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Eglise, vérité et humanité
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15 juillet 2016

POURQUOI LA REDEMPTION SE FAIT-ELLE PAR LA CROIX ET LA MORT DE JESUS-CHRIST ?

1 – Qu’est-ce que la Rédemption ?  

 Le terme grec lutrosis (= rédemption) est formé à partir du mot lutron, qui signifie rachat. La notion de rançon est présente dans le concept de rédemption.

 La rédemption, cependant, n’est pas assimilable à une transaction commerciale. Elle opère, certes, un changement, mais ce changement signifie que nous retournons à Dieu, que nous lui appartenons de nouveau.

 Ce « rachat » est finalement très riche de signification. Il exprime :

-    la réparation du mal que nous avons fait,

-    la libération du péché, du démon,

-    le salut,

-    la réconciliation avec Dieu 

 La rédemption est l’œuvre du Christ. Elle commence avec l’Incarnation (Dieu se fait homme) et s’accomplit par le mystère de la Croix et de la Mort. La Rédemption est en même temps « la voie de la résurrection. » «  La résurrection constitue l’accomplissement définitif de la rédemption du corps » Jean-Paul II (Audience Générale du 27/01/82

 La rédemption se fait donc à travers le sacrifice de Jésus-Christ. Il s’agit d’une véritable offrande de soi. Cette offrande est à la fois :

-    un acte d’obéissance entièrement libre : « me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté » - (He 10, 7)

-    un acte d’humilité,

-    un acte d’amour,

-    un acte de pardon : « Père, pardonne- leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc, 23, 34

 La rédemption est nécessaire car l’homme s’est dressé par le péché contre Dieu. « Par ses seules forces, l’homme ne peut purifier son cœur, se libérer du poids du péché et s’ouvrir à la chaleur vivifiante de l’amour de Dieu » Jean-Paul II (Audience Générale du 13/04/83

 

2 – Le sacrifice rédempteur du Christ 

Mt, 26, 28 : « Ceci est le sang de l’Alliance, versé pour beaucoup, en rémission des péchés » 

1 Jn 4, 10 : « Dieu a envoyé son Fils comme victime de propitiation (en expiation) pour nos péchés » (voir aussi : 1 Jn 2, 2

Ep 1, 7 : « En lui, nous avons la rédemption (le rachat) par son sang » 

Mc 10, 45 + Mt 20, 28 : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » 

Ep 5 ,2 : « Le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous, s’offrant à Dieu en sacrifice d’agréable odeur » 

 Jean-Paul II (Audience Générale du 20/04/83) : « C’est en souffrant et en mourant pour nous que le Christ nous a mérité le pardon de nos fautes et qu’il a rétabli l’alliance entre Dieu et l’humanité. Son sacrifice a été un sacrifice expiatoire, c’est-à-dire un sacrifice qui présente une réparation pour obtenir la rémission des fautes […] Le Christ sait parfaitement pourquoi il va à la mort : son sacrifice est le prix, la rançon pour la libération de l’humanité […] Ce sacrifice a été exprimé plus tard, dans la réflexion théologique, par les concepts de satisfaction et de mérite. Le Christ a offert une satisfaction pour les péchés et, par cela, il nous a mérité le salut. » 

 Jean-Paul II (AG du 27/07/88) : « L’œuvre de salut, c’est-à-dire la libération du péché, s’accomplira au prix de la passion et de la mort du Christ. Le Sauveur est en même temps le Rédempteur de l’homme. Il réalise le salut au prix du sacrifice de lui-même. » 

 Jean-Paul II (AG du 31/08/88) : « Le sacrifice du Christ est devenu le « prix » de la libération de l’homme : la libération de l’esclavage du péché. » 

 Jean-Paul II (AG du 19/10/88) : « Jésus a réparé la désobéissance qui est toujours incluse dans le péché humain, en satisfaisant à notre place les exigences de la justice divine. » 

 Jean-Paul II (« La miséricorde divine », Encyclique du 30/11/80) : « Et voici qu’en Lui, le Christ, justice est faite du péché au prix de son sacrifice et de son obéissance jusqu’à la mort » 

 

3 – Le salut par la Croix de Jésus-Christ est difficile à accepter 

1 Co 1, 18 : « Le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu. » 

1 Co 1, 23 : « Nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les Grecs. » 

 Sur un autre plan, les expressions employées au paragraphe précédent sont de nature à troubler l’esprit. On parle, en effet, de « sacrifice d’expiation », de « rançon », de « prix », de « justice à satisfaire ». On pense inévitablement à un Dieu vengeur. Cela contredit l’idée que l’on se fait d’un Dieu qui nous aime et riche en miséricorde. 

 

4 – Le Christ lui-même a connu la détresse face à ce qui l’attendait 

Lc 12, 50 : « Je dois recevoir un baptême et quelle n’est pas mon angoisse jusqu’à ce qu’il soit consommé. » (Voir aussi : Mc 10, 39 ; Mt 20, 23

Mc 14, 34 : « Mon âme est triste à en mourir » 

Lc 22, 24 : « En proie à la détresse, il priait plus intensément et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre. » 

Mt 27, 46 ; Mc 15, 34 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » 

Lc 22, 42 : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse. » 

 

5 – Pourtant Dieu lui-même a voulu qu’il en soit ainsi 

 Jean-Paul II (Audience Générale du 13/04/83) : « Le sacrifice rédempteur n’est pas dû à ceux qui ont condamné Jésus, mais au Père qui a pris la décision d’apporter le salut à l’humanité par cette voie. » 

 Jean-Paul II (AG du 14/09/83) : « Il n’y a aucun doute, Jésus a conçu sa vie et sa mort comme moyen de rachat pour les hommes. Jésus a voulu se livrer pour nous. » 

 Jean-Paul II (AG du 07/09/88) : « Le Christ a été envoyé par Dieu dans le monde pour accomplir la rédemption de l’homme par le sacrifice de sa propre vie […] Dès le début de son activité messianique, Jésus insiste pour inculquer à ses disciples l’idée que le Fils de l’homme soit souffrir beaucoup (Lc 9, 22) […] Tout cela ne provient pas seulement des hommes, de leur hostilité à sa personne et à son enseignement, mais constitue l’accomplissement des éternels desseins de Dieu. » 

Jn 18, 11 : « Ne dois-je pas boire le calice que le Père m’a donné ? » 

 

6 – Jésus savait ce qui l’attendait 

 Jean-Paul II (AG du 05/10/1988) : « Jésus sait qu’il recevra un baptême de sang (Lc 12,50), même avant de constater que sa prédication et son comportement se heurtent à l’hostilité de certains milieux de son peuple qui ont le pouvoir de décider de son sort … Il sait que la raison d’être de l’Incarnation, le but de sa vie, est celui qui est prévu dans l’éternel dessein de Dieu concernant le salut … Jésus savait que sa mission messianique ne pouvait s’accomplir qu’à travers le sacrifice … Etre Messie, pour lui, signifiait donner sa vie en rançon pour la multitude (Mc 10,45). Depuis le début, Jésus savait que tel était le sens définitif de sa mission et de sa vie. » 

 

7 – Si Dieu est pardon, pourquoi demande-t-il une réparation ? 

 Certes, l’offense faite à Dieu par le péché est très grave et « revêt, dit St Thomas d’Aquin, un caractère de malice en quelque sorte infini ». A tel point que l’homme lui-même ne peut pas réparer le mal dont il est responsable. 

 La justice veut qu’on répare le mal dont nous portons la responsabilité. Mais l’amour de Dieu est infini. Il va infiniment plus loin que la justice. Il n’est pas soumis à la stricte observance de la justice. Alors pourquoi une réparation ? 

 St Irénée (« Contre les hérésies ») : « Si Dieu sollicite des hommes une oblation, c’est pour celui-là même qui l’offre, c’est-à-dire pour l’homme […] Dieu n’a pas besoin de notre sacrifice, mais celui qui offre est lui-même glorifié du fait qu’il offre, si son présent est accepté. » 

 Jean-Paul II (AG du 20/04/83) : « Même en étant disposé à pardonner, il demande pour le bien et l’honneur de l’homme lui-même une réparation. » 

 Nous comprenons bien que la réparation honore le fautif. Elle lui permet de se racheter. Mais le péché de l’humanité est trop grand. Pourtant, Dieu veut maintenir l’homme dans sa dignité. C’est pour cela qu’Il envoie son Fils afin que celui-ci répare ce que l’homme ne peut pas réparer par lui-même. 

 L’homme qui a conscience et qui regrette d’avoir mal agi sent bien qu’il y va de sa dignité et de son honneur de réparer le mal qu’il a fait ou tout au moins de contribuer à sa réparation. 

 Le fait que le salut de l’homme s’accompagne d’une réparation n’est donc pas à mettre sur le dos d’un Dieu qui nous châtie, mais découle tout simplement de la vérité que Dieu nous aime et qu’il nous respecte dans ce que nous avons de plus grand. 

 Les hommes du temps de Jésus avaient un sens développé de l’expiation. Ils pratiquaient régulièrement les sacrifices et les rites purificatoires. Il est compréhensible que les évangélistes et Saint Paul aient exprimé le mystère de la Rédemption avec ce vocabulaire si familier aux gens de l’époque. 

 

8 – Pourquoi la Croix et la Mort de Jésus ? 

 Dieu est entièrement libre. Il pouvait dans sa Toute-Puissance sauver les hommes par d’autres moyens. En nous envoyant son Fils unique pour prendre notre condition humaine avec tout le fardeau de nos péchés pour ensuite connaître la croix, la mort, et enfin la résurrection, Dieu a voulu nous sauver d’une manière parfaite et appropriée à notre nature humaine. 

 Essayons de comprendre l’intention divine dans le choix de la croix. Par la croix, Dieu révèle à l’homme des choses essentielles.

 La croix manifeste la gravité de notre péché

 Jean-Paul II (AG du 20/04/83) : « Le sacrifice expiatoire nous fait comprendre la gravité du péché […] Le Père donne à l’humanité son propre Fils pour qu’il offre cette réparation. Il nous montre par là l’immense gravité du péché, puisqu’il réclame la plus haute réparation possible, celle qui vient de son Fils lui-même. » 

 Aline Lizotte, Albi, 08/84 : « La croix nous montre le Christ crucifié. Il y a toute une pédagogie dans la croix. En effet, le Christ a été crucifié physiquement il y a 2000 ans, mais c’est depuis le péché d’Adam qu’il est crucifié spirituellement, depuis que l’amour de Dieu est rejeté et méprisé par les hommes. Le signe visible du Christ crucifié vient nous faire prendre conscience d’une situation qui existe depuis Adam. La croix nous montre l’état de notre cœur vis-à-vis de Dieu. »

 La croix du Christ nous montre ce à quoi aboutit notre péché.

 La croix manifeste l'amour infini de Dieu pour nous

 Jn 3, 16 : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. » 

 St Thomas d’Aquin (III 9, 49 art 3) : « De cette manière, l’homme sait à quel point Dieu l’aime, et l’homme à son tour est amené à l’aimer. » 

 Jean-Paul II (« La miséricorde divine », encyclique du 30/11/80) : « La croix est le moyen le plus profond pour la divinité de se pencher sur l’homme et sur ce que l’homme appelle son malheureux destin. La croix est comme un toucher de l’amour éternel sur les blessures les plus douloureuses de l’existence terrestre de l’homme. » 

 Jean-Paul II (AG du 13/04/83) : « Loin d’être un acte de cruauté ou de sévérité rigoureuse, le geste du Père qui offre son Fils en sacrifice est le sommet de l’amour […] Le Père a voulu un sacrifice de réparation pour les fautes de l’humanité, mais il a lui-même payé le prix de ce sacrifice en donnant son Fils. Par ce don, il a montré dans quelle mesure il était le Sauveur et jusqu’à quel point il aimait les hommes. » 

 Jean-Paul II (AG du 31/08/88) : « Pourquoi cette croix est-elle la puissance et la sagesse suprêmes de Dieu ? Il n’y a qu’une seule réponse : parce que dans la croix, l’amour s’est manifesté. » 

 Jean-Paul II (AG du 07/09/88) : « L’amour reste l’explication définitive de la rédemption par la croix […] Le Fils a pris sur lui le terrible joug du péché de toute l’humanité pour obtenir notre justification et notre sanctification. » 

 Jean-Paul II (AG du 19/10/88) : « Sans la souffrance et la mort du Christ, l’amour de Dieu pour les hommes ne se serait pas manifesté en toute sa profondeur et grandeur. »

 

Conclusion 

 Par sa croix et par sa mort, le Christ est solidaire jusqu’au bout de notre nature humaine pécheresse. Lui qui est sans péché et de condition divine, il se fait homme jusqu’à assumer les conséquences les plus tragiques de notre péché : la souffrance et la mort. Il nous montre que son amour est plus fort que notre péché

 La croix est vraiment le signe de la tendresse infinie de Dieu pour nous. Elle vient briser la dureté de notre cœur. Comment ne pas être touché au plus profond de notre être devant un tel acte d’amour ? 

 La croix nous donne l’espérance que notre péché n’arrêtera jamais l’élan d’amour de Dieu pour nous.

Stanislas GRYMASZEWSKI

 

 

 

 

 

 

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