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Eglise, vérité et humanité

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2 janvier 2017

L'ABSTINENCE DE VIANDE LE VENDREDI

  En France, depuis la suppression de cette loi par l’Episcopat, en décembre 1966, la pratique semble avoir plus ou moins disparu. Pourtant, l’intention n’était pas de l’abandonner mais de la remplacer éventuellement par d’autres œuvres de pénitence (privation d’alcool, de friandises, …). Cette pratique garde-t-elle toute son importance ? Avons-nous raison de la laisser se perdre ? Quelle est la position exacte de l’Eglise ?

La pénitence, dans la Constitution apostolique Paenitemini du 17/02/1966

  Ce texte postconciliaire signé par Paul VI présente le sens et l’importance du précepte divin de la pénitence dont le terme ultime est d’aimer Dieu et de s’abandonner à lui. Voici quelques extraits : « La pénitence est une exigence de la vie intérieure. Sa nécessité est particulièrement urgente dans la société d’aujourd’hui. A aucune époque la vraie pénitence ne peut faire abstraction d’une ascèse également physique. Tout notre être, en effet, corps et âme, doit participer activement à l’acte religieux par lequel la créature reconnaît la sainteté et la majesté de Dieu. Le devoir de la pénitence est motivé surtout par la participation aux souffrances du Christ. Il y a trois façons principales de satisfaire au précepte divin de la pénitence : la prière, le jeûne, et les œuvres de charité. L’Eglise a toujours spécialement prôné l’abstinence de viande et le jeûne. »

Les jours de pénitence pour l'Eglise universelle dans le Code de droit canonique de 1983

  Canon 1249 : « Tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon ; mais pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours de pénitence durant lesquels les fidèles s’adonneront d’une manière spéciale à la prière et pratiqueront des œuvres de piété et de charité, se renonceront à eux-mêmes en remplissant plus fidèlement leurs obligations propres, et surtout en observant le jeûne et l’abstinence selon les canons suivants.

  Canon 1250 : « Les jours et temps de pénitence pour l’Eglise tout entière sont chaque vendredi de toute l’année et le temps de Carême. »

  Canon 1251 : « L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Evêques, sera observée chaque vendredi de l’année. »

Stanislas GRYMASZEWSKI

Les dispositions de la Conférence épiscopale française de 1984 

  « Les catholiques doivent traduire en actes, d’une manière habituelle, leur volonté de se conformer à Jésus-Christ, notre Sauveur, d’approfondir la conversion baptismale, de rejoindre tous ceux qui, près de nous et à travers le monde, sont dans la souffrance ou le besoin : Tous les vendredis de l’année, en souvenir de la Passion du Christ, ils doivent manifester cet esprit de pénitence par des actes concrets, soit en s’abstenant de viande ou d’alcool ou de tabac … soit en s’imposant une pratique plus intense de la prière et du partage. »

Plusieurs conférences épiscopales ont décidé de rétablir la loi de l’abstinence du vendredi

  Les évêques d’Angleterre et du pays de Galles prennent cette décision en mai 2011, au terme de leur assemblée plénière. Ils invitent tous les fidèles, dès le 16/09/2011, jour anniversaire de la visite apostolique de Benoît XVI de l’année précédente au Royaume Uni, à s’abstenir de consommer de la viande. Et pour ceux qui ne consomment pas habituellement de viande à se priver d’une autre nourriture. Tous sont invités à ajouter à cette privation un acte particulier chaque vendredi en mémoire du jour où le Christ est mort. Il est « important », remarque la Conférence épiscopale, « que tous les fidèles soient unis dans une célébration commune de pénitence du vendredi » afin également, de donner un « signe clair et distinct de leur identité catholique. »

  Le cardinal Dolan, Président de la Conférence des évêques américains, le 12/11/2012, déclare lors de l’Assemblée plénière : « Le travail de notre Conférence dans les années qui viennent doit inclure une réflexion sur le retour du vendredi comme jour particulier de pénitence, ce qui comporte le rétablissement de l’abstinence tous les vendredis et pas seulement pendant le Carême. »

Récapitulons les principaux arguments qui plaident en faveur de la pratique de l’abstinence chaque vendredi

-  Elle maintient une volonté de pénitence régulière en mémoire de la Passion du Christ.

-  Elle associe le corps à la vie spirituelle.

-  Elle rapproche les baptisés dans une observance commune. Grâce à cela, la pénitence demeure un acte communautaire et non simplement individuel.

-  Elle nous unit par cette tradition ancienne à tous ceux qui nous ont précédés et notamment aux saints qui ont été fidèles à cette discipline.

-  Elle rend visible un témoignage d’union au Christ.

Il ne s’agit pas cependant de remplacer la viande par du poisson

  Aucune loi religieuse n’a jamais demandé cela. Simplement, il a été admis à l’époque médiévale que l’on pouvait consommer du poisson le vendredi car celui-ci est un aliment maigre qui n’était pas considéré comme un met de choix. Plus tard, l’habitude de manger du poisson est devenue un moyen d’affirmer une identité chrétienne. Il se trouve effectivement que le poisson était le symbole des chrétiens dans les premiers temps de l’Eglise. En effet, le mot grec ICHTHUS qui veut dire poisson correspond à l’acronyme de Jésus-Christ Fils de Dieu Sauveur (Iesous CHristos THéou Uios Soter). Cependant, le fait de manger du poisson le vendredi, plat finalement appréciable, ne nous rapproche pas vraiment de l’esprit de la pénitence qui est un esprit de sacrifice et de privation. Aux yeux des non-croyants, nous paraissons ridicules si nous expliquons que nous faisons pénitence le vendredi par amour du Christ pour nous unir à son sacrifice en remplaçant la viande par du poisson.

Conclusion

  Il n’est pas souhaitable d’abandonner un à un tous les signes extérieurs communs de la foi et toutes les exigences qui expriment l’union au Christ. L’intention des épiscopats qui ont supprimé la loi de l’abstinence de viande le vendredi était plutôt de renforcer l’esprit de pénitence en encourageant ainsi d’autres expressions de pénitence mais sans supprimer pour autant cette expression traditionnelle qui reste une pratique juste et bonne. Certes, quelques fidèles vivent la loi de pénitence par des actes qui vont au-delà de ce minimum, mais dans la pratique, la très grande majorité n’a pas remplacé cet acte de pénitence du vendredi par d’autres actes. Le résultat est bel et bien un triste abandon de l’esprit de pénitence du vendredi à l’inverse de ce qui était espéré à l’origine. Si on veut être fidèle à l’esprit de la loi, nous devons nous encourager à vivre ensemble par une pratique commune cette abstinence et apporter de cette manière un témoignage visible communautaire d’union au Christ souffrant et de communion entre nous.

 

 

 

 

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28 décembre 2016

PEUT-ON IMPOSER LA COMMUNION DANS LA MAIN ?

 

J’aurais préféré ne pas avoir à aborder ce sujet, mais j’ai été confronté plusieurs fois, au cours de célébrations, à des incitations, voire des contraintes, pour communier dans la main. Bien sûr, la contrainte n’est pas brutale. Elle se fait indirectement, subrepticement, par divers artifices, mais il est manifeste qu’il existe une volonté chez certains pasteurs d’amener les fidèles à la seule communion dans la main. 

Voici quelques exemples : 

1)    Utilisation de l’autorité de St Cyrille de Jérusalem pour nous dire que ce père de l’Eglise nous commande de communier dans la main. En réalité, l’intention de St Cyrille était d’inviter au respect : «  Fais de ta main un trône pour recevoir le Roi. »

2)    Utilisation d’un pain fabriqué par le boulanger avec levain et découpage de  ce pain en grosses bouchées, obligeant à se servir de ses doigts pour enfoncer le morceau dans sa bouche. Après l’Eucharistie, je pus observer qu’une grande quantité de miettes était éparpillée sur la table. Cependant, dans la Présentation générale du Missel romain, au n°282, il est dit que le pain destiné à la célébration de l’Eucharistie doit être de froment et, selon l’usage séculaire de l’Eglise latine, sans levain.

3)    Consigne demandant d’attendre que chaque communiant ait l’hostie dans sa main pour que tous communient en même temps.

4)    Distribution de l’hostie dans la main, au cours d'une retraite, à tous les couples, mariés ou fiancés, pour qu’au signal l’homme donne lui-même la communion à la femme et réciproquement.

5)    Après avoir rassemblé les fidèles en cercle autour de l’autel, le prêtre fait circuler la patène, puis le calice, chacun se servant lui-même au passage et faisant ensuite passer à son voisin. Pourtant, dans l’Instruction Inaestimable donum, au n°9, il est rappelé qu’ « il n’est pas permis aux fidèles de prendre eux-mêmes le pain consacré et le calice, et encore moins de se les transmettre les uns aux autres. »

6)    Retraites de communion où on ne présente pas aux enfants la possibilité de la communion dans la bouche.

7)    Communion par intinction, où il est imposé au fidèle de tremper lui-même l’hostie dans le calice. Cependant, selon Pierre-Marie Delfieu, fondateur des fraternités monastiques de Jérusalem, les textes sont on ne peut plus nets à ce sujet : « Le prêtre trempe dans le calice une partie de l’hostie et, en élevant celle-ci, dit : le corps et le sang du Christ. Le communiant répond : Amen, reçoit du prêtre la communion et se retire ». En aucun cas, nulle part, il n’est dit que ce sont les fidèles eux-mêmes qui font le geste de tremper l’hostie dans le calice. Souvent, dans cette façon de faire, la personne qui veut communier dans la bouche, se trouve exclue de la communion sous les deux espèces, parce qu’on n’envisage pas de boire à la coupe sans avoir à tremper l’hostie. C’est pourtant la manière normale et recommandée de communier au Sang du Christ. Le Christ n’a pas dit : « prenez et trempez », mais « prenez et mangez », puis « prenez et buvez ».

8)    Utilisation de chants comme « Entre nos mains » qui, malgré leur beauté, mettent plus ou moins en porte-à-faux celui qui veut communier dans la bouche.

9)    Insistance de certains prêtres à vouloir mettre l’hostie dans la main, alors qu’on avance vers eux en indiquant clairement que l’on a l’intention de communier dans la bouche.

10)  Maladresse visiblement volontaire de tel prêtre au moment de mettre l’hostie dans la bouche, comme pour faire comprendre que cette façon de communier est problématique. 

Cette question n’est pas anodine. 

Ces exemples ne sont pas rien, car la communion est un moment de grande intensité, où chacun est appelé à vivre un cœur à cœur avec Dieu. L’officiant doit s’effacer et s’en tenir aux règles de l’Eglise. Il ne doit pas intervenir dans cet acte d’amour qui est personnel et libre. Il doit favoriser la paix, l’unité et l’esprit de communion et éviter au contraire ce qui est source de trouble, de division et même de blessure. Les exemples cités précédemment sont très inégaux, mais certains mettent douloureusement mal à l’aise et introduisent une souffrance là où on attendait la joie. 

Le Pape nous invite à l’unité 

« Il me tient surtout à cœur de souligner que les problèmes de la liturgie, et en particulier de la liturgie eucharistique, ne peuvent pas être une occasion de division pour les catholiques et de menace pour l’unité de l’Eglise. C’est exigé par la compréhension élémentaire de ce sacrement, que le Christ nous a laissé comme source d’unité spirituelle. Et comment l’Eucharistie, qui est justement dans l’Eglise « sacramentum pietatis, signum unitatis, vinculum caritatis » (sacrement de la piété, signe de l’unité, lien de la charité), pourrait-elle constituer en ce moment, entre nous, un point de division et une source de divergences de pensées et de comportements, au lieu d’être le centre focal et constitutif, qu’elle est vraiment par essence, de l’unité de l’Eglise elle-même ?

Nous sommes tous pareillement débiteurs envers notre Rédempteur.Tous ensemble, nous devons prêter l’oreille à l’Esprit de vérité et d’amour qu’Il a promis à l’Eglise, et qui agit en elle. « Au nom de cette vérité et de cet amour, au nom du Christ crucifié lui-même et de sa Mère, je vous prie et je vous adjure d’abandonner toute opposition et toute division : soyons tous unis pour cette grande mission salvifique, qui est en même temps le prix et le fruit de notre rédemption. » Le Siège Apostolique fera tout son possible pour rechercher, même à l'avenir, les moyens susceptibles d'assurer l'unité dont nous parlons. Que chacun évite, par sa manière propre d'agir, de contrister l'Esprit Saint ! »

Jean-Paul II (Lettre à tous les évêques sur le mystère et le culte de la Sainte Eucharistie du 24/02/1980, DC n°1783 p.310-311) 

Un principe doit nous guider 

« Le gouvernement de la liturgie dépend uniquement de l’autorité de l’Eglise […] C’est pourquoi absolument personne, pas même le prêtre, ne peut de son propre chef ajouter, enlever ou changer quoi que ce soit dans la liturgie ». (Concile Vatican II, Sacrasanctum concilium, n°22).

Les documents où l’autorité de l’Eglise s’est exprimée : 

-   Concile Vatican II : constitution Sacrasanctum concilium 

-   Congrégation pour le Culte divin : Instruction  Memoriale Domini  du 29/05/1969.

-   Lettre du cardinal Gut, préfet de la congrégation pour le culte divin aux évêques de France, du 06/06/1969, D.C. n°1551, p. 1048.

-   Instruction de la congrégation pour le culte divin Sacramentali communione  sur une plus large faculté d’administrer la communion sous les deux espèces, du 29/06/1970.

-   Congrégation pour le Culte divin : IIIe instruction pour l’application exacte de la constitution pour la liturgie, Liturgicae instaurationes  du 05/09/1970.

« On n’admettra pas que les communiants se passent le calice pour y prendre le Sang du Christ. Dans ce cas, on préfèrera la communion par mode d’intinction » : « En ce cas, celui qui communie doit recevoir le Sacrement de la part du prêtre uniquement dans la bouche ».  Redemptionis Sacramentum  de mars 2004 

-   Congrégation pour la discipline des Sacrements : Instruction Immensae caritatis pour rendre plus faciles les possibilités d’accès à la communion sacramentelle dans certaines circonstances, du 29/01/1972.

-   Jean-Paul II : Lettre aux évêques sur le mystère et le culte de la Sainte Eucharistie, Dominicae Cenae du 24/02/1980, D.C. n°1783, p. 308

-   Congrégation pour les Sacrements et le Culte divin : Instruction Inaestimabile donum sur les quelques normes relatives au culte du mystère eucharistique, du 03/04/1980. 

La communion dans la bouche reste la règle pour l’Eglise universelle 

On ignore que ce n’est pas l’Eglise elle-même qui a voulu la communion dans la main. Elle a été mise devant le fait accompli dans certains pays, dont la France. Pour éviter des tensions supplémentaires, dans la tourmente de l’après-concile, elle a permis cette pratique sans en faire pour autant un droit au niveau de l’Eglise universelle. Le cardinal Gut écrivait dans sa lettre au Président de la conférence épiscopale française : « beaucoup de prêtres ont fait ce qui leur plaisait en matière liturgique. Ils se sont imposés. Ces initiatives prises sans autorisation, on ne pouvait plus, bien souvent, les arrêter. Dans sa grande bonté et sa sagesse, le Saint Père a alors cédé souvent contre son gré. » 06/06/1969, D.C. n°1551, p.1048. Le cardinal explique ensuite qu’il s’agit d’une « possibilité » (n°3) et d’une « concession » (n°7) et non d’une règle nouvelle. 

Il est donc faux de dire que l’Eglise universelle est revenue à la pratique de la communion dans la main. Elle garde une préférence pour la communion dans la bouche, qui reste la loi et un droit pour tout baptisé, alors que la communion dans la main est seulement une permission accordée aux Eglises particulières, notamment là où le nouvel usage a été imposé. 

Pour connaître plus précisément la position du Magistère sur ce sujet, on se réfèrera à la consultation des évêques par le pape Paul VI et à l’Instruction Memoriale Domini qui donne les raisons de cette préférence (voir l'article :  Pourquoi en 1978, je suis revenu à la communion dans la bouche ? ). 

La communion dans la main ne peut être imposée 

Le pape Jean-Paul II a abordé ce problème dans la lettre aux évêques pour le Jeudi Saint, Dominicae cenae du 24/02/1980 : « En certains pays est entrée en usage la communion dans la main. Cette pratique a été demandée par des Conférences épiscopales particulière, et elle a obtenu l’approbation du Siège apostolique. Il m’arrive cependant d’entendre parler de cas de regrettables manques de respect à l’égard des espèces eucharistiques, manquements qui pèsent non seulement sur les personnes coupables d’un tel comportement, mais aussi sur les pasteurs de l’Eglise [...] Il advient même parfois que l’on ne tienne pas compte du libre choix et de la libre volonté de ceux qui, là où a été autorisée aussi la distribution de la communion dans la main, préfèrent s’en tenir à l’usage de la recevoir dans la bouche. » (n°11)

La Congrégation pour le Culte divin, en 1999, précise : « Il ressort clairement des documents du Saint-Siège que, dans les diocèses où le pain eucharistique est déposé dans les mains des fidèles, le droit reste entier pour ceux-ci de le recevoir sur la langue. Ceux qui obligent les communiants à recevoir la sainte communion dans les mains dans les diocèses  qui ont cet indult agissent donc contre le règle ... Que tout le monde se rappelle, en tout cas, que la tradition séculaire est de recevoir l'hostie sur la langue.» Notitiae n°392-393-1999

 

 

12 décembre 2016

POURQUOI SUIS-JE REVENU A L'AGE DE 22 ANS A LA COMMUNION DANS LA BOUCHE ?

 

Il ne s’agit pas de pharisianisme

Le pharisianisme consiste à mettre exagérément l’accent sur la conduite extérieure tout en négligeant l’attitude intérieure. Le pharisien juge les pratiques et ne prend pas en compte le cœur. Il agit conformément à des prescriptions, mais il ne se convertit pas vraiment. Il se fixe sur des attitudes qu’il est prompt d’ailleurs à vouloir imposer. Il peut être conservateur ou progressiste, comme ce prêtre qui refusait de me confesser si je restais à genoux. Le pharisianisme se coupe de l’essentiel.

Qu’est-ce qui est essentiel dans la communion ?

La messe est la rencontre la plus bouleversante qui soit. L’homme rencontre Dieu. C’est un acte sacré marqué par le sacrifice eucharistique et la présence réelle du Corps et du Sang du Christ, et donc du Christ lui-même dans l’Eucharistie.

Le moment de la communion est particulièrement privilégié, car c’est celui où chacun peut recevoir durant quelques minutes cette présence de Dieu pour un temps de cœur à cœur et d’intimité. Les gestes ont leur importance, mais l’essentiel n’est pas de communier dans la bouche ou dans la main. L’essentiel est dans l’attitude de l’âme et de tout le corps. L’hôte divin doit être accueilli de façon digne et humble, avec respect et amour. Cette attitude porte le nom de piété eucharistique. Il s’agit d’un culte d’adoration. Elle se prolonge après la communion par l’action de grâces.

On a trop réduit l’Eucharistie à un repas et évacué ou perdu de vue la dimension du sacrifice et du sacré. Telle est cependant la foi de l’Eglise : « l’Eucharistie est surtout un sacrifice. » (Jean-Paul II, lettre Dominicae Cenae  à tous les évêques sur le mystère et le culte de la Sainte Eucharistie, 24/02/1980).

Valeur de la communion dans la main

Mon propos n’est nullement de prendre position contre la communion dans la main. D’ailleurs, je reconnais volontiers que le geste de la main tendue, posée sur l’autre main comme sur un trône – lorsque cela est bien fait -  peut être beau à contempler. La main symbolise également beaucoup de choses de portée hautement spirituelle : ouverture du cœur, travail des hommes, relation avec les autres … Je pense aussi aux prêtres qui trouvent plus facile et plus agréable de déposer l’hostie dans la main plutôt que dans la bouche.

Pourquoi j’ai changé ma façon de communier ?

Enfant, j’avais d’abord communié dans la bouche. En 1964, c’était l’usage. Puis je suis passé, comme tous les paroissiens de mon village, à la communion dans la main, comme on nous y encourageait. Plus tard, comme la plupart des jeunes, j’ai connu une période de difficulté par rapport à la foi. Je croyais en Dieu, mais j’avais du mal à le trouver. C’était de 1972 à 1976. Le prêtre que j’interrogeais ne voulait pas satisfaire ma soif de vérité et m’expliquait que tout dépendait de l’angle par lequel je regardais les choses. Tout était question de perspective. Il me proposait une vision de la vérité relativiste et subjectiviste. J’étais renvoyé à moi-même. Les réponses que je recevais avaient pour caractéristique de remettre en cause l’Eglise d’hier et incitaient à rompre avec le passé. J’ai crié vers le ciel pour retrouver le chemin de la foi.

C’est auprès d’étudiants et d’enseignants à la Faculté Libre de Philosophie Comparée que ma prière a été exaucée. J’ai été frappé par la foi, la charité, l’espérance et la joie qui se dégageaient de cette communauté de travail. Ils avaient un sens très développé du sacré. A leur contact, je redécouvrais la présence de Dieu et l’amour de l’Eglise. Au début, j’étais étonné de voir qu’un nombre important de ces jeunes communiaient dans la bouche. Plus ma foi s’approfondissait, plus je comprenais l’immensité de ce don qu’est l’Eucharistie. Cette prise de conscience m’amena à une attitude plus humble. Il m’apparu plus conforme au saint mystère de recevoir l’hostie des mains du prêtre qui est comme un autre Christ, que de la prendre moi-même. Cette façon de communier exprimait mieux, à mon avis, la réalité d’un don que l’on reçoit comme un enfant et manifestait plus parfaitement le respect que l’on doit à l’Eucharistie.

La position du Magistère

Ce sujet du mode de réception était souvent l’objet de discussions. J’ai voulu connaître la pensée authentique de l’Eglise. J’ai appris que le Magistère s’était prononcé. D’abord, contrairement à ce que dit Théo, la communion dans la main n’a pas été remise en vigueur au concile Vatican II. Le concile n’a rien décidé du tout à cet égard. Cette pratique s’est développée en dehors de toute autorisation.

En 1969, les évêques du monde entier, « ceux que l’Esprit Saint a constitués intendants pour gouverner les Eglises » (M.D.), ont été consultés par le pape Paul VI. Le résultat fut « Une forte majorité d’évêques – 1233 pour, 882 contre, dont 315 avec réserves – estiment que rien ne doit être changé à la discipline actuelle » (M.D). Le Pape fit alors publier l’Instruction Memoriale Domini  (29 mai 1969) par la Congrégation pour le Culte divin.

Voici quelques extraits :

« Compte tenu de la situation actuelle de l’Eglise dans le monde entier, cette façon de distribuer la sainte communion doit être conservée, non seulement parce qu’elle a derrière elle une tradition multiséculaire, mais surtout parce qu’elle exprime le respect des fidèles envers l’Eucharistie […]

Ce respect exprime bien qu’il s’agit non pas d’un pain et d’une boisson ordinaires, mais du Corps et du Sang du Seigneur par lesquels le peuple de Dieu participe aux biens du Sacrifice pascal […] De plus, cette façon de faire qui doit déjà être considérée comme traditionnelle, assure plus efficacement que la sainte communion soit distribuée avec le respect, le décorum et la dignité qui lui conviennent, que soit écarté tout danger de profanation des espèces eucharistiques […] et qu’enfin soit attentivement respecté le soin que l’Eglise a toujours recommandé à l’égard des fragments de pain consacré […]

Le souverain pontife n’a pas pensé devoir changer la façon traditionnelle de distribuer la sainte communion aux fidèles. Aussi, le Saint Siège exhorte-t-il vivement les évêques, les prêtres et les fidèles à respecter attentivement la loi toujours en vigueur et qui se trouve confirmée de nouveau, en prenant en considération tant le jugement émis par la majorité de l’épiscopat catholique que la forme utilisée actuellement dans la sainte liturgie, et enfin le bien commun de l’Eglise. »

Une pratique qui s’est imposée par la désobéissance

Je compris alors que la communion dans la main avait été introduite en France et en d’autres pays dans un esprit de rupture avec le passé. Les fidèles avaient été manipulés au nom du concile Vatican II, au nom du changement.

Le document déjà cité précisait que « dans certains endroits et dans certaines communautés, cette façon de faire est pratiquée bien que le Saint Siège n’ait pas encore donné l’autorisation demandée. » Il existe malheureusement d’autres exemples de ce type. Je n’avais aucune envie de participer à cette désobéissance organisée et cela me conforta dans mon choix.

Autres problèmes posés par la communion dans la main

Enfin, d’autres motifs me persuadèrent par la suite que cette façon de communier présentait des risques non négligeables : mains sales, maladresse personnelle, mauvaise vue ne permettant pas de recueillir avec soin et exactitude les moindres parcelles, risque plus grand que des fragments se détachent, fléchissement du respect, notamment chez les enfants (combien de fois ai-je été témoin d’enfants embarrassés avec l’hostie dans leur main, la regardant amusé, refermant leur main dessus, jetant des regards au copain d’à côté, discutant, repartant avec), attitudes déplacées de certains adultes, emmenant par exemple l’hostie avec eux tout en la couvrant de baisers …

L’Eglise permet mais n’encourage pas la communion dans la main

L’Eglise a accordé la communion dans la main, parce qu’elle a été mise devant un fait accompli dans certains pays. Son intention n’est pas que la communion dans la main se substitue à la communion dans la bouche.

Dans l’Instruction Memoriale Domini, on peut lire : «  Mais là où s’est déjà introduit un usage différent […] le Saint Siège, afin d’aider les Conférences épiscopales à accomplir leur tâche pastorale devenue souvent plus difficile dans les circonstances actuelles, confie à ces mêmes Conférences épiscopales la charge et le devoir de peser avec soin les circonstances particulières. » La semaine suivante, le 06/06/1969, la Congrégation pour le Culte divin adressait une lettre aux évêques de France pour dire que la communion dans la main était une permission sous certaines conditions, entre autres qu’il n’y ait jamais obligation de communier ainsi, là où cet usage est autorisé.

Réponse à l’argument de l’ancienneté

La communion dans la main est souvent présentée comme un retour aux sources, à la pratique des premières communautés chrétiennes. Pourtant, ce n’est pas parce qu’une pratique est la plus ancienne qu’elle est la meilleure et la plus adaptée. Si cela était vrai, toute nouveauté serait une régression et tout approfondissement, toute évolution seraient condamnés d’avance. Si les chrétiens sont passés de la communion dans la main à la communion dans la bouche, c’est que l’Eglise y a vu un progrès, progrès que les évêques de l’après-concile ont confirmé.

La pratique de la communion dans la main a été l’étape intermédiaire entre le repas du début, la Cène, et la liturgie codifiée de la suite. D’ailleurs, dès les premiers temps de l’Eglise primitive, par respect pour le Corps du Christ, l’habitude était établie de placer un linge précieux sur la main pour recevoir la sainte eucharistie.

16 août 2016

POURQUOI DIEU PERMET-IL LA SOUFFRANCE DES HOMMES ?

 La souffrance de l'homme, comme sa mort physique d’ailleurs , ne vient pas de la création, mais du péché du premier homme qui est à l’origine d’une rupture entre celui-ci et Dieu. 

Nous savons que Dieu laisse l’homme libre de s’opposer à Lui. Il faut maintenant essayer de comprendre pourquoi Dieu laisse l’humanité subir les conséquences du péché que sont la souffrance et la mort ? Nous parlons ici plutôt d’une manière globale car il est évident que de nombreuses souffrances vécues par des personnes n’ont pas pour cause le péché de ces personnes. 

Effectivement, nous pourrions imaginer un Dieu nous laissant faire le mal, mais plein de bonté nous protégeant des conséquences douloureuses de ce mal.

 Cela est impossible car une telle attitude de la part de Dieu nous ouvrirait les portes de l’Enfer (le mal le plus grand) et nous séparerait pour l’Eternité du Royaume de Dieu (le bien le plus grand). 

En effet, si nous pouvions faire le mal sans que cela entraîne des conséquences fâcheuses ni pour les coupables, ni pour les victimes, l’humanité  toute entière serait encouragée à pratiquer encore davantage le mal et les cœurs des hommes s’endurcissant toujours plus, ces derniers seraient définitivement séparés de l’Amour. 

Au contraire, si Dieu laisse notre liberté s’exercer, y compris dans ses conséquences tragiques, il nous laisse capables de prendre conscience que le mauvais usage de cette liberté peut conduire à un chemin de perdition, qu’il existe un lien entre les désordres de l’humanité et le péché, la violence ou la haine auxquels s’abandonnent plus ou moins les hommes. La détresse humaine révèle les limites de l’homme et c’est souvent à travers cette détresse que Dieu va venir révéler qu’Il est Miséricordieux et Père. Notre détresse peut aussi nous révéler ce qu’il y a de vain et d’orgueilleux dans notre vie. Elle nous permet donc de retrouver le chemin de l’humilité, le chemin de la pauvreté, le seul chemin par lequel Dieu rentre dans les cœurs pour les sanctifier et les combler de son Amour.

 

 

11 août 2016

POURQUOI DIEU PERMET-IL LE MAL ?

Devant le mal qui ravage le monde et la révolte humaine qui peut en  résulter, l’Eglise a toujours répondu la même chose : Dieu n’a pas voulu cela

Ce que Dieu a voulu et ce que Dieu continue de vouloir pour l’homme, c’est la communion avec Lui-même. C’est pour cette fin que Dieu nous a créé libre, même s’il sait que cela entraîne le risque de la désobéissance et de la rupture avec Lui comme cela s'est produit au commencement avec le péché originel. La liberté n’est donc pas une fin, mais un moyen pour dire oui à Dieu en vue de notre bonheur éternel. 

L'une des grandes vérités du christianisme, c'est que Dieu a choisi l'impuissance pour se faire aimer. L'Amour ne s'impose pas. Lui qui est Tout-Puissant s'est fait petit enfant et a assumé notre condition d'homme jusqu'à la mort sur une croix. Lui, le Tout-Puissant, s'est laissé crucifier.

Dieu a  permis la désobéissance : 

       1/ Parce qu’Il ne veut pas se substituer à l’intelligence et à la volonté de l’homme. Une telle intervention de sa part dans la conscience de l’homme pour l’empêcher de désobéir équivaudrait à détruire sa créature et toute l’humanité avec elle. Dieu permet donc la désobéissance non pour que l’homme souffre des conséquences, mais pour qu’il garde l’existence et donc la possibilité de la vie éternelle. 

       2/ Parce qu’Il sait que les épreuves et les souffrances que l’homme va subir ne sont rien en comparaison du bonheur qu’Il nous prépare et parce que la vie éternelle avec Lui est infiniment supérieure à la vie actuelle séparée de Lui. 

St Paul aux Romains 818  « J’estime que les souffrances du temps présent sont sans proportions avec la gloire qui doit être révélée en nous » 

St Jean 1621   « Lorsque la femme enfante, elle est dans l’affliction puisque son heure est venue, mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de son accablement ; elle est toute à la joie d’avoir mis un homme au monde » 

       3/ Parce qu’Il sait qu’Il est plus puissant que le mal et qu’il  peut nous libérer définitivement de notre péché, par lequel précisément le mal se répand. Dieu est déjà vainqueur et si sa victoire est lente à se dessiner, c’est qu’Il nous laisse le temps de nous convertir. 

              St Jean 1633  « Mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde »

 

      

 

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15 juillet 2016

POURQUOI LA REDEMPTION SE FAIT-ELLE PAR LA CROIX ET LA MORT DE JESUS-CHRIST ?

1 – Qu’est-ce que la Rédemption ?  

 Le terme grec lutrosis (= rédemption) est formé à partir du mot lutron, qui signifie rachat. La notion de rançon est présente dans le concept de rédemption.

 La rédemption, cependant, n’est pas assimilable à une transaction commerciale. Elle opère, certes, un changement, mais ce changement signifie que nous retournons à Dieu, que nous lui appartenons de nouveau.

 Ce « rachat » est finalement très riche de signification. Il exprime :

-    la réparation du mal que nous avons fait,

-    la libération du péché, du démon,

-    le salut,

-    la réconciliation avec Dieu 

 La rédemption est l’œuvre du Christ. Elle commence avec l’Incarnation (Dieu se fait homme) et s’accomplit par le mystère de la Croix et de la Mort. La Rédemption est en même temps « la voie de la résurrection. » «  La résurrection constitue l’accomplissement définitif de la rédemption du corps » Jean-Paul II (Audience Générale du 27/01/82

 La rédemption se fait donc à travers le sacrifice de Jésus-Christ. Il s’agit d’une véritable offrande de soi. Cette offrande est à la fois :

-    un acte d’obéissance entièrement libre : « me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté » - (He 10, 7)

-    un acte d’humilité,

-    un acte d’amour,

-    un acte de pardon : « Père, pardonne- leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc, 23, 34

 La rédemption est nécessaire car l’homme s’est dressé par le péché contre Dieu. « Par ses seules forces, l’homme ne peut purifier son cœur, se libérer du poids du péché et s’ouvrir à la chaleur vivifiante de l’amour de Dieu » Jean-Paul II (Audience Générale du 13/04/83

 

2 – Le sacrifice rédempteur du Christ 

Mt, 26, 28 : « Ceci est le sang de l’Alliance, versé pour beaucoup, en rémission des péchés » 

1 Jn 4, 10 : « Dieu a envoyé son Fils comme victime de propitiation (en expiation) pour nos péchés » (voir aussi : 1 Jn 2, 2

Ep 1, 7 : « En lui, nous avons la rédemption (le rachat) par son sang » 

Mc 10, 45 + Mt 20, 28 : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » 

Ep 5 ,2 : « Le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous, s’offrant à Dieu en sacrifice d’agréable odeur » 

 Jean-Paul II (Audience Générale du 20/04/83) : « C’est en souffrant et en mourant pour nous que le Christ nous a mérité le pardon de nos fautes et qu’il a rétabli l’alliance entre Dieu et l’humanité. Son sacrifice a été un sacrifice expiatoire, c’est-à-dire un sacrifice qui présente une réparation pour obtenir la rémission des fautes […] Le Christ sait parfaitement pourquoi il va à la mort : son sacrifice est le prix, la rançon pour la libération de l’humanité […] Ce sacrifice a été exprimé plus tard, dans la réflexion théologique, par les concepts de satisfaction et de mérite. Le Christ a offert une satisfaction pour les péchés et, par cela, il nous a mérité le salut. » 

 Jean-Paul II (AG du 27/07/88) : « L’œuvre de salut, c’est-à-dire la libération du péché, s’accomplira au prix de la passion et de la mort du Christ. Le Sauveur est en même temps le Rédempteur de l’homme. Il réalise le salut au prix du sacrifice de lui-même. » 

 Jean-Paul II (AG du 31/08/88) : « Le sacrifice du Christ est devenu le « prix » de la libération de l’homme : la libération de l’esclavage du péché. » 

 Jean-Paul II (AG du 19/10/88) : « Jésus a réparé la désobéissance qui est toujours incluse dans le péché humain, en satisfaisant à notre place les exigences de la justice divine. » 

 Jean-Paul II (« La miséricorde divine », Encyclique du 30/11/80) : « Et voici qu’en Lui, le Christ, justice est faite du péché au prix de son sacrifice et de son obéissance jusqu’à la mort » 

 

3 – Le salut par la Croix de Jésus-Christ est difficile à accepter 

1 Co 1, 18 : « Le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu. » 

1 Co 1, 23 : « Nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les Grecs. » 

 Sur un autre plan, les expressions employées au paragraphe précédent sont de nature à troubler l’esprit. On parle, en effet, de « sacrifice d’expiation », de « rançon », de « prix », de « justice à satisfaire ». On pense inévitablement à un Dieu vengeur. Cela contredit l’idée que l’on se fait d’un Dieu qui nous aime et riche en miséricorde. 

 

4 – Le Christ lui-même a connu la détresse face à ce qui l’attendait 

Lc 12, 50 : « Je dois recevoir un baptême et quelle n’est pas mon angoisse jusqu’à ce qu’il soit consommé. » (Voir aussi : Mc 10, 39 ; Mt 20, 23

Mc 14, 34 : « Mon âme est triste à en mourir » 

Lc 22, 24 : « En proie à la détresse, il priait plus intensément et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre. » 

Mt 27, 46 ; Mc 15, 34 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » 

Lc 22, 42 : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse. » 

 

5 – Pourtant Dieu lui-même a voulu qu’il en soit ainsi 

 Jean-Paul II (Audience Générale du 13/04/83) : « Le sacrifice rédempteur n’est pas dû à ceux qui ont condamné Jésus, mais au Père qui a pris la décision d’apporter le salut à l’humanité par cette voie. » 

 Jean-Paul II (AG du 14/09/83) : « Il n’y a aucun doute, Jésus a conçu sa vie et sa mort comme moyen de rachat pour les hommes. Jésus a voulu se livrer pour nous. » 

 Jean-Paul II (AG du 07/09/88) : « Le Christ a été envoyé par Dieu dans le monde pour accomplir la rédemption de l’homme par le sacrifice de sa propre vie […] Dès le début de son activité messianique, Jésus insiste pour inculquer à ses disciples l’idée que le Fils de l’homme soit souffrir beaucoup (Lc 9, 22) […] Tout cela ne provient pas seulement des hommes, de leur hostilité à sa personne et à son enseignement, mais constitue l’accomplissement des éternels desseins de Dieu. » 

Jn 18, 11 : « Ne dois-je pas boire le calice que le Père m’a donné ? » 

 

6 – Jésus savait ce qui l’attendait 

 Jean-Paul II (AG du 05/10/1988) : « Jésus sait qu’il recevra un baptême de sang (Lc 12,50), même avant de constater que sa prédication et son comportement se heurtent à l’hostilité de certains milieux de son peuple qui ont le pouvoir de décider de son sort … Il sait que la raison d’être de l’Incarnation, le but de sa vie, est celui qui est prévu dans l’éternel dessein de Dieu concernant le salut … Jésus savait que sa mission messianique ne pouvait s’accomplir qu’à travers le sacrifice … Etre Messie, pour lui, signifiait donner sa vie en rançon pour la multitude (Mc 10,45). Depuis le début, Jésus savait que tel était le sens définitif de sa mission et de sa vie. » 

 

7 – Si Dieu est pardon, pourquoi demande-t-il une réparation ? 

 Certes, l’offense faite à Dieu par le péché est très grave et « revêt, dit St Thomas d’Aquin, un caractère de malice en quelque sorte infini ». A tel point que l’homme lui-même ne peut pas réparer le mal dont il est responsable. 

 La justice veut qu’on répare le mal dont nous portons la responsabilité. Mais l’amour de Dieu est infini. Il va infiniment plus loin que la justice. Il n’est pas soumis à la stricte observance de la justice. Alors pourquoi une réparation ? 

 St Irénée (« Contre les hérésies ») : « Si Dieu sollicite des hommes une oblation, c’est pour celui-là même qui l’offre, c’est-à-dire pour l’homme […] Dieu n’a pas besoin de notre sacrifice, mais celui qui offre est lui-même glorifié du fait qu’il offre, si son présent est accepté. » 

 Jean-Paul II (AG du 20/04/83) : « Même en étant disposé à pardonner, il demande pour le bien et l’honneur de l’homme lui-même une réparation. » 

 Nous comprenons bien que la réparation honore le fautif. Elle lui permet de se racheter. Mais le péché de l’humanité est trop grand. Pourtant, Dieu veut maintenir l’homme dans sa dignité. C’est pour cela qu’Il envoie son Fils afin que celui-ci répare ce que l’homme ne peut pas réparer par lui-même. 

 L’homme qui a conscience et qui regrette d’avoir mal agi sent bien qu’il y va de sa dignité et de son honneur de réparer le mal qu’il a fait ou tout au moins de contribuer à sa réparation. 

 Le fait que le salut de l’homme s’accompagne d’une réparation n’est donc pas à mettre sur le dos d’un Dieu qui nous châtie, mais découle tout simplement de la vérité que Dieu nous aime et qu’il nous respecte dans ce que nous avons de plus grand. 

 Les hommes du temps de Jésus avaient un sens développé de l’expiation. Ils pratiquaient régulièrement les sacrifices et les rites purificatoires. Il est compréhensible que les évangélistes et Saint Paul aient exprimé le mystère de la Rédemption avec ce vocabulaire si familier aux gens de l’époque. 

 

8 – Pourquoi la Croix et la Mort de Jésus ? 

 Dieu est entièrement libre. Il pouvait dans sa Toute-Puissance sauver les hommes par d’autres moyens. En nous envoyant son Fils unique pour prendre notre condition humaine avec tout le fardeau de nos péchés pour ensuite connaître la croix, la mort, et enfin la résurrection, Dieu a voulu nous sauver d’une manière parfaite et appropriée à notre nature humaine. 

 Essayons de comprendre l’intention divine dans le choix de la croix. Par la croix, Dieu révèle à l’homme des choses essentielles.

 La croix manifeste la gravité de notre péché

 Jean-Paul II (AG du 20/04/83) : « Le sacrifice expiatoire nous fait comprendre la gravité du péché […] Le Père donne à l’humanité son propre Fils pour qu’il offre cette réparation. Il nous montre par là l’immense gravité du péché, puisqu’il réclame la plus haute réparation possible, celle qui vient de son Fils lui-même. » 

 Aline Lizotte, Albi, 08/84 : « La croix nous montre le Christ crucifié. Il y a toute une pédagogie dans la croix. En effet, le Christ a été crucifié physiquement il y a 2000 ans, mais c’est depuis le péché d’Adam qu’il est crucifié spirituellement, depuis que l’amour de Dieu est rejeté et méprisé par les hommes. Le signe visible du Christ crucifié vient nous faire prendre conscience d’une situation qui existe depuis Adam. La croix nous montre l’état de notre cœur vis-à-vis de Dieu. »

 La croix du Christ nous montre ce à quoi aboutit notre péché.

 La croix manifeste l'amour infini de Dieu pour nous

 Jn 3, 16 : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. » 

 St Thomas d’Aquin (III 9, 49 art 3) : « De cette manière, l’homme sait à quel point Dieu l’aime, et l’homme à son tour est amené à l’aimer. » 

 Jean-Paul II (« La miséricorde divine », encyclique du 30/11/80) : « La croix est le moyen le plus profond pour la divinité de se pencher sur l’homme et sur ce que l’homme appelle son malheureux destin. La croix est comme un toucher de l’amour éternel sur les blessures les plus douloureuses de l’existence terrestre de l’homme. » 

 Jean-Paul II (AG du 13/04/83) : « Loin d’être un acte de cruauté ou de sévérité rigoureuse, le geste du Père qui offre son Fils en sacrifice est le sommet de l’amour […] Le Père a voulu un sacrifice de réparation pour les fautes de l’humanité, mais il a lui-même payé le prix de ce sacrifice en donnant son Fils. Par ce don, il a montré dans quelle mesure il était le Sauveur et jusqu’à quel point il aimait les hommes. » 

 Jean-Paul II (AG du 31/08/88) : « Pourquoi cette croix est-elle la puissance et la sagesse suprêmes de Dieu ? Il n’y a qu’une seule réponse : parce que dans la croix, l’amour s’est manifesté. » 

 Jean-Paul II (AG du 07/09/88) : « L’amour reste l’explication définitive de la rédemption par la croix […] Le Fils a pris sur lui le terrible joug du péché de toute l’humanité pour obtenir notre justification et notre sanctification. » 

 Jean-Paul II (AG du 19/10/88) : « Sans la souffrance et la mort du Christ, l’amour de Dieu pour les hommes ne se serait pas manifesté en toute sa profondeur et grandeur. »

 

Conclusion 

 Par sa croix et par sa mort, le Christ est solidaire jusqu’au bout de notre nature humaine pécheresse. Lui qui est sans péché et de condition divine, il se fait homme jusqu’à assumer les conséquences les plus tragiques de notre péché : la souffrance et la mort. Il nous montre que son amour est plus fort que notre péché

 La croix est vraiment le signe de la tendresse infinie de Dieu pour nous. Elle vient briser la dureté de notre cœur. Comment ne pas être touché au plus profond de notre être devant un tel acte d’amour ? 

 La croix nous donne l’espérance que notre péché n’arrêtera jamais l’élan d’amour de Dieu pour nous.

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

 

 

 

 

 

12 juin 2016

ANANIE ET SAPHIRE

  Ananie et Saphire    (Actes des Apôtres 5, 1-11)

   Le passage est troublant car il donne l’impression d’une grande sévérité et d’une absence totale de miséricorde. Comment comprendre et recevoir la mort subite d’Ananie et de Saphire ? 

  Il importe de voir qu’il ne s’agit pas d’un acte ordinaire, mais d’une situation exceptionnelle avec un enjeu d’une gravité extrême. Nous sommes au tout début de l’Eglise. Le mot apparaît d’ailleurs ici pour la première fois. L’acte qui nous est rapporté est un acte fondateur de l’Eglise. Il s’agit de préserver la communauté qui doit s’étendre sur toute la surface de la terre dans les siècles à venir pour apporter à tous les hommes le salut qui vient du Christ. Il y a en même temps au travers de cet évènement un message de portée universelle pour tous les hommes à venir. 

  Regardons de plus près la nature de la faute. Il ne s’agit pas d’un manque de générosité ni d’une désobéissance. Ananie restait libre de conserver une partie de ses biens. Sa faute consiste en un mensonge par lequel il veut s’assurer la gloire d’avoir tout donné et bénéficier de l’aide intégrale de la communauté. Mais, en trompant les apôtres, c’est l’Esprit Saint lui-même qu’il trompe. Il ment à Dieu. C’est bien en entendant la parole « tu as menti à Dieu » qu’Ananie expire. La mort exprime la gravité de ce mensonge. La gravité est liée aussi au fait que « Satan a rempli son cœur ». Alors que les croyants sont « remplis de l’Esprit Saint », Ananie et Saphire sont devenus les jouets de Satan. Il y a bien ici une rencontre entre l’Esprit Saint, l’esprit de vérité qui donne la vie et Satan, l’esprit du mensonge qui conduit à la mort. 

  La mort n’est pas donnée par Pierre qui est seulement averti par l’Esprit de Dieu de leur mensonge. Elle est donnée par Dieu comme signe pour manifester la gravité d’une faute qui tue. Ananie et Saphire étaient eux-mêmes devenus instruments de mort pour la communauté. Ainsi Dieu protège la communauté naissante tout en établissant la vérité sur ce qui tue. La crainte qui s’empare alors de l’Eglise entière et de tous ceux qui prirent connaissance de l’événement renforce l’attachement au Seigneur. Rappelons que la crainte ne consiste pas à avoir peur de Dieu. La crainte de Dieu signifie qu’il est la priorité de mon cœur. C’est la crainte de ne pas l’aimer comme il faut, de ne pas l’aimer assez. C’est une crainte qui stimule mon amour. Elle se manifeste par un ardent désir de connaître Sa Volonté et de mieux Le servir. 

  Qu’en est-il de la miséricorde ? L’intention de Dieu, ici, n’est pas de révéler sa miséricorde. Elle est cependant présente au travers de la lumière et de la préservation qui sont apportées ainsi à la communauté. En outre, même s’il n’en est pas question à l’égard d’Ananie et de Saphire dans ce passage, il n’est pas dit non plus qu’elle ne s’exerce pas pour eux sous une autre forme qui, bien sûr, demeure mystérieuse pour nous.

   Principaux ouvrages consultés :

-          Philippe BOSSUYT et Jean RADERMAKERS, s.j. Témoins de la Parole et de la Grâce  (Actes des apôtres),  I.E.T. de Bruxelles

-          Dom Paul DELATTE  Les épîtres de Saint Paul, tome1,  Solesmes

-          J. DUPONT, osb, La Sainte Bible-Les Actes des Apôtres,  Cerf

 

 

 

31 mai 2016

LE MOT "RACE" DOIT-IL DEVENIR TABOU ?

  L’espèce humaine provient d’une origine unique que l’on peut faire remonter à 50 000 ou 100 000 ans, on ne sait trop. Depuis, la descendance humaine s’est éparpillée aux quatre coins de la terre ce qui a entraîné des différenciations entre les populations. Ce phénomène porte le nom de raciation. Chez l’homme, il n’a pas pu atteindre une grande ampleur car l’isolement des populations a été très relatif et d’une trop courte durée. Il a quand même permis l’émergence de ce que l’on a appelé les races blanches, noirs et jaunes et aussi la formation de groupes raciaux plus précis tels les esquimaux ou les pygmées, par exemple. Cette variation à l’intérieur de l’espèce humaine ne brise nullement son unité. Tous les individus sont interféconds. Les différences raciales ne peuvent permettre de douter de l’égale dignité entre les hommes.

  Des théoriciens ont fait l’hypothèse qu’il existait peut-être des gènes propres à chaque race. Ils ne les ont pas trouvés. On a donc renoncé à parler de races humaines au sens strict. La génétique nie aujourd’hui qu’il existe des races parfaitement distinctes d’autres races et réfute toute idée de classification rigoureuse entre elles. Il n’y a pas de races au sens de groupes étanches définissables par un ensemble de caractères physiques invariables et étendus à toute une population permettant un classement sans ambiguïté.

  Certains veulent aller plus loin et bannir le mot « race » du langage comme si ce terme était devenu une insulte. Cependant à vouloir faire dire à la science plus qu’elle ne dit, on finit par heurter le bon sens et la vérité des faits. Le terme « race », au sens large, désigne bien une réalité que nous expérimentons. A l’œil nu, on observe que les différences n’existent pas seulement entre les individus, mais aussi entre les populations. Ces différences concernent la couleur de la peau, le visage, la taille … à tel point qu’on distingue aisément un patagon d’un chinois, un scandinave d’un africain. Le terme « ethnie » qu’on veut substituer à celui de « race » est insuffisant puisqu’il concerne les différences culturelles et n’exprime en rien les différences physiologiques. Précisément la génétique ne nie pas qu’il existe des constantes géniques dominantes dans les populations, que les fréquences d’allèles soient différentes d’un groupe à l’autre et qu’il puisse aussi exister des gènes distincts entre deux groupes donnés. Ainsi les juifs et les arabes ont un y plus grand que celui des autres caucasiens – cf. COHEN (USA) et LEJEUNE (France)-

  L’association races-racisme n’est pas admissible et ne sert pas la cause du respect que l’on doit à tout homme. Plutôt que d’occulter les différences raciales qui peuvent exister entre les populations de la terre en créant un nouveau tabou, n’est-il pas préférable de se réjouir de cette diversité et en admirer la beauté ?

 

30 avril 2016

ENCYCLIQUE ECCLESIA DE EUCHARISTIA de JEAN-PAUL II

Encyclique Ecclesia de Eucharistia du 17/04/2003 :         

"L’Eglise vit de l’Eucharistie"

Présentation complète

 

 Introduction

  L’Eucharistie est un mystère lumineux (n°6) au contenu vraiment énorme (5). Le mystère de la foi qu’il contient est celui-ci : le monde sorti des mains de Dieu créateur, retourne à lui après avoir été racheté par le Christ (8). Elle établit un lien entre le ciel et la terre (8). L’intention de l’encyclique est donc de raviver l’admiration eucharistique (6), source et sommet de toute la vie chrétienne (1), centre de la vie ecclésiale (3).

  Pour y parvenir, il est nécessaire cependant de dissiper les ombres sur le plan doctrinal et les manières de faire inacceptables (10). Il y a, en effet, des abus, des ambiguïtés, des réductions :

- La compréhension est privée de sa valeur sacrificielle et réduite à une rencontre conviviale et fraternelle.

- La nécessité du sacerdoce ministériel fondé sur la succession apostolique est obscurcie.

- Le caractère sacramentel de l’Eucharistie est réduit à la seule efficacité de l’annonce.

- Il y a des pratiques eucharistiques œcuméniques contraires à la discipline.

 

Chapitre I : Mystère de la Foi

  Ce premier chapitre insiste sur la valeur sacrificielle de l’Eucharistie (12). Il s’agit d’un sacrifice au sens propre (13). Le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice (12). C’est le mémorial de la mort et de la résurrection (11). C’est la re-présentation sacramentelle du sacrifice de la Croix (la passion et la mort) perpétuée au long des siècles et rendu ainsi présent dans le temps :  « nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus ». C’est un amour qui va jusqu’au bout : « livré pour vous » « versé pour vous » « répandu pour la multitude ». C’est, en premier lieu, un don à son Père, en notre faveur, auquel chacun ajoute l’offrande de lui-même (13).

  L’Eucharistie, c’est aussi le banquet sacré de la communion au Christ (12). Il est le don par excellence, de sa personne, dans sa sainte humanité et de son œuvre de salut (11). Le Christ s’offre en nourriture (16). Il nous communique aussi son Esprit (17). La présence est réelle (15), substantielle, le Christ, Homme-Dieu se rend présent tout entier (15). Il y a transsubstantiation, le pain et le vin ont cessé d’exister après la consécration (15).

  On peut parler d’une anticipation du Paradis (18), d’une communion avec le ciel, d’une liturgie céleste. C’est un coin du ciel qui s’ouvre sur la terre (19).

 

Chapitre II : L’Eucharistie édifie l’Eglise.

 Importance de la communion eucharistique, car l’Eucharistie renforce l’incorporation au Christ (23).

Encouragement à l’adoration eucharistique et à la visite au Saint-Sacrement. D’après saint Alphonse Marie de Liguori, « parmi toutes les dévotions, l’adoration de Jésus dans le Saint-Sacrement est la première après les sacrements, la plus chère à Dieu et la plus utile pour nous » (25).

 

Chapitre III : L’apostolicité de l’Eglise et de l’Eucharistie.

  L’Eucharistie a été confiée aux Apôtres, puis transmise par leurs successeurs jusqu’à nous. La continuité apostolique est nécessaire pour qu’il y ait église au sens plénier. Le ministre ordonné ne vient pas de la communauté. C’est un don que l’on reçoit à travers la succession apostolique (29).

Sacerdoce et Eucharistie sont inséparables. Le prêtre célèbre in persona Christi (29). Il est appelé à célébrer quotidiennement même s’il n’y a pas de fidèles (31).

  Les communautés protestantes sont coupées de la succession apostolique. Elles n’ont pas conservé la substance propre et intégrale du mystère eucharistique. Les catholiques doivent s’abstenir de communier lors des célébrations protestantes afin de témoigner de la vérité sur la nature de l’Eucharistie (30).

 

 Chapitre IV : L’Eucharistie et la communion ecclésiale.

   La participation à l’Eucharistie n’est pas automatique. Il y a des conditions à respecter. Tout d’abord, l’âme doit être prête (foi, charité, vie de grâce), libérée de tout péché grave (36). Eucharistie et pénitence sont liées.

  Ensuite, il faut être en communion avec l’Eglise, car l’Eucharistie est la plus haute manifestation sacramentelle de la communion. Le Christ est la Vérité et il rend témoignage à la vérité. Le sacrement de son corps et de son sang n’admet pas de mensonge. Il est donc nécessaire d’accepter intégralement la profession de foi, les sacrements et le gouvernement ecclésiastique (38). Voilà pourquoi les personnes non baptisées et celles qui refusent la vérité intégrale de la foi sur le mystère eucharistique ne peuvent communier.

  L’Eucharistie est le sacrement de l’Unité de l’Eglise (42). La communion avec le Saint Père est une exigence intrinsèque de la célébration du sacrifice eucharistique. Toute célébration exprime la communion avec Pierre et avec l’Eglise toute entière (39). Il faut la pleine communion pour que les communautés chrétiennes célèbrent ensemble. Le chemin vers la pleine unité ne peut se faire que dans la vérité (44). Le respect des normes est une expression effective d’amour (42).

  Il existe cependant des circonstances spéciales (45) où l’Eglise permet l’accès de certains sacrements (eucharistie, pénitence, sacrement des malades) à des non catholiques et réciproquement. Le critère ne sera pas l’intercommunion mais un sérieux besoin spirituel personnel. Une condition est requise : partager la foi de l’Eglise catholique dans ces sacrements et le sacerdoce. En outre, le catholique ne peut recevoir l’Eucharistie que dans une communauté qui a un sacrement de l’Ordre valide (46). C’est le cas avec les orientaux.

 

Chapitre V : La dignité de la célébration eucharistique.

  Dans ce chapitre, le pape aborde les abus qui n’ont pas manqué (52). On a introduit des innovations non autorisées. Un sens mal compris de la créativité s’est parfois imposé.

  Le banquet eucharistique est vraiment un banquet sacré (48). Le mystère est trop grand et trop précieux pour le traiter à sa guise. La liturgie n’est jamais la propriété privée de quelqu’un ni du célébrant ni de la communauté (52). Le caractère sacré et la dimension universelle doivent toujours être respectés. Le prêtre préside in persona Christi. Le pape lance un vigoureux appel pour que les normes liturgiques soient observées avec une grande fidélité (52). Il annonce un document à venir sur ce thème d’une grande importance.

 

Chapitre VI : A l’école de Marie, la femme eucharistique. 

  Il y a une analogie profonde entre le fiat de Marie et l’Amen du fidèle qui reçoit le Corps du Seigneur (55).

 

Conclusion

  L’Eucharistie signifie sacrifice, présence, banquet. Elle n’admet ni réduction ni manipulation. Elle doit être vécue dans son intégrité. Nous ne devons atténuer aucune dimension ni aucune exigence et transmettre ce trésor sans en perdre un seul élément (61).

 

Prière de Saint Thomas d’Aquin :

 

Bon Pasteur, pain véritable,

Jésus, aie pitié de nous

nourris nous, protège-nous

fais-nous voir le bien suprême,

dans la terre des vivants.

Toi qui sais et qui peux tout,

toi notre nourriture d’ici-bas,

prends-nous là-haut pour convives

et pour héritiers à jamais

dans la famille des saints.

 

24 avril 2016

LA GUERRE QUI A OPPOSE PROTESTANTS ET CATHOLIQUES EN IRLANDE DU NORD EST-ELLE UNE GUERRE DE RELIGION ?

(Article modifié le 1/11/2017) 

  Ce n’est pas la religion elle-même qui est responsable le plus souvent des tensions qui existent entre les hommes. On peut bien sûr mettre en avant des conflits qui ont opposé des croyants de confession différente. Il faudrait aussi parler des valeurs de paix, de respect des autres que les religions ont développé au cours de l’histoire. Ainsi, le second commandement de la religion chrétienne est celui-ci : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (St Marc, 12,13) et l’exigence va encore plus loin lorsque le Christ dit : « Aimez vos ennemis et priez pour vos persécuteurs » (St Matthieu 5,44). N’oublions pas également la rencontre qui a eu lieu à Assise à la demande du pape Jean-Paul II, entre les représentants d’un grand nombre de religions.

   Les causes des guerres et des violences sont d’abord dans le cœur de l’homme, dans son orgueil, sa jalousie, sa cupidité et ses convoitises. Les causes sont ensuite ethniques ou nationalistes lorsqu’un peuple, un Etat veut s’imposer à d’autres. Signalons aussi ces hommes qui, sans aucun sentiment religieux de leur part, ont su au cours de l’histoire et encore aujourd’hui utiliser la religion à des fins personnelles et politiques. Ainsi lorsqu’on parle de guerre de religions, on déforme bien souvent la réalité, car les causes sont d’abord politiques ou sociales. Si les hommes se battent si souvent, ce n’est pas à cause de leurs différences religieuses, mais à cause de différences de nationalités et d’intérêt économique.

  A titre d’exemple, la guerre  qui opposa protestants et catholiques en Irlande du Nord n’est pas d’abord une guerre de religion. Tout a commencé de 1171 à 1175, lorsque l’Irlande tomba sous le pouvoir du roi d’Angleterre Henri II. Au départ, l’Angleterre et l’Irlande étaient deux nations catholiques. Le conflit fut donc d’ordre national. En 1250, les 3/4 du pays sont aux mains des conquérants. L’île entière est sous domination anglaise en 1494.

  Un nouveau pas est franchi avec Henri VIII qui semble parvenir à une assimilation complète de l’Irlande à l’Angleterre puisqu’en 1541 le premier parlement national d’Irlande proclame Henri VIII roi d’Irlande. Cependant, suite à des provocations de la part des protestants anglais, car entre temps l’Angleterre est passé sous influence protestante, les catholiques irlandais se révoltent. La répression est d’une cruauté inouïe. Les autochtones subissent extermination, confiscation de biens et implantation de colons protestants sur une grande échelle, notamment des presbytériens venus d’Ecosse.

  Dans ces conditions, la guerre entre les nouveaux colons et les anciens habitants, celtes et anglo-normands, n’est plus seulement politique mais aussi religieuse. Cependant, et cela est vrai aussi pour le reste de l’Europe, il n’est pas juste de parler de guerre de religions au sens où deux religions se feraient la guerre pour s’imposer l’une à l’autre. En effet, il s’agit de la guerre d’une religion, le protestantisme (ou l’anglicanisme si on préfère), contre une autre religion, le catholicisme.

  Plus tard, en 1641, une grande révolte a lieu et Cromwell, protestant ayant en haine les catholiques, mène à partir de 1649, une répression implacable. Selon les sources, entre le tiers et la moitié de la population est massacré ou conduit comme esclave dans le Nouveau Monde. De 1641 à 1652, la population passe de 1.500 000 à 600 000 habitants. Les terres du nord du pays sont confisquées et attribuées à des colons venus d’Ecosse et d’Angleterre. Les discriminations se multiplient et la pratique de la religion catholique est interdite.

  Pourtant, c’est un protestant, Wolfe Tone (1763-1798) qui génère les premières insurrections favorables à l’indépendance de l’île qui déboucheront sur l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA). Ce que l’IRA combattait, en effet, ce n’était pas la religion protestante, mais la présence britannique et les injustices sociales que subissaient les irlandais d’origine qui se trouvaient être des catholiques ! Il y a guerre de religion lorsque le but est religieux et qu’il s’agit d’imposer une religion à une autre. Les catholiques irlandais ne luttaient pas contre le protestantisme, mais contre des colonisateurs devenus protestants. Dans ces conditions, il n’est pas juste de les accuser de mener une guerre de religion.

  Cette situation d’injustice subie par les catholiques ne justifie évidemment pas les attentats, que les autorités religieuses ont d’ailleurs toujours formellement condamnés comme le souligne cette déclaration de Mgr Daly : « Conscient de mon devoir, en tant qu’évêque catholique, d’enseigner la foi catholique au nom du Christ, je déclare que l’appartenance à l’IRA et la participation volontaire ou la coopération avec ses soi-disant opérations militaires, sont un péché très grave. Toute personne qui souhaite être  ou rester catholique est liée par cet enseignement. »

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