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Eglise, vérité et humanité
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30 août 2015

EN SAVOIR PLUS SUR LE BLOGUE

  L'animateur de ce blogue est professeur de philosophie et catholique. Il a également  approfondi la théologie en se fondant spécialement sur le magistère de l'Eglise. Il s'appuie sur la raison et la foi. Il considère que ses opinions doivent s'effacer dans tous les domaines au contact des vérités. Confronté régulièrement à des questions, objections et critiques au sujet notamment de l'Eglise, il a consacré beaucoup de son temps à travailler tous ces points qui font difficulté à propos de la foi, de la Bible, de la religion, de la morale, de la science, de l'histoire de l'Eglise. Ces travaux ont souvent été utilisés par lui-même pour animer des groupes de réflexion, spécialement auprès des jeunes.

  Cédant à des sollicitations répétées, il a décidé de franchir le pas pour diffuser plus largement le fruit de son travail et de ses recherches.

  Le nom du blogue "Eglise, vérité et humanité" exprime plusieurs choses. Tout d'abord, il indique que la plupart des articles concerne de près ou de loin l'Eglise. Les sujets abordés ne sont pas cependant exclusivement religieux. Ils peuvent aussi porter sur l'homme et la société. Le terme vérité est là pour signifier une exigence, un souci constant mais aussi un amour de toute une vie. La vérité est au service de l'homme. Nous arrivons ainsi au troisième terme qui manifeste la finalité ultime, le bien de l'homme. Ce blogue veut concourir à la recherche de la vérité sur l'Eglise et sur l'homme.

 Quel est donc le lien entre Eglise et humanité ? L'auteur du blogue dans sa quête de la vérité et du bien a beaucoup reçu de la philosophie, mais il a reçu encore plus de l'Eglise. Il a fait concrètement l'expérience que l'Eglise est source de vie et de lumière pour le coeur et l'intelligence. Il n'hésite pas à comparer l'Eglise à une Mère qui aide à accomplir sa propre humanité.

 Nom de l'animareur : Stanislas Grymaszewski

  Il est possible de s'abonner au blogue pour recevoir les nouveaux articles et de laisser des commentaires qui seront lus attentivement.

 

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30 août 2015

L'HOMME DESCEND-IL DU SINGE ?

   A strictement parler, l’affirmation « l’homme descend du singe » n’est pas correcte. Elle induit facilement en erreur en faisant croire que l’ancêtre immédiat de l’homme est un singe, que le premier homme lui-même est très proche du singe, qu’il y a donc eu des singes plus ou moins hommes et des hommes pas entièrement hommes. De là à penser que certains parmi nous sont plus proches du singe et moins homme que d’autres, il n’y a qu’un pas. Pourtant, la science a bien montré l’unité de notre espèce malgré la diversité des races. 

  En outre, d’un point de vue chrétien, cette expression ne tient pas compte que l’homme est créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu » par son âme spirituelle. Elle peut donc participer à faire perdre de vue la dignité attachée à l’être humain en tant que tel. 

  L’ancêtre immédiat de l’homme, selon l’hypothèse de l’évolution, n’est pas l’un des grands singes actuels (chimpanzé, gorille, orang-outan) car nous savons toujours selon la même hypothèse que leur lignée et celle qui a abouti à l’homme se sont séparées à partir d’un ancêtre commun il y a plusieurs millions d’années (entre 5 et 40 selon les versions extrêmes). 

  Depuis les années 1970, les généticiens ont établi qu’il fallait 12 à 15 remaniements chromosomiques pour passer d’un caryotype de singe actuel à un caryotype d’homme. Cela oblige donc à envisager toute une série d’espèces distinctes pour passer de l’ancêtre commun aux singes et aux hommes à l’homme lui-même. La paléontologie nous avait déjà révélé que plusieurs êtres différents s’étaient succédé : ramapithèque, australopithèque, habilis, erectus, sapiens. Il y a certainement beaucoup à découvrir sur cette succession et peut-être même quelques chaînons manquants. 

  Entre le singe et l’homme, selon l’hypothèse de l’évolution, plusieurs espèces distinctes se sont ainsi succédé, constituant comme des étapes, des intermédiaires, des ébauches avant que l’homme véritable n’apparaisse à son tour. L’ancêtre immédiat de l’homme est donc un être fort éloigné du singe actuel mais pas encore humain. Il peut s’agir de l’homo erectus. 

  A. Leroi-Gourhan, « Le Geste et la Parole » (1964), p. 166 :

« Les faits montrent que l’homme n’est pas […] une sorte de singe qui s’améliore […], mais, dès qu’on le saisit, autre chose qu’un singe. »

 

 

 

26 août 2015

LE MOT RACE DOIT-IL DEVENIR TABOU ?

   L’espèce humaine provient d’une origine unique que l’on peut faire remonter à 50 000 ou 100 000 ans, on ne sait trop. Depuis, la descendance humaine s’est éparpillée aux quatre coins de la terre ce qui a entraîné des différenciations entre les populations. Ce phénomène porte le nom de raciation. Chez l’homme, il n’a pas pu atteindre une grande ampleur car l’isolement des populations a été très relatif et d’une trop courte durée. Il a quand même permis l’émergence de ce que l’on a appelé les races blanches, noirs et jaunes et aussi la formation de groupes raciaux plus précis tels les esquimaux ou les pygmées, par exemple. Cette variation à l’intérieur de l’espèce humaine ne brise nullement son unité. Tous les individus sont interféconds. Les différences raciales ne peuvent permettre de douter de l’égale dignité entre les hommes.

  Des théoriciens ont fait l’hypothèse qu’il existait peut-être des gènes propres à chaque race. Ils ne les ont pas trouvés. On a donc renoncé à parler de races humaines au sens strict. La génétique nie aujourd’hui qu’il existe des races parfaitement distinctes d’autres races et réfute toute idée de classification rigoureuse entre elles. Il n’y a pas de races au sens de groupes étanches définissables par un ensemble de caractères physiques invariables et étendus à toute une population permettant un classement sans ambiguïté.

  Certains veulent aller plus loin et bannir le mot « race » du langage comme si ce terme était devenu une insulte. Cependant à vouloir faire dire à la science plus qu’elle ne dit, on finit par heurter le bon sens et la vérité des faits. Le terme « race », au sens large, désigne bien une réalité que nous expérimentons. A l’œil nu, on observe que les différences n’existent pas seulement entre les individus, mais aussi entre les populations. Ces différences concernent la couleur de la peau, le visage, la taille … à tel point qu’on distingue aisément un patagon d’un chinois, un scandinave d’un africain. Le terme « ethnie » qu’on veut substituer à celui de « race » est insuffisant puisqu’il concerne les différences culturelles et n’exprime en rien les différences physiologiques. Précisément la génétique ne nie pas qu’il existe des constantes géniques dominantes dans les populations, que les fréquences d’allèles sont différentes d’un groupe à l’autre et qu’il peut aussi exister des gènes distincts entre deux groupes donnés. Ainsi les juifs et les arabes ont un y plus grand que celui des autres caucasiens – cf. COHEN (USA) et LEJEUNE (France)-

  L’association races-racisme n’est pas admissible et ne sert pas la cause du respect que l’on doit à tout homme. Plutôt que d’occulter les différences raciales qui peuvent exister entre les populations de la terre en créant un nouveau tabou, n’est-il pas préférable de se réjouir de cette diversité et en admirer la beauté ?

 

 

25 août 2015

LIBERTE DE CONSCIENCE : PIE IX ET JEAN XXIII SE CONTREDISENT-ILS ?

  C’est ce que soutient Yves Chiron dans l’article « la controverse des bienheureux », paru dans le numéro de septembre 2000 de la revue Spectacle du Monde : « impossibilité de concilier la doctrine des deux nouveaux bienheureux ». Il est vrai que la plupart des commentateurs se sont plu à opposer les deux papes au sujet de la liberté de conscience, l’un l’ayant condamnée au siècle dernier, l’autre ayant affirmé le droit à la liberté religieuse au travers du Concile Vatican II. Le choix de Jean-Paul II de célébrer le même jour les deux papes est cependant une invitation à unir et non à opposer. Et cela est possible. En effet, la liberté de conscience condamnée par Pie IX ne correspond pas à la liberté religieuse défendue par le Concile Vatican II.

 

  Pour comprendre et interpréter correctement la condamnation de Pie IX, il est nécessaire de prendre en compte le contexte historique, culturel et doctrinal de l’époque, antichrétien et marqué par le relativisme. La déclaration du pape vise en fait les présupposés philosophiques de l’indifférentisme « tout se vaut », du libéralisme et du rationalisme « il n’y a pas d’ordre objectif au-dessus de l’homme ». Ces présupposés ont pour conséquence que la conscience n’est soumise à aucune loi devant Dieu. Le Concile Vatican II n’est pas venu remettre en cause ces enseignements. Au contraire, dans « Dignitatis humanae » ch. 2, on peut lire que «  les hommes ont le devoir de chercher la vérité, celle tout d’abord qui concerne la religion. Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu’ils la connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette vérité ».

 

  Avec Jean XXIII et le Concile Vatican II, une étape nouvelle est franchie. Cependant, il ne s’agit pas d’une remise en cause, mais plutôt d’un complément. Ce développement de l’enseignement de l’Eglise tient compte lui aussi d’un contexte culturel et politique particulier marqué par les totalitarismes (communisme, nazisme, fascisme). Il s’agit maintenant de protéger la conscience contre l’Etat totalitaire. L’Eglise met donc l’accent sur la dignité de la personne et sa vocation à chercher Dieu et la vérité sans contrainte. Il s’agit de ce que l’on appelle un droit négatif : celui de ne pas être contraint à agir contre sa conscience. Cela ne signifie pas que les religions se valent ni que l’erreur est un droit. Le document de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, « Dominus Jesus », apporte un éclairage à cette question. Il rappelle, en effet, que Jésus est l’unique Sauveur de toute l’humanité et que l’Eglise du Christ existe en plénitude dans la seule Eglise catholique. La liberté religieuse est avant toutes choses un devoir de vraie liberté, celui de chercher Dieu.

 

  Au XIXème siècle, l’Eglise défendait l’homme contre l’indifférentisme, le relativisme et le rationalisme ; au XXème, elle le défendait contre le totalitarisme. La synthèse peut être exprimée ainsi : il ne peut y avoir de contrainte extérieure pour adhérer au vrai et au bien, mais il y a une obligation morale à les chercher et à y être fidèle.

 

24 août 2015

PETIT APERCU DE L'APPORT DE L'EGLISE A L'EUROPE ET A L'HUMANITE

  Notre société serait plus dure aujourd’hui et moins juste s’il fallait retirer d’un coup de baguette magique ce qu’elle doit au rôle civilisateur de l’Eglise qui a travaillé depuis 2000 ans à former les esprits et les cœurs. C’est elle qui est à l’origine des deux piliers de la civilisation : l’amour et le respect de la personne humaine, car Dieu-Trinité est « Amour » et l’homme a été créé « à son image ». Ces « vérités révélées » sont devenues le fondement de la dignité inviolable de la personne humaine.  C’est ici que les idées de fraternité, d’égalité et de liberté et des Droits de l’homme trouvent leur source.  Régis Debray, auteur non chrétien, rapporte dans un ouvrage récent que le mot fraternité est un mot latin apparu au IIe siècle chez les auteurs chrétiens par la grâce d’un « Dieu Un qui nous en a fait don en nous créant à son image » (Le Moment fraternité, Gallimard, 2009).  L’humanisme et la démocratie reposent à la fois sur la culture gréco-latine et sur l’héritage judéo-chrétien. A l’Eglise, on doit la lutte pour le respect de la vie. C’est elle qui recueillait à Rome les bébés qu’on abandonnait sur la place publique. L’infanticide, spécialement des petites filles, était une chose habituelle dans l’Empire romain. L’Eglise a mis fin à cette pratique. Aujourd’hui encore, elle défend la vie à naître.

  Les moines ont défriché l’Europe. Ils ont fondé les écoles et les hôpitaux. On ne compte plus les congrégations religieuses qui se sont dévouées pour l’instruction, les soins aux malades, aux vieillards, aux orphelins et l’assistance aux plus pauvres, jusque dans les pays lointains.  La civilisation chrétienne a été la première civilisation non esclavagiste. L’esclavage, en effet, a disparu progressivement au cours du Moyen-Age pour réapparaître à la Renaissance.

  Au cours de la même période, l’Eglise a libéré la femme de sa condition d’infériorité, héritage de l’Antiquité, pour l’amener au rang d’une égale dignité avec l’homme, rang qu’elle perdra là aussi avec le phénomène de déchristianisation qui s’amorce à la Renaissance.  Le mariage chrétien, en impliquant  1°) l’égalité de dignité entre l’homme et la femme « Il n'y a plus ni homme ni femme ... » 2°) la monogamie 3°) le libre choix des partenaires 4°) leur consentement mutuel 5°) l’acceptation de la responsabilité conjugale et parentale dans la fidélité, a été source d’un grand progrès humain, mais il a fallu attendre plusieurs siècles pour que l’on puisse enfin se marier par amour. Si les décrets du Concile de Trente (1563) furent refusés en France, c’est précisément parce qu’ils réaffirmaient la liberté totale du consentement des époux et leur égalité.

  N’oublions pas l’institution de la Chevalerie et l’invention de la « Paix de Dieu » au début du XIe siècle, pour lutter contre les guerres privées, l’apport de l’Eglise dans les domaines de la spiritualité, de la culture et de l’art.  N’oublions pas également que les sciences expérimentales ont jailli et se sont développées exclusivement en Europe à partir du XVIe et du XVIIe siècle, ce qui a fait dire à Paul Valéry que « le christianisme a couvé la science ».  Terminons par l’image du roi Louis IX (St Louis) participant chaque jour à la messe et nourrissant lui-même les pauvres. 

  Aujourd’hui, dans le monde entier, l’Eglise est la principale institution non étatique à œuvrer en faveur des plus démunis. A titre d’exemple, en Afrique, elle fournit 42% des structures sanitaires et en Ethiopie 1% de catholiques fournit 90% de l’aide sociale du pays (N. Buttet, Fam. Chr. du 1/04/2017). Mentionnons également cette déclaration de Mgr Barragan à l’ONU du 27/06/2001 : « L’Eglise catholique assure 25% du total des soins donnés aux malades du sida dans le monde entier, ce qui l’accrédite comme le meilleur soutien des Etats dans la lutte contre cette maladie. »

  Notre propos est simplement de montrer que les fruits de la foi chrétienne peuvent être reconnus par la raison et susciter la sympathie et, pourquoi pas, l’admiration et la gratitude par les incroyants eux-mêmes.

 

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23 août 2015

LE SENS DES SACREMENTS

 

La triple finalité des sacrements

 

« Les sacrements ont pour fin de sanctifier les hommes, d’édifier le Corps du Christ, enfin de rendre le culte à Dieu. » Concile Vatican II, S.C. 59

  

Il convient de découvrir les sacrements à l’intérieur d’un dessein de Dieu

 

Ce dessein, c’est l’Alliance avec les hommes. Dieu cherche à faire alliance :

 

  1. Pour faire de nous ses enfants par adoption.

 

  1. Pour que nous soyons saints comme Lui est saint.

 

  1. Pour que nous ayons en héritage la vie éternelle.

 

Ainsi, Il manifeste son Amour pour nous. Les sacrements sont les temps forts de cette alliance. Ils sont des moyens, des étapes :

 

  1. Pour nous établir dans cette alliance (baptême).

 

  1. Pour nous faire grandir dans cette alliance (Eucharistie, confirmation).

 

  1. Pour nous renouveler dans cette alliance (pénitence). 

 

Ils nous aident sur le chemin qui conduit à la Maison du Père. 

 

Les sacrements ont une triple dimension par rapport au temps

 

  1. Une dimension historique : ils prennent appui sur ce que Dieu a promis dans le passé et que le Christ a réalisé

 

  1. Une dimension actuelle : ils nous donnent aujourd’hui la grâce pour progresser vers la sainteté.

 

La Grâce, c’est la vie divine, c’est l’Esprit de Dieu qui agit dans notre vie. Par exemple, j’ai reçu une force d’amour pour pardonner à quelqu’un, j’ai été éclairé pour prendre une décision.

 

  1. Une dimension eschatologique : ils nous préparent à la plénitude de la vie en Dieu.

« Vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Mt 5, 48

  

16 août 2015

POUVOIR ABSOLU DE L'EGLISE ?

  En s’appuyant sur l’idée que l’Eglise était autrefois toute-puissante, un certain nombre de personnes rendent volontiers celle-ci responsable de tout ce qui a été négatif dans le passé. Pourtant, l’Eglise n’était pas seule à l’œuvre. D’une part, il y avait les mœurs préchrétiennes toujours plus ou moins présentes. Ensuite, il faut prendre en compte la faiblesse de la nature humaine qui concerne les chrétiens comme les autres hommes. Egalement, ce n’est pas parce qu’une société est dite chrétienne que tous les baptisés se tournent en vérité vers le Christ pour se laisser transformer en profondeur par la grâce. Enfin, l’Eglise est en permanence confrontée à des puissances temporelles : seigneurs, rois, empereurs, chefs d’Etat, qui entravent son action, et s’immiscent dans ses affaires internes jusqu’à son plus haut sommet. Il faut savoir qu’un grand nombre  d’abbés, d’évêques ont été installés par les puissances temporelles  et non par l’Eglise. Il y a une multitude d’exemples à cet état de fait. En voici une liste très partielle. Nous espérons qu’elle aidera à prendre conscience que l’Eglise n’avait pas cette liberté et ce pouvoir absolu qu’on lui prête si souvent.

 

  -  Au IVe s, les empereurs imposent des évêques ariens. L’empereur Constantin demande à Athanase, évêque d’Alexandrie, d’admettre à nouveau Arius dans l’Eglise. Athanase refuse. En 335, les partisans d’Arius réussissent à faire déposer Athanase au Synode de Tyr. Il part en exil à Trèves et ne pourra retrouver son siège épiscopal qu’après la mort de Constantin en 337.     

  -  En 404, l’empereur Arcadius chasse Jean Chrysostome, le plus célèbre prédicateur de l’Orient, de son siège de patriarche de Constantinople et l’envoie en exil.

  -  Les rois, à l’exemple des empereurs byzantins dirigent très tôt l’Eglise. Ainsi, en 511, Clovis réunit un concile à Orléans et se présente comme le chef de l’Eglise de Gaule. Ses successeurs continuent à réunir des conciles avec l’accord des évêques. Ces derniers ne peuvent qu’approuver car ils sont nommés par le roi. Ce sont souvent d’anciens fonctionnaires qui ont fait leurs preuves à la cour. (Hist. Christ. n°2, p.82)

  -  Justinien, empereur romain d’Occident (527-565), fait arrêter le Pape.

  -  Dès son élection au siège de Rome, Martin Ier s’oppose à l’empereur byzantin à propos du monothélisme (une seule volonté dans le Christ). Le 19 juillet 653, le pape est arrêté dans la basilique de Latran où il s’était réfugié. Après un voyage au cours duquel on le brutalise, puis un emprisonnement de trois mois, il est soumis à un procès politique pour rébellion contre l’empereur. Il est envoyé ensuite en exil en Crimée où il meurt en 655, brisé par les épreuves dues à sa résistance face à l’ingérence impériale dans les affaires de la foi.

  -  A Rome, le Xe s. est une période très troublée. Entre 896 et 904, huit papes sont assassinés ou emprisonnés. Dans les premières décennies du siècle, l‘aristocratie romaine prétend défendre ses prérogatives sur l’institution pontificale (HC n°3, p.8)

  -  Otton Ier, couronné empereur en 962, associe étroitement l’Eglise à son gouvernement en investissant les évêques qu’il choisit du pouvoir de commandement sur leurs terres. Il contrôle l’élection pontificale et dépose plusieurs papes qu’il juge indignes (HC n°2, p. 102)

  -  Otton III place sur le siège pontifical son ancien maître, Gerbert d’Aurillac, qui a pris le nom de Sylvestre II. Tous deux meurent en 1002.

  -  XIe s. Les princes investissent des évêques sans demander l’avis de Rome. Le pape Grégoire VI est exilé. L’empereur Henri IV veut déposer le nouveau pape Grégoire VII. Il est excommunié. L’empereur se soumet, puis se ravise. Il occupe Rome, fait élire un antipape. Grégoire VII meurt en exil en 1085 (Fam. Chrét. N°1146, p.8).

  -  XIe s. L’Eglise est de fait aux mains des laïcs nobles qui nomment curés, évêques et abbés sans souvent se soucier de leur valeur morale et spirituelle. Quant au pape, il tend à devenir le chapelain du Saint Empire Germanique (H.C. n°3, p.19).

   -  XIIe s. Rébellion contre le pape Alexandre III, de l’empereur allemand Frédéric Barberousse (1152-1190) qui rêve de dominer l’Europe. Il suscita contre l’Eglise des papes, des antipapes, chassa par les armes le Souverain Pontife de Rome et le força à vivre plusieurs années en exil. Il se moqua des excommunications, fomenta des schismes et tenta d’asservir entièrement le clergé au pouvoir civil. Six guerres successives. C’est au fil de cette querelle que la papauté a forgé son pouvoir partiellement temporel par nécessité politique. (Jean Guiraud, L’Inquisition médiévale, page 76)       

  -  L’évêque de Cracovie, Stanislas, est assassiné d’un violent coup d’épée en 1079 au cours d’une messe par le roi Boleslas II lui-même pour avoir osé pris position contre ses mœurs dissolues, notamment des rapts et des viols et pour l’avoir excommunié.

  -  Henri II, roi d’Angleterre, veut utiliser Thomas Becket pour asseoir sa politique et sa prédominance sur l’Eglise. Celui-ci s’oppose aux prétentions royales afin de maintenir les droits du pape. Il est assassiné en 1170 (H.C. n°3, p.12).

  -  Johannes Joergensen, l’un des premiers biographes de François d’Assise rappelle que « ni le siècle de la Réforme ni l’époque de la Révolution n’ont été plus hostiles au pape et à l’Eglise que les premières années du XIIIe siècle » : le pape est insulté, outragé, tantôt enfermé chez lui, tantôt expulsé de Rome ; à Assise même les habitants préfèrent incendier la citadelle impériale plutôt que d’y voir le pontife. Le calendrier chrétien a été remplacé, les sectes et les hérésies se répandent partout  (d’Orcival, Valeurs Actuelles du 21/03/13).

  -  Depuis longtemps, au XIIIème siècle, les papes évitaient de résider à Rome même à cause des menaces que les nobles romains faisaient peser sur eux.

  -  Frédéric II, empereur germanique de 1212 à 1250, est excommunié en 1227, puis en 1239.

  -  L’empereur tend à outrepasser son rôle traditionnel de protecteur de la papauté puisqu’il nomme quasiment seul le successeur de Pierre. La lutte de la papauté pour recouvrer son indépendance est longue, confuse et parfois violente. L’investiture laïque qui permet aux empereurs de nommer évêques et abbés et qui empêche les papes de choisir leurs représentants débouche sur la Querelle des Investitures. Il faut attendre 1254 pour que le pape Innocent IV soit considéré comme le véritable chef de la chrétienté (H.C. n°3, p.20).

  -  Le 7/09/1303, le chancelier de Philippe le Bel, Guillaume de Nogaret, fait gifler le pape Boniface VIII à Anagni. Moralement abattu et accablé, celui-ci trépasse quelques jours plus tard.

  -  Oct.1303, un nouveau pape est élu. Il est contraint de quitter Rome tombée aux mains des Colonna.

  -  Philippe le Bel impose un candidat français, Clément V, en 1305. De puissance rivale qu’elle était, la papauté devient alors l’alliée du roi de France (procès des Templiers, installation du pape en Avignon).

  -  Le pontificat de Jean XXII (1316-1334) est marqué par une reprise de la lutte contre l’Empire germanique. Louis de Bavière investit Rome les armes à la main et y impose un éphémère antipape à sa botte, Nicolas V.

  -  La diminution de puissance que subit la papauté pendant son séjour à Avignon, et bien plus encore pendant le grand schisme (1378-1417), accentua l’asservissement de l’Inquisition à la monarchie des Valois. (Jean Guiraud, L’Inquisition médiévale, page 229)

  -  Le procès de Jeanne d’Arc (1431) est un procès voulu par le pouvoir politique. Les religieux utilisés étaient à la solde des anglais et des bourguignons.

  -  XVe s. Les souverains européens cherchent à créer des églises nationales dont ils auraient naturellement pris la direction (H.C. n°3, p. 81)

  -  Louis XII lance en 1510 une violente campagne contre le pape dans une « Assemblée de l’Eglise gallicane », tenue à Tours. L’année suivante, il réunit un concile schismatique à Pise, puis à Milan, chargé de mettre au pas le Pontife légitime.

  -  En 1527, l’armée de Charles Quint envahit et pille Rome. 147 gardes suisses sont tués en protégeant Clément VII.

  -  En 1532, François Ier, menace le Pape d’un concile général, d’une intervention armée en Italie et d’un embrasement universel en Allemagne s’il ne décide pas en faveur du divorce d’Henri VIII.

  -  Henri II, en 1551, interdit aux évêques français de se rendre au Concile de Trente. Il appelle les flottes turques sur les côtes des Etats de l’Eglise pour qu’elles l’aident à obtenir la soumission du pape.

  -  Entre 1673 et 1693, conflit entre Louis XIV et Innocent XI au sujet de la régale, droit qu’avait le roi de France de toucher les bénéfices des évêchés vacants et d’y faire les nominations ecclésiastiques. Le roi étend arbitrairement ce droit à tous les évêchés du royaume. Le pape refuse de donner l’investiture aux évêques présentés par louis XIV.

  -  Thomas More est décapité en 1532 pour s’être opposé à Henri VIII, roi d’Angleterre, dans l’affaire de son divorce.

  -  Joseph II, empereur germanique (1741-1790) met l’Eglise sous tutelle sans tenir compte des droits du Saint-Siège. Les religieux et les moines sont jugés inutiles (= Joséphisme). Les ordres contemplatifs sont chassés de Bohême.

  -  En France, les dérives du gallicanisme font que la hiérarchie religieuse est associée et soumise au pouvoir politique.

  -  Sous le Directoire, la France envahit les Etats de l’Eglise (1797). En 1798, Pie VI est arrêté et exilé à Valence où il meurt l’année suivante.

  -  En 1801, Concordat entre Napoléon et Pie VII. Les évêques sont désignés par le gouvernement et nommés par le chef de l’Etat. Le pape leur accorde l’investiture canonique.

  -  Ne pouvant obtenir le droit de nommer les évêques sans recourir au pape, Napoléon envoie Pie VII en captivité de 1809 à 1814. En 1811, par un concile, il soumet les évêques français qui doivent alors entériner la désignation des évêques par l’Empereur.

  -  1905 : la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, en mettant fin au Concordat de 1801, accorde au pape une liberté dans la nomination des évêques dont il n’avait jamais joui auparavant.

 

16 août 2015

CELIBAT DES PRETRES : REPONSE AUX OBJECTIONS

1)      Faut-il penser que l'ordination d'hommes mariés n'est qu'une question de temps et que l'Eglise attend parce que les chrétiens ne sont pas encore mûrs pour le changement ?

Rien dans l'enseignement de l'Eglise ne permet de penser qu'il y aura un jour un changement. Au contraire la Tradition Vivante de l'Eglise n'a cessé d'accentuer toujours davantage le lien entre sacerdoce et célibat. La Tradition, guidée par l'Esprit Saint aurait-elle fait fausse route ? Il n'est pas juste de faire croire que la loi du célibat sacerdotal repose sur des raisons liées à l'époque. Le choix de l'Eglise dépend de raisons fondamentales qu'il faut faire connaître.

 

2)       A notre époque, la notion de célibat n'est-elle pas dépassée ?

Le célibat sacerdotal n'est pas lié à une époque, mais à la signification profonde d'une vocation qui garde sa valeur et ses exigences en tous lieux et en tous temps.

 

3)       Le célibat n'est-il pas un handicap pour comprendre parfaitement les  problèmes des couples et des enfants

Le prêtre n'est pas coupé de la vie. Il est au contact des enfants et des couples et bénéficie d'une expérience peu commune en ces domaines par de nombreux témoignages.

Il est évident que le prêtre perd quelque chose par le célibat mais il gagne ainsi tellement plus qu'il n y a pas à avoir de regret mais plutôt à rendre grâce pour ce don. Et puis, s'il était nécessaire de passer par un état de vie pour le comprendre, le prêtre devrait aussi être célibataire pour les célibataires, chômeur pour les chômeurs, handicapé pour les handicapés... Au contraire, le célibat donne au prêtre un coeur libre et ouvert pour accueillir toutes les personnes avec leurs souffrances et avec leurs joies.

 

4)       Les apôtres n'étaient-ils pas mariés ?

Les Evangiles ne parlent jamais d'épouses ou d'enfants à propos des Douze, même s'ils nous apprennent que Pierre, avant d'être appelé par Jésus, était marié. Cependant les textes ne parlent jamais de son épouse. On peut penser qu'il était veuf, donc libre pour suivre Jésus. En outre, la réponse des disciples paraît immédiate pour suivre le Christ. On peut penser que s'ils avaient été mariés ils auraient dû obtenir au préalable l'accord de leur conjointe.

De toute façon, à partir du moment où les apôtres suivent Jésus, ils ne mènent pas une vie de famille. Ils s’engagent totalement et définitivement. Ils partiront par deux pour évangéliser. Ils n'ont donc pas assumé en même temps, d’après ce que nous savons, une vie familiale et leur mission d'apôtre.

  

5) Le manque de prêtres ne devrait-il pas amener l'Eglise à changer d'attitude ?

C'est une idée répandue que l'admission au sacerdoce d'hommes mariés pourrait résoudre le problème du manque de vocations. Pourtant là où le mariage des prêtres a été admis, comme c'est le cas dans les Eglises orthodoxes ou protestantes, ou encore chez les moines bouddhistes en Corée du Sud, la situation ne s'est pas améliorée. La réalité des faits est illustrée par quelques chiffres : l’Eglise anglicane d'Angleterre a des milliers de  postes vacants. L'Eglise luthérienne d'Oldenburg en Allemagne compte seulement 200 pasteurs pour 583 000 fidèles, Alors que l'Eglise catholique de la même région compte 362 prêtres pour 216 000 fidèles.

Le manque de prêtres n'est pas une fatalité. Cette situation n'est pas nouvelle dans l'histoire de l'Eglise. En fait, la reprise, est amorcée depuis l'année 1978 et s'amplifie sans cesse d'année en année à tel point que depuis 1986, le nombre d'ordinations des prêtres diocésains est supérieur à celui des décès. Le nombre d'ordinations est passé de 5 781 en 1980 à 7 251 en 1987 et le nombre de séminaristes de 62 670 en 1978 à 96 155 en 1990 et à 116 000 en 2009.

 

6) L'ancienne tradition de l'Orient qui ordonne des hommes mariés ne  met-elle pas en cause la tradition de l'Eglise latine ?

La discipline de la continence des clercs ne différa officiellement pour l'Orient qu'à partir du concile de Constantinople, dit in Trullo, en 692. Dans un clair esprit d'opposition à Rome, celui-ci relâchera l'antique tradition en acceptant que la continence exigée des clercs « qui touchent au saint Mystère » devienne seulement « quand ils touchent au saint Mystère ». Pourquoi cette nuance byzantine ? Parce que les prêtres d'Orient, à la différence de ceux d'Occident, n'avaient pas pour habitude de célébrer la messe tous les jours. Elle confirme aussi de manière implicite le fondement doctrinal de la continence des clercs : c'est au nom de la génération surnaturelle du Royaume éternel, et nullement par mépris du mariage, qu'ils s'abstiennent de toute oeuvre de génération selon la chair. Le prêtre engendre les hommes dans le Christ en vue du Royaume. Etre consacré pour une si grande génération, celle du Royaume, entraîne une exclusion de l’autre génération, celle selon la chair.

 

7) Certains évêques ne sont-ils pas favorables à l'ordination d'hommes  mariés ?

Il peut arriver que des évêques expriment cette position mais ils sont très minoritaires. Le Synode des évêques de 1990 sur la formation des prêtres a confirmé le maintien du célibat. Jean-Paul II le rappelle dans l’exhortation apostolique Pastores dabo vobis de 1992 au n°29 : « Le Synode ne veut laisser aucun doute dans l’esprit de tous sur la ferme volonté de l’Eglise de maintenir la loi qui exige le célibat librement choisi et perpétuel pour les candidats à l’ordination sacerdotale, dans le rite latin. » 

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

9 août 2015

AVORTEMENT : J'AI ETE UN EMBRYON

                                                                                    

 A quoi reconnaître qu’un être est un être humain ?

  De nombreuses réponses ont été avancées : la taille : un fœtus serait trop petit ; l’âge : dix, douze, vingt semaines, ou plus, avant la naissance, selon les avis ; le fait d’être désiré ; la reconnaissance par autrui ; le fait d’être conscient ; l’autonomie ; la possibilité d’une relation avec autrui. Mais alors, dans ces conditions, un bébé de quelques semaines, un autiste, un malade mental, un grabataire, un exclu pour tel motif social, racial, médical, ne méritent plus d’être traités comme des êtres humains ! Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose d’extrêmement scandaleux à décider par soi-même, en fonction de ses vues qui est humain et qui ne l’est pas ? Tous les critères énumérées précédemment sont arbitraires, discriminatoires et sans fondement. Il n’y a qu’une seule réponse objective qui puisse s’imposer à la raison, nous semble-t-il, de façon logique et irréfutable : 

                   Tout être vivant qui appartient à l’espèce humaine possède la nature humaine et est un être humain

  Il n’y a aucune exception. Tout membre de notre espèce possède la nature humaine et doit donc être traité comme une personne. Cette nature humaine est fondée biologiquement sur le caryotype commun à toute l’espèce. A cet individu unique de notre espèce s’applique la dignité attachée à la nature humaine et on doit dès lors lui reconnaître les droits de l’homme qui en découlent avec en premier lieu le droit à la vie.

 

Quand commence un être humain ?

  L’homme débute au moment où toute l’information nécessaire et suffisante se trouve rassemblée. Ce moment est la fécondation. 

  Lorsque l’ovule est fécondé par le spermatozoïde, un nouveau vivant existe et ce nouveau vivant est un individu appartenant à l’espèce humaine. Cette première cellule appelée zygote a été le point de départ dans la vie de chacun d’entre nous. Le moment de la conception est vraiment le moment de notre venue à l’existence. Tout ce que nous deviendrons ultérieurement physiquement trouve son origine ici. La génétique et la biologie moléculaire nous ont démontré que, dès la fécondation, l’œuf contient toute l’information nécessaire à son plein développement. Son information constitutive est complète. Plus rien ne sera ajouté à son programme. La science a révélé qu’il y a continuité de développement de la conception jusqu’à la naissance.

   A la conception, une vie nouvelle et unique est là avec la totalité de son patrimoine génétique. C’est le même être de la conception  à la mort. Professeur Jean-François Mattei : « Comme avant lui l’œuf fécondé et, après le fœtus, le nouveau-né, l’enfant, l’adolescent, l’adulte et la personne âgée, l’embryon n’est qu’à un moment donné l’expression morphologique d’une seule et même vie. » -Le Monde, 12/10/1993-

 

L’embryon est-il est un être humain ? 

1 : Tout être possédant la nature humaine est un être humain.

2 : Or, l’embryon humain possède la nature humaine. La nature humaine est communiquée au moment de la conception.

3 : Donc, l’embryon humain est un être humain. C’est un être vivant et unique appartenant à l’espèce humaine.

 

Peut-on ôter la vie à un embryon humain ?

1 : Tout être humain a droit à la vie et doit être respecté.

2 : Or, l’embryon humain est un être humain puisqu’il possède la nature humaine.

3 : Donc, l’embryon humain a droit à la vie et doit être respecté.

 

8 août 2015

EGLISE ET FEMME

   « Femmes, soyez soumises à vos maris »  St Paul, Colossiens 3,18 

  Cette phrase isolée du reste de la Bible et de tout contexte peut sembler vouloir dire que l’idéal du couple chrétien est que l’homme commande et donne des ordres et que la femme obéisse. Pourtant cela ne correspond ni à l’enseignement de l’Eglise ni à la pratique des couples profondément chrétiens.

  Il y a donc un problème et c’est un problème d’interprétation. La lecture de la Bible est quelque chose qui est souvent difficile et qui s’apprend.

  On peut commencer par lire ce qui est dit juste après : « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme il se doit dans le Seigneur. Maris, aimez vos femmes, et ne leur montrez point d’humeur. » Observons que la deuxième phrase apporte un correctif important et un équilibre par rapport à la relation entre les deux personnes.

  Un peu plus loin, il est question des esclaves. Lisons, car cela permet de faire une observation intéressante et un parallèle avec la condition de la femme : « Esclaves, obéissez en tout à vos maîtres d’ici-bas, non d’une obéissance tout extérieure qui cherche à plaire aux hommes, mais en simplicité de cœur, dans la crainte du maître … Maîtres, accordez à vos esclaves le juste et l’équitable, sachant que vous aussi, vous avez un Maître au ciel. » Là aussi, il y a un correctif et un équilibre par rapport à la relation entre le maître et l’esclave dont hérite la société.

  L’inégalité entre l’homme et la femme et celle de l’esclavage sont des faits de l’Antiquité. L’épouse, dans la société de l’époque a un statut juridique inférieur à l’époux. L’apôtre Paul est tout simplement un homme de son temps. Il ne conteste pas l’ordre social. Néanmoins, il apporte à chaque fois un enseignement nouveau et une perspective complètement nouvelle qui va peu à peu changer profondément la société et amener au cours du Moyen-Age la suppression progressive de l’esclavage et la reconnaissance d’une égalité entre l’homme et la femme.

  L’historienne Régine Pernoud, dans La femme au temps des cathédrales, explique ce que fut le choc culturel entre les mœurs romaines et le nouvel esprit des femmes chrétiennes et la place éminente que celles-ci occupèrent : « Somme toute, entre le temps des Apôtres et celui des Pères de l’Eglise, pendant ces trois cents ans d’enracinement, de vie souterraine que résume l’image des catacombes, de qui est-il question dans l’Eglise ? Des femmes. Ce sont des femmes que l’on célèbre … » (p.22)

  Il est utile de rappeler un certain nombre de faits :

- Sous Constantin, l'Eglise a fait passer une loi selon laquelle l'adultère n'était pas seulement interdit aux femmes mais aussi aux hommes.

- C’est l’Eglise qui a lutté pendant de nombreux siècles contre les unions imposées pour obtenir le libre choix des époux.

- De nombreuses femmes dans toute l’Europe ont exercé des commandements sur les hommes au niveau politique comme reines et régentes, des abbesses ont gouverné de vastes territoires incluant des monastères d’hommes comme à Fontevrault, des femmes ont mené les hommes au combat. Jeanne d’Arc n’est pas une exception. Par exemple, sur une seule région, la Bretagne, et sur sept années seulement (1342-1348), on peut citer Jeanne de Flandre, Jeanne de Penthièvre et Jeanne de Belleville qui toutes trois ont pris la tête de troupes armées.

- Au temps des cathédrales, les femmes avaient une liberté totale pour gérer leur fortune, hériter, tester, vendre, administrer.

- Au Moyen-Age encore, les femmes avaient droit de vote pour envoyer un représentant de leur commune aux Etats Généraux, pour choisir les représentants dans les assemblées urbaines, les communes rurales et les corporations (Régine Pernoud, Pour en finir avec le Moyen-Age, p.98).

- A partir de la Renaissance, on assiste à un retour du Droit romain et à une lente régression de la place de la femme dans la société. C’est le Code Napoléon, héritier des Lumières qui fera de la femme une mineure. On a pris l’habitude de dire que les femmes ont attendu le XXème siècle pour se libérer de la tutelle des hommes en attribuant ce fait à un passé lointain et « moyenâgeux ». En fait, c’est principalement après la période des « Lumières » et non avant que le statut de la femme va atteindre une telle situation d’infériorité.

- Au Moyen-Age, les filles vont à l’école comme les garçons et les femmes lisent plus que les hommes. Au XIème siècle, les femmes lettrées sont nombreuses. Le premier traité d’éducation chrétienne par St Jérôme aux IV-Vème siècles concerne les filles. Il est clair qu’on reconnaît dans la femme comme dans l’homme, une intelligence à instruire et à développer. L’information qui prétend que l’Eglise aurait mis en cause le fait que les femmes aient une âme est une pure légende dont on connaît aujourd’hui l’origine.

    Sur ce sujet voici quelques pensées lumineuses des philosophes dits des Lumières. ROUSSEAU : « La recherche des vérités abstraites et spéculatives, des principes, des axiomes dans les sciences, tout ce qui tend à généraliser les idées, n’est point du ressort des femmes. Leurs études doivent se rapporter toutes à la pratique. » VOLTAIRE : «Quant à la supériorité de l’homme sur la femme c’est une chose entièrement naturelle ; c’est l’effet de la force du corps et même celle de l’esprit. » « Bien des dames sont comme vous savez, de grands enfants : le fouet et des dragées. » Benjamin CONSTANT : « Il y a de moi à elle une telle supériorité qu’elle ne peut être qu’un amusement. » DIDEROT : « Les femmes semblent n’être destinées qu’à notre plaisir. Lorsqu’elles n’ont plus cet attrait tout est perdu pour elles. » « Rien ne pénètre à une certaine profondeur … dans l’entendement des femmes …  les idées nagent à la superficie de leur âme. » MIRABEAU-TONNEAU : « C’est un meuble de nuit dont le jour on ne sait que faire. »

  Rappelons également que durant la Révolution Française, les femmes sont exclues du droit de vote. 

  Une règle d’interprétation du texte biblique est qu’il faut lire un passage en l’éclairant par d’autres passages. Or, la Bible, spécialement le Nouveau Testament,  enseigne l’égalité entre l’homme et la femme ce qui tranche avec les mœurs de l’Antiquité et de la civilisation romaine dominante à l’époque de St Paul.

  Voici quelques textes :

  Genèse 1,27 : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu, il le créa, homme et femme il les créa. » Tous deux sont créés à  l’image de Dieu.

  Galates 3,28 : « Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ. » Ce verset de St Paul est interprété par l’Eglise comme affirmant l’égale dignité de tous aux yeux de Dieu.

  I Corinthiens 7,3 : « Que le mari s’acquitte de son devoir envers sa femme et pareillement la femme envers son mari. » L’homme et la femme sont mis sur le même plan. Les devoirs sont mutuels.

  I Corinthiens 11,11 : «  Aussi bien, dans le Seigneur, ni la femme ne va sans l’homme, ni l’homme sans la femme ; car, de même que la femme a été tirée de l’homme, ainsi l’homme naît par la femme, et tout vient de Dieu. » L’interdépendance est affirmée de manière égale.

   Ephésiens 5,25-33 : « Soyez soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ. Que les femmes le soient à leurs maris comme au Seigneur … Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise : Il s’est livré pour elle … De la même façon les maris doivent aimer leurs femmes comme leur propre corps. Aimer sa femme, c’est s’aimer soi-même. » Ce texte montre qu’il y a quelque chose de réciproque dans cette soumission et qu’il s’agit d’une soumission d’amour dans les deux sens et non d’une soumission autoritaire d’un côté et servile de l’autre.

  Voici un beau texte de l’époque féodale faisant écho à cette vision de l’amour conjugal. Il est de Hughes de Saint-Victor (1096-1141), un philosophe et un théologien : « La femme a été formée, non pas à partir de n’importe quelle partie du corps de l’homme, mais de son côté, afin de montrer qu’elle était créée pour une alliance d’amour, de peur, si elle était faite à partir de son chef (sa tête), qu’elle ne parût supérieure à l’homme dans la domination, ou bien, si elle était faite à partir de ses pieds, qu’elle ne parût sujette de l’homme dans la servitude. Et puisque ce n’était pas une suzeraine ni une servante qui était préparée à l’homme, mais une associée, il fallait qu’elle ne fût produite ni de son chef, ni de ses pieds mais de son côté, pour qu’il connaisse celle qui serait placée auprès de lui, et dont il aurait appris qu’elle était tirée de son côté. »

  Signalons aussi que l’être humain le plus vénéré et exprimant le mieux la dignité de la vocation humaine, le plus grand saint, est une femme : la Vierge Marie, « le modèle de l’Eglise » selon l’expression de Jean-Paul II dans l’encyclique « Redemptoris Mater ». 

  Très important est l’attitude du Christ envers les femmes. Cela provoquait souvent l’étonnement et même le scandale. Dans tout l’enseignement de Jésus, et dans son comportement, on ne trouve rien qui reflète la discrimination de la femme si habituelle à son époque. Au contraire, ses paroles et ses actes expriment toujours le respect et l’honneur qui leur sont dus. Sa façon de parler des femmes et aux femmes, ainsi que la façon de les traiter, constitue clairement une nouveauté par rapport aux mœurs prévalant alors.

  Outre la Vierge Marie, l’image de la femme qui ressort des Evangiles est particulièrement positive et édifiante. Voici quelques extraits de la lettre apostolique : La dignité et la vocation de la femme de Jean-Paul II du 15/08/1988 : «  Au moment de l’épreuve définitive, ce sont avant tout elles qui se sont trouvées au pied de la croix. Parmi les Apôtres, seul Jean est resté fidèle. Par contre les femmes sont nombreuses. On voit qu’au cours de cette épreuve de la foi et de la fidélité, qui fut la plus dure, les femmes se montrèrent plus fortes que les Apôtres : en ces moments de danger, celles qui « aiment beaucoup » réussissent à vaincre la peur. Elles sont les premières près du tombeau. Elles sont les premières à le trouver vide. Elles sont les premières à entendre : Il n’est pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait dit. Elles sont aussi les premières appelées à annoncer cette vérité aux Apôtres. »

  Pour conclure, je voudrais dire ce que j’ai appris à découvrir au sujet de la femme et l’Eglise y est pour beaucoup. La femme est pour moi un sujet d’émerveillement et d’admiration. Par sa force morale, par sa force spirituelle, par sa capacité d’attention à la personne concrète, par sa capacité d’amour fruit de sa féminité et de sa maternité, c’est elle et non l’homme qui est peut-être le chef d’œuvre de la création.

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

 

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