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Eglise, vérité et humanité
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31 août 2017

MARTIN LUTHER : UN GUIDE POUR L'HUMANITE ?

Lorsqu’on ignore ce qu’a été la vie et l’enseignement de Luther (1483-1546), on est plutôt enclin à imaginer une personne sage, éclairée et animée par de bons sentiments. C’est ce que l’on attend d’un maître spirituel ayant su entraîner à sa suite des multitudes de croyants. La découverte progressive de la personnalité de Luther, de ses drames intérieurs, de ses alliances, de ses invectives violentes, de ses écrits révèle cependant un personnage troublant n’hésitant pas à tenir des propos trop souvent orduriers et haineux qui vont jusqu’à appeler à l’extermination. De tels propos n’existent pas dans les enseignements des saints et des docteurs reconnus et recommandés par l’Eglise catholique.

« Jusqu’à 14 ans, Martin Luther vivra chez lui auprès d’un père très violent et d’une mère presque aussi effrayée par le Christ que par le diable, diable qui tient une place importante dans cette famille. Cette obsession le poursuivra longtemps. Le 2 juillet 1505, un incident va décider de toute sa vie. La foudre tombe près de lui. (selon une autre source, son compagnon aurait été également tué). Effrayé, il promet de se faire moine si Dieu lui garde vie. Il entre ensuite au couvent des Augustins le 17 juillet. Jeune moine, il écrit : J’avais tant d’éloignement pour le Christ, que lorsque je voyais  quelqu’une de ses images, par exemple le crucifix, je ressentais aussitôt de l’épouvante : j’eusse plus volontiers vu le diable ! » (Marie Carré, J'ai choisi l'unité, p.79-80)

Le 30/10/1520, après avoir refusé deux tentatives de conciliation du pape Léon X en 1518, il le qualifie d’Antéchrist ce qui revient à une sorte d'excommunication. Il dénommera ainsi tous les papes jusque dans ses derniers écrits. Le 17/11/1520, il convoque un concile en qualifiant le pape d’hérétique. Il fait preuve d’incohérence en se donnant le pouvoir de convoquer un concile et de porter un jugement d’hérésie, alors qu’il refuse ce même pouvoir au pape. En réponse, il est finalement excommunié à son tour le 3/01/1521. Contrairement à ce qui a souvent été dit, cette excommunication n’a pas eu lieu au lendemain du 31/10/1517, jour où il placarda  les 95 Thèses sur l’Indulgence sur les portes de la cathédrale de Wittenberg. La bulle du Pape Exsurge Domine du 15/06/1520 n’est pas une bulle d’excommunication mais une exhortation à se rétracter. (Vincent Beurtheret, Frères réformés, si vous saviez… p.7)

1520 : Luther reçoit le soutien de chevaliers brigands comme Franz de Sickingen. Le mouvement nationaliste et anti romain allemand, déjà bien vivant, se tourne aussi vers lui.

1520 : Il écrit : « Pourquoi n’attaquons-nous pas ces néfastes professeurs de ruines, les papes, les cardinaux, les évêques et toute la horde de la Sodome romaine, avec toutes les armes dont nous disposons et ne lavons-nous pas nos mains dans leur sang ». (Jean Dumont, l’Eglise au risque de l’histoire, p. 235) «  Je suis convaincu que pour anéantir la papauté, tout nous est permis ». Du haut de sa chaire de professeur, à l’Université, il explique que brûler la bulle pontificale n’est qu’une cérémonie symbolique, ce qu’il importe de brûler c’est le pape lui-même, c’est-à-dire le Siège apostolique.

Sur sa doctrine. 1522 : « Je n’admets pas que ma doctrine puisse être jugée par personne, même par les anges. Celui qui ne reçoit pas ma doctrine ne peut parvenir au salut ». (Jacques Maritain, Trois réformateurs, p.20) Il dit : « Ma doctrine m’a été révélée ». Il ne parle pas de retour à la source, de retour à la primitive Eglise ; au contraire, il récuse l’autorité des Pères et des conciles, c’est-à-dire toute la vie religieuse des cinq premiers siècles.

Contre les paysans révoltés. En 1524, débute ce que l’on a appelé la Guerre des Paysans, une insurrection générale des paysans allemands soulevée par des proches de Luther. Cependant, devant le désordre que cela entraîne, Luther rejoint le parti des seigneurs et exhorte les princes à une répression sévère : « Le séditieux est, par le fait même de sa révolte, au ban de Dieu et de l’Empire. Quiconque peut l’égorger fait une bonne action. Tout le monde est son juge et son bourreau. Un rebelle est comme un chien enragé ; si on ne le tue pas, il vous tue et tout un pays avec vous. Tous ceux qui le peuvent doivent assommer, égorger et passer au fil de l’épée, secrètement ou en public, en songeant qu’il n’est rien de plus venimeux, de plus nuisible, de plus diabolique qu’un rebelle. Il faut l’abattre comme un chien enragé. Celui qui périra du côté des paysans sera livré au feu éternel de l’enfer … Chers seigneurs, délivrez-nous, secourez-nous, sabrez, frappez, égorgez, tant que vous pouvez. Si vous mourez, c’est bien, vous ne pouvez avoir une mort plus heureuse, car vous mourez pour obéir à Dieu, au service de l’amour, pour sauver votre prochain de l’enfer et des liens du démon ». « Tout ce que j’enseigne et écris doit rester juste, quand tout l’univers devrait en crever ». (Contre les Hordes Criminelles et Pillardes des Paysans, 1525) En juillet 1525, le massacre systématique des luthériens insurgés par les seigneurs luthériens est achevé : cent mille morts. (Vincent Beurtheret, Frères réformés, si vous saviez… p. 10-11)

Contre l’Eglise catholique. En 1524, Luther demande la répression de l’hérésie (le catholicisme) par la force. En 1526, il affirme qu’un prince séculier ne saurait tolérer des divisions religieuses chez ses sujets, mais que « dans un lieu, on ne doit souffrir qu’une prédication ». Présenté comme le père et l’apôtre de la liberté de conscience, il a inauguré en fait la mainmise du temporel sur le spirituel. En Allemagne, en Angleterre (anglicanisme), dans les pays scandinaves, dans une grande partie de la Suisse, la religion protestante devient religion d’Etat et la religion catholique quelque chose comme un crime de lèse-patrie.  : « Je pense, avec l’Apocalypse, qu’il faut continuer à abreuver la prostituée rouge (l’Eglise catholique) et lui compter autant de douleurs et d’amertumes qu’elle a eu jadis de joie et d’honneur, jusqu’à ce qu’elle soit foulée aux pieds dans la rue comme la boue, et que rien ne soit plus honni, plus vil en ce monde, que cette Jézabel sanguinaire. Maudit soit celui qui sera négligent dans ce devoir, parce qu’il sait bien que l’accomplir, c’est servir Dieu qui veut la ruine et l’extermination de cette abomination de la terre ».(Marie Carré, J’ai choisi l’unité, p.262)

Contre le pape : « La papauté de Rome a été instituée par le Diable. » « Le pape, c’est la merde que le diable a chiée dans l’Eglise ». « Le chef de la chrétienté, c’est-à-dire le sous-trou et l’arrière-trou du diable, par quoi ont été chiées dans le monde ces multiples abominations que sont la messe, les moines, la moinerie et toutes sortes de débauches ». (Yvan Gobry, Luther, p.377) « Empereurs, rois, princes et seigneurs, que tous ceux qui peuvent attaquer s’unissent. Sachez que Dieu ne bénira pas la main paresseuse en cette affaire. On devrait se saisir de lui (le pape), des cardinaux, de tous ceux qui servent son culte idolâtrique et Sa Sainteté prétendue, et comme à de vils blasphémateurs, leur arracher à tous la langue du gosier, pour clouer, à la file, à la potence ces langues de mensonge ». (MC, p.138)

Contre les moines : « J’appelle de mes vœux le jour où tous les monastères seront rasés, détruits et abolis … Tous les couvents, toutes les cathédrales et toutes les abominations semblables introduites dans le Lieu saint doivent être totalement anéantis ou abandonnés ». (YG, p. 49 et 213)

Contre la messe : « Quand la messe sera renversée, je pense que nous aurons renversé toute la Papauté ». (Werke, t. X sec. II) « J’affirme que tous les lupanars, les homicides, les vols, les meurtres, les adultères sont moins mauvais que cette abomination de la messe papistique. La messe n’est pas un sacrifice. Qu’on lui donne tout autre titre qu’on voudra, pourvu qu’on ne la souille pas du nom de sacrifice ». (Werke, t. XV, p.774)

Mépris pour la femme : « L’œuvre et la parole de Dieu nous disent clairement que les femmes doivent servir au mariage et à la prostitution ». « Si les femmes se fatiguent et meurent à force de produire, il n’y a pas de mal ; qu’elles meurent pourvu qu’elles produisent ; elles sont faites pour cela ». (JM, p.249)

Chasse aux sorcières : En 1526, dans une prédication, à cinq reprises, il appelle à les tuer.

La nature humaine. Elle est foncièrement corrompue depuis le péché originel. La rédemption de l’homme ne peut se faire que par le Christ seul. Toutes nos bonnes œuvres sont donc inutiles.

Contre la raison : « La raison est la putain du diable. Une putain mangée par la gale et la lèpre qu’on devrait fouler aux pieds et détruire, elle et sa sagesse. Elle mériterait, l’abominable, qu’on la reléguât dans le plus sale lieu de la maison, aux cabinets ». « La raison est contraire à la foi ». « Chez les croyants, la raison doit être tuée et enterrée ». « Il est impossible de faire s’accorder la foi avec la raison ». « Tu dois abandonner ta raison, ne rien savoir d’elle, l’anéantir complètement, sinon tu n’entreras jamais au ciel ». (JM, p.46-48)

Négation du libre-arbitre : « Le franc-arbitre est un titre vain. Dieu fait en nous le mal comme le bien. La grande perfection de la foi c’est de croire que Dieu est juste quoiqu’il nous rende nécessairement damnables par sa volonté en sorte qu’il semble se plaire aux supplices des malheureux. Dieu vous plaît quand il condamne des indignes ; il ne doit pas vous déplaire quand il damne des innocents ». Dans son commentaire de l'épitre de saint Paul aux Romains, il écrit : « On ne parvient à la justice par aucune oeuvre, par aucune sagesse, par aucun effort ... La véritable justice vient de ce que l'on croit de tout son coeur à la Parole de Dieu ».

Sur le péché : Luther propose au pécheur une sécurité bien plus grande que ce qu’il reproche aux indulgences. Voici  ce qu’il écrit à Melanchthon en 1521 : « Si tu es prédicateur de la grâce, ne prêche pas une grâce fictive mais véritable. Si elle est véritable, tu dois porter un péché véritable et non imaginaire. Dieu ne sauve pas les faux pécheurs. Sois donc pécheur et pèche hardiment, mais confie-toi et réjouis-toi plus hardiment dans le Christ, qui est vainqueur du péché, de la mort et de ce monde. Le péché ne nous arrachera pas de lui-même si mille fois par jour, nous commettons la fornication et l’homicide. Les âmes pieuses qui font le bien pour gagner le Royaume des Cieux, non seulement n’y parviendront jamais, mais il faut même les compter parmi les impies. Il est plus urgent de se prémunir contre les bonnes œuvres que contre le péché. Le chrétien baptisé, même s’il le voulait, ne pourrait perdre son salut, quelque grand péché qu’il commit, à moins toutefois qu’il ne rejetât la foi. Car nul péché ne peut le perdre, sinon la seule incrédulité. Tous les autres, si la foi à la promesse divine faite au baptisé demeure ou renaît, sont en un moment anéantis ».

Contre Erasme : « Je me suis torché le cul avec ses autres livres ».

Contre Copernic, 1539 : « Ce fou qui prétend bouleverser toute l’astronomie ». A la même époque, la théorie de l'héliocentrisme du savant polonais reçoit un accueil très favorable au Vatican.

Nationalisme et antisémitisme : Luther n’est pas seulement considéré comme un fondateur du protestantisme mais aussi comme un des pères du nationalisme allemand. On trouve dans ses écrits des passages violemment antisémites qui ont été utilisés pendant la guerre par les milieux protestants favorables au nazisme. Il demande «  de mettre le soufre, la poix et s’il se pouvait, le feu de l’enfer, aux synagogues et aux écoles juives, de détruire les maisons des Juifs, de s’emparer de leurs capitaux et de tous leurs effets précieux et de les chasser en pleine campagne comme des chiens enragés ». 

Il est saisissant de constater, cartes à l’appui, canton par canton, que le vote nazi du 31 juillet 1932 correspond exactement à l’Allemagne protestante. A l’inverse, dans tous les cantons où les catholiques sont majoritaires, il est inférieur à 30%. (Histoire du Christianisme Magazine, n°7, p.44-46)

A la fin de sa vie, Luther fait un bilan de son œuvre dans une lettre à Zwingli : « Il est terrifiant de devoir reconnaître que dans le passé tout était calme et tranquille, que la paix régnait partout, alors qu’aujourd’hui surgissent dans tous les pays des groupes factieux. C’est une abomination qui fait pitié. Je dois confesser que mes doctrines ont produit de nombreux scandales. Oui, je ne peux le nier : souvent cela m’épouvante, spécialement quand ma conscience me rappelle que j’ai détruit la situation en place de l’Eglise, si calme et si tranquille sous la papauté ».

1546 : Le dernier ouvrage s’intitule : Contre la Papauté fondée à Rome par le diable.

1546 : Trois semaines avant sa mort, prêchant, il réclame l’expulsion de tous les religieux : « Quand donc aurez-vous enfin le courage de chasser ces moines stupides ».

1546, dans son testament, il écrit : « Je vois s’amonceler hérésies sur hérésies, Satan ne met ni fin à sa rage, ni trêve à sa furie ».

 

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10 août 2017

LE MASSACRE DE LA SAINT-BARTHELEMY SIGNIFIE-T-IL L'INTOLERANCE DE LA RELIGION CATHOLIQUE ?

  Pourquoi une telle question ? Le massacre de la Saint-Barthélemy du 24/08/1572 semble en effet accréditer cette idée pour deux raisons. Tout d’abord, c’est le seul exemple toujours mis en avant en France de ce qu’on a appelé les « guerres de religion ». Les français ne connaissent que cela : des catholiques ont massacré des protestants en grand nombre. Ensuite, les catholiques étant largement majoritaires, les protestants apparaissent comme victimes de la domination catholique. Le schéma manichéen est alors clair : le catholicisme est synonyme de fanatisme et de violence et le protestantisme innocent a subi cette intolérance et cette brutalité.

  Un fait comme celui-ci ne doit cependant pas être présenté de façon isolée sinon il peut servir à toutes les manipulations. C’est pourtant bien ce qui se passe ici. Avant d’incriminer la religion catholique, il est impératif de s’interroger sur les causes lointaines et immédiates de cette frénésie meurtrière. Il y a tout un contexte oublié ou ignoré.

Les causes lointaines

  D’abord commençons par un rappel. L’agression est venue du protestantisme. Les violences protestantes ont précédé les violences catholiques. A l’origine de cela, signalons les discours haineux de Luther et de Calvin. Puis le concours des armées d’une partie de la noblesse en rébellion contre le pouvoir ou du pouvoir royal lui-même, selon les pays. Le protestantisme ne s’est pas propagé de manière pacifique, mais de manière violente. Il a été imposé. Sur le plan de la tolérance, les faits montrent que les pays protestants ont été plus répressifs que les pays catholiques.

  En France, l’attitude agressive et conquérante du protestantisme dans les années qui ont précédé le massacre de la Saint-Barthélemy a suscité l’exaspération des catholiques. Calvin qui inspire le protestantisme français est fanatique et cruel. Les protestants ont pratiqué une destruction du patrimoine religieux catholique supérieure à celle des révolutionnaires  de la fin du XVIIIème siècle. En tout, 20 000 églises ou monastères ont été endommagés ou détruits. Parallèlement, prêtres et moines notamment, ont subi massacres et atrocités. A Montbrison, puis à Morna, en 1562, les catholiques vaincus sont précipités du haut des murailles sur les piques des soldats. Le massacre de La Michelade à Nîmes en 1566, six ans avant la Saint-Barthélemy, fait près d'une centaine de victimes.

  Un véritable Etat se forme dans l’Etat. C’est un contre-pouvoir. Il est le fait de la noblesse passée au protestantisme (50%). Les huguenots négocient avec des Etats étrangers tel que l’Angleterre. L’Etat français est mis en péril. Les protestants apparaissent comme des comploteurs. Ce sont eux qui lancent la plupart des guerres dites « de religion » pour étendre leurs avantages acquis. Chaque conflit se termine par un traité leur garantissant la liberté de culte et plusieurs places fortes. A deux reprises, ils vont jusqu’à tenter l’enlèvement du roi : François II en 1560 et Charles IX en 1567. Cette même année 1567, Paris subit un siège humiliant de leur part. La Saint-Barthélemy est condamnable, bien sûr, mais elle trouve malheureusement un terreau dans la peur et l’exaspération du peuple catholique produites par des années de destructions et de massacres.

Les causes immédiates

  En 1571-1572, Coligny, amiral protestant, veut déclarer la guerre à l’Espagne. Il veut lancer les armées du roi de France contre les espagnols dans les Flandres. Charles IX est cependant opposé à toute intervention. Le 8/07/1572, Henri de Bourbon, futur Henri IV, fait son entrée à Paris accompagné par Coligny et 700 cavaliers protestants en vue de son mariage avec Marguerite de Valois. Le 10 août, une nouvelle fois, les protestants font pression pour que la France entre en guerre. Le 22 août, ils font comprendre qu’ils sont prêts à reprendre la guerre civile si on leur refuse la guerre des Flandres. (Alain Decaux, Histoire de la France et des Français au Jour le Jour, tome IV, p.195) Le même jour, Coligny est victime d’un attentat et blessé à la main. Charles IX est furieux et demande aussitôt une enquête. Le 23 août, les protestants organisent des émeutes dans Paris. Ils sont plus de 10 000 dans la capitale, armés et encadrés par les 700 cavaliers de l’escorte de Henri de Bourbon. Deux seigneurs protestants, viennent annoncer à la Reine Catherine que Coligny prépare un attentat contre elle, ses enfants et Henri, ce que confirment des dépêches d’ambassadeur. (AD, Ibid. p.197) Le 24 août, un groupe dirigé par le duc de Guise vient achever Coligny. Suite à ce signal, les protestants sont traqués dans toute la ville.

  L’attentat contre Coligny et le massacre de la Saint-Barthélemy restent un mystère. Qui a commandité l’attentat ? Plusieurs hypothèses existent. La reine Catherine ? Le duc Henri de Guise ? Selon Solnon, Henri III, Bourgeon, Charles IX et la Saint-Barthélemy ou Crouzet, La Nuit de la Saint-Barthélemy, la piste la plus probable est espagnole. Le roi d’Espagne, Philippe II, avait tout à craindre de la volonté de Coligny de venir en aide aux huguenots des Pays-Bas. Qui a ensuite provoqué le massacre ? Pour Solnon, c’est un « dérapage ». Selon Crouzet, l’ordre de tuer un nombre limité de chefs huguenots aurait été délibéré au Conseil du roi. D’après Bourgeon, devant le chantage espagnol et la volonté d’en découdre de la population parisienne, Charles IX aurait consenti à la tuerie afin de prévenir une émeute dont il aurait été la cible, les Guise risquant de s’octroyer la couronne de France. (Jean Sévillia, Historiquement Correct, p. 108-109) Ce qui est certain, c’est que Charles IX ne contrôle plus les événements. Le 25 août, il donne néanmoins des ordres précis pour protéger les protestants.

Combien de morts ?

 On admet aujourd’hui un chiffre aux environs de 2 à 3 000 pour Paris et, pour les jours qui ont suivi, de 8 à 10 000 pour la province. Un point demeure obscur : combien de catholiques parmi les personnes tuées ? Il est difficile d’imaginer en effet que les protestants qui étaient armés n’aient opposé aucune résistance. Et que dire des 700 cavaliers ? Les catholiques ont-ils été exclu du décompte des victimes ou font-ils partie des 1900 corps recensées  par les fossoyeurs au cimetière des Innocents près de Saint-Cloud ?

Conclusion

La Saint-Barthélemy n’a rien à voir avec une soi-disant intolérance de la religion catholique. Elle ne découle pas de sa foi, de sa spiritualité ou de sa morale. Elle ne découle pas plus de l’enseignement des papes ou des autorités ecclésiastiques. Elle est le résultat sur le long terme d’une exaspération humaine suite à de nombreuses provocations et agressions. Elle est la conséquence sur le court terme non du fanatisme religieux mais de peurs et de manœuvres  de nature politique. Les causes sont d’abord humaines et politiques. S’il y a une causalité religieuse lointaine à chercher, elle se trouve dans la volonté de Luther et de Calvin de s’attaquer au catholicisme pour y substituer le protestantisme, volonté qui a donné justification à une partie de la noblesse et à certains monarques d’utiliser les armes pour s’en prendre aux biens de l’Eglise, aux moines et aux prêtres à travers toute une partie de l’Europe.

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