon son projet. Il attend que nous parlions en disant la vérité.

  Le langage sexuel honnête exige un engagement qui dure toute la vie. Donner votre corps à une autre personne, c’est vous donner  tout entier à cette personne. Mais si vous n’êtes pas mariés, vous admettez que vous pouvez changer d’idée dans l’avenir. Le don  total serait donc absent. Sans le lien du mariage, les rapports sexuels sont  un mensonge et, pour un chrétien, mariage signifie mariage sacramentel. 

  La chasteté – c'est-à-dire le respect de la dignité des autres, puisque nos corps sont les temples du Saint Esprit (1Co 6,19) – vous fait grandir dans l’amour des autres et de Dieu. Elle vous prépare à réaliser le don mutuel (cf. Gaudium et spes, 48) qui est à la base du mariage chrétien. Et ce qui est encore plus important, elle vous apprend à aimer comme Jésus aime, en donnant sa vie pour les autres (cf. Jn 15,13).

  Ne vous laissez pas tromper par les mots vides de ceux qui tournent en ridicule la chasteté ou votre capacité à vous maîtriser. La force de votre futur amour conjugal dépend de votre effort actuel pour apprendre le véritable amour, une chasteté qui implique que l’on s’abstienne de tout rapport sexuel en dehors du mariage. Le lien sexuel de la chasteté est l’unique manière sûre et vertueuse pour mettre fin à cette plaie tragique qu’est le sida, que tant de jeunes ont contracté.

  Aidés par la grâce de Dieu dans les sacrements de la pénitence et de l’Eucharistie, soyez forts et tenez bon (Dt 31,6). Le Pape vous invite à vous engager dans cette révolution spirituelle de la pureté du corps et du cœur. Laissez la Rédemption du Christ fructifier en vous ! Le monde contemporain a besoin de ce genre de révolution ! » 

  Les détracteurs du Pape lui ont reproché de ne pas avoir recommandé l’usage du préservatif. Il nous semble, au contraire, que le Pape a agi avec sagesse car de tels propos étaient en cette occasion inutiles et pouvaient par l’exploitation qui en aurait été faite dans le monde entier mettre en danger la vie de nombreuses personnes.  

 Voici les raisons :                                                                                                                                                                                                                                                           

  1) Le Pape n’a rien à apprendre sur les préservatifs que les jeunes ne savent déjà. L’information est largement diffusée et sans cesse répétée. Ils sont venus pour un autre message, celui précisément que la pensée unique occidentale ne veut pas leur donner.

   2) L’Eglise, par l’intermédiaire de nombreux évêques, a déjà parlé du préservatif comme moyen de se protéger pour ceux qui refusent la chasteté et la fidélité. Leurs propos ont été souvent déformés et manipulés pour leur faire dire plus ou autrement qu’ils ne voulaient dire.

  3) Le Pape est conscient que ses paroles sur un tel sujet subiraient le même sort. Il connaît les moyens redoutables des médias pour matraquer l’opinion. Et l’Eglise n’a pas la possibilité de corriger les déformations que son enseignement subirait comme ce fût le cas précisément pour ce discours aux jeunes de Kampala.

  4) L’idéal chrétien de l’amour et du mariage fondé sur la chasteté et la fidélité est en même temps le seul rempart parfaitement efficace contre la transmission du virus dans le domaine de la sexualité. En le  rappelant, Jean-Paul II ne peut que contribuer à sauver des vies.

  5) Maintenant, il nous faut dénoncer le véritable danger, celui de faire croire aux jeunes qu’ils sont en sécurité avec un préservatif. La publicité a souvent dit ou suggéré 100% de fiabilité. En réalité, le préservatif est une prévention à risque. Le danger d’une contamination subsiste et il est assez élevé : entre 10 et 30%. Le risque est plus grand encore dans les pays d’Afrique car l’information pour bien les utiliser passe mal. Une personne atteinte du sida doit savoir qu’elle met la vie de son partenaire en danger. Le préservatif n’est pas une protection absolue. L’amour authentique  commande de s’abstenir de tout rapport sexuel lorsqu’on est porteur du virus. N’oublions pas que l’on recommande aux femmes qui ne veulent pas d’enfants de prendre la pilule et non le préservatif car on sait que sa fiabilité pratique est insuffisante. Or, le spermatozoïde est 450 fois plus gros que le virus en question.

  Sur des tests effectués sur 51000 préservatifs par la « Food and Drug Administration » des Etats-Unis, on a constaté un taux d’échecs de 10% avec des produits américains et de 30% avec des préservatifs importés. Le docteur DIXON, spécialiste du sida, dans son livre Le sida et les jeunes dit : « Je ne confierai pas ma vie à un préservatif ». Interrogé sur les ondes de France-Inter, à propos de la contraception, le docteur JANSE-MAREC, chef du service de la maternité de l’hôpital franco-britannique de Levallois-Perret, notant qu’en France « des idées fausses comme,- le préservatif est un excellent moyen de contraception -, sont véhiculées chez les adolescents », révèle que l’on voit « sans arrêt aux urgences des accidents de préservatif, des demandes d’IVG pour des échecs de préservatif ». Elle ne fait du reste que confirmer l’avis exprimé par le docteur BRUNERIE-KAUFMAN, gynécologue, dans le journal Libération du 11/04/1999, « C’est énorme, le taux de préservatifs qui craquent…le préservatif seul est un mauvais préservatif. » ou celui de Martine AUBRY, à l’époque ministre de la Solidarité, soulignant dans les colonnes du Figaro du 23/07/1999, l’inefficacité du préservatif comme moyen de contraception.

  6) La campagne du « safer sex », du sexe sûr, prend trop souvent l’allure d’une incitation à des relations sexuelles désordonnées et précoces, sans mesure morale et, de ce fait, elle favorise la pandémie du sida au niveau de sa cause fondamentale : la permissivité au niveau du comportement sexuel. Le sida finit par servir d’alibi et le préservatif de justification à la promotion de modèles sexuels par lesquels le virus se transmet beaucoup plus facilement : vagabondage sexuel, expériences multiples, relations de passage, infidélité, sodomie… Dans un rapport à l’Académie Nationale de Médecine, en juin 1996, le professeur MONTAGNIER écrit : « La sodomie est l’équivalent d’une injection intraveineuse du virus ». En effet, la muqueuse rectale résorbe presque tout.  

    Qui est criminel dans cette affaire ?  

  Ne faut-il pas plutôt mettre en cause les accusateurs de Jean-Paul II ? En effet, les criminels sont ceux qui font croire à la population mondiale que le Pape aurait proclamé spécifiquement un interdit du préservatif à propos de la lutte contre le sida, car ce sont eux et non le Pape qui ont fabriqué et répandu cette idée. Et, comme ils le proclament, l’autorité de celui-ci est tellement grande que sa parole peut amener des changements de comportement. La responsabilité est grave aussi du côté de ceux qui font croire aux jeunes que le préservatif apporte une sécurité suffisante. Il y a danger enfin à utiliser les campagnes de prévention tout en faisant en même temps la promotion  de comportements sexuels à risques.

  A l’opposé, il est logique de penser que l’influence de l’Eglise a préservé l’humanité d’un désastre plus grand. La pandémie serait, en effet, plus importante si les millions de femmes et d’hommes qui vivent de nos jours selon les valeurs de la chasteté et de la fidélité avaient eux aussi emboîté le pas de la « libération sexuelle » prônée par la « culture dominante ». 

   Pourquoi Jean-Paul II a  t-il été si vivement attaqué ? 

  Le sida est une maladie contagieuse dépendant essentiellement de comportements sexuels particuliers qui se sont développés à partir de la «  libération sexuelle »  des années 1960-70 en provenance des Etats-Unis. La société est devenue très permissive. Le sida est l’un de ses effets car son développement dépend de circonstances touchant à la culture et à l’évolution des mœurs. On a posé la question suivante au professeur Montagnier, le médecin qui a découvert le virus du sida : « Qu’est-ce qui a donc provoqué cette épidémie ? » Il a répondu par un seul mot : « La pilule ! » puis, il a expliqué que, bien qu’il ne soit pas contre le préservatif, la pilule avait crée tant de promiscuité que le sida avait pris l’allure d’une épidémie (Venezuela, février 1988).

  Les acteurs de cette évolution des mœurs refusent jusqu’à ce jour toute responsabilité et toute remise en cause et préfèrent la fuite en avant en faisant de Jean-Paul II un bouc émissaire de ce fléau alors qu’il enseigne, lui, un style de vie qui ne donne aucune prise au sida. Finalement, ce qu’ils lui reprochent, plus que son silence sur le préservatif, n’est-ce pas plutôt ce qu’il a le courage de dire à propos de l’honnêteté, de la vertu et de la pureté ?  En jetant l’opprobre sur le Pape, ils détournent l’attention et font ainsi oublier leur propre égarement.

  Un autre facteur qui a joué dans cette campagne est le refus par beaucoup de l’enseignement de l’Eglise présentant la contraception comme un mal moral et donc comme une pratique illicite contraire à la vérité sur l’amour. On a essayé à travers  ces évènements de faire pression sur elle pour qu’elle remette en cause cet enseignement. Cela n’est pas possible explique Jean-Paul II car, « il appartient au patrimoine permanent de la doctrine morale de l’Eglise » –Allocution du 14/03/1988 – et « qu’il a été inscrit par la main créatrice de Dieu dans la nature même de la personne humaine » - Allocution du 12/11/1988 - . 

  La baisse du sida en Ouganda témoigne en faveur de Jean-Paul II 

  L’Ouganda est, en effet, l’un des seuls pays d’Afrique et d’Asie à avoir enregistré une diminution des cas d’infection par le virus. La prévalence du virus est passée de 12,87 en 1991 à 5 en 2001. Le Nouvel Observateur du 27/11/2003 indique que les citadines de 20-24 ans porteuses du VIH sont passées de 38%  en 1990 à 8% en 2002. Le Père George-Marie LOIRE, grand acteur de la lutte contre le sida en Afrique noire, précise que « Les ougandais ont fait reculer le sida en pratiquant la chasteté et la fidélité. Les occidentaux devraient en faire autant. » - Famille chrétienne du 7/06/2003 -. 

  L’action de l’Eglise contre le sida  

  Au terme de ces remarques au sujet d’une polémique qui a laissé beaucoup de traces, il est utile de rappeler l’intervention de Mg. BARRAGAN à l’Assemblée Générale de l’ONU sur le sida, le 27/06/2001, «  L’Eglise catholique assure 25% du total des soins donnés aux malades du sida dans le monde entier, ce qui l’accrédite comme le meilleur soutien des Etats dans la lutte contre cette maladie. »

  

                                 

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