Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Eglise, vérité et humanité

Archives
10 mars 2018

L'ANTICHRISTIANISME DE LA REVOLUTION FRANCAISE

 

Dans un premier temps, la monarchie et l’aristocratie ne sont pas menacées.

Les inspirateurs de la Révolution, philosophes et francs-maçons, étaient monarchistes et souhaitaient une évolution de la monarchie et non sa disparition. L’un des principaux acteurs des premiers troubles était le duc d’Orléans, cousin du roi. Membre du Grand Orient, il subventionne le Club Breton, futur Club Jacobin.

Jean Dumont : « Il y a tout au long de l’année 1790, de grandes manifestations au loyalisme monarchique dont la Fête de la Fédération, le 14 juillet où le roi a été vivement acclamé. On nous a fait oublier cela, la première fête du 14 juillet fût une fête monarchiste. Plus encore, le 7/07/1792, la Législative mit hors la loi, par un décret spécial, tout individu qui oserait parler de République. » (La Révolution Française ou les prodiges du sacrilège, p.191)

« En 1791, Beaumarchais prend la plume contre l’Eglise romaine. A ce moment, la noblesse vivait tranquillement chez elle. La grande majorité des châteaux était occupée par les familles de leurs propriétaires … C’est seulement après la chute de la monarchie en août 1792, et avec les débuts de la Terreur, qu’une partie des aristocrates abandonne ses châteaux soit pour aller vivre en ville, soit pour émigrer. » (Id. p.202)

« Il y avait donc bien un bonheur de vivre noble en Révolution très concret. Même l’historien marxiste Michel Vovelle le constate : En général la noblesse put continuer à sauver l’essentiel de sa fortune. » (Id. p.267)

« Ce ne sera que lorsque Louis XVI aura finalement choisi la fidélité au christianisme, à l’Eglise, qu’en 1792 la monarchie sera abattue. Jusque-là, infidèle, elle ne risquait rien, ou que d’acceptables modalités. » (Id. p.247)

 

La Révolution française a d’abord et surtout été antichrétienne

Pierre Gaxotte : « S’il fallait ramener à l’unité la pensée du XVIIIème siècle ou du moins ses écrivains, on pourrait avancer qu’elle a été antichrétienne ; on ne saurait prétendre qu’elle ait été antimonarchique. » (Le siècle de Louis XV)

Cardinal Poupard : « La Révolution a objectivement persécuté l’Eglise jusqu’au martyre. Les historiens sérieux reconnaissent aujourd’hui que la Révolution a persécuté l’Eglise non pour des raisons politiques mais pour des raisons spirituelles. Le nouveau pouvoir issu de la Révolution s’est voulu non seulement politique mais global, total. Et il n’y a qu’un pas, vite franchi hélas, du total au totalitarisme. »

Tocqueville : « Une des premières démarches de la Révolution française a été de s’attaquer à l’Eglise. »

Pourtant les cahiers de doléances se révèlent très favorables à la religion. On ne trouve que 6% des cahiers à requérir la suppression totale des dîmes. Il n’est que 2% des cahiers pour demander la suppression des vœux et des ordres religieux contemplatifs. Parmi ces 2%, la noblesse est la plus acharnée.

 

Tout au long de la période révolutionnaire les mesures les plus graves sont prises contre l’Eglise. Voici les faits dans leur ordre chronologique. Ils font apparaître une volonté d’anéantissement.

11/08/1789 : La dîme est supprimée. Par cet impôt, l’Eglise assurait sa mission sociale : écoles, hôpitaux, pauvreté.

28/10/1789 : L’Assemblée suspend autoritairement le recrutement monastique et les vœux.

2/11/1789 : Les biens ecclésiastiques sont saisis.

13/02/1790 : Les ordres contemplatifs sont supprimés.

17/03/1790 : Les biens ecclésiastiques sont mis en vente.

14/06/1790 : Massacre dans les rues de Nîmes de plus de 300 catholiques et fuite de 1200  familles pour avoir été des milliers à signer une pétition en faveur des droits de la religion et de la foi catholique.

12/07/1790 : Constitution Civile du Clergé. On édifie une religion d’Etat en rupture avec Rome. Prêtres et évêques deviennent fonctionnaires d’Etat. Curés et évêques sont élus. Les écoles religieuses sont fermées et les ordres hospitaliers démantelés. Cependant l’Eglise et le pays résistent et la loi reste presque partout lettre morte.

3/09/1790 : Abolition des vœux monastiques.

27/11/1790 : Vote pour obliger le clergé à un serment de fidélité envers la CCC.

10/03/1791 : Pie VI condamne le statut imposé au clergé par la Constituante par la lettre Quod aliquantum

4/04/1791 : Décision est prise de transformer l’église Sainte Geneviève en temple païen rebaptisé Panthéon.

16/11/1791 : Un décret déclare suspect tout prêtre non jureur et le prive de son traitement. 4/130 évêques et 30.000/130.000 prêtres font le serment.

29/11/1791 : Un décret permet l’arrestation des clercs non-jureurs sur simple dénonciation non vérifiée.

Janvier 1792 : Les prêtres sont encouragés à se marier.

Avril 1792 : Suppression de l’habit ecclésiastique.

27/05/1792 : Un décret de la Législative ordonne la déportation des prêtres réfractaires dès qu’ils sont dénoncés par 20 citoyens d’un même canton.

14/07/1792 : Plusieurs prêtres et religieux ayant vivement réagi sont massacrés par les « patriotes » et leurs têtes promenées au bout de piques.

10/08/1792 : Les prisons se remplissent de prêtres réfractaires.

17/08/1792 : Un décret ordonne l’évacuation des couvents.

18/08/1792 : Un décret proscrit toute vie religieuse commune.

26/08/1792 : La législative aggrave le décret sur les prêtres réfractaires. Bannis de leur patrie, 45.000 ecclésiastiques s’exilent, 30.000 entrent en clandestinité et 4.000 sont arrêtés et déportés aux Pontons de Rochefort ou en Guyane. Très peu reviendront.

Les massacres du 2 au 5 septembre 1792 : Suite à une accusation de complot contre la France révolutionnaire, les prisons sont visitées. Parmi les prisonniers massacrés, on dénombre 3 évêques et 223 prêtres.

14/09/1792 : Les carmélites de Compiègne sont expulsées puis guillotinées.

24/04/1793 : Tout prêtre ayant refusé le serment s’expose à être arrêté et exécuté dans les 24h sans recours possible.

17/09/1793 : Selon une loi, quiconque dénonce un proscrit reçoit 100 livres de récompense.

20/10/1793 : Selon une autre loi, quiconque donne l’asile à un proscrit est déporté.

10/11/1793 : Notre Dame de Paris devient le temple de la Raison.

23/11/1793 : Toutes les églises parisiennes sont fermées. Puis, c’est au tour des lieux de culte réformés ou juifs.

5/10/1793 : Entrée en vigueur du calendrier de Fabre d’Eglantine. Le décadi (tous les dix jours) remplace le dimanche. Il faut travailler le dimanche.

8/06/1794 : Robespierre institue le culte de l’Etre suprême et un rite laïc.

On force maintenant les prêtres qui ont prêtés serment à abdiquer et à se marier. Les mariages des prêtres sont quasi obligatoires, sous la menace de la prison et de l’échafaud. Les 2/3 des prêtres qui ont prêté serment, soit 20.000, renoncent à leur sacerdoce et doivent signer la déclaration suivante : « Je … faisant le métier de prêtre … convaincu des erreurs par moi trop longtemps professées, déclare y renoncer à jamais. »

En 1796, 1448 prêtres français et 8235 prêtres belges sont envoyés au bagne.

Jean de Viguerie : Au final, « la Révolution fit périr 8.000 prêtres, religieux et religieuses. » (Le Livre noir de la Révolution française p.213)

28/08/1799 : Le Pape Pie VI, prisonnier, meurt à Valence.

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

 

Publicité
6 mars 2018

LE MYTHE DE LA TOUTE-PUISSANCE DE L'EGLISE AU MOYEN-AGE

  En s’appuyant sur l’idée que l’Eglise était autrefois toute-puissante, un certain nombre de personnes rendent volontiers celle-ci responsable de tout ce qui a été négatif dans le passé. Pourtant, l’Eglise n’était pas seule à l’œuvre. D’une part, il y avait les mœurs préchrétiennes toujours plus ou moins présentes. Ensuite, il faut prendre en compte la faiblesse de la nature humaine qui concerne les chrétiens comme les autres hommes. Egalement, ce n’est pas parce qu’une société est dite chrétienne que tous les baptisés se tournent en vérité vers le Christ pour se laisser transformer en profondeur par la grâce. Enfin, l’Eglise est en permanence confrontée à des puissances temporelles : seigneurs, rois, empereurs, chefs d’Etat, qui entravent son action, et s’immiscent dans ses affaires internes jusqu’à son plus haut sommet. Il faut savoir qu’un grand nombre  d’abbés, d’évêques ont été installés par les puissances temporelles  et non par l’Eglise. Il y a une multitude d’exemples à cet état de fait. En voici une liste très partielle. Nous espérons qu’elle aidera à prendre conscience que l’Eglise n’avait pas cette liberté et ce pouvoir absolu qu’on lui prête si souvent. 

  -  Au IVe s, les empereurs imposent des évêques ariens. L’empereur Constantin demande à Athanase, évêque d’Alexandrie, d’admettre à nouveau Arius dans l’Eglise. Athanase refuse. En 335, les partisans d’Arius réussissent à faire déposer Athanase au Synode de Tyr. Il part en exil à Trèves et ne pourra retrouver son siège épiscopal qu’après la mort de Constantin en 337.     

  -  En 404, l’empereur Arcadius chasse Jean Chrysostome, le plus célèbre prédicateur de l’Orient, de son siège de patriarche de Constantinople et l’envoie en exil.

  -  Les rois, à l’exemple des empereurs byzantins dirigent très tôt l’Eglise. Ainsi, en 511, Clovis réunit un concile à Orléans et se présente comme le chef de l’Eglise de Gaule. Ses successeurs continuent à réunir des conciles avec l’accord des évêques. Ces derniers ne peuvent qu’approuver car ils sont nommés par le roi. Ce sont souvent d’anciens fonctionnaires qui ont fait leurs preuves à la cour. (Hist. Christ. n°2, p.82)

  -  Justinien, empereur romain d’Occident (527-565), fait arrêter le Pape.

  -  Dès son élection au siège de Rome, Martin Ier s’oppose à l’empereur byzantin à propos du monothélisme (une seule volonté dans le Christ). Le 19 juillet 653, le pape est arrêté dans la basilique de Latran où il s’était réfugié. Après un voyage au cours duquel on le brutalise, puis un emprisonnement de trois mois, il est soumis à un procès politique pour rébellion contre l’empereur. Il est envoyé ensuite en exil en Crimée où il meurt en 655, brisé par les épreuves dues à sa résistance face à l’ingérence impériale dans les affaires de la foi.

  -  A Rome, le Xe s. est une période très troublée. Entre 896 et 904, huit papes sont assassinés ou emprisonnés. Dans les premières décennies du siècle, l‘aristocratie romaine prétend défendre ses prérogatives sur l’institution pontificale (HC n°3, p.8)

  -  Otton Ier, couronné empereur en 962, associe étroitement l’Eglise à son gouvernement en investissant les évêques qu’il choisit du pouvoir de commandement sur leurs terres. Il contrôle l’élection pontificale et dépose plusieurs papes qu’il juge indignes (HC n°2, p. 102)

  -  Otton III place sur le siège pontifical son ancien maître, Gerbert d’Aurillac, qui a pris le nom de Sylvestre II. Tous deux meurent en 1002.

  -  XIe s. Les princes investissent des évêques sans demander l’avis de Rome. Le pape Grégoire VI est exilé. L’empereur Henri IV veut déposer le nouveau pape Grégoire VII. Il est excommunié. L’empereur se soumet, puis se ravise. Il occupe Rome, fait élire un antipape. Grégoire VII meurt en exil en 1085 (Fam. Chrét. N°1146, p.8).

  -  XIe s. L’Eglise est de fait aux mains des laïcs nobles qui nomment curés, évêques et abbés sans souvent se soucier de leur valeur morale et spirituelle. Quant au pape, il tend à devenir le chapelain du Saint Empire Germanique (H.C. n°3, p.19).

   -  XIIe s. Rébellion contre le pape Alexandre III, de l’empereur allemand Frédéric Barberousse (1152-1190) qui rêve de dominer l’Europe. Il suscita contre l’Eglise des papes, des antipapes, chassa par les armes le Souverain Pontife de Rome et le força à vivre plusieurs années en exil. Il se moqua des excommunications, fomenta des schismes et tenta d’asservir entièrement le clergé au pouvoir civil. Six guerres successives. C’est au fil de cette querelle que la papauté a forgé son pouvoir partiellement temporel par nécessité politique. (Jean Guiraud, L’Inquisition médiévale, page 76)       

  -  L’évêque de Cracovie, Stanislas, est assassiné d’un violent coup d’épée en 1079 au cours d’une messe par le roi Boleslas II lui-même pour avoir osé pris position contre ses mœurs dissolues, notamment des rapts et des viols et pour l’avoir excommunié.

  -  Henri II, roi d’Angleterre, veut utiliser Thomas Becket pour asseoir sa politique et sa prédominance sur l’Eglise. Celui-ci s’oppose aux prétentions royales afin de maintenir les droits du pape. Il est assassiné en 1170 (H.C. n°3, p.12).

  -  Johannes Joergensen, l’un des premiers biographes de François d’Assise rappelle que « ni le siècle de la Réforme ni l’époque de la Révolution n’ont été plus hostiles au pape et à l’Eglise que les premières années du XIIIe siècle » : le pape est insulté, outragé, tantôt enfermé chez lui, tantôt expulsé de Rome ; à Assise même les habitants préfèrent incendier la citadelle impériale plutôt que d’y voir le pontife. Le calendrier chrétien a été remplacé, les sectes et les hérésies se répandent partout  (d’Orcival, Valeurs Actuelles du 21/03/13).

  -  Depuis longtemps, au XIIIème siècle, les papes évitaient de résider à Rome même à cause des menaces que les nobles romains faisaient peser sur eux.

  -  Frédéric II, empereur germanique de 1212 à 1250, est excommunié en 1227, puis en 1239.

  -  L’empereur tend à outrepasser son rôle traditionnel de protecteur de la papauté puisqu’il nomme quasiment seul le successeur de Pierre. La lutte de la papauté pour recouvrer son indépendance est longue, confuse et parfois violente. L’investiture laïque qui permet aux empereurs de nommer évêques et abbés et qui empêche les papes de choisir leurs représentants débouche sur la Querelle des Investitures. Il faut attendre 1254 pour que le pape Innocent IV soit considéré comme le véritable chef de la chrétienté (H.C. n°3, p.20).

  -  Le 7/09/1303, le chancelier de Philippe le Bel, Guillaume de Nogaret, fait gifler le pape Boniface VIII à Anagni. Moralement abattu et accablé, celui-ci trépasse quelques jours plus tard.

  -  Oct.1303, un nouveau pape est élu. Il est contraint de quitter Rome tombée aux mains des Colonna.

  -  Philippe le Bel impose un candidat français, Clément V, en 1305. De puissance rivale qu’elle était, la papauté devient alors l’alliée du roi de France (procès des Templiers, installation du pape en Avignon).

  -  Le pontificat de Jean XXII (1316-1334) est marqué par une reprise de la lutte contre l’Empire germanique. Louis de Bavière investit Rome les armes à la main et y impose un éphémère antipape à sa botte, Nicolas V.

  -  La diminution de puissance que subit la papauté pendant son séjour à Avignon, et bien plus encore pendant le grand schisme (1378-1417), accentua l’asservissement de l’Inquisition à la monarchie des Valois. (Jean Guiraud, L’Inquisition médiévale, page 229)

  -  Le procès de Jeanne d’Arc (1431) est un procès voulu par le pouvoir politique. Les religieux utilisés étaient à la solde des anglais et des bourguignons.

  -  XVe s. Les souverains européens cherchent à créer des églises nationales dont ils auraient naturellement pris la direction (H.C. n°3, p. 81)

  -  Louis XII lance en 1510 une violente campagne contre le pape dans une « Assemblée de l’Eglise gallicane », tenue à Tours. L’année suivante, il réunit un concile schismatique à Pise, puis à Milan, chargé de mettre au pas le Pontife légitime.

  -  En 1527, l’armée de Charles Quint envahit et pille Rome. 147 gardes suisses sont tués en protégeant Clément VII.

  -  En 1532, François Ier, menace le Pape d’un concile général, d’une intervention armée en Italie et d’un embrasement universel en Allemagne s’il ne décide pas en faveur du divorce d’Henri VIII.

  -  Henri II, en 1551, interdit aux évêques français de se rendre au Concile de Trente. Il appelle les flottes turques sur les côtes des Etats de l’Eglise pour qu’elles l’aident à obtenir la soumission du pape.

  -  Entre 1673 et 1693, conflit entre Louis XIV et Innocent XI au sujet de la régale, droit qu’avait le roi de France de toucher les bénéfices des évêchés vacants et d’y faire les nominations ecclésiastiques. Le roi étend arbitrairement ce droit à tous les évêchés du royaume. Le pape refuse de donner l’investiture aux évêques présentés par louis XIV.

  -  Thomas More est décapité en 1532 pour s’être opposé à Henri VIII, roi d’Angleterre, dans l’affaire de son divorce.

  -  Joseph II, empereur germanique (1741-1790) met l’Eglise sous tutelle sans tenir compte des droits du Saint-Siège. Les religieux et les moines sont jugés inutiles (= Joséphisme). Les ordres contemplatifs sont chassés de Bohême.

  -  En France, les dérives du gallicanisme font que la hiérarchie religieuse est associée et soumise au pouvoir politique.

  -  Sous le Directoire, la France envahit les Etats de l’Eglise (1797). En 1798, Pie VI est arrêté et exilé à Valence où il meurt l’année suivante.

  -  En 1801, Concordat entre Napoléon et Pie VII. Les évêques sont désignés par le gouvernement et nommés par le chef de l’Etat. Le pape leur accorde l’investiture canonique.

  -  Ne pouvant obtenir le droit de nommer les évêques sans recourir au pape, Napoléon envoie Pie VII en captivité de 1809 à 1814. En 1811, par un concile, il soumet les évêques français qui doivent alors entériner la désignation des évêques par l’Empereur.

  -  1905 : la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, en mettant fin au Concordat de 1801, accorde au pape une liberté dans la nomination des évêques dont il n’avait jamais joui auparavant.

 

6 mars 2018

HITLER ETAIT-IL ATHEE OU CHRETIEN ?

On pourrait opter pour la seconde hypothèse au regard d’un certain nombre de discours ou d’écrits où Hitler fait usage du terme dieu et d’un certain nombre d’expressions religieuses. Toutefois le terme dieu signifie chez lui la force de la nature. Hitler voue un culte à la toute-puissance de la nature, à la loi naturelle du plus fort, à la loi de la sélection naturelle. C’est cela son dieu. Voici plusieurs de ses propos recueillis sur ordre de Martin Bormann en juillet 1941 et parus chez Flammarion en deux tomes en 1952 et 1954 : « Au fond de chaque être, il y a le sentiment de cette toute-puissance à laquelle nous donnons le nom de dieu … A la longue, le national-socialisme et la religion ne pourront plus coexister. Il n’est pas question que jamais le national-socialisme se mette à singer une religion par l’établissement d’un culte. Son unique ambition doit être de construire scientifiquement une doctrine qui soit rien de plus qu’un hommage à la raison. … un mouvement comme le nôtre ne doit pas se laisser entraîner dans des digressions d’ordre métaphysique. Il doit s’en tenir à l’esprit de la science exacte. Le Parti n’a pas à être une contrefaçon de la religion. Celui qui vit en communion avec la nature entre nécessairement en opposition avec les Eglises. Et c’est pourquoi elles vont à leur perte car la science doit remporter la victoire. » Hitler a habilement fait usage du mot dieu car le peuple allemand demeurait en majorité théiste, mais le sens qu’il lui donne personnellement s’apparente bel et bien à une mystique athée. Certains mettent en avant le fait que le ceinturon allemand portait l’inscription « Dieu avec nous ». En fait, c’étaient les soldats de la Wehrmacht et non les SS et les Waffen SS. Ce ceinturon était déjà porté par les soldats allemands au cours de la guerre 1914-1918.

 

Concernant le christianisme, voici diverses réflexions d’Hitler extraites de la même source. « Le christianisme est une rébellion contre la loi naturelle, une protestation contre la nature. Poussé à sa logique extrême, le christianisme signifierait la culture systématique du déchet humain. » (T1 p.51) « Notre époque verra sans doute la fin de la maladie chrétienne. » (T1 p.332) « Le dogme du christianisme s’effrite devant les progrès de la science. » (T1 p.60) « Le coup le plus dur qui ait frappé l’humanité, c’est l’avènement du christianisme. » (T1 p.7) « Le christianisme constitue le pire des régressions que put subir l’humanité. » (T1 p.312) « Le christianisme a retardé de mille ans l’épanouissement du monde germanique. » (T. p.78) « C’est un vrai malheur que la Bible ait été traduite en allemand … L’Eglise catholique a choisi des déments pour en faire des saints » (T1 p. 149) « Le christianisme est une invention de cerveaux malades. » (T1 p.141) « Luther a eu le mérite de se dresser contre le Pape et contre l’organisation de l’Eglise. » (T1 p.10) « Nous assistons aux derniers soubresauts du christianisme. Cela a commencé avec la révolution luthérienne. » (T1 p.325) « Si à Poitiers Charles Martel avait été battu, la face du monde eût changé. Il eût beaucoup mieux valu que le mahométisme triomphât. Cette religion récompense l’héroïsme, elle promet aux guerriers les joies du septième ciel. Animé d’un tel esprit, les Germains eussent conquis le monde. C’est le christianisme qui les en a empêchés. » (T2 p.297) «  Après la guerre, je prendrai les mesures nécessaires pour rendre extraordinairement difficile le recrutement des prêtres. » (T2 p.52) « Mon discernement me dit qu’un terme doit être apporté au règne du mensonge. Il me dit également que le moment n’est pas opportun. Pour ne pas me rendre complice du mensonge, j’ai tenu la prêtraille à l’écart du Parti. Je ne crains pas la lutte. Elle aura lieu, si vraiment il faut en arriver là. Et je m’y déterminerai aussitôt que cela me paraîtra possible. » (T1 p.243)

Stanislas GRYMASZEWSKI

27 février 2018

L'EGLISE A-T-ELLE AUTORISE L'ESCLAVAGE ?

  C’est un combat occulté, mais l’Eglise est l’institution qui a le plus fait pour sortir l’humanité de l’esclavage

  L’esclavage a été un phénomène universel. Avant l’ère chrétienne, il est partout et massivement répandu.

 Face à cela, le christianisme a apporté un enseignement nouveau qui va avoir au cours des siècles un impact sur les cinq continents : l’homme est créé à l’image de Dieu et chaque être humain possède une dignité inaliénable. Saint Paul enseigne qu’ « il n’y a plus ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme » 1Corinthiens 12,13 et Galates 3,27. Tout homme est appelé à être « fils de Dieu ». Le Concile de Nicée en 325 encourage l’abolition progressive de l’esclavage.

  Dès les débuts du christianisme, les baptisés pratiquent la libération des esclaves en masse. Sainte Mélanie la Jeune (385-439), héritière de l’une des plus grosses fortunes de l’Empire romain, libère d’un seul coup ses 8000 esclaves (Régine Pernoud, La Femme au temps des croisades, p.24). Sainte Bathilde (630-680), épouse de Clovis II, elle-même ancienne esclave, fait abolir l’esclavage (Yves Roucauste, Valeurs Actuelles du 29/09/2016). En 873, le Pape Jean VIII, par la bulle Unum Est, condamne leur commerce et parle d’un grand péché. Il commande aux esclavagistes de libérer les esclaves pour le salut de leur âme. Saint Henri II, empereur du Saint-Empire germanique, interdit en 1006 le dernier marché d’esclaves existant à Mecklembourg aux confins des pays slaves. Au Moyen-Age, l’Europe chrétienne est la seule civilisation à avoir fait disparaître cette forme barbare d’exploitation.

  Avec la Renaissance et le retour du Droit romain, un nouvel esclavage fait cependant son apparition. Il donnera au XVIème siècle la traite des noirs transatlantique par les européens. A cette époque,  l’Occident, à travers une partie de la noblesse et la bourgeoisie, commence à prendre ses distances avec le christianisme. L’Eglise intervient très tôt à propos de l’esclavage pratiqué en Afrique. Le pape Eugène IV, dans la bulle Sicut dudum de 1435, condamne sous peine d’excommunication l’esclavage pratiqué sur les indigènes des îles Canaries par les Portugais.

  Le 7/10/1492, au tout début de la traite négrière en Europe, Pie II dans la lettre Rubicensum adressée à l’évêque de Guinée portugaise condamne la traite des esclaves noirs et parle de l’esclavage comme d’un grand crime. Dans la bulle Pastor bonus, il menace d’excommunication ceux qui gardent prisonniers les esclaves qu’il s’agisse d’indigènes païens ou de convertis.

  Paul III, dans la bulle Sublimus Deus de 1537 proclamée de façon universelle, attribue à Satan la réduction à l’esclavage des peuples et affirme « que les dits Indiens et tous les autres peuples qui parviendraient à l’avenir à la connaissance des chrétiens, même s’ils vivent hors de la foi ou sont originaires d’autres contrées, peuvent librement et licitement user, posséder et jouir de la liberté et de la propriété de leurs biens et ne doivent pas être réduits en esclavage. »

  Signalons encore la bulle Commissum Nobis d’Urbain VIII en 1639 qui interdit strictement de priver les Indiens de leur liberté et de les garder comme esclaves, la lettre Immensa Pastorum de Benoît XIV en 1741 qui menace d’excommunication ceux qui réduisent les Indiens en esclavage, la lettre de Pie VII à Louis XVIII en 1814 : « La conscience religieuse condamne et réprouve le commerce ignoble des Noirs », une autre lettre de Pie VII au roi du Portugal en 1823 : « Le pape regrette que ce commerce des Noirs qu’il croyait avoir cessé soit encore exercé dans certaines régions », la bulle In supresso Apostolatus de Grégoire XVI en 1833 dénonce la traite des Noirs : « pratiques absolument indignes du nom de chrétien » et enfin la béatification par Pie IX en 1850 de Pierre Claver qui avait consacré sa vie à la défense des esclaves africains.

  Malgré tous ces textes, et la liste est loin d’être exhaustive, certaines personnes prétendent que l’Eglise a autorisé et même est responsable de l’esclavage des Noirs. Elles s’appuient pour cela sur les bulles du pape Nicolas V Dum diversas (1452) et Romanus pontifex (1455) adressées au roi du Portugal. En fait, il ne s’agit pas du tout d’une reconnaissance de l’esclavage, mais d’une réponse du pape à un problème de l’époque. Les bulles en question ne concernent pas les Noirs mais les Sarrazins qui combattent les chrétiens. En effet, l’Occident chrétien doit faire face à une formidable expansion de l’islam conquérant. A titre d’exemple, rappelons la prise de Constantinople en 1453. L’empire chrétien d’Orient s’écroule et c’est maintenant la partie occidentale qui est menacée. L’intention est de contenir l’expansion de l’islam qui se fait au détriment de la chrétienté. Ceux que le pape autorise à « réduire en servitude perpétuelle » face à leurs « excès sauvages » sont des ennemis militaires partis à la conquête de l’Europe. Il s’agit de prisonniers de guerre comme il y en a toujours eu dans l’histoire et non d’esclaves. A cela s’ajoute un problème de traduction du terme latin « ad dictum » qui signifie « aux ordres » et non « esclavage » ou « schiavitù » comme on le trouve dans certaines traductions françaises ou italiennes. Le mot « servitude » des traductions françaises transformé par certains en « esclavage » pourrait être une mauvaise traduction pour désigner le statut des prisonniers de guerre Sarrazins. En tout cas, il ne s’agit nullement de légitimer l’esclavage des Noirs.

    Par ailleurs, il est utile de savoir que ce sont les Noirs eux-mêmes qui ont institué la traite au sein de la société africaine, enrichissant les grands royaumes prédateurs d’Afrique de l’Ouest. Une seconde traite est apparue qui va s’étendre sur treize siècles, celle des négriers musulmans. Les Européens ne sont venus qu’en troisième. L’Occident est le dernier à s’y être mis et le premier aussi ensuite à l’avoir supprimée au bout de trois siècles.

  Les européens qui ont pratiqué l’esclavage ne l’ont pas fait pour des motifs chrétiens, mais pour des motifs de cupidité. En fait, ils ne sont pas chrétiens dans leur cœur. Tout au plus ce sont des chrétiens d’étiquette totalement en contradiction avec les enseignements du Christ et de l’Eglise. Il ne faut pas confondre l’humain et le chrétien. Ils agissent par une humanité dévoyée et non par la foi chrétienne. Certains les appellent chrétiens parce que ce sont des européens, mais, en fait, ils ont tourné le dos au christianisme. Peut-être se moquent-ils d’ailleurs de la foi chrétienne, peut-être sont-ils athées ?

  Dans une société chrétienne, tout le monde n’est pas réellement chrétien. Il y a forcément des chrétiens de façade. En ce sens, il y a des chrétiens tricheurs, des chrétiens infidèles à leur conjoint, des chrétiens voleurs, des chrétiens criminels, des « chrétiens » esclavagistes. Il y a eu des « chrétiens » communistes ou nazis. Mais tout cela n’a rien à voir avec le christianisme mais avec l’humanité, une humanité pécheresse et pour les deux derniers exemples avec des idéologies elles-mêmes condamnées par l’Eglise.

Stanislas GRYMASZEWSKI

9 décembre 2017

LES REMERCIEMENTS DES JUIFS ENVERS PIE XII

1  En décembre 1940, Einstein rend hommage à Pie XII : « Seule l’Eglise s’est dressée sur le chemin d’Hitler qui voulait supprimer la vérité. Auparavant l’Eglise ne m’avait jamais passionné. Aujourd’hui je ressens beaucoup d’affection et d’admiration car elle seule a eu le courage et la ténacité de se battre pour la vérité intellectuelle et la liberté morale. Je suis donc forcé d’admettre qu’à présent je loue sans réserve ce qu’avant je méprisais » (Time Magazine).

2  En octobre 1943, le grand rabbin de Jérusalem Herzog, remercie Pie XII pour avoir empêché la déportation des Juifs d’Italie en septembre.

3  A la date du 5/06/1944, la brigade juive intégrée au 8ème corps d’armée britannique, au lendemain de la libération de Rome, porte la phrase suivante dans son bulletin d’information : « Il restera pour toujours à l’honneur de la population de Rome et de l’Eglise catholique romaine que le sort des Juifs ait été adouci grâce à l’Europe vraiment chrétienne » (Le Livre des Merveilles).

4  Après la guerre, le Congrès juif mondial, « au nom de toute la communauté juive, exprime une fois de plus sa profonde gratitude pour la main protectrice tendue par Sa Sainteté aux Juifs persécutés pendant ces temps terriblement éprouvants » (Jean Sévillia, Historiquement correct, p.389)

Le grand rabbin de Rome, Israël Zolli et sa femme se convertissent au catholicisme. Ils choisissent tous les deux pour prénoms de baptême, celui du pape : Eugenio et Eugenia, en hommage à l’action de Pie XII en faveur des Juifs. « La rayonnante charité du Pape, penchée sur toutes les misères engendrées par la guerre, sa bonté pour mes coreligionnaires traqués, furent pour moi l’ouragan qui balaya mes scrupules à me faire catholique ».

6  En 1958, à la mort de Pie XII, Golda Meir (future chef d’Etat) à l’ONU, déclare : « Pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyre effroyable, la voix du pape s’est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes ».

7  Pinchas Lapide, consul d’Israël à Milan, après une enquête dans toute l’Europe, écrit dans Rome et les Juifs (Seuil, 1967) : « L’Eglise catholique, sous le pontificat de Pie XII, fut l’instrument qui sauva au moins 700 000 mais probablement jusqu’à 860 000 Juifs d’une mort certaine de la main des nazis ». « Jean XXIII, alors Mgr Roncalli, m’interrompit à plusieurs reprises pour me rappeler qu’il avait chaque fois agi sur ordre précis de Pie XII ».

Le rabbin Elio Toaff, qui accueillera Jean-Paul II à la synagogue de Rome en 1986, proclame que « les Juifs se souviendront toujours de ce que l’Eglise a fait pour eux, sur ordre du Pape, au moment des persécutions raciales » (Historiquement correct, p.390).

Le rabbin Dalin, historien, déclare en février 2001 : « Le Pape Pacelli a été le plus grand soutien des Juifs. Aucun autre pape n’a été autant loué par les Juifs avant lui. Pie XII fut véritablement et profondément un Juste parmi les Nations » (The Weekly Standard Magazine, février 2001 et Documentation Catholique n°2066).

 

  Tous ces faits malheureusement ignorés n’empêchent pas il y a quelques mois quatre de nos brillants intellectuels, les journalistes Vanessa Burggraf et Yann Moix, l’animateur Laurent Ruquier et le philosophe Michel Onfray de convenir le 11/02/2017 au cours de l’émission On n’est pas couché sur France 2, que « Le christianisme est lié au nazisme. Le Vatican a collaboré avec le régime nazi ».

 

Publicité
26 novembre 2017

L'ACTION DE L'EGLISE CONTRE LE NAZISME AVANT LA GUERRE

  Dans cette petite page, nous voulons rassembler un certain nombre de faits majeurs qui indiquent que l’Eglise a pris position très tôt et sans ambiguïté contre la montée du nazisme :

Pie XI dénonce le « nationalisme immodéré » dès 1922 dans Ubi Arcano Dei.

Le Saint Office, par un décret du 25/09/1928 « condamne tout particulièrement la haine contre le peuple jadis élu de Dieu et notamment cette haine qu’on a l’habitude de désigner par le mot antisémitisme » (Histoire du Christianisme Magazine, n°7 p.46).

3  Les déclarations des évêques allemands se succèdent dans les années 1930 (HCM 7,47).

L’Osservatore Romano du 11/10/1930 écrit : « L’adhésion au Parti National Socialiste de Hitler est inadmissible pour une conscience catholique » (HCM 7,48).

5  En 1931, les évêques allemands par la voix de leur chef, le cardinal Bertram (Breslau), prennent position contre le « christianisme positif » et interdisent aux catholiques d’adhérer au Parti. Le « christianisme positif » est une Eglise nationale allemande destinée à attirer les protestants dans ses rangs.(L’Homme Nouveau Hors-série n° 4, p.40-41).

6  Un autre décret du Saint Office du 10/03/1934 condamne Le Mythe du XXème siècle de Rosenberg en tant qu’il promeut « une nouvelle religion » reposant sur « la foi mythique du sang » (HCM 7,49).

Elections du 31/07/1932. La moyenne nationale du vote national-socialiste est de 37,4%. Partout où les catholiques sont majoritaires dans les arrondissements, le vote national-socialiste est faible. Inversement, et quasiment sans exception, Hitler l’emporte partout où les protestants sont majoritaires. C’est le vote protestant qui a installé Hitler au pouvoir. C’est le vote catholique qui a résisté.

L’Encyclique Mit Brennender Sorge du 1/03/1937 dénonce le nazisme comme raciste. C’est la première fois qu’une encyclique est d’abord publiée dans la langue vernaculaire. Introduite clandestinement dans le pays, elle est lue en chaire le 21 mars et déclenche la fureur des autorités qui arrêtent aussitôt 1100 prêtres (HN n° 4, p.42). La persécution contre l’Eglise s’accélère durement. Ecrite par Pie XI, elle est en fait inspirée par Pie XII.

9 La Sacrée Congrégation des Séminaires dénonce le 13/04/1938 le racisme et ses prétentions scientifiques.

10 En mai 1938, Lorsque Hitler se rend à Rome pour y rencontrer Mussolini, le Pape Pie XI quitte ostensiblement la ville sainte pour protester.

11 Le 22/03/1942, la conférence des évêques allemands condamne sans appel le nazisme, faisant dire au New York Times du 8 juin : « Les chefs de l’Eglise catholique sont quasiment les seuls Allemands à encore oser s’élever contre le régime nazi ». Mais la répression les fit taire aussitôt. (Olivier Hanne, Le génie historique du christianisme, p.68)

 

7 novembre 2017

L'EGLISE ET L'INSTRUCTION AU MOYEN-AGE

  Selon un stéréotype largement répandu l’Eglise a cherché à maintenir les hommes dans l’ignorance pour mieux asseoir une domination sur les esprits. L’école aurait été au mieux un privilège de la noblesse et des ecclésiastiques.

  L’idée a été répandue par l’historien Jules Michelet (1798-1874) pour qui « l’Eglise réservait jalousement pour ses moines des bribes de science ». Un ministre des universités, ancien instituteur, avouait avoir été convaincu que l’école avait commencé avec Jules Ferry (1832-1893) (Jean de Viguerie, L’Eglise et l’éducation, p.7).

  Voici également, ce que l’on peut lire dans une copie de terminale : « L’instruction est un acquis de 1789 ». Et dans une autre : « C’est en gardant le peuple ignare et en l’éloignant du savoir que l’Eglise avait un tel contrôle à l’époque du Moyen-Age ».

  Evidemment, tout cela est totalement inexact et c’est l’inverse qui est vrai : tout au long du Moyen Age, l’Eglise a progressivement développé l’école, et même l’école gratuite, pour tous, garçons, filles et enfants pauvres. C’est l’Eglise qui a scolarisé l’Europe.

Voici quelques faits qui témoignent de la volonté de l’Eglise de favoriser l’instruction :

  « Dès le IVème siècle, sont ouvertes des écoles chrétiennes de grammaire où on enseigne aussi les lettres, c’est-à-dire les auteurs classiques » (de Viguerie, id. p.70).

  A partir du VIIIème siècle, les écoles épiscopales et monastiques dispensent tout l’essentiel du savoir (La Nef, n°38). La plupart des moines n’étaient pas issus de la noblesse et les écoles étaient donc ouvertes à tous.

  Le Concile de Latran en 1179 ordonne à chaque église cathédrale d’entretenir « un maître chargé d’instruire gratuitement ses clercs et les écoliers pauvres » (de Viguerie, id. p.62). « Alors s’ouvrent des écoles nouvelles où sont enseignées avec la théologie toutes les disciplines de l’esprit. Honneur est ainsi rendu à l’intelligence » (Id. p.71).

  Alexandre III (Pape de 1159 à 1181) : « On ne doit pas vendre ce que l’on tient de la munificence du ciel, mais le dispenser à tous gratuitement » (de Viguerie, id. p.65).

  XIVème siècle : Des écoles paroissiales fleurissent dans de nombreux villages.

  XVème siècle : En Allemagne et en Pologne, presque toutes les paroisses possèdent leur école.

  Les maîtres d’écoles sont régulièrement rémunérés et patentés. Par exemple, en 1380, à Paris, une réunion rassemble 22 maîtresses, 41 maîtres, tous non clercs, d’écoles où on enseignait lecture, écriture et calcul (Jacques Hers, Le Moyen-Age, une imposture, p.218).

  L’Université est une création du Moyen-Age. « C’est un pape, Innocent III, qui fonda et protégea la première université, celle de Paris, à l’aube du XIIIème siècle. Ses successeurs immédiats ne cessèrent de la soutenir. L’Eglise a toujours été au cours des âges et dans tous les pays, une Eglise enseignante amoureuse du savoir sous toutes ses formes, en dépit de quelques bavures comme celle de l’affaire Galilée » (Pierre Gallay, DC n°2015 p.933, 11/1990).

  « Les universités médiévales dispensent avec la plus grande libéralité à leurs étudiants toutes les connaissances scientifiques acquises à leur époque » (de Viguerie, id. p.84). Elles se caractérisent par la liberté de financement, la liberté totale de pensée et de discussion, le droit de grève, de sécession, la liberté judiciaire des étudiants et des tribunaux. Les étudiants ont leurs propres tribunaux. (Congrès CMEC, Paris, 01/2001).

  Dans les universités médiévales, les « pauperes studentes » sont dispensés de la totalité ou d’une partie des droits d’inscription. Il existe des bourses (de Viguerie, id. p.64).

  Deux exemples témoignent que l’école pouvait être un ascenseur social. Jean Gerson (1363-1429), chancelier de l’Université de Paris est l’aîné d’une famille paysanne de douze enfants. Le cardinal de Cues (1401-1464) est fils d’un batelier de la Moselle.

  L’étudiant maître de l’Université : « Simples prestataires, les professeurs sont contrôlés par les étudiants, eux-mêmes organisés en confréries. Les recteurs sont élus, les honoraires des enseignants fixés par les auditeurs. Le pouvoir étudiant fait loi … L’espace de liberté que l’université médiévale avait largement ouvert aux étudiants, rendus coresponsables de leur propre formation se voit peu à peu restreint au profit d’un contrôle autoritaire des individus et des esprits. Les universités, avec l’âge moderne, entrent dans l’absolutisme » (Jacques Verger, Historia Thématique, mai-juin 2000).

  1750 : il existe 554 collèges jésuites dans toute l’Europe qui s’ajoutent aux collèges des autres congrégations religieuses.

  Avant 1789 : Il existe 124 universités catholiques.

   A titre de comparaison, voici un autre regard sur le peuple :

  Voltaire (1694-1778) : «  Il est à propos que le peuple soit guidé et non qu’il soit instruit, il n’est pas digne de l’être ».

  Rousseau (1712-1778) : « Le pauvre n’a pas besoin d’éducation ; celle de son état est forcée, il n’en saurait avoir d’autre ».

  Rousseau : « La recherche des vérités abstraites et spéculatives, des principes, des axiomes dans les sciences, tout ce qui tend à généraliser les idées, n’est point du ressort des femmes. Leurs études doivent se rapporter toutes à la pratique ».

  NB : Dans l’Antiquité, il n’y a pas d’éducation pour les femmes si ce n’est Sparte qui éduque la femme sur le modèle masculin.

28 octobre 2017

L'EGLISE ET LA ROTONDITE DE LA TERRE AU MOYEN AGE

( Article complété le 26/11/2017) 

 

  Parmi les nombreuses légendes qui circulent sur le Moyen Age le mythe de la Terre plate tient une place de choix. Dans un lycée privé, une enseignante en français, par exemple, affirme en plein cours que : « L’Eglise a enseigné que la Terre était plate. C’était sa doctrine malgré que l’inverse ait été démontré ». Voici également deux extraits de copies d’élèves de terminales qui l’illustrent. Le premier nous apprend qu’ « Au XVème siècle, l’opinion commune pensait que la Terre était plate pour que les hommes puissent marcher dessus. Or certains se sont aperçus qu’il n’en était pas ainsi. On n’a pas voulu les écouter. Ces hommes ont été châtiés bien que l’on sache aujourd’hui qu’ils avaient raison ». Selon le deuxième extrait, « Au Moyen Age, l’Eglise faisait la chasse aux savants qui soutenaient que la Terre est ronde ». D’autres expliquent aussi que Christophe Colomb a été confronté à des autorités religieuses qui ne voulaient pas admettre que la Terre puisse être ronde.

  Ces idées sont très répandues dans les milieux scolaires bien qu’elles soient totalement fausses. Jamais l’Eglise n’a enseigné que la Terre est plate et jamais elle n’a poursuivi et fait exécuter les savants qui soutenaient le contraire. Au Moyen Age, on sait que la Terre n’est pas plate. La Bible elle-même qui ne donne pas d’enseignement sur le sujet fait allusion à la rotondité, par exemple, en Isaïe 40,22 : « Il trône au-dessus du cercle de la Terre ». Le terme « chûg » est traduit par sphère, voûte, globe selon d’autres traductions.

  La connaissance que la Terre est ronde remonte à l’Antiquité. Elle est présente chez PYTHAGORE, PARMENIDE et EMPEDOCLE. On en trouve une démonstration chez ANAXAGORE (-500-428), chez ARISTOTE (-384-322) et chez PTOLEMEE (100-170). Dans le Traité du Ciel, ARISTOTE écrit : « Quant à sa forme, elle est nécessairement sphérique ».

  Etablie par les grecs, elle ne sera pas remise en cause par les  grands penseurs médiévaux. Les Noces de Philologie et de Mercure, écrit vers 420 par MARTIANUS CAPELLA et qui va connaître une large diffusion au Moyen Age, affirme sans ambages : la Terre n’est pas plate, elle est ronde. La rotondité est affirmée de nombreuses fois dans l’œuvre de saint AUGUSTIN (354-430) et de saint Thomas d’AQUIN (1225-1274). BEDE Le Vénérable (VIIIème siècle) et Scot ERIGENE (810-877) sont catégoriques : la Terre est ronde. Hildegarde de BINGEN (1098-1179) dessine à plusieurs reprises la Terre sous la forme d’une sphère. Joannes de SACROBOSCO (anglais, XII-XIIIème siècle) est l'auteur d'un traité : La Sphère,  très diffusé dans les universités médiévales. Plus tard, le cardinal Pierre d’AILLY (1350-1420)  produit une vaste compilation du savoir antique où la notion de rotondité de la Terre, garantie par l’autorité d’ARISTOTE, est tenue pour prouvée. Il y est dit qu’un même océan baigne les rivages d’Espagne et ceux d’Asie. Certes, il existe deux ou trois auteurs  tels LACTANCE (265-345) et COSMAS (VIème siècle) pour soutenir l’idée opposée, mais ils ne sont pas suivis et même ignorés. Il n’est pas honnête de citer deux ou trois auteurs de second plan tout en ignorant des centaines d’autres qui affirment le contraire.

  Le dogme médiéval de la Terre plate est une invention de penseurs modernes comme il y en a malheureusement beaucoup d’autres pour dépeindre le Moyen Age sous un aspect sombre afin de faire apparaître l’époque moderne sous une lumière plus éclatante.

  Au XVème siècle, autre preuve : les globes terrestres existent déjà avant la découverte de l’Amérique ! Christophe COLOMB (1452-1506) s’appuie sur le livre du cardinal d’AILLY pour entreprendre des calculs sur la largeur de cet océan qui séparerait l’Espagne de l’Asie. Son but est de chercher la route de la Chine et de l’Inde par l’Occident. La distance serait moins longue que par l’Afrique. En fait, COLOMB se trompe sur ses calculs et conclut qu’ « entre la fin de l’Orient et la fin de l’Occident il n’y a qu’une petite mer ». Devant les experts de l’université de Salamanque, chargés de juger si le projet pouvait être soutenu par le roi d’Espagne, il avait surestimé l’étendue de l’Asie et sous-estimé la distance par l’océan situé à l’Occident. Grâce à cela, le voyage n’était plus trop long pour les bateaux de l’époque.

  Cette croyance populaire actuelle que le Moyen Age pensait que la Terre n’était pas ronde a été soigneusement distillée par la réécriture de l’histoire au XIXème siècle. C’est le romancier américain Washington IRVING  qui invente en 1828 de toutes pièces la scène où COLOMB doit se défendre contre un soi-disant obscurantisme des experts de Salamanque incapables d’admettre que la Terre fût ronde. En France, LETRONNE (1787-1848), professeur au Collège de France, dans la Revue des deux mondes, avance l’idée d’un dogme de la Terre plate chez les Pères de l’Eglise. Victor HUGO reprend à son tour le mythe de la Terre plate dans un discours contre les écoles catholiques. L’idée se diffuse ensuite dans les manuels scolaires jusqu’à nos jours.

  Jacques HERS, dans Le Moyen Age, une imposture (1992), pages 218-219, apporte les précisions suivantes : « Nous sommes persuadés de voir dans cet affrontement le symbole d’une lutte entre l’obscurantisme clérical du Moyen Age et la pensée moderne. Or, les hommes de Salamanque étaient de véritables savants et, dans ce domaine propre, COLOMB fait plutôt figure de charlatan. Comment peut-on prétendre ou suggérer que ces universitaires et hommes d’Eglise niaient la possibilité d’arriver en Chine  par l’ouest ? Ils disaient simplement que la distance, du Portugal au Japon, était certainement plus grande que ne l’affirmait le Génois. Et ils avaient cent fois raison : COLOMB avait honteusement triché, choisi, parmi les écrits des anciens, les chiffres les plus favorables, trituré ses calculs, oublié certains paramètres ; au total, il disait devoir naviguer pendant 750 lieues alors que la distance réelle est, au mieux, de 3300 lieues ! En fait, son projet était complètement irréalisable. Refuser de le suivre n’était absolument pas une marque d’intolérance ou d’obscurantisme ».

  Le film de Ridley SCOTT (1992) : 1492 : Christophe Colomb, avec Depardieu comme acteur, propage les mêmes clichés d’obscurantisme au sujet de l’Espagne et de l’Eglise et se fait l’écho de la légende moderne du dogme médiéval de la Terre plate : « Le bûcher pour moins que cela … tellement de mensonges depuis des siècles … on vous a dit que cela était plat … apparaît alors l’image d’un bûcher … puis un religieux s’exprimant à propos de Christophe Colomb : cet hérétique ». Toute cette mise en scène dans le film a pour but de faire croire que Christophe Colomb en soutenant que la Terre est ronde prenait des risques qui pouvaient mettre sa vie en péril face aux autorités de l’époque.

Stanislas GRYMASZEWSKI

NB : C’est MAGELLAN, de 1519 à 1522, qui effectua le premier le tour de la Terre.

 

Bibliographie

Jeffrey RUSSELL, historien américain, Inventing the Flat Earth (1991)

Michel HEBERT, L’Histoire n°159 (Oct.1992)

Vincent BADRE, L’histoire fabriquée : Ce qu’on ne vous dit pas à l’école (2012)

 

 

17 septembre 2017

RETROUVER LE SENS ET LA PRATIQUE DU JEÛNE EUCHARISTIQUE

Qu’est-ce que le jeûne eucharistique ?

C’est le fait de s’abstenir de toute consommation d’aliment et de toute boisson autre que l’eau pendant une certaine durée avant la communion. Il s’agit d’une exigence spirituelle destinée à nous préparer à recevoir l’Eucharistie avec respect et en vérité en y associant notre corps. Aujourd’hui, cette pratique est oubliée ou négligée alors qu’elle demeure riche de sens et source de grâces. Nombreux sont les catholiques qui ignorent que l’Eglise demande encore de nos jours de la respecter.

Historique de la question de la durée.

Cette durée a varié selon les époques. Le Code de Droit canonique de 1917 prescrit de se priver de nourriture solide et de boisson y compris l’eau depuis minuit la veille jusqu’à la communion. En 1957, Pie XII, par le Motu proprio Sacram Communionem, fixe la durée du jeûne eucharistique à trois heures pour la nourriture et les boissons alcoolisées et à une heure pour les autres boissons excepté l’eau. Au cours du Concile Vatican II, Paul VI, réduit le jeûne à une heure. Enfin, le nouveau Code de Droit Canonique, publié en 1983 par Jean-Paul II, indique au canon 919 : « Qui va recevoir la très sainte Eucharistie s’abstiendra au moins une heure avant la sainte communion, de prendre tout aliment et boisson, à l’exception seulement de l’eau et des médicaments ». Un paragraphe précise que « les personnes âgées et les malades, ainsi que celles qui s’en occupent, peuvent recevoir la très sainte Eucharistie même si elles ont pris quelque chose moins d’une heure auparavant ». Le Catéchisme de l’Eglise Catholique (1992) enseigne également ceci au n° 1387 : « Pour se préparer convenablement à recevoir ce sacrement, les fidèles observeront le jeûne prescrit dans leur Eglise. L’attitude corporelle (gestes, vêtement) traduira le respect, la solennité, la joie de ce moment où le Christ devient notre hôte ».

Quelle est la durée souhaitable ?

Une durée longue de ce jeûne peut être excessive mais une durée courte peut s’avérer insignifiante. Quiconque comprend l’esprit de la loi sur ce sujet aura à cœur de ne pas s’en tenir à un minimum chronométré. Est-on crédible, par exemple, lorsqu’on prétend pratiquer le jeûne eucharistique alors que l’on termine son petit déjeuner à 9h45, juste pour être à l’heure à la Messe qui débute à 10h, et que l’on communie ensuite vers 10h40 ? Dans cet exemple, où est l’effort de préparation, de respect et de délicatesse envers le Seigneur ? Même remarque pour celui qui termine un repas ou prend un café quelques minutes avant de se rendre à la chapelle ou de partir à l’église. Il n’est pas convenable de  passer ainsi brutalement de la table de la nourriture à la Table du Seigneur. L’esprit de la loi du jeûne eucharistique est qu’il y ait un temps significatif avant la Messe où on se détourne de certaines activités à commencer par celle de manger afin d’orienter son âme et son corps vers la Rencontre du Bien Aimé. Et puisque le texte ne dit pas « une heure avant la communion » mais « au moins une heure », donnons un véritable sens à notre jeûne en le rendant digne de ce nom en nous imposant de le respecter non pas une heure juste avant la communion mais une heure avant le début de la Messe. Cette durée d’une heure avant le début de la Messe permet également de rendre visible  cette discipline qui doit être joyeuse, de la vivre ensemble, et d’apporter communautairement le témoignage que ce qui se prépare est particulièrement grand et mérite la plus grande prévenance à l’égard du Christ.

Le jeûne eucharistique ne concerne pas que la nourriture et la boisson.

L’abstinence de nourriture et de boisson permet de faire participer son corps à l’attente du Seigneur, mais il va de soi que cela perd de son sens si l’âme ne se prive pas en même temps des biens qui pourraient nuire à cette préparation. C’est dans le silence du cœur que Dieu parle. Aussi est-il nécessaire d’éviter les activités qui provoquent un tumulte intérieur ou qui sont trop désinvoltes par rapport à la rencontre que nous nous apprêtons à vivre. Aller à la Messe, c’est comme recevoir un ami dans sa maison : il s’agit d’être le plus accueillant possible et cela passe par un certain « ménage » à l’intérieur de soi. A titre d’exemple, cela demande des choix comme celui de laisser la radio éteinte dans cette heure qui précède le début de la Messe notamment dans la voiture lorsque nous nous rendons à l’église.

La raison fondamentale du jeûne eucharistique

Le temps de la rencontre avec le Seigneur tout au long de la Messe, et spécialement au moment de l’Eucharistie, n’est pas un temps comme un autre. Pour être vécu pleinement il demande une préparation et certaines dispositions d’amour et de respect. On ne va pas à la Messe comme on va faire ses courses ou comme on participe à des activités de loisir. Entrer dans le jeûne eucharistique, c’est en quelque sorte se mettre en marche vers le Seigneur. C’est déjà lui donner la première place et l’honorer. Jeûner, c’est avoir faim de Dieu. C’est orienter son cœur pour accueillir et recevoir les dons de celui qui est la Vie. Marthe Robin disait qu’ « une communion sans préparation et sans action de grâces est de bien peu d’utilité ». L’Eucharistie devrait nous transformer davantage. Pour que Dieu agisse en profondeur et avec puissance, le cœur doit être grand ouvert. Avant le temps de la communion, il y a le temps du désir. Notre conversion et notre sanctification sont à ce prix. D’où la nécessité de retrouver aussi (ou de découvrir) le temps du recueillement avant le commencement de la célébration et le temps de l’action de grâces après l’envoi. Tout cela suppose un certain silence qui, le plus souvent, a malheureusement disparu dans nos pratiques paroissiales. N’ayons pas peur du silence et osons apporter ce témoignage de foi et d’amour du Christ dont le monde a tant besoin.

Qu’est-ce que l’Eucharistie ?

Pour se persuader de l’importance de cette préparation, nous devons nous remettre en présence de la signification profonde de l’Eucharistie et de l’enjeu de la Messe. Jean-Paul II nous y aide dans l’encyclique Ecclesia de Eucharistia (L’Eglise vit de l’Eucharistie) de 2003.

Il s’agit avant tout, explique-t-il, d’un événement surnaturel dans lequel on fait une rencontre personnelle avec Dieu. C’est « un coin du ciel qui s’ouvre sur la terre » (n°19). L’Eucharistie est « la source et le sommet » de la vie chrétienne, l’ « œuvre de notre rédemption », « le trésor le plus grand ». L’Eucharistie étant ce que nous pouvons recevoir de plus grand, nous devons l’aborder comme le moment le plus sublime, et le plus sacré.

Dans le même document, Jean-Paul II prend grand soin de rappeler que « la Messe rend présent le sacrifice de la croix » que c’est « le sacrifice du Seigneur », « un sacrifice au sens propre » (n°12 et 13). Recevoir le Corps du Christ, c’est recevoir le Christ Lui-même et communier à sa croix et à son sacrifice, à sa résurrection et à sa gloire.

La pratique ferme et régulière du jeûne eucharistique permet précisément de ne pas réduire en le banalisant ce moment inouï. S’unir au Christ de tout notre cœur, revivre ce sacrifice, recevoir la Vie qui nous sauve justifie que nous prenions conscience de l’importance de ce jeûne et que nous le pratiquions avec joie.

Stanislas GRYMASZEWSKI

9 septembre 2017

EVENEMENTS MARQUANTS DE L'HISTOIRE DE LA POLOGNE

966 : Naissance de la Pologne chrétienne par le baptême de Mieszko 1er, prince du peuple des Polanes, après avoir épousé en 965 la princesse Dobrava,  la sœur du duc de Bohême, elle-même catholique. Mieszko est à l’origine de la dynastie des Piast (960-1370).

956-997 : St Adalbert, évêque de Prague, mort martyr en Prusse païenne. Evangélisateur et Patron de la Pologne.

Début du XIème siècle : « Sous le règne de Boleslas, premier roi de Pologne en 1025, la femme était considérée comme un instrument, et ne jouissait guère des droits d’une personne humaine. Son rôle se ramenait fréquemment à celui d’esclave. Et les mauvais traitements, allant parfois jusqu’à la mort, n’étaient pas rares. Dans certains endroits, l’on pratiquait la mort rituelle de l’épouse, après le décès de son mari. Et voilà, que le christianisme, avec le culte particulier de Marie, élevait la femme à la dignité de l’homme. »  Léon Kolodziej, Il y a mille ans naissait la Pologne, 1965

1030-1079 : St Stanislas, évêque de Cracovie en 1072, est tué par le roi Boleslas II au cours d’une messe pour avoir dénoncé sa conduite et pour l’avoir excommunié. Patron de la Pologne.

1241 : Bataille de Legnica. « La Pologne arrête l’invasion des Mongols en Europe. L’entreprise eut un prix très élevé. La ville de Legnica fut totalement détruite par les Mongols, qui décidèrent toutefois ensuite de se retirer. »  Jean-Paul II, Mémoire et identité, p.166

1386 : La reine de Pologne, Hedwige d’Anjou et le grand-duc de Lituanie, Ladislas II Jagellon, signent un accord qui unit la Pologne et la Lituanie sous la dynastie des Jagellon jusqu’en 1572. L’ensemble constitue l’un des plus grands pays d’Europe jusqu’à plus d’1 million de km2 et une puissance politique, militaire et économique. Cette union facilita l’issue victorieuse des guerres avec l’Ordre des chevaliers teutoniques.

1572 : Passage de la monarchie héréditaire à la monarchie élective. Une partie des nobles qui constituent 15% de la population choisissent le roi parmi des candidats polonais ou étrangers. Le premier roi est Henri, futur Henri III, roi de France. Ensuite, le pouvoir des nobles prit une telle importance qu’aucune loi ne pouvait plus être acceptée si elle n’était pas votée à l’unanimité. Cette situation eut pour conséquence d’affaiblir de plus en plus la Pologne.

1655 : Invasion suédoise stoppée à Czestochowa devant le sanctuaire marial de Jasna Gora.

1656 : Le roi Jan Kazimierz consacre le royaume, l’Eglise et le peuple polonais à la Vierge de Czestochowa qui demeure depuis ce temps la Reine de la Pologne. Extrait : « Nous supplions Marie de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, qu’il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. »

1683 : Jean III Sobieski, à 1 contre 10, sauve l’Europe du danger ottoman à Vienne.

La Pologne est un pays de tolérance religieuse où il n’y a pas eu de guerres de religion. Fin XVIIème,  plus des ¾ des Juifs du monde entier vivent en Pologne.

1772, 1793, 1795 : Trois partages successifs de la Pologne entre la Prusse, l’Autriche et la Russie. Au terme, la Pologne disparaît entièrement de la carte de l’Europe. L’occupation dure jusqu’en 1918, soit 123 ans d’inexistence politique ! Les polonais maintiennent et transmettent cependant leur culture, leur langue, leurs valeurs traditionnelles, le sens de leur patrie, en un mot leur identité.

1830, 1863 : Deux grands soulèvements qui ne débouchent pas.

1848 : Julius Slowacki, poète polonais annonce un pape slave. « Au milieu des querelles le Seigneur frappe sur une cloche immense : Et voici qu’à un pape slave, Il a ouvert le trône … Son visage, irradié par la parole, sera la lampe des serviteurs. Les foules grossissantes le suivront vers la lumière où est Dieu … Sa puissance sera miracle … Il distribuera l’amour comme aujourd’hui les puissants les armes. Il montrera une force sacramentelle prenant le monde dans sa main …Il apportera la santé, attisera l’amour et sauvera le monde. Dans les églises, il nettoiera l’intérieur, balaiera le seuil. Et dans la créativité du monde révèlera Dieu aussi clair que le jour. »

A ce sujet, voici ce qu’écrivait André Frossard en 1988 : « De singuliers changements suivent toujours les déplacements du Saint Père : les Philippines, Haïti, Chili, Pologne … Ce Pape me fait l’effet d’une boule dans un jeu de quilles. »  Portrait de Jean-Paul II

1920 : La bataille de Varsovie ou « Le miracle de la Vistule », selon une expression très chère à Jean-Paul II. Le maréchal Pilsudski parvient à mettre en déroute une immense armée russe lancée par Lénine à la conquête de l’Europe.

1/09/1939 : Invasion par l’Allemagne et 1/17/1939 : Invasion par l’URSS. La Pologne disparaît de nouveau.

1939 : 2/3 des Juifs européens vivent en Pologne. 3000 polonais seront déclarés « justes parmi les Nations » par l’Etat d’Israël, soit plus d’1/3 du nombre total.

Pendant la guerre 1939-1945, les polonais luttent sur de nombreux fronts. Ils constituent, par leurs effectifs,  la 5ème armée alliée et même la 2ème (derrière la G.B.) après la défaite française de 1940 et avant l’entrée en guerre des américains.

Du 1/08/1944 au 2/10/1944 : Insurrection de Varsovie. Les soviétiques n’interviennent pas.

1953-1956 : Arrestation et emprisonnement du primat de Pologne, Mgr Wyszynski. Durant sa détention, il élabore un plan de renouveau et de conversion : La grande neuvaine de prière pour préparer la célébration du millénaire chrétien de la Pologne en 1966.

1956 : Plus d’un million de pèlerins à Czestochowa se consacrent à Notre-Dame par un texte que Mgr Wyszynski a réussi à leur faire parvenir de  sa prison. Les pèlerins font le serment que la Pologne devienne le royaume de Marie et de son Fils.

1956, 1970, 1976 : Manifestations des ouvriers, révoltes populaires.

1957-1966 : Neuvaine de prière. Année 1 : « Les Polonais feront cause commune pour conserver la foi, l’amour de la croix et de l’Evangile, et pour rester fidèles à la Sainte Eglise, à son Pasteur suprême et à la patrie chrétienne. » Année 3 : « Ils veilleront sur l’intégrité du foyer chrétien et sur la vie en formation. » Année 5 : « L’éducation de la jeunesse sera conforme à l’esprit de l’Evangile, aux mœurs chrétiennes et aux traditions séculaires. » Année 6 : « Un effort commun sera fait pour que tous les fils de la Pologne vivent unis dans un esprit de justice sociale et d’amour fraternel. » Année 9 : « On imitera les vertus de Marie en propageant la dévotion à la Mère de Dieu. »

1966 : Paul VI parlant de la Pologne : « la fille toujours fidèle de l’Eglise » ; « le rempart de la chrétienté ».

16/10/1978 : Karol Wojtila, évêque de Cracovie, est élu Pape.

2-10/06/1979 : Premier voyage de Jean-Paul II en Pologne.   

1979 : 589 ordinations.

1980 : Naissance de Solidarnosc et grèves.

12-13/12/1981 : La loi martiale est proclamée. Un millier de dirigeants dont Lech Walesa sont arrêtés et emprisonnés.

19/10/1984 : Martyr du Père Popiéluszko.

1988 : 1149 ordinations.

1989 : Chute du gouvernement communiste.

1990 : La Pologne devient un pays démocratique. Lech Walesa est élu Président.

1991 : JMJ à Czestochowa.     

2016 : JMJ à Cracovie.

19/11/2016 : Acte solennel de réception de Jésus-Christ comme Roi et Seigneur de Pologne en présence des évêques, du Président de la République, du premier ministre, des présidents de la Diète et du Sénat.

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

 

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 > >>
Eglise, vérité et humanité
Publicité
Eglise, vérité et humanité
  • Vous vous posez des questions sur l'Eglise : sa foi, sa pensée, son histoire, son rapport à la science. Ce blogue animé par un professeur de philosophie, Stanislas Grymaszewski, vous apporte des clarifications à propos de sujets qui font difficulté.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Publicité