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Eglise, vérité et humanité

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27 février 2016

L'ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA

  Présentation brève

 

  La dernière encyclique de Jean-Paul II a pour titre : L’Eglise vit de l’Eucharistie et elle est datée du 17/04/2003.

  Le Pape veut nous faire partager son admiration devant ce grand mystère de la foi qu’est l’Eucharistie. Ce sacrement établit un lien entre le ciel et la terre et c’est pourquoi il est la source et le sommet de la vie chrétienne. Chacun est invité à en découvrir toute la richesse pour en vivre plus profondément. Pour y parvenir, il est nécessaire cependant de raviver notre amour de l’Eucharistie, c'est-à-dire de Jésus-Christ lui-même et de toujours mieux Le recevoir au moment de la communion. 

  Le premier chapitre est consacré à la signification de ce sacrement. Il rappelle qu’il s’agit d’abord d’un sacrifice, celui du Christ qui se donne au Père par amour pour nous. C’est le sacrifice de la Croix rendu ainsi présent à chaque Messe. Le sacrifice du Christ (on peut dire l’offrande) et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice (une unique offrande).

  L’Eucharistie, c’est aussi le banquet de la communion au Christ ressuscité. Le Christ, en effet, après la consécration, a pris la place du pain et se donne en nourriture pour nous. Il nous communique ainsi son esprit et peut agir dans le cœur de chacun. « L’Eucharistie est vraiment un coin du ciel qui s’ouvre sur la terre ! » écrit Jean-Paul II.

  Recevoir ainsi régulièrement le cœur grand ouvert dans un esprit de communion le Christ, si humblement présent, nous aide à grandir en Lui. Le Saint-Père encourage aussi l’adoration eucharistique et la visite au Saint-Sacrement comme moyens d’être plus proche de l’amour infini du cœur du Christ.

  Au chapitre IV, il souligne l’importance de certaines conditions pour communier afin d’agir dans un esprit de vérité. La communion ne doit pas devenir un automatisme mais toujours correspondre à une attitude de foi, de charité et de communion avec l’Eglise et le Christ : « Toute célébration exprime la communion avec Pierre et avec l’Eglise. »

  Le respect de la liturgie est un point important pour ne pas réduire ou déformer ce don immense qu’est l’Eucharistie : « La liturgie n’est jamais la propriété privée de quelqu’un ni du célébrant ni de la communauté. Le caractère sacré et la dimension universelle doivent toujours être respectés. »

  En conclusion, on peut dire que l’Eucharistie signifie sacrifice, présence, banquet. Nous devons essayer de la vivre sans atténuer aucune dimension ni aucune exigence et transmettre ce trésor sans en perdre un seul élément. De cette manière, l’Eglise, à travers chaque baptisé, vivra et rayonnera du Christ.

 

 

 

 

 

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23 février 2016

INQUISITION : C'EST L'EGLISE QUI A ETE LA PLUS TOLERANTE

   "Pendant l’entier premier millénaire de l’Eglise et même jusqu’à la fin du XIIIème siècle, il n’y a pas, en Occident au moins, de persécution par l’Eglise. Les seuls exemples momentanés et particuliers qu’on pourrait donner alors d’une intolérance chrétienne sont marginaux et plus politiques ou sociaux que religieux. Telle est la conversion en partie contrainte des Saxons par Charlemagne.

  St Hilaire proteste dès 365 contre la législation mise en oeuvre par les empereurs romains en faveur de la foi chrétienne rappelant que la persuasion avait été la seule arme du Christ et de ses apôtres, "Fides suadende, non imponenda". A la fin du IVème  siècle, St Martin et St Ambroise protestent fortement contre la mise à mort de l'hérétique Priscillien sur ordre de l'empereur Maxime. St Jean Chrysostome affirme que "mettre à mort un hérétique, ce serait introduire sur la terre un crime inexpiable." St Augustin admet la répression de l'hérésie en voyant les dégâts causés par les donatistes en Afrique, mais sans la peine de mort.

  Il y a bien peu d’institutions qui se soient, comme l’Eglise, maintenues à peu près indemnes d’intolérance pendant plus d’un millénaire.

 Dès les origines du manichéisme, le monarque mazdéen d’Iran et l’empereur païen de Rome n’avaient pas tergiversé. Ils avaient opposé à cet antigène de la société la répression de l’anticorps également le plus radical : la mort. L’Eglise, elle, tergiversa longtemps. Elle montra ainsi clairement qu’elle n’était pas maîtresse d’intolérance. En France, en Angleterre, en Allemagne, le manichéisme a été écrasé par les pouvoirs laïques responsables. La volonté de la répression vient de la société exaspérée, du roi et de la masse de ses sujets et non de l’Eglise. Le pape Alexandre III écrit en 1162 : "Mieux vaut absoudre les coupables que s’attaquer, par une excessive sévérité, à la vie d’innocents … L’indulgence sied mieux aux gens d’Eglise que la dureté."

 Pourtant, alors que la société languedocienne est gravement menacée par l’oppression cathare,   pendant un siècle, du début du XIIème au début du XIIIème, elle ne recourut qu’à la prédication contre les cathares. Elle envoya les cisterciens : St Bernard, selon qui, "la foi doit être persuadée, non imposée", l’abbé Henri de Clairvaux (1181).  Le nouveau pape en 1198, Innocent III, refuse toujours la répression sans pitié menée par les pouvoirs laïques. Il envoie une nouvelle mission de religieux cisterciens. Ils tiennent des débats avec les évêques cathares alors que partout autour d’eux, des catholiques sont persécutés. Les prêtres sont molestés, voire massacrés. L'évêque de Lodève est mis à mort. Eglises et abbayes sont profanées et tombent au pouvoir de la noblesse cathare. La cathédrale d'Urgel est transformée en écurie. Nouvel essai encore en 1205 avec St Dominique qui manque de se faire tuer. En 1208, le légat pontifical Pierre de Castelnau est assassiné par un homme du comte de Toulouse.

  C’est en 1233 que l’Inquisition est établie en appareil efficace par Grégoire IX. Le mandat est donné aux dominicains. Dès 1235, le même pape y associe aussi les franciscains. Point capital : ce qui montre que l’Inquisition n’est pas une armée de bourreaux et de policiers, c’est qu’elle est confiée aux frères des deux ordres mendiants qui venaient tout juste d’être créés dans l’esprit de l’amour, de la tolérance et de la pauvreté. L’Inquisition a eu pour effet de modérer la répression antérieure. St Louis lui assura son concours le plus absolu."

Rédigé principalement à partir de l’Eglise au risque de l’histoire de Jean Dumont.

 

 

21 février 2016

L'INQUISITION CATHOLIQUE

Il existe trois inquisitions catholiques principales : 

1 L’Inquisition contre l’hérésie cathare, par Grégoire IX, à partir de 1229, confiée aux dominicains et aux franciscains. Elle dura un peu plus d’un siècle. 

2 L’Inquisition espagnole, par une bulle du pape Sixte IV, en 1478, contre les juifs faussement convertis. Elle s’achèvera en 1834. 

3 L’Inquisition du Saint-Office, dite Sainte Inquisition, à Rome, en 1542 contre la Réforme. Elle fut mise en sommeil dès le milieu du XVIIème siècle. 

  L’Inquisition catholique est synonyme d’intolérance, de bûchers, de tortures, d’ignominie. Cela c’est la légende noire. On est loin de la vérité. Le nom de la rose  d’Umberto Eco et le film qui en découla ont contribué à entretenir cette légende. Le développement des inquisitions catholiques est cependant le suivant : 

-  Longue période de tolérance contrairement aux autres pouvoirs religieux et politiques, y compris les républiques modernes.

- Situation devenant dangereuse et source de violences. 

- Intervention mesurée et pondérée de l’Inquisition catholique comparativement aux autre inquisitions. 

-  Récupération ultérieure de l'Inquisition catholique par les pouvoirs laïcs et nombreux abus (ex. chasse aux sorcières) 

-  Formation de la légende noire par les ennemis de l’Eglise, tels Voltaire et Michelet.

  Il importe de savoir ce qu’est réellement l’Inquisition catholique : ses causes, son contexte, ses manifestations et ses conséquences. L’équation : Inquisition = bûcher est réductrice et éloigne profondément de la vérité.

  

L’Inquisition languedocienne 

  L’hérésie cathare s’enracine dans le manichéisme. Cette doctrine se développe depuis des siècles et représente pour la société un véritable fléau. Les pouvoirs politiques laïcs l’ont combattue de façon sanglante (Perses, Romains, Byzantins …). Les cathares, eux, se déchaînent contre la foi catholique. Les rois d’Angleterre et de France répriment avec violence l’agression cathare. L’Eglise intervient donc après une longue période de tolérance non pour durcir la répression et inventer les bûchers, mais, au contraire pour temporiser, apaiser et introduire une plus grande justice et le sens de la miséricorde. Innocent IV et Alexandre IV ont ordonné de déposer les inquisiteurs qui avaient fait preuve de cruauté. Robert le Bougre, frère du roi Philippe Le Bel, et lui-même, ancien cathare, est condamné à la prison à vie pour avoir exterminé en un seul bûcher 180 hérétiques. Les peines faisaient l’objet de fréquentes absolutions et amnisties parce que l’objet de l’Inquisition languedocienne était d’abord la réconciliation. Les condamnés à la prison recevaient des congés, avaient droit à des vacances, ou même étaient définitivement libérés s’ils étaient malades, s’ils devaient soigner leur vieux père, ou si leurs filles ne pouvaient se marier en leur absence.  

  Bernard GUY, dans son Manuel, trace de l’inquisiteur ce beau portrait qu’il essaya de réaliser lui-même dans ses fonctions inquisitoriales : « Il doit être diligent et fervent dans son zèle pour la vérité religieuse, le salut des âmes et l’extirpation de l’hérésie. Parmi les difficultés et les incidents contraires, il doit rester calme, ne jamais céder à la colère ni à l’indignation. Il doit être intrépide, braver le danger jusqu’à la mort ; mais, tout en ne reculant pas devant le péril, ne point le précipiter par une audace irréfléchie. Il doit être insensible aux prières et aux avances de ceux qui essaient de le gagner ; cependant, il ne doit pas endurcir son cœur au point de refuser des délais ou des adoucissements de peine, suivant les circonstances et les lieux … Dans les questions douteuses, il doit être circonspect, ne pas donner facilement créance à ce qui paraît probable et souvent n’est pas vrai ; car ce qui paraît improbable finit souvent par être la vérité. Il doit écouter, discuter et examiner avec tout son zèle, afin d’arriver patiemment à la lumière. Que l’amour de la vérité et la pitié, qui doivent toujours résider dans le cœur d’un juge, brillent dans ses regards afin que ses décisions ne puissent jamais paraître dictées par la convoitise et la cruauté. » Jean GUIRAUDL’Inquisition médiévale, Tallandier, p.91 

  Au XIVème siècle, l’Inquisition pontificale s’efface. Elle glisse entre les mains des pouvoirs laïcs qui l’utiliseront pour leurs basses œuvres. C’est le cas de Philippe Le Bel avec les Templiers, des Anglais et des Bourguignons avec Jeanne d’Arc et de la justice royale laïque des parlements. Ainsi, après l’Edit de Fontainebleau de François Ier en 1544, 5000 vaudois sont massacrés en masse l’année suivante par les troupes royales sur ordre du Parlement de Provence. 

  De même, la répression sanglante de la sorcellerie dans l’ensemble de l’Europe (excepté l’Espagne) qui fera des dizaines de milliers de victimes, n’est pas le fait de l’Eglise ; Il est donc important de dénoncer l’amalgame entre l’Inquisition catholique des XIIIème et XIVème siècles et celle appliquée plus tard en France et à l’étranger par des pouvoirs laïcs où le fanatisme se fait jour et dont les historiens du XIXème ont fait une généralité . On est loin des quelques centaines de cathares exécutés dans le cadre de l’Inquisition languedocienne.

  

L’Inquisition espagnole

  Les juifs avaient émigré nombreux dans cette terre d’asile mais ils avaient fini par s’emparer de pans importants du pouvoir de l’Etat et même de l’Eglise en se faisant passer pour convertis. Ils se servaient de ces pouvoirs dominants pour « condamner très souvent ouvertement la doctrine de l’Eglise et contaminer de leur influence judaïque la masse totale des croyants chrétiens » selon l’historien juif Cecil ROTH. De telle manière, note Ludwig VON PASTOR dans Histoire des Papes  qu’ « était en jeu l’existence même de l’Espagne chrétienne ». Il y avait donc lieu de se défendre. L’Inquisition espagnole produisit, elle aussi, des bûchers mais bien moins qu’on ne l’a dit. Selon F. BRAUDEL, elle fit un « nombre relativement limité de victimes » estimé à 1500 sur plusieurs siècles par J. DUMONT. On est très loin des inquisitions d’autres pouvoirs religieux et politiques, notamment modernes et contemporains. Evidemment, il n'est pas question d'adhérer, en aucune façon, à cette pratique violente qui, malheureusement, correspond à des moeurs anciennes encore d'usage à l'époque.

  L'Inquisition espagnole doit cependant être distinguée de l'Inquisition précédente. C'est une inquisition appropriée par le pouvoir politique et qui échappe finalement au pouvoir du pape. Bartolomé BENNASSAR, dans L'Inquisition espagnole, explique qu' " il apparaît clairement que cette nouvelle institution est bien l'affaire des rois d'Espagne et non du pape qui s'est laissé surprendre au début et a manifesté ensuite, bien des fois, mais sans grande énergie, ses réserves ou son opposition. En 1518 il était déjà trop tard : au moment où se déclenchait la grande crise allemande, le pape avait-il les moyens de s'opposer au roi d'Espagne devenu Empereur ? Poser la question c'est y répondre."

  Après sept siècles de domination musulmane et de division, l'Inquisition espagnole a été , en fait, un instrument de la monarchie espagnole pour réaliser  une unité de la population.

  Question posée à Jean DUMONT : D’où vient la légende noire de l’Inquisition, d’où provient le fait que l’Inquisition évoque les autodafés, la torture, les cachots, etc. ?

  Réponse : « C’est vraiment le genre de préjugé entièrement fabriqué ! J’ai habité Séville pendant vingt ans. En 1980, j’y ai vu arriver un grand historien espagnol Antonio Dominguez Ortiz, qui voulait faire une étude sur les autodafés de l’Inquisition de Séville au XVIIème. Il a passé du temps à lire toute la documentation qui pouvait subsister sur le sujet, dans tous les domaines, par tous les témoins, etc. Il a découvert des choses pour lui incroyables jusqu’alors, qu’il explique dans un livre publié en 1981, et où il fait la lumière par rapport à tout ce qu’on a pu raconter sur les prisons de l’Inquisition où l’on mourait disait-on dans la pourriture et dans la folie, mangé par les rats,… parce que, bien entendu, c’était la prison à perpétuité … Or, les peines de prison perpétuelle et de prison irrémissible dans l’Inquisition aussi bien française qu’espagnole, sont des formules scolastiques, la réalité n’étant pas du tout cela ! La prison perpétuelle correspond en fait à un emprisonnement de cinq ans maximum, et la prison irrémissible, qui est la plus grave, à un emprisonnement de huit ans maximum. D’autre part, comment se passait cet emprisonnement ? Dominguez Ortiz en est tombé à la renverse, ayant devant les yeux les vrais documents. Dans la prison inquisitoriale d’exécution des peines de Séville, les prisonniers ne se servaient de la prison que comme d’un hôtel de nuit : ils avaient le droit de sortir tous les jours, depuis le lever du jour jusqu’au coucher du soleil, pour se promener dans la ville et vaquer à leurs affaires. Dominguez a voulu contrôler si ce n’était pas un hasard extraordinaire et il s’est aperçu que, par exemple à Grenade, c’était exactement la même chose : la prison inquisitoriale de Grenade était une prison ouverte entièrement de jour. Les chambres n’étaient pas du tout des cachots abominables : à Séville c’étaient des chambres individuelles, avec leurs petites cours-jardins personnelles ! Travaillant sur le cas des prisonniers de l’Inquisition à Séville, il a constaté que cette liberté des prisonniers avait des conséquences extraordinaires. Une première d’ordre fiscal : comme ils étaient juridiquement des prisonniers, ils ne payaient pas la TVA de l’époque qui s’appelait l’alcabala. Ce qui fait qu’ils avaient un avantage extraordinaire pour toutes les affaires qu’ils traitaient pendant leurs sorties quotidiennes et que comme cela marchait très bien, comme ils avaient un bon hôtel gratuit d’où ils sortaient tous les jours, ils désiraient y rester ! C’est invraisemblable, et pourtant même après la durée normale de leur peine, ils insistaient pour rester dans la prison de l’Inquisition ! Voilà ce que l’étude des documents et notamment des textes notariaux de l’Inquisition espagnole permet d’établir. Mais qui, des historiens français a été lire ces textes du XVème ? Personne ! Alors, ils répètent toujours les mêmes choses depuis Voltaire. Repentance, p.283-285 

  Ce qui montre, dans cette inquisition, qu’il ne s’agit pas d'une volonté de l'Eglise elle-même de s’en prendre à la religion juive en tant que telle, c’est que, dans le  même temps, les juifs expulsés étaient accueillis sur les terres des papes d’Avignon avec la liberté de culte.

  

L’Inquisition du Saint-Office

  Comme les deux inquisitions catholiques précédentes, la languedocienne et l’espagnole, elle fut, dans un pays particulier, la légitime défense, italienne cette fois, contre une agression violente : celle de la première Réforme qui, de l’Angleterre à l’Allemagne, en passant par la France, la Suisse et tout le nord de l’Europe, massacrait et détruisait, au point de dépasser largement, note R. PERNOUD, les destructions futures de la Révolution. On estime à une quinzaine les victimes de cette inquisition. A la même époque, CALVIN, en 1535, à lui seul fait brûler une soixantaine de sorcières à Genève (sur 2 à 3000 habitants). Malheureusement, cette Inquisition romaine eut lieu au cours d’une période très trouble où l’autorité des papes était concurrencée par des influences diverses. Elle dévia, par exemple, vers le procès de Galilée alors que celui-ci était pourtant un ami personnel du Pape Urbain VII qui le prendra sous sa protection. 

  Il y a donc un paradoxe. Le mot « inquisition » est attaché à l’Eglise comme symbole d’intolérance et d’obscurantisme alors qu’elle a fait preuve d’humanité et de modération comme aucune autre institution au cours de cette longue période. Ce qui montre que l’Inquisition n’est pas une armée de bourreaux et de policiers, c’est qu’elle est confiée aux frères des deux ordres mendiants qui venaient tout juste d’être créés dans l’esprit de l’amour et de la miséricorde. Rappelons aussi que Saint Louis assura son concours à l’Inquisition.

 

  Marc BLOCH (grand historien laïc fusillé par les allemands) : « Les grandes ténèbres du Moyen-Age sont surtout celles de notre ignorance »

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

20 février 2016

INQUISITION ET TORTURE

  La torture est une pratique universelle largement répandue comprenant des degrés divers, atténués ou extrêmes. Elle ne fait pas partie de l’apport de l’Eglise. Bien, au contraire, l’influence du christianisme a participé grandement à faire reculer cette pratique, comme d’ailleurs les autres formes de violence. L’originalité de l’enseignement de l’Eglise est d’exhorter à l’amour, à la paix, au pardon, au respect de la dignité humaine il existe une longue tradition ecclésiastique contre l’usage de la torture alors que celle-ci était d’usage courant dans les justices séculières. En 886, le pape Nicolas Ier déclarait que ce moyen « n’était admis ni par les lois humaines ni par les lois divines ». -H.MAISONNEUVE, L’Inquisition, p. 160-

  Pourtant, l’Eglise est confrontée à des contextes et à des évènements qui peuvent l’amener à composer avec son époque jusqu’à admettre des pratiques –à tort ou à raison- qui ne viennent pas d’elle. Elle-même, est traversée par l’évolution des mœurs et des mentalités du monde. Comme toute institution, elle est marquée par son temps. Or, au XIIIème siècle, le développement du droit romain provoque le rétablissement de la torture dans la justice civile. C’est l’université de Bologne, première université indépendante de l’Eglise, qui rétablit le droit romain et, avec lui, son usage de la torture -Histoire du Christianisme Magazine(HCM) n°7, p.9- « Il est juste de noter que la torture se pratique couramment à cette époque dans les juridictions laïques » -J.L. BIGET, H.C.M. n°21, p. 57-

  C’est là aussi qu’il faut éviter le péché majeur de l’histoire : l’anachronisme. On ne juge pas des mœurs d’hier selon les critères d’aujourd’hui. La sensibilité du XXème siècle n’existait pas au Moyen-Age. Le rapport de l’homme médiéval à la souffrance est différent du nôtre. Celle-ci est  bien mieux acceptée et mieux supportée. Le principe de la torture ne révolte pas comme de nos jours. 

  C’est dans ce contexte, complété par l’état d’une société délabrée et gravement menacée par les hérésies et sectes de toutes sortes, notamment celle des cathares qu’il faut comprendre la légalisation de la torture par Innocent IV (1252), Alexandre IV (1259) et Clément IV (1265). 

  Les conditions sont précises et l’usage doit être modéré et limité. Par décision du Pape Clément V (1311), l’inquisiteur ne peut l’ordonner seul : la torture doit faire l’objet d’un jugement spécial auquel participe l’évêque ou son représentant. Si elle est ainsi décidée, il est interdit à l’inquisiteur de la faire pousser jusqu’à la mutilation ou à la mise en danger de mort. -J. DUMONT, L’Eglise, au risque de l’histoire, p. 215- 

  L’emploi de la torture n’a pas été fréquent. Depuis deux siècles, il existe une légende noire de l’Inquisition réduisant celle-ci aux clichés de la torture et des bûchers. Galilée, par exemple, n’a jamais été brûlé vif, ni torturé comme cela est souvent répété. L’historien danois HENNINGSEN relate que contrairement à toutes les institutions judiciaires de l’époque, l’Inquisition n’utilisait pas habituellement la torture. Non seulement parce que « Ecclesia abhoret a sanguine » (L’Eglise a horreur du sang) mais aussi parce que « l’Inquisition se montrait sceptique sur la valeur de la torture comme moyen pour obtenir des preuves. » -Trente-Jours, juin 1990, p. 69- L’historien protestant LEA, connu pour être très hostile à l’Inquisition écrit qu’ « il est digne de remarquer que dans les fragments de procédure inquisitoriale qui nous sont parvenus, les allusions à la torture sont rares ». -Hist. de l’Inquisition au Moyen-Age-. Elle est même rarissime dans l’Inquisition espagnole. 

  Il importe enfin de ne pas attribuer à l’Eglise les excès de l’Inquisition dus aux souverains qui ont détourné à des fins politiques le tribunal de la foi comme ce fut le cas pour les Templiers par Philippe le Bel ou le procès de Jeanne d'Arc par les Anglais et les Bourguignons. Même remarque en ce qui concerne la chasse aux sorcières de la fin du XVème jusqu’à la fin du XVIIème, phénomène principalement laïc et aussi protestant, encouragé par Luther et Calvin. 

 

9 février 2016

MAGISTERE DE L'EGLISE ET INFAILLIBILITE

      Les questions et le thème de cette fiche concernent l’enseignement autorisé de l’Eglise qu’on appelle Magistère et non les comportements faillibles de ses fils et de ses pasteurs au cours de l’histoire. Cet enseignement est communiqué par le Pape seul ou avec le Collège des Evêques et jouit d’une autorité particulière en raison de l’assistance du Saint-Esprit. Son domaine est celui de la foi et des mœurs (Loi naturelle, règles morales).

     L’objectif est de clarifier les questions suivantes :

        - L’infaillibilité de l’Eglise se réduit-elle à l’enseignement « ex cathedra » ?

       - L’Eglise peut-elle se tromper ?

       - Le fidèle doit-il adhérer à tout le Magistère ? 

Plusieurs niveaux d’enseignement sont à distinguer :

 

      1)  Les vérités révélées  

     Il s’agit de ce qui est contenu dans la Parole de Dieu, écrite ou transmise et que l’Eglise demande de croire comme divinement révélé. Elle peut le faire de trois façons :

        - par un jugement solennel, un acte définitoire du Pape (ex cathedra).

        - par un jugement solennel, un acte définitoire du Collège des Evêques réuni en concile.

        - par le Magistère ordinaire et universel.    

     On dira que ces vérités sont de foi divine et catholique, formellement révélées, irréformables et infailliblement proposées. Elles sont directement fondées sur la foi dans l’autorité de la Parole de Dieu (doctrine « de fide credenda »).

     Elles requièrent un assentiment de foi.

     Les affirmations opposées sont appelées hérésies.     

     En voici une liste non exhaustive :

         - Articles de foi du Credo (Nicée-Constantinople)

         - Dogmes christologiques (Chalcédoine)

         - Dogmes marials : Immaculée-Conception (Pie IX, 1854), Assomption (Pie XII, 1950)

          - Doctrine de l’institution des sacrements par le Christ et leur efficacité à conférer la grâce. (Trente)

         - Doctrine de la présence réelle et substantielle du Christ dans l’Eucharistie (Trente)

         - La nature sacrificielle de la célébration eucharistique (Trente)

         - La fondation de l’Eglise par la volonté du Christ (Vatican I)

         - Le primat et l’infaillibilité du Pape (Vatican I)

         - L’existence du péché originel (Trente)

         - Immortalité de l’âme spirituelle et rétribution immédiate après la mort (Benoît XII, 1336)

         - Absence d’erreur dans les textes sacrés inspirés (Vatican II)

         - Immoralité de l’avortement (Jean-Paul II, 1995) 

 

     2)  Les vérités proposées comme définitives   

     Il s’agit de vérités nécessairement liées à la Révélation divine. Elles sont connexes aux vérités de la foi. Le rapport peut être historique ou logique. Elles ajoutent à la foi des éléments non formellement révélées ou non encore reconnues expressément comme tels. Avec le développement du dogme et le progrès dans l’intelligence des réalités et des paroles, elles peuvent être proclamées comme dogmes de foi divine et catholique et, donc passer dans le groupe précédent. Elles peuvent être enseignées de trois façons comme les vérités précédentes :

        - par un jugement solennel, un acte définitoire du Pape (ex cathedra)

        - par un jugement solennel, un acte définitoire du Collège des Evêques réuni en concile.

        - par le Magistère ordinaire et universel. 

     Ce sont des doctrines fondées sur la foi dans l’assistance que l’Esprit-Saint prête au Magistère de l’Eglise et sur la doctrine catholique de l’infaillibilité du Magistère en ces domaines (doctrine de fide tenenda).

     Elles requièrent un assentiment ferme et définitif.

     Leur refus fait sortir de la pleine communion avec l’Eglise.

 

     Voici quelques exemples :

         - Illicéité de la contraception (Paul VI, 1968)

         - Illicéité de l’euthanasie (Jean-Paul II, 1995)

         - Illicéité de la prostitution (C. E. C.)

         - Illicéité de la fornication (C. E. C.)

         - Doctrine sur l’ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes (Jean-Paul II, 1994)

         - La célébration d’un concile œcuménique

         - La canonisation des saints

         - L’invalidité des ordinations anglicanes (Léon XIII, 1896)

     [Les quatre dernières sont dites vérités liées avec la Révélation par « nécessité historique »]

  

     Note 1 : Le charisme de l’infaillibilité 

     Contrairement à une idée largement propagée, il n’est pas restreint au Magistère extraordinaire du Pape lorsque celui-ci enseigne « ex cathedra ». Il recouvre aussi le Magistère ordinaire et universel quand il s’agit de vérités présentées comme révélées ou comme définitives.

     L’enseignement infaillible est aussi présent dans l’enseignement du Pape lorsqu’il confirme ou réaffirme une doctrine en déclarant explicitement qu’elle appartient au Magistère ordinaire et universel, soit comme vérité divinement révélée, soit comme vérité de la doctrine catholique.

     Enfin, il est aussi présent dans « une doctrine implicitement contenue dans une pratique de la foi de l’Eglise, dérivant de la Révélation ou, de toute façon, nécessaire pour le salut éternel, attestée par la Tradition ininterrompue », selon la note 17 de la note doctrinale du 29 juin 1998 illustrant la formule conclusive de la Professio fidei.

     Il est à noter que les documents de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, approuvés expressément par le Pape, participent au Magistère ordinaire du successeur de Pierre d’après l’Instruction sur la vocation ecclésiale du théologien, « Donum veritatis » du 24 mai 1990, N°18. 

 

     Note 2 : Les vérités contenues dans Dominus Jesus 

     Le cardinal Eyt - Doc. Cath. N°2234, p.873- indique qu’il s’agit d’un document de la Congrégation pour la doctrine de la Foi (30/06/2000) approuvé par le Pape « avec science certaine et son autorité apostolique ». Il l’a confirmé et en a ordonné la publication le 6/08/2000.

     Il s’agit d’une déclaration. Le 5/09/2000, Mgr Bertone précise : « Le mot de déclaration signifie que le document n’enseigne pas des doctrines nouvelles qui découleraient du développement et de l’explication de la foi, mais qu’il réaffirme et résume la doctrine de la foi catholique définie ou enseignée dans des documents antérieurs du Magistère. Le document est de nature magistérielle universelle. Il porte sur des vérités de foi divine et catholique (premier groupe) ou des vérités de la doctrine catholique à tenir fermement (deuxième groupe). » On est dans le domaine de l’infaillibilité et l’assentiment requis a un caractère définitif et irrévocable.

 

    Voici ces vérités, énumérées au paragraphe 4 :

         - Caractère définitif et complet de la Révélation de Jésus Christ

         - L’inspiration des livres de la Sainte Ecriture

         - L’unité personnelle entre le Verbe éternel et Jésus de Nazareth

         - L’unité de l’économie du Verbe incarné et du Saint-Esprit

         - L’unicité et l’universalité salvifique de Jésus Christ

         - La médiation salvifique universelle de l’Eglise

         - La non-séparation entre le Royaume de Dieu, le Royaume du Christ et l’Eglise

         - La subsistance de l’unique Eglise du Christ dans l’Eglise catholique

    «  Des vérités qui appartiennent au patrimoine de foi de l’Eglise » selon Dominus Jesus N°3 

 

      3) Les doctrines non proclamées par un acte définitif     

    Il s’agit de l’enseignement du Pape, seul ou avec le Collège des Evêques, lorsqu’il exerce le Magistère authentique et ordinaire sans avoir l’intention de le proclamer par un acte définitif.

    L’assistance divine est donnée à cet enseignement qui est présenté comme vrai ou au moins comme sûr. On est dans la logique et sous la mouvance de l’obéissance de la foi.

    L’attitude appropriée est l’adhésion, la soumission religieuse de la volonté et de l’intelligence.

    Les propositions contraires sont considérées comme erronées.

 

    Voici quelques illustrations générales :

         - Décisions magistérielles en matière de discipline

         - Les documents de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi approuvés expressément par le Pape participent au Magistère ordinaire

         - Une doctrine pour aider à l’intelligence plus profonde de la Révélation ou de ce qui en explicite le contenu

         - Pour rappeler la conformité d’une doctrine avec les vérités de la foi

         - Pour mettre en garde contre des conceptions incompatibles avec les vérités de foi 

 

      4) Les interventions d’ordre prudentiel  

    Pour mettre en garde contre des opinions dangereuses pouvant conduire à l’erreur, le Magistère peut intervenir sur des questions débattues dans lesquelles sont impliqués à côté de principes fermes, des éléments conjecturaux et contingents. 

    Il peut arriver que des documents magistériels ne soient pas exempts de déficiences, cependant on ne peut conclure de là que le Magistère puisse ne pas jouir de l’assistance divine et se tromper habituellement dans ses jugements prudentiels.

    Il faut  prendre en compte que certains jugements ont pu être justifiés à l’époque où ils furent prononcés parce que les affirmations visées mêlaient inextricablement des assertions vraies et d’autres qui n’étaient pas sûres. Seul le temps a permis d’opérer le discernement et, à la suite d’études approfondies, d’aboutir à un vrai progrès doctrinal. 

    La volonté d’acquiescement loyal à cet enseignement du Magistère, en matière de soi non-irréformable, est la règle de l’obéissance de la foi. Une attitude opposée est téméraire et dangereuse. 

 

    Nous pouvons maintenant répondre aux trois questions initiales :

 

    L’infaillibilité se réduit-elle à l’enseignement « ex cathedra » ? 

   Non, celle-ci n’est pas limitée au Magistère extraordinaire mais concerne aussi le Magistère ordinaire et universel lorsque celui-ci porte sur les vérités révélées et les vérités définitives en matière de foi et de mœurs.   

    L’Eglise peut-elle se tromper ?

    Elle ne se trompe pas lorsqu’elle enseigne les vérités précédentes. Le Magistère ordinaire et universel va cependant au-delà de ces vérités tout en étant assisté par le Saint Esprit. Là aussi l’erreur n’est pas enseignée, tout au plus pourra-t-on parler, à l’occasion, de déficiences sur des sujets insuffisamment débattus. Parfois également, des enseignements liés à des circonstances historiques peuvent devenir caduques avec le temps. Le Magistère le reconnaît et apporte les modifications nécessaires.

    La Note doctrinale du 29 juin 1998 illustrant la formule conclusive de la Professio fidei se termine ainsi : « Dans toute profession de foi, l’Eglise vérifie les différentes étapes auxquelles elle est parvenue dans sa marche vers la rencontre définitive avec le Seigneur. Rien de son contenu ne se trouve dépassé avec le temps ; au contraire, tout devient patrimoine irremplaçable par lequel la foi de toujours, de tous, vécue en tout lieu, contemple l’action permanente de l’Esprit du Christ ressuscité qui accompagne et vivifie son Eglise pour la conduire à la plénitude de la vérité. » La Note est signée du Cardinal Ratzinger et de Mgr Bertone. 

    Le fidèle doit-il adhérer à tout le Magistère ?

    La réponse est oui car cet enseignement est vrai, fondé sur la Parole de Dieu, proposé par l’Eglise qui tient sa mission du Christ, et guidé par le Saint-Esprit.

    Donum veritatis du 24/05/1990 précise au N°36 « La liberté de l’acte de foi ne saurait justifier le droit au dissentiment » et au N°38 « Le recours au devoir de suivre sa conscience ne peut légitimer le dissentiment »

   Le dissentiment est un désaccord qui conduit à une opposition de nature conflictuelle.

   Dans St Luc 10,16 nous trouvons aussi « Qui vous écoute, m’écoute »

  

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8 janvier 2016

LE RITE DE LA PAIX

05 août 2023

LE RITE DE LA PAIX

 

  Dans la messe de Paul VI, les fidèles peuvent être invités à transmettre la Paix qui vient du Christ par un geste particulier adressé à la personne la plus proche. Ce geste peut être celui de donner ses deux mains ou celui d’incliner sa tête sur l’une des épaules tout en posant une main sur l’autre épaule. En l’absence de consignes bien définies, cela a pris la forme d’une banale poignée de main. Malheureusement, cette façon de faire est trop profane pour exprimer ce qu’il y a de sacré dans cet échange. Ensuite, au fil des années, l’habitude s’est prise de multiplier ces poignées de main avec toutes les personnes qui nous entourent et même davantage. Ce qui ne devait être qu’un moment relativement court mais vécu profondément et dignement a pris de l’ampleur dans le temps et dans l’espace et s’est transformé en quelque chose d’assez tumultueux. Il est même assez souvent accompagné d’un chant comme pour permettre à chacun de communiquer non pas seulement avec son voisin mais avec un grand nombre. Le résultat, c’est que ce geste a perdu de son contenu spirituel et de sa véritable saveur. Il arrive fréquemment qu’on le donne à une personne qui ne vous regarde déjà plus parce qu’elle cherche un peu plus loin quelqu’un avec qui elle reproduira le même geste rapide. Cette attitude peut être source d’une vraie blessure dans le cœur dans la mesure où vous vivez profondément ce que vous faites et que c’est bien la Paix du Christ que vous vous apprêtez à donner et non un simple geste amical. Il n’est pas possible, en effet, de transmettre la Paix du Christ si l’autre tend sa main tout en vous quittant du regard. Le Christ ne se donne pas à moitié. Parole de mère Yvonne-Aimée de Malestroit : « Beaucoup humanisent le divin, mais bien peu divinisent l’humain ». Si je veux être cohérent avec le sens profond de ce rite, je vais l’accomplir de tout mon cœur, de toute mon âme en réalisant un beau geste d’amour avec mes mains et avec mes yeux.

  Au cours du synode sur l’Eucharistie (Oct. 2005), les évêques se sont penchés sur cette question. La proposition 23 dit : « Le salut de paix, dans certains cas, prend un poids qui peut devenir problématique, lorsqu’il se prolonge trop ou suscite même de la confusion précisément avant de recevoir la communion. » La Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements a publié  en juin 2014 une circulaire approuvée par le Pape François pour clarifier la signification et la pratique de ce rite. En voici les principaux éléments :

Sens théologique

  « Le signe de la paix se réfère à la contemplation eucharistique du mystère pascal. C’est le baiser pascal du Christ présent sur l’autel. Il est l’expression de l’Eucharistie, sacrement de la paix ». C’est la Paix du Seigneur lui-même qui se communique. Selon Redemptionis Sacramentum, n°71, « cet usage n’a pas une connotation de réconciliation ni de rémission des péchés, mais il a pour but de manifester la paix, la communion et la charité ».

Recommandation

  Benoît XVI, dans l’exhortation post-synodale Sacramentum caritatis, de février 2007 au n°49 : « Il a paru opportun -aux évêques- de modérer ce geste, qui peut prendre des expressions excessives, suscitant un peu de confusion dans l’assemblée juste avant la communion. Une sobriété est nécessaire pour maintenir un climat adapté à la célébration, par exemple en limitant l’échange de la paix avec la personne la plus proche. »

Importance de cette question

  Selon la circulaire, « il s’agit d’un point très important ». Nous sommes invités « à prendre soin de ce rite et à accomplir ce geste liturgique en faisant preuve de sens religieux et avec sobriété ». L’intention est de « mieux exprimer la signification du signe de la paix et réglementer les expressions excessives qui provoquent la confusion dans l’assemblée liturgique avant la communion ». « Lorsque l’échange de la paix est accompli de la manière qui convient entre les personnes, le sens et l’expression du rite lui-même en sont enrichis ». 

  Le document insiste sur la « nécessité de proscrire définitivement certains abus » :

- 1 « L’introduction d’un chant pour la paix ».

- 2 « Pour les fidèles, le fait de se déplacer pour échanger entre eux le signe de la paix ».

- 3 « Pour le prêtre, le fait de quitter l’autel pour donner la paix à quelques fidèles ».

- 4 « Le fait que le geste de la paix soit l’occasion d’exprimer des congratulations, des vœux de bonheur ou des condoléances aux personnes présentes, dans certaines circonstances ».

  Pourquoi une telle sobriété est-elle demandée ?

  Afin de mieux comprendre, replaçons-nous dans le déroulement de la célébration. Nous venons de vivre la prière eucharistique. Celle-ci est offrande, sacrifice, louange, résurrection, rédemption, glorification du Christ. Jésus est là, présent. C’est le sommet et la source de notre vie chrétienne. Cela requiert tout notre cœur et toute notre attention. Vivre en vérité ce moment, c’est être orienté avec tout son être vers la Présence qui est à l’autel. C’est déjà le cœur à cœur de la communion qui se prépare. Chacun va recevoir l’Hôte divin. Le sentiment qui s’impose est celui de l’amour et de l’adoration. « Je voudrais raviver cette admiration eucharistique » exhortait Jean-Paul II dans l’encyclique Ecclesia de Eucharistia de 2003.

  Voilà pourquoi le rite de la paix ne doit pas prendre trop d’ampleur ni dans le temps ni dans l’espace. Il s’agit d’éviter une rupture dans cette démarche du cœur en profonde communion déjà avec la Présence du Christ à l’autel. Il ne doit pas, par son prolongement dans le temps, nous détourner de la Présence qui est là.

  Pourquoi limiter l’échange de la paix à la personne qui est juste à votre côté ?

  La phrase que l’on est invité à dire est « la paix du Christ soit avec vous ». Si j’ai vraiment reçu La Paix du Christ à travers le frère qui est à côté de moi, je n’ai pas besoin de La recevoir plusieurs fois. Vouloir multiplier les échanges, c’est faire comme si le premier avait manqué d’efficacité. Il est préférable de donner La Paix du Christ à une ou deux personnes seulement mais de tout son cœur en prenant le temps de se regarder plutôt que de se dépêcher et de bâcler ce geste « sacré » pour passer à une autre personne puis encore à une autre et ainsi de suite. En outre, lorsque nous balayons du regard l’assemblée pour envoyer tel ou tel signe de loin, nous cherchons plus ou moins les personnes que nous connaissons alors qu’il s’agit de ne pas choisir mais de se tourner vers celui qui est à côté de moi. C’est bien La Paix du Christ que nous donnons et non notre propre paix. Le but n’est pas de donner une poignée de main, de se saluer ou d’en rester au témoignage de sa propre affection. A Rimini, en 1990, le cardinal Ratzinger avait dit : « Ce n’est pas d’une Eglise plus humaine dont nous avons besoin mais d’une Eglise plus divine ». Après avoir partagé avec une ou deux personnes La Paix du Christ, les fidèles, le cœur toujours rempli d’amour pour Lui, se tournent de nouveau sans tarder vers l’autel pour demeurer proche de Sa Présence réelle avant de Le recevoir au moment de la communion.

  Pourquoi le prêtre doit-il demeurer à l’autel ?

  Un commentaire de la Conférence épiscopale américaine (2000) précise qu’il s’agit « de ne pas rompre l’harmonie et l’élan du rite eucharistique ». Les explications précédentes s’appliquent donc autant sinon plus au prêtre lui-même. En outre, il n’est pas convenable et cohérent que la proximité physique et l’union du prêtre avec le Christ soit ainsi soudainement interrompue lorsque celui-ci quitte l’autel et semble ainsi « abandonner » la Présence réelle c’est-à-dire le Christ Lui-même pour échanger à son tour quelques signes de paix dans la nef avec des fidèles. Il est important que l’attention des fidèles ne soit pas détournée de la Présence à l’autel de Celui qui vient si humblement s’offrir à nous. Même si le Prêtre représente le Christ, même s’il est « un autre Christ », en quittant l’autel pour descendre la nef, il attire vers lui les regards et les détourne de la direction où se trouve le Christ. Il y a là comme une contradiction avec ce que la liturgie nous fait vivre en ce moment précis : être tout entier tourné vers le Christ pour se préparer à Le recevoir. « Tous, dans la synagogue, tenaient les yeux fixés sur Lui. » -Luc, 4,20- « Les regards fixés sur Jésus qui est le commencement et le terme de notre foi.» -Hébreux, 12,2-

  Pourquoi ne pas ajouter un chant pour la paix ?

  Toujours pour la même raison. Cela donne de l’ampleur à un moment de la liturgie qui doit demeurer orienté vers la communion. Notre attention ne doit pas être détournée de l’essentiel, c’est-à-dire du Christ Lui-même. Prendre quelques secondes pour se pencher vers son voisin le plus proche et échanger profondément avec lui la Paix du Christ qui nous habite ne provoque pas de rupture dans cette relation privilégiée au Christ si on revient aussitôt vers Lui. Par contre, la multiplication des échanges, peut produire une confusion et nuire à ce moment de grâce en remplaçant finalement ce qui est divin par ce qui est humain. En outre, le chant pour la paix qui ne fait pas partie de la liturgie prend parfois la place de l’Agneau de Dieu qui, lui, en fait partie. Or, l’Agneau de Dieu est une prière de miséricorde, belle et simple, qui est faite pour nous préparer à recevoir le don immense de l’Eucharistie en nous aidant à poser un acte d’humilité et de pauvreté. C’est un préjudice spirituel que d’en être privé.

  Une précision à propos de l’usage de ce rite : il s’agit d’un geste optionnel. « On peut l’omettre et, parfois, il doit être omis. »

  Des efforts devront tôt ou tard être entrepris indique la circulaire : « Il serait bon dans l’avenir de changer la manière de donner la paix, de remplacer les gestes familiers et les salutations profanes par des gestes appropriés », « de préparer des catéchèses liturgiques sur la signification du rite de la paix et sur la manière adéquate de l’accomplir ».

  Personnellement, j’ai pris l’habitude d’ouvrir discrètement mes deux mains l’une sur l’autre, comme un réceptacle, en direction de l’autel pour mieux signifier ma réception de la Paix qui vient du Christ et, ensuite, c’est bien avec ces deux mains que je La communique à mon voisin.

  Le document conclut en parlant d’ « un geste humain élevé jusqu’à la sphère du sacré ».

 

  NB : Rite de la paix et mesures sanitaires

Le problème s’est aggravé avec l’intrusion des mesures sanitaires dans le déroulement de la liturgie. Ces dernières, par leur démesure et aussi pour certaines par leur inconvenance, ont gravement nuit à la beauté et à la dignité des célébrations. Le rite de la paix, déjà bien mal pratiqué avant la crise sanitaire -et aussi crise psychologique- que nous avons connue, est encore plus problématique aujourd’hui. On voit un peu de tout : inclination du buste les mains jointes à la manière bouddhiste, saluts de la main en forme de petits coucous, baisers envoyés dans les airs à droite et à gauche, tête dodelinant dans toutes les directions… Il arrive aussi parfois que des frères refusent les mains qui leurs sont tendues par peur d’une éventuelle contamination ou peut-être plus simplement par application docile des anciennes consignes des gestes barrières. Il est important d’expurger le rite de la paix et aussi l’ensemble de la liturgie de toutes les transformations subies à la suite de ce qu’il y a eu d’excessif dans les mesures sanitaires parfois même jusqu’à la folie.

 

Stanislas Grymaszewski   2016, dernière modification le 25/08/2023

30 décembre 2015

MARIAGE ET HOMOSEXUALITE : QU'EST-CE QUI FAIT PROBLEME ?

 Deux exigences à prendre en compte

 

1) Première exigence : le respect des personnes homosexuelles

  Ces personnes n’ont pas choisi leur état et le vivent plus ou moins bien. Elles ont pu subir des moqueries ou des rejets. Il n’y a pas à les juger et à les culpabiliser d’être ce qu’elles sont. Nous devons faire preuve à leur égard d’une délicatesse particulière car elles peuvent vivre des déceptions, des blessures, des révoltes profondes.

  Il y a une distinction à faire entre l’homophilie qui désigne simplement la tendance, l’attrait pour les personnes de même sexe, la structuration psycho-affective et l’homosexualité qui concerne le passage à l’acte, le comportement sexuel lui-même. Il n’y a pas contradiction à désapprouver un comportement tout en respectant infiniment l’auteur de ce comportement. 

2) Deuxième exigence : le devoir de vérité

  Nous devons faire preuve d’un grand souci de vérité car nous touchons là à des sujets fondamentaux : le mariage, la famille, la sexualité, mais aussi l’homme et la femme. Leur impact sur la vision de l’homme et sur le devenir de la société dépasse ce que nous pouvons imaginer. La méthode pour parvenir à la vérité objective consiste à s’affranchir des idées à la mode et des désirs individuels pour regarder par la raison ce qui est conforme au réel et à la nature objective des choses.

  Le mot « nature » est ambigu. Distinguons bien la Nature au sens de l’ordre naturel des choses qui est objectif et de portée universelle, ce dont nous parlons ici, et la nature au sens de tendances spontanées dites naturelles. Le fait de ressentir comme naturelle telle ou telle inclination que j’ai ne signifie pas que cela soit forcément conforme à l’ordre naturel des choses. Par exemple, ce n’est pas parce que des personnes se sentent naturellement attirées sexuellement vers des enfants que cela est conforme à la vérité sur la nature et le sens objectif de la sexualité.

  Le besoin de vérité concerne aussi la personne homosexuelle qui s’interroge sur sa véritable identité, le pourquoi de son état, sur ce qui est bien pour elle, sur le chemin à prendre pour plus de liberté et plus de bonheur. C’est un service qui peut pacifier que d’aider quelqu’un à faire la lumière sur lui. A l’inverse ce n’est pas rendre service à la personne homosexuelle que de l’encourager à s’enfermer dans son homosexualité. 

3) Les causes de l’homosexualité

  L’origine n’est pas génétique. Toutes les études en ce sens n’ont rien donné. On n’est pas programmé pour être homosexuel. Il y a un doute d’après certains chercheurs pour un tout petit nombre de cas. L’hypothèse proposée est alors celle d’un dérèglement hormonal.

  A partir de témoignages de nombreuses personnes homosexuelles elles-mêmes, l’explication généralement avancée est psychologique et affective. On ne peut réduire l’homosexualité à une cause unique. De nombreux facteurs peuvent s’additionner tout au long de l’enfance, de l’adolescence, et même parfois de la vie adulte, pour finalement entraîner cette orientation sexuelle. Cela d’autant plus qu’il existe au cours de l’adolescence une période d’ambivalence quant à l’orientation de l’affectivité. Des conflits internes, pas forcément violents, peuvent brouiller la reconnaissance de sa propre identité sexuelle et rendre difficile l’intériorisation de l’autre sexe. L’enfant ou l’adolescent va alors se fixer sur la similitude au lieu de se tourner vers la différence. De nombreuses circonstances peuvent intervenir et avoir pour résultat une identification à l’autre sexe, mais aussi un rejet ou une peur de l’autre sexe, avec pour conséquence l’orientation de son affectivité et de sa sexualité vers une personne du même sexe.

 4) La théorie du genre

  Nous pouvons en parler ici car le « mariage » homosexuel est comme une sorte de cheval de Troie pour nous mener à ce que l’on peut appeler une révolution anthropologique. La théorie soutient que les différences de rôle et d’image entre l’homme et la femme sont uniquement d’origine culturelle. La sexuation des individus, dans ces conditions, est une construction sociale et culturelle. L’homme n’est plus défini par son sexe. La dimension biologique et anatomique est effacée. On naît « neutre ». C’est la société qui imposerait à chaque femme d’être femme et à chaque homme d’être homme.

  Les théoriciens du genre veulent en finir avec la distinction des sexes. Ils considèrent qu’il ne peut y avoir de différence sans inégalité. Pour parvenir à une égalité parfaite entre les hommes et les femmes, ils vont nier le réel en faisant qu’il n’y ait plus ni fille ni garçon, ni femme ni homme, mais que des êtres indifférenciés qui choisissent leur sexe et leur orientation sexuelle.

  Les idées nouvelles ne sont pas forcément les meilleures. Nous ne devons pas confondre changement et progrès. L’évolution peut être régressive.

  

Les conditions d’un vrai débat sont faussées

 

5) L’arme de l’homophobie

  Certes, il faut dénoncer les comportements homophobes  et tout ce qui est injures, insultes, moqueries, mépris et rejet.

  Pourtant, à côté de cela, nous constatons que le mot homophobie est devenu une arme redoutable et qui porte gravement atteinte à la liberté d’expression. L’homophobie est instrumentalisée pour donner mauvaise conscience et pour faire taire par la peur. Les lois anti-homophobies permettent des peines jusqu’à trois ans de prison et 45000€ d’amende. Il n’est plus possible aujourd’hui de parler librement sur le sujet de l’homosexualité car c’est devenu un délit d’opinion. Ainsi, refuser de mettre à égalité le comportement homosexuel et le comportement hétérosexuel, s’opposer au mariage et à l’adoption pour les personnes de même sexe, c’est être homophobe. Le gouvernement va dans ce sens, avec cette déclaration de Mme Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la Famille, « Quand on ne donne pas les mêmes droits aux homosexuels et aux hétérosexuels, n’est-ce pas de l’homophobie ? » Certains n’hésitent pas à associer ce refus à du racisme, tel Lilian Thuram : « Ceux qui refusent le mariage pour tous … sont dans la même démarche que ceux qui refusaient l’égalité à des hommes et à des femmes parce qu’ils étaient noirs. »

 6) Manipulation, prosélytisme, victimisation, agressivité

  Le lobby homosexuel même s’il ne représente qu’une minorité des personnes homosexuelles a acquis beaucoup de puissance. A preuve, la volte-face de Mr Hollande qui, après avoir reconnu aux 36000 maires de France la liberté de conscience pour célébrer ou pas eux-mêmes le « mariage » homosexuel, s’est vu rappeler à l’ordre par le micro lobby de l’inter LGBT, l’a ensuite reçu dans les 24 heures à l’Elysée pour revenir aussitôt sur sa déclaration de la veille.

  Les associations homosexuelles bénéficient de subventions importantes de la part de l’Etat et des collectivités locales. A titre d’exemple, en 2011, la municipalité de Paris a distribué 112000€ au centre LGBT, 35000€ à Act Up, 40000€ à Paris Foot Gay, 10000€ à SOS Homophobie, 8000€ pour l’organisation d’un festival du film lesbien entièrement interdit aux hommes, 8000€ à Archives, Recherches et Cultures Lesbiennes et, à titre de comparaison, 15000€ au Secours Catholique pour l’année 2012.

  Elles sont particulièrement soutenues par les médias. En 2003, selon Media-G, la TV française a abordé le sujet de l’homosexualité dans 764 émissions. Les journalistes étant acquis à leur cause, les débats, lorsqu’ils ont lieu, sont généralement très orientés dans le sens de leurs revendications.

  L’école n’est pas en reste. La jeunesse française est soumise à un formatage depuis de nombreuses années. Des associations homosexuelles interviennent dans les classes dans le cadre de l’Education Nationale. On joue beaucoup sur les sentiments. Il est facile de manipuler les jeunes à partir de leur sensibilité en leur faisant étudier un témoignage émouvant (texte, livre, film) mettant en jeu un homosexuel, victime d’un méchant homophobe.

  Il y a aussi la victimisation excessive. L’affaire Nouchet (2004) en est une manifestation très significative. Cette personne homosexuelle « violentée » avait donné occasion aux médias et aux politiques de dénoncer l’homophobie ce qui avait débouché sur l’institution de la Halde alors que l’affaire se termina ultérieurement par un non-lieu. En France, cependant, les agressions de personnes homosexuelles et les cas de propos homophobes par voie de presse et qui auraient justifiés  l’application de la loi de 1881 sont quasiment inexistants.

  Cela n’empêche pas certaines organisations comme Act Up de mener des actions provocatrices et agressives comme l’installation d’une banderole sur ND de Paris (1989) ou l’interruption de la Messe de Toussaint au même endroit (1991) ou encore l’agression de Mgr Jacquin, son recteur, frappé et jeté à terre par un commando venu organiser, avec la complicité de France 3 et de France Info, une parodie de « mariage » homosexuel « célébré » par un militant déguisé en prêtre (2005).

  Le problème aujourd’hui, ce n’est plus l’homophobie, ce n’est plus l’irrespect des personnes homosexuelles, mais c’est plutôt ce climat de matraquage et de terrorisme intellectuel qui a été institué et que l’on pourrait appeler homofolie. Ce n’est pas un hasard si on est parvenu en une vingtaine d’années, par le puissant concours des médias et de l’école à modifier l’opinion pour lui faire accepter l’idée du « mariage » et de l’adoption pour les personnes homosexuelles. Il est faux de prétendre comme Mr Peillon, qu’ « il y a un principe dans notre école sur des sujets qui intéressent les adultes, c’est la neutralité de l’école. »

 

Les raisons fondamentales pour s’opposer à la nouvelle loi

 

7) La dénaturation du mariage

  La loi votée est grave car elle revient à enfermer définitivement la société dans le mensonge. Le mensonge porte sur la négation du réel, sur la déformation de plusieurs réalités humaines, sur la remise en cause de vérités objectives fondées sur la nature des choses. En effet, selon la nature, l’homme et la femme sont différents sexuellement, mais aussi affectivement, psychologiquement, humainement pour se compléter afin de donner la vie et perpétuer ainsi l’espèce humaine. La différence des sexes est bien le fondement naturel du mariage et de la famille. Le refus du réel va jusqu’à envisager de supprimer les termes époux, épouse, père et mère. En étant inscrit dans le Code civil, il sera donc proposé comme norme, comme modèle au même titre que le mariage traditionnel entre un homme et une femme. Le changement n’est pas anodin et le gouvernement a raison de parler d’ « une réforme de société et de civilisation ».

  Une objection peut surgir à propos des couples stériles ou d’un certain âge et qui ne sont pas en mesure eux aussi de donner la vie. La situation n’est cependant pas comparable à celle des « couples » homosexuels. C’est seulement accidentellement qu’ils n’ont pas d’enfants. Et cela ne remet pas en cause l’essence du mariage. Il y a toujours cette union fondée sur l’altérité et la complémentarité des sexes. Le « mariage » homosexuel, certes, n’enlève rien aux droits des couples hétérosexuels, mais il modifie l’essence du mariage auquel chacun a droit.

8) Le bien de l’enfant

  Au nom de l’égalité des droits est invoqué le droit à l’enfant. Pourtant  ce droit n’existe pas, ni pour les personnes homosexuelles, ni pour les personnes hétérosexuelles. Chez ces derniers, par exemple, un couple âgé ou un couple à la fois stérile et malade n’ont pas accès à l’adoption. Ce n’est pas le désir de l’enfant qui donne un droit à l’enfant. La souffrance de l’infertilité ne suffit pas à donner le droit d’adopter. Parler d’un droit à l’enfant, c’est en faire un objet, c’est l’instrumentaliser.

  Le cœur du débat, ce n’est pas le désir de tel ou tel adulte, c’est l’enfant en tant qu’il est une personne, un sujet. L’enfant n’est pas un objet de droit, mais un sujet de droit.

  Or, un enfant a besoin d’un père et d’une mère. Et l’enfant adopté qui a déjà connu une privation en a besoin plus qu’un autre. Il est prioritaire de donner à l’enfant une famille où il aura le maximum de chances de se construire au mieux. La finalité de l’adoption est de donner des parents à un orphelin et non pas de donner un enfant à des adultes. L’individualisme ne doit pas l’emporter sur le bien commun.

  Certains mettent en avant le fait que la personne homosexuelle est tout aussi capable d’aimer et d’éduquer un enfant. La question n’est pas là. Le rôle des parents n’est pas seulement d’aimer et d’éduquer. C’est aussi de structurer l’enfant par la paternité et la maternité. La parentalité n’est pas équivalente à la parenté. Il y manque la réalité corporelle, charnelle, intrinsèque d’un père et d’une mère. Il y a injustice à priver volontairement un enfant d’un père en lui imposant deux mères  ou de le priver d’une mère en lui imposant deux pères.

  Un autre problème se pose. En France, on compte 25000 couples agrémentés pour seulement 700 enfants français et 3000 enfants étrangers adoptés. Avec la loi, la possibilité d’adopter se retrouve fortement restreinte puisque seule l’Afrique du Sud accepte de donner des enfants à l’adoption homosexuelle.

 9) L’engrenage

  La loi est une porte ouverte vers d’autres changements. Nous aurons droit tôt ou tard à la Procréation Médicalement Assistée pour les      « couples » de lesbiennes. Ensuite, au nom de l’égalité, ce sera la revendication des mères porteuses pour les « couples » gays. Regardons aussi ce qui se passe dans  les pays qui nous précèdent. Des mariages à trois ont eu lieu aux Pays-Bas, au Canada et au Brésil. En Australie, une femme a pu obtenir un enfant de son petit-fils en faisant intervenir une mère porteuse.

  La loi est un moyen supplémentaire de limiter la liberté d’expression et de choix. La lutte contre la soi-disant homophobie est accentuée. Certains réclament déjà le mariage religieux pour les « couples » homosexuels au nom de l’égalité. En Angleterre, les dernières agences catholiques d’aide à l’adoption viennent de cesser leur activité. La loi sur « l’égalité » ne leur laisse pas le choix, puisque désormais les agences d’adoption doivent proposer des enfants aux « couples » homosexuels. Dans le même pays, plusieurs journalistes ont été licenciés pour avoir exprimé leur attachement au mariage entre un homme et une femme et un fonctionnaire a subi le même sort suite à son refus de célébrer des unions entre personnes homosexuelles.

  Comment croire ceux qui prétendent le contraire lorsque l’on sait que Mme Guigou avait défendu le PACS en affirmant et en répétant que jamais il ne serait question d’ouvrir le mariage et l’adoption aux « couples » homosexuels. Dix ans plus tard, à l’occasion de l’anniversaire du Pacs, elle avouait avoir menti en expliquant que « la fin justifie les moyens ». 

 

Réponse aux arguments invoqués

 

10) L’argument de l’égalité, de la lutte contre les discriminations

  Il ne faut pas confondre la justice et la stricte égalité. Les différences ne sont pas forcément injustes. Ce n’est pas commettre une injustice que d’autoriser un jeune à boire du vin à table et de le refuser à un enfant de 8 ans.

  L’égalité ne se comprend que dans des situations comparables. Or, il n’y a pas symétrie entre un couple hétérosexuel et un « couple » homosexuel. L’homosexualité n’est pas un strict équivalent à l’hétérosexualité. Ne serait-ce que par rapport à la survie du groupe. Une société homosexuelle ne dépasserait pas une génération. Elle ne se renouvelle que parce qu’il y a, à côté, une société hétérosexuelle. Seul le couple hétérosexuel peut être fécond et être le lieu approprié à l’accueil des enfants, seul il peut participer au renouvellement des générations et seul il peut permettre à la société de perdurer. Il n’est donc pas injuste de traiter différemment ce qui est différent.

  Par contre, il y a injustice, et c’est une discrimination choquante que d’imposer à un enfant l’adoption par un « couple » homosexuel.

  Enfin, la revendication de l’égalité des droits n’a pas lieu d’être car elle existe déjà. La formule « le mariage pour tous » est une tromperie car elle suggère une exclusion qui n’est pas réelle. Tout homme, toute femme, qu’il (ou elle) soit homosexuel ou hétérosexuel a le droit de se marier. Oscar Wilde et André Gide, homosexuels notoires, ont exercé ce droit.

 11) L’argument de l’amour

  Il consiste à dire : « Ils s’aiment, ils ont donc le droit de se marier ». Pourtant, le mariage civil n’est pas une reconnaissance de l’amour. Le mot amour ne figure pas dans les textes. L’officier d’état civil n’a pas pour mission de vérifier que les époux s’aiment effectivement.

  L’amour n’a jamais été un droit au mariage et ne le sera jamais. Ce n’est pas parce que des personnes s’aiment qu’elles ont le droit de se marier :

  -Un homme ne peut pas se marier avec une femme déjà mariée même s’ils s’aiment.

  -Une femme ne peut pas se marier avec deux hommes au motif qu’elle les aime tous les deux et que chacun d’entre eux veut être son mari.

  -Un père ne peut pas se marier avec sa fille.

  -Un frère ne peut pas épouser sa sœur.

  -Un homme de 60 ans ne peut pas épouser une jeune fille de 14 ans.

  Ces exemples montrent bien qu’il n’est pas juste d’invoquer l’égalité et la tolérance pour donner le mariage à tous ceux qui s’aiment. Une nouvelle fois, le slogan « le mariage pour tous » se révèle être une supercherie. Il n’existera jamais. Il y a des règles strictes qui délimitent aujourd’hui et qui délimiteront demain des alliances autorisées et des alliances interdites. De cette façon, la loi crée  une discrimination qui n’existait pas car il y a un droit au mariage pour tous qui est refusé à certains ! 

12) L’argument du vide juridique pour les enfants

  En fait, selon la juriste Aude Mirkovic, il n’y avait pas de vide juridique. Tous les enfants étaient protégés par la loi quelle qu'était leur situation. Le compagnon pouvait accomplir tous les actes usuels de la vie quotidienne de manière tacite. La loi avait également déjà tout prévu pour les actes importants et pour les cas de séparation et de décès. Il suffisait de désigner par testament un tuteur, de signer et de dater. Acte que tous les parents peuvent faire s’il leur arrive quelque chose. La seule différence c’est que le compagnon n’était pas associé de façon automatique à partager l’autorité parentale. Ce qui est une bonne chose car cela peut être contraire au bien de l’enfant. Aussi est-il préférable de conserver le cas par cas comme cela se faisait avant la loi. Ceux qui invoquent le soi-disant vide juridique pour ces enfants sont ceux qui les ont délibérément mis dans cette situation en les privant d’une partie de leur filiation. 

13) L’argument de la protection du conjoint

  La question peut effectivement être posée dans le cas d’un décès ou d’une séparation. On peut déjà dire que si les couples hétérosexuels sont de plus en plus nombreux à choisir le PACS, c’est qu’ils trouvent un intérêt en celui-ci, en particulier sur les paramètres économiques et juridiques. Il faut savoir également qu’un conjoint pacsé peut hériter avec les mêmes réserves et limites que dans le cas d’un couple marié. Pour cela, il doit rédiger un testament et désigner son partenaire comme héritier. L’héritage est alors exonéré de droits de succession comme c’est le cas dans le mariage.

 Des solutions techniques sont possibles pour apporter des améliorations. Cela ne justifie pas de modifier le sens profond de l’institution du mariage et de bouleverser le droit.

 

 

                                                                                                                        

24 novembre 2015

JEAN-PAUL II, BENOÎT XVI, SIDA ET PRESERVATIF

  En mars 2009, nous avons assisté à un stupéfiant lynchage médiatique de Benoît XVI à partir des propos qu’il a tenus dans l’avion qui le conduisait en Afrique. Il est opportun de rappeler que Jean-Paul II avait été soumis aux mêmes diatribes de la part des médias et des hommes politiques à l’occasion d’un déplacement en Afrique où il avait traité lui aussi cette question  de la lutte contre le sida. Comme cela avait été le cas pour Jean-Paul II, des mots décisifs ont été retranchés de l’intervention de Benoît XVI pour en modifier le sens et ainsi l’accuser à loisir de mettre en danger la vie de nombreux africains, tel homme politique français y voyant « presque du meurtre prémédité »

  Voici les paroles exactes de Benoît XVI : « … on ne peut vaincre ce problème du sida seulement avec de l’argent, qui est nécessaire. S’il n’y a pas le cœur, si les africains ne s’y entraident pas, on ne peut résoudre ce fléau avec la distribution de préservatifs : au contraire, cela augmente le problème. » On voit bien que l’idée n’est pas d’affirmer que le préservatif serait sans efficacité, mais seulement de dire qu’il ne saurait suffire à lui seul à vaincre ce fléau s’il n’est pas accompagné d’une éducation à la sexualité responsable. Effectivement, la seule distribution à grande échelle de préservatifs augmente le problème car cela incite, notamment chez les jeunes, à des comportements sexuels irresponsables par lesquels précisément le sida se développe. Et, comme l’explique également Edward C. Green, directeur du Projet de recherche sur la prévention du sida à l’université Harvard aux Etats-Unis, « Le Pape a raison. Il existe une relation systématique, mise en relation par nos meilleures enquêtes, entre l’accès facilité aux préservatifs et leur usage plus fréquent et des taux d’infection par le virus du sida plus élevés et non plus faibles. Cela pourrait être dû en partie au phénomène connu sous le nom de compensation du risque qui consiste à prendre davantage de risques qu’on ne ferait en l’absence de technologie de réduction de risque. »

   Venons-en à cette idée, aujourd’hui bien répandue, d’une interdiction formelle de Jean-Paul II de l’usage du préservatif dans la lutte contre le sida. Celle-ci a été propagée à partir d’une vive polémique déclenchée en France, accusant le Pape de « non-assistance à personne en danger » et, pis encore, d’ « homicide involontaire ». Un député européen français tenta même de faire voter une motion au parlement européen de Strasbourg pour condamner les propos de Jean-Paul II. Le terme de criminel fût parfois employé et, fin 2004, on pouvait lire sur des autocollants à Angers, « Jean-Paul II, sponsor officiel du sida ». A la fin de la même année, Mulhouse était inondé d’affiches géantes représentant Jean-Paul II « responsable de crime contre l’humanité et promoteur mondial du sida ».

  Que s’était-il passé ? Quels propos le Pape avait-il donc tenu ? Ces prises de position faisaient suite à l’un de ses voyages en Afrique et spécialement à la rencontre avec 60.000 jeunes ougandais au stade de Kampala, le 6/02/1993. En fait, une partie de son discours portait sur la vision chrétienne de l’amour et du mariage et indiquait le chemin de la chasteté et de la fidélité. Juste avant de conclure cette partie, il précisa que ce chemin était aussi « l’unique manière sûre et vertueuse pour mettre fin à cette plaie tragique qu’est le sida ». L’ensemble du discours était magnifique et tout entier protecteur de la vie.

  A aucun moment de cette rencontre ni d’ailleurs sur l’ensemble de son pontificat, Jean-Paul II ne parle du préservatif. Il n’a jamais pris l’initiative de faire une déclaration pour interdire l’usage du préservatif. Néanmoins, sa parole dérange. Les vrais motifs de la polémique sont certainement ailleurs. Son enseignement est tronqué. On lui fait dire que la chasteté est l’unique moyen de lutter contre le sida en laissant tomber les termes « sûre » et « vertueuse » ce qui modifie le sens et revient effectivement à exclure le préservatif. Toute la puissance des médias est utilisée pour faire croire que le Pape est intervenu spécialement pour interdire l’usage du préservatif dans la lutte contre le sida. Le journal « Le Monde » est en première ligne dans cette violente entreprise de défiguration et de désinformation concernant la pensée du Pape et de l’Eglise. Comme souvent, il existe un étonnant décalage entre le discours tenu réellement par l’Eglise et les propos qu’on lui fait tenir. On lui reproche de ne pas savoir communiquer mais on fait taire son vrai discours pour lui en substituer un autre. 

  Voici les paroles exactes de cet enseignement qui a suscité tant de remous : 

  « En second lieu, la majeure partie d’entre vous prendra le chemin de la vie dans le mariage. Cela aussi demande une éducation. Vous devez vous préparer au merveilleux engagement du mariage et de la fondation d’une famille, l’union la plus importante de la communauté chrétienne. En tant que jeunes chrétiens, vous devez vous préparer avec soin à devenir de bons époux, de bons parents pour votre famille.

  Pour vous préparer au mariage, votre vocation à la chasteté est essentielle. Je sais que les jeunes refusent l’hypocrisie. Vous voulez être honnêtes avec vous-mêmes et avec les autres. Une personne chaste est honnête. Quand Dieu nous a crées, il nous a donné plus d’une manière de parler entre nous. Non seulement nous nous exprimons par des paroles, mais nous nous exprimons aussi par l’intermédiaire de notre corps. Les gestes sont comme des paroles qui révèlent ce que nous sommes. Les actes sexuels sont comme des paroles qui révèlent notre cœur. Le Seigneur veut que nous usions de notre sexualité selon son projet. Il attend que nous parlions en disant la vérité.

  Le langage sexuel honnête exige un engagement qui dure toute la vie. Donner votre corps à une autre personne, c’est vous donner  tout entier à cette personne. Mais si vous n’êtes pas mariés, vous admettez que vous pouvez changer d’idée dans l’avenir. Le don  total serait donc absent. Sans le lien du mariage, les rapports sexuels sont  un mensonge et, pour un chrétien, mariage signifie mariage sacramentel. 

  La chasteté – c'est-à-dire le respect de la dignité des autres, puisque nos corps sont les temples du Saint Esprit (1Co 6,19) – vous fait grandir dans l’amour des autres et de Dieu. Elle vous prépare à réaliser le don mutuel (cf. Gaudium et spes, 48) qui est à la base du mariage chrétien. Et ce qui est encore plus important, elle vous apprend à aimer comme Jésus aime, en donnant sa vie pour les autres (cf. Jn 15,13).

  Ne vous laissez pas tromper par les mots vides de ceux qui tournent en ridicule la chasteté ou votre capacité à vous maîtriser. La force de votre futur amour conjugal dépend de votre effort actuel pour apprendre le véritable amour, une chasteté qui implique que l’on s’abstienne de tout rapport sexuel en dehors du mariage. Le lien sexuel de la chasteté est l’unique manière sûre et vertueuse pour mettre fin à cette plaie tragique qu’est le sida, que tant de jeunes ont contracté.

  Aidés par la grâce de Dieu dans les sacrements de la pénitence et de l’Eucharistie, soyez forts et tenez bon (Dt 31,6). Le Pape vous invite à vous engager dans cette révolution spirituelle de la pureté du corps et du cœur. Laissez la Rédemption du Christ fructifier en vous ! Le monde contemporain a besoin de ce genre de révolution ! » 

  Les détracteurs du Pape lui ont reproché de ne pas avoir recommandé l’usage du préservatif. Il nous semble, au contraire, que le Pape a agi avec sagesse car de tels propos étaient en cette occasion inutiles et pouvaient par l’exploitation qui en aurait été faite dans le monde entier mettre en danger la vie de nombreuses personnes.  

 Voici les raisons :                                                                                                                                                                                                                                                           

  1) Le Pape n’a rien à apprendre sur les préservatifs que les jeunes ne savent déjà. L’information est largement diffusée et sans cesse répétée. Ils sont venus pour un autre message, celui précisément que la pensée unique occidentale ne veut pas leur donner.

   2) L’Eglise, par l’intermédiaire de nombreux évêques, a déjà parlé du préservatif comme moyen de se protéger pour ceux qui refusent la chasteté et la fidélité. Leurs propos ont été souvent déformés et manipulés pour leur faire dire plus ou autrement qu’ils ne voulaient dire.

  3) Le Pape est conscient que ses paroles sur un tel sujet subiraient le même sort. Il connaît les moyens redoutables des médias pour matraquer l’opinion. Et l’Eglise n’a pas la possibilité de corriger les déformations que son enseignement subirait comme ce fût le cas précisément pour ce discours aux jeunes de Kampala.

  4) L’idéal chrétien de l’amour et du mariage fondé sur la chasteté et la fidélité est en même temps le seul rempart parfaitement efficace contre la transmission du virus dans le domaine de la sexualité. En le  rappelant, Jean-Paul II ne peut que contribuer à sauver des vies.

  5) Maintenant, il nous faut dénoncer le véritable danger, celui de faire croire aux jeunes qu’ils sont en sécurité avec un préservatif. La publicité a souvent dit ou suggéré 100% de fiabilité. En réalité, le préservatif est une prévention à risque. Le danger d’une contamination subsiste et il est assez élevé : entre 10 et 30%. Le risque est plus grand encore dans les pays d’Afrique car l’information pour bien les utiliser passe mal. Une personne atteinte du sida doit savoir qu’elle met la vie de son partenaire en danger. Le préservatif n’est pas une protection absolue. L’amour authentique  commande de s’abstenir de tout rapport sexuel lorsqu’on est porteur du virus. N’oublions pas que l’on recommande aux femmes qui ne veulent pas d’enfants de prendre la pilule et non le préservatif car on sait que sa fiabilité pratique est insuffisante. Or, le spermatozoïde est 450 fois plus gros que le virus en question.

  Sur des tests effectués sur 51000 préservatifs par la « Food and Drug Administration » des Etats-Unis, on a constaté un taux d’échecs de 10% avec des produits américains et de 30% avec des préservatifs importés. Le docteur DIXON, spécialiste du sida, dans son livre Le sida et les jeunes dit : « Je ne confierai pas ma vie à un préservatif ». Interrogé sur les ondes de France-Inter, à propos de la contraception, le docteur JANSE-MAREC, chef du service de la maternité de l’hôpital franco-britannique de Levallois-Perret, notant qu’en France « des idées fausses comme,- le préservatif est un excellent moyen de contraception -, sont véhiculées chez les adolescents », révèle que l’on voit « sans arrêt aux urgences des accidents de préservatif, des demandes d’IVG pour des échecs de préservatif ». Elle ne fait du reste que confirmer l’avis exprimé par le docteur BRUNERIE-KAUFMAN, gynécologue, dans le journal Libération du 11/04/1999, « C’est énorme, le taux de préservatifs qui craquent…le préservatif seul est un mauvais préservatif. » ou celui de Martine AUBRY, à l’époque ministre de la Solidarité, soulignant dans les colonnes du Figaro du 23/07/1999, l’inefficacité du préservatif comme moyen de contraception.

  6) La campagne du « safer sex », du sexe sûr, prend trop souvent l’allure d’une incitation à des relations sexuelles désordonnées et précoces, sans mesure morale et, de ce fait, elle favorise la pandémie du sida au niveau de sa cause fondamentale : la permissivité au niveau du comportement sexuel. Le sida finit par servir d’alibi et le préservatif de justification à la promotion de modèles sexuels par lesquels le virus se transmet beaucoup plus facilement : vagabondage sexuel, expériences multiples, relations de passage, infidélité, sodomie… Dans un rapport à l’Académie Nationale de Médecine, en juin 1996, le professeur MONTAGNIER écrit : « La sodomie est l’équivalent d’une injection intraveineuse du virus ». En effet, la muqueuse rectale résorbe presque tout.  

    Qui est criminel dans cette affaire ?  

  Ne faut-il pas plutôt mettre en cause les accusateurs de Jean-Paul II ? En effet, les criminels sont ceux qui font croire à la population mondiale que le Pape aurait proclamé spécifiquement un interdit du préservatif à propos de la lutte contre le sida, car ce sont eux et non le Pape qui ont fabriqué et répandu cette idée. Et, comme ils le proclament, l’autorité de celui-ci est tellement grande que sa parole peut amener des changements de comportement. La responsabilité est grave aussi du côté de ceux qui font croire aux jeunes que le préservatif apporte une sécurité suffisante. Il y a danger enfin à utiliser les campagnes de prévention tout en faisant en même temps la promotion  de comportements sexuels à risques.

  A l’opposé, il est logique de penser que l’influence de l’Eglise a préservé l’humanité d’un désastre plus grand. La pandémie serait, en effet, plus importante si les millions de femmes et d’hommes qui vivent de nos jours selon les valeurs de la chasteté et de la fidélité avaient eux aussi emboîté le pas de la « libération sexuelle » prônée par la « culture dominante ». 

   Pourquoi Jean-Paul II a  t-il été si vivement attaqué ? 

  Le sida est une maladie contagieuse dépendant essentiellement de comportements sexuels particuliers qui se sont développés à partir de la «  libération sexuelle »  des années 1960-70 en provenance des Etats-Unis. La société est devenue très permissive. Le sida est l’un de ses effets car son développement dépend de circonstances touchant à la culture et à l’évolution des mœurs. On a posé la question suivante au professeur Montagnier, le médecin qui a découvert le virus du sida : « Qu’est-ce qui a donc provoqué cette épidémie ? » Il a répondu par un seul mot : « La pilule ! » puis, il a expliqué que, bien qu’il ne soit pas contre le préservatif, la pilule avait crée tant de promiscuité que le sida avait pris l’allure d’une épidémie (Venezuela, février 1988).

  Les acteurs de cette évolution des mœurs refusent jusqu’à ce jour toute responsabilité et toute remise en cause et préfèrent la fuite en avant en faisant de Jean-Paul II un bouc émissaire de ce fléau alors qu’il enseigne, lui, un style de vie qui ne donne aucune prise au sida. Finalement, ce qu’ils lui reprochent, plus que son silence sur le préservatif, n’est-ce pas plutôt ce qu’il a le courage de dire à propos de l’honnêteté, de la vertu et de la pureté ?  En jetant l’opprobre sur le Pape, ils détournent l’attention et font ainsi oublier leur propre égarement.

  Un autre facteur qui a joué dans cette campagne est le refus par beaucoup de l’enseignement de l’Eglise présentant la contraception comme un mal moral et donc comme une pratique illicite contraire à la vérité sur l’amour. On a essayé à travers  ces évènements de faire pression sur elle pour qu’elle remette en cause cet enseignement. Cela n’est pas possible explique Jean-Paul II car, « il appartient au patrimoine permanent de la doctrine morale de l’Eglise » –Allocution du 14/03/1988 – et « qu’il a été inscrit par la main créatrice de Dieu dans la nature même de la personne humaine » - Allocution du 12/11/1988 - . 

  La baisse du sida en Ouganda témoigne en faveur de Jean-Paul II 

  L’Ouganda est, en effet, l’un des seuls pays d’Afrique et d’Asie à avoir enregistré une diminution des cas d’infection par le virus. La prévalence du virus est passée de 12,87 en 1991 à 5 en 2001. Le Nouvel Observateur du 27/11/2003 indique que les citadines de 20-24 ans porteuses du VIH sont passées de 38%  en 1990 à 8% en 2002. Le Père George-Marie LOIRE, grand acteur de la lutte contre le sida en Afrique noire, précise que « Les ougandais ont fait reculer le sida en pratiquant la chasteté et la fidélité. Les occidentaux devraient en faire autant. » - Famille chrétienne du 7/06/2003 -. 

  L’action de l’Eglise contre le sida  

  Au terme de ces remarques au sujet d’une polémique qui a laissé beaucoup de traces, il est utile de rappeler l’intervention de Mg. BARRAGAN à l’Assemblée Générale de l’ONU sur le sida, le 27/06/2001, «  L’Eglise catholique assure 25% du total des soins donnés aux malades du sida dans le monde entier, ce qui l’accrédite comme le meilleur soutien des Etats dans la lutte contre cette maladie. »

  

                                 

30 octobre 2015

LA LOI SALIQUE

                                                                               

   Elle est parfois invoquée pour argumenter en faveur de la misogynie de l’Eglise qui aurait ainsi empêché par son influence que les femmes puissent accéder au trône de France. En fait, tout est faux dans ces allégations. Cette « loi », à l’origine n’est pas une loi de constitution politique et elle ne vient pas de l’Eglise. Il s’agit là d’une légende à partir de la création d’un faux au début du XVème siècle. On ne peut effacer d’un trait reines et régentes sans oublier les abbesses qui exercèrent réellement le pouvoir sur les terres chrétiennes d’Europe pendant plus de mille ans depuis les premiers Francs saliens. Dans tous les grands fiefs, à un moment ou à un autre, des femmes ont gouverné.  Illustrons par des reines des premières dynasties, mères souveraines dans la minorité de leurs enfants : BRUNEHILDE et FREDEGONDE, par des veuves héritières du royaume : NANTHILDE, BATHILDE, BERTRADE, par la présence au pouvoir de BLANCHE DE CASTILLE, d’ANNE DE BEAUJEU, désignée par son père LOUIS XI comme régente durant la minorité de CHARLES VIII, d’ANNE DE FRANCE, de LOUISE DE SAVOIE ou de CATHERINE DE MEDECIS. De 1160 à 1261, sept femmes se sont succédé à la tête du comté de Boulogne. MAHAUT II, comtesse de Nevers, mariée au duc EUDES IV DE BOURGOGNE, partage en mourant ses Etats entre ses trois filles. JEANNE Ière, comtesse de Champagne et de Brie, reine de Navarre, conserve personnellement ces fiefs et ce royaume, bien que mariée à PHILIPPE LE BEL. PIERRE DE DREUX, dit MAUCLERC (1190-1250), ne dû qu’à son mariage avec la duchesse héritière de Bretagne, d’obtenir la couronne ducale. La comtesse MATHILDE règne sur la Toscane et l’Emilie pendant un demi-siècle (1076-1125). JEANNE Ière est reine de Naples au XIVème siècle pendant près de 40 ans. De même, le royaume franc de Jérusalem connaîtra de nombreuses souveraines, comme MELISENDE et ses petites-filles SIBYLLE et MARIE. Les exemples sont innombrables.

  La loi salique fut rédigée à la fin du règne de CLOVIS, entre 507 et 511. Elle fait partie d’un des « codes barbares » dont les peuples germaniques se dotèrent de concert à la fin du Vème siècle. Burgondes, Bavarois, Wisigoths, Lombards, Alamans et les fameux Francs saliens. Elle devait être complétée ensuite pendant toute l’époque franque. Elle se présentait comme un accord conclu entre les Francs et leur chef et s’inscrivait dans le contexte chrétien du roi pacificateur. Après l’époque carolingienne, elle ne fut plus guère d’actualité. C’est un texte qui relève du droit privé et qui n’a rien à voir avec une constitution politique. L’article de loi qui servit plus tard à bâtir la fable de l’exclusion des femmes du trône de France traite des « alleux », terme qui désigne les biens propres. Voici ce qu’il indique : « Concernant la terre salique, qu’aucune portion de l’héritage n’aille aux femmes, mais que toute la terre aille au sexe masculin. » Non seulement il n’est pas question ici d’une quelconque transmission du pouvoir, mais l’adjectif « salique » ne désigne qu’une portion de l’héritage, celui de la terre ancestrale. Or, au Vème siècle, les premières terres « ancestrales » des Francs saliens à l’ouest du Rhin étaient des tenures militaires, concédées par le fisc impérial aux soldats frontaliers pour leur service armé, et donc réservées aux hommes.

  Contrairement à ce que l’on croit généralement, ce ne fut pas la loi salique mais des coutumes qui permirent de régler les problèmes de dévolution de la couronne au début du XIVème siècle. Il se trouve que, pendant plus de trois siècles, les capétiens ont toujours eu des fils pour leur succéder. En 1316, cependant, mourait LOUIS X LE HUTIN, fils aîné de PHILIPPE IV LE BEL. Il ne laissait qu’une fille, mais sa seconde épouse, était enceinte. Il fallait attendre la naissance pour décider de la succession. L’enfant fut un fils qui mourut au bout de peu de jours. PHILIPPE, le second fils de PHILIPPE LE BEL, se fit sacrer alors roi à Reims. Ainsi, bien que des femmes aient été admises à succéder à la couronne dans certains royaumes et puissent, en France, succéder aux fiefs selon certaines coutumes, JEANNE DE NAVARRE fut exclue de la succession au profit de son oncle. La coutume de masculinité était désormais formulée officiellement bien qu’elle existât déjà. Le précédent se répéta et la coutume fut bien établie. PHILIPPE V LE LONG mourut en 1322 ; il ne laissait, lui aussi, que des filles et son frère, CHARLES IV, lui succéda sans contestation. Le principe de la masculinité fut dégagé par l’analyse de la pratique : les précédents montraient qu’une fille, fut-elle l’aînée, n’avait jamais occupé le trône et que le fils puîné lui avait toujours été préféré. Sous la dynastie capétienne, des usages répétés formèrent cette coutume. Pour renforcer cette solution tirée de la pratique, mais non pour la fonder, un certain nombre d’arguments purent être invoqués tel celui du droit romain qui excluait les femmes des offices publics. La crainte était qu’une femme venant à la couronne, celle-ci tombe en la domination  de quelque étranger par mariage. C’est bien ce problème de succession qui est d’ailleurs à l’origine de la Guerre de Cent Ans.

  La loi salique ne fut exhumée qu’en 1358. Elle ne fut donc pas invoquée lors des successions des fils de PHILIPPE LE BEL. Après la mort de CHARLES VI, deux prétendants se trouvent en lice, EDOUARD III, roi d’Angleterre et PHILIPPE DE VALOIS. C’est dans ce contexte que JEAN DE MONTREUIL produit, en 1408 ou 1409, le faux en écriture : la loi salique nouvelle version. Elle lui permet de conforter la légitimité des VALOIS contestée depuis qu’ils se sont emparés du trône au détriment de JEANNE DE FRANCE, fillette de 5 ans et unique héritière en droite ligne de la Couronne. Et d’écarter juridiquement les femmes du pouvoir. En changeant simplement, dans le texte original de l’article 6 de la loi salique, le mot « terre » par le mot « royaume » pour signifier que la disposition avait bien un sens politique. Puis, pour finir, d’imposer aux souverains une loi qui leur préexiste, sur laquelle ils n’ont donc pas de prise. Il pensait renforcer ainsi la position du roi de France face aux prétentions anglaises puisque l’antiquité de cette disposition leur apparaissait plus convaincante que l’origine coutumière des règles de dévolution du trône. A partir de cette date rien n’arrêtera la légende.

  Cette même confusion de la règle de masculinité et de la loi salique apparaît encore dans « l’Arrêt dit de la loi salique » rendu le 23 juin 1593 par le Parlement de Paris, un mois avant l’abjuration d’HENRI DE NAVARRE, pour sauvegarder l’avenir du trône, n’ignorant plus l’intention du béarnais de devenir catholique. Là aussi, la loi salique modifiée sert d’argument d’autorité pour faire face à une grave crise : les guerres de religion. Tout cela, évidemment, n'a rien à voir avec une quelconque volonté de l'Eglise d'écarter les femmes du trône.

 

  Pour aller plus loin :

 Eliane VIENNOT, professeur à l’université de Saint-Etienne et présidente de la Société internationale pour l’étude des femmes de l’Ancien Régime, La France, les Femmes et le pouvoir - L’invention de la loi salique (Vème - XVIème siècle), Perrin, 2006.

  Ivan GOBRY, professeur aux universités de Poitiers puis de Reims, spécialiste de l’histoire médiévale, La Civilisation médiévale, Tallandier, 1999.

  Régine PERNOUD, La femme au temps des cathédrales, Stock, 1980

                                                            

25 octobre 2015

LES "GUERRES DE RELIGION" EN EUROPE DE L'OUEST AUX XVIème et XVIIème SIECLES SONT-ELLES BIEN NOMMEES ?

  En France, huit conflits (1562-1598)

  En Allemagne, la guerre de Trente Ans (1618-1648)

  Dans la mémoire collective, elles se réduisent au massacre de la Saint-Barthélemy par les catholiques (1572) et à la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV (1685). Le manichéisme est évident, les catholiques apparaissent comme intolérants et fanatiques, les protestants comme victimes. En fait, le thème des guerres de religion, comme d’autres événements du passé est utilisé pour donner une image négative du catholicisme et ainsi le discréditer aux yeux de l’opinion. Face à cela, nous apportons ici des informations peu diffusées de nature à changer profondément le regard que l’on porte sur ces événements et leurs acteurs.

  L’expression « Guerres de religion » s’est imposée à partir du XIXe siècle sous l’influence de Michelet et de ses héritiers, historiens défavorables au catholicisme. Avant Michelet, les  « guerres de religion » étaient simplement appelées guerres civiles. On parlait aussi du « temps des troubles ». Les « guerres de religion » en France, mais aussi en Allemagne et en Angleterre ont été en fait des guerres civiles pour le contrôle du pouvoir. La religion y a certes joué un rôle important mais il ne s’agit pas plus de guerres de religion que de guerres politiques.

  Contrairement à ce qu’ont prétendu les discours protestants à l’UNESCO à Paris en 1998, les idées de tolérance et de laïcité étaient étrangères aux protestants de l’époque. Ce qui domine, c’est le principe « cujus regio, ejus religio », ce qui signifie « un roi, une religion ». Les protestants veulent imposer leur religion et s’emparer de l’Etat. L’agression vient du protestantisme et la violence catholique est, à beaucoup d’égard, une réaction instinctive de légitime défense.

  Les guerres de religion représentent finalement un conflit pour le contrôle de l’Etat. Il y a une lutte acharnée pour le pouvoir. Les crises religieuses sont utilisées pour des ambitions politiques. Partout en Europe, le protestantisme a été imposé aux peuples par les rois, les grands seigneurs et leurs armées. On rompt avec Rome, on saisit les biens de l’Eglise et on désigne de nouveaux pasteurs dépendants du pouvoir civil. C’est le cas des Etats allemands, du Danemark, de la Norvège, de l’Islande, de la Suède, de l’Angleterre où Locke, chantre de la tolérance la refuse aux catholiques et où Cromwell, en 1649, fait massacrer ou vendre comme esclaves 40 000 irlandais catholiques. Dans les Provinces Unies, de 1610 à 1700, la proportion des calvinistes passe de 20 à 85%. A Genève, Calvin instaure un Etat théocratique dictatorial. L’intolérance religieuse dans les pays protestants se poursuivra jusqu’à la fin du XIXe siècle.

  L’aspect politique de ces conflits ressort cependant lorsqu’on voit des Etats catholiques soutenir des Etats protestants contre d’autres Etats catholiques, eux-mêmes alliés à des Etats protestants ! 

 

  En France

  Le protestantisme français, au XVIe siècle est calviniste, sectaire, intolérant, brutal, provocateur, conquérant. Calvin, fanatique et même cruel, ne pouvait que conduire aux guerres de religion. L' iconoclasme des calvinistes détruit une grande partie du patrimoine français. Les protestants ont pratiqué sur les églises, les monastères et les objets de culte un vandalisme supérieur à celui des révolutionnaires de 1793. 20 000 églises ou monastères ont été endommagés ou détruits. Parallèlement, les massacres et les atrocités se multiplient, notamment à l’égard des prêtres et des moines. Le massacre dit de « La Michelade » à Nîmes en 1566, six ans avant la Saint-Barthélemy, fait plusieurs centaines de victimes. A Montbrison, puis à Morna, en 1562, les vaincus sont précipités du haut des murailles sur les piques des soldats.

  Un véritable Etat se forme dans l’Etat. C’est un contre-pouvoir. Il est le fait de la noblesse (50%). Les huguenots négocient avec des Etats étrangers tel que l’Angleterre. L’Etat français est mis en péril. Ils apparaissent comme des comploteurs. Ce sont eux qui lancent la plupart des guerres dites « de religion » pour étendre leurs avantages acquis. Chaque conflit se termine par un traité leur garantissant la liberté de culte et plusieurs places fortes. A deux reprises, ils vont jusqu’à tenter l’enlèvement du roi : François II en 1560 et Charles IX en 1567. La même année, Paris subit un siège humiliant de leur part. La Saint-Barthélemy est condamnable, bien sûr, mais elle trouve un terreau dans la peur et l’exaspération du peuple catholique produites par des années d’agressions, de destructions et de provocations. Elle est déclenchée non pour des motifs religieux mais politiques et humains.

  L’Edit de Nantes en 1598 n’était pas meilleur, pas plus tolérant que les précédents, mais il tint car la France était lasse et usée par tant de conflits. Il y avait alors 1 200 000 réformés pour 20 millions de catholiques.

  La tolérance protestante est un mythe. Mieux, l’étude des faits révèle que la France et l’Allemagne catholiques ont reconnu et toléré le protestantisme, ce qui, inversement, n’a pas été le cas du côté des pays protestants. Il n’y a guère qu’en France qu’il y a eu le statut d’une certaine tolérance civile, y compris avant l’édit de Nantes. La France, à l'époque, est le seul pays à avoir admis le dualisme religieux. La révocation de l’édit de Nantes, si condamnable soit-elle, ne rend pas Louis XIV plus intolérant que les souverains des Etats protestants qui, eux, ont pratiqué la répression dès leur arrivée au pouvoir. Le motif n’est pas religieux mais politique. Louis XIV veut consolider l’Etat et achever son unité. N’oublions pas qu’au moment où il abolissait la liberté des protestants dans son royaume, le roi de France était en conflit aigu avec Rome. Le gallicanisme était en passe de devenir un système  politico-religieux contre la volonté du Pape Innocent XI, par ailleurs fort affligé de la révocation de l'Edit de Nantes.

 

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